- Fievre recurrente mondiale
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Fièvre récurrente mondiale
La fièvre récurrente mondiale (FRM) est une maladie infectieuse due à Borrelia recurrentis transmise par les poux, qui ne sévit plus guère qu'en Éthiopie et au Soudan. Autrefois, la distribution géographique était mondiale comme le pou. Des épidémies sont toujours à craindre dès que les conditions de vie deviennent misérables : famine, guerres, catastrophes naturelles comme des tremblements de terre...
Sommaire
Agent causal et transmission
Les borrelia sont des spirochètes. L'agent de la FRM, Borrelia recurrentis, est transmise à l'être humain par les poux du corps, plus rarement par les poux de tête. Le pou se contamine en piquant un malade en phase fébrile. La bactérie se multiplie rapidement dans la cavité générale du pou. La piqûre et les déjections du pou, curieusement, ne sont pas contaminantes. Enfermés dans l'hémocoele du pou infecté, les spirochètes infectieux sont contaminants au niveau d'excoriations cutanées ou au niveau conjonctival lors de l'écrasement d'un pou, libérant le liquide coelomique, riche en borrelia. Charles Vialatte, Henry Foley et Edmond Sergent ont contribué à la découverte du rôle du pou dans la transmission de la fièvre récurrente mondiale durant les années 1923 - 1925.
Groupes à risque et importance
Il peut exister des poussées épidémiques lors de guerre ou de tranfert de population, car ces événements favorisent la pullulation des poux et diminuent la résistance des populations.
La grande sensibilité aux antibiotiques de Borrelia recurrentis à nettement réduit l'importance de la FRM mais, sans traitement, elle peut tuer jusqu'à 50 % des malades atteints.
Clinique
Sur le plan clinique, la récurrente à poux donne une courbe thermique très régulière, chaque récurrence, il y en a habituellement de 1 à 4, débutant 14 jours après le début de la précédente.
Après l'incubation muette de 1 à 10 jours, l'invasion brutale, avec fièvre d'emblée à 40 °C, ouvre la première période fébrile caractérisée par sa courbe rémittente avec pics vespéraux à 40 °C et plus, et rémittences matinales autour de 38 °C.
L'habitus du malade est également typique : il est couché en chien de fusil, tourné vers le mur dans une attitude de refus dictée par sa photophobie, des maux de tête violents, des rachialgies et myalgies avec douleurs thoraciques "en corset" et des douleurs vives des muscles abdominaux.
Le faciès est congestif mais la langue a gardé sa mobilité ; elle est humide et "soufrée". La peau sub-ictérique fait rechercher une hépatomégalie ; la rate est grosse, molle, en "éponge".
Enfin, un léger exanthème maculo-pétéchial, localisé au cou et au tronc, complète ce tableau, qui, malgré l'abattement du malade, ne comporte jamais de tuphos.
Après 5 à 7 jours, la fièvre s'effondre au-dessous de 37 °C et une première crise, urinaire, sudorale et diarrhéique vient clore ce premier épisode fébrile.
La rémission qui suit, période de fausse guérison, voit un mieux-être sensible (le malade veut sortir) mais il subsiste les signes d'alerte : lourdeur de la tête, insomnies et "rate accordéon". Elle va durer une semaine environ puis, le 14e jour après le début de la maladie, la température remonte brusquement, inaugurant le 2e épisode fébrile : la récurrence.
Le tableau clinique est pratiquement celui de la première crise.L'évolution peut se faire alors selon diverses modalités :
- nouvelle rémission, suivie d'une ou plusieurs récurrences,
- défervescence définitive aboutissant à la guérison spontanée,
- apparition après cette défervescence de complications hépatiques, oculaires et génitales entraînant une mortalité de 5 %, 10 % et parfois même 50 %.
Ce pronostic est, de nos jours, complètement transformé par l'antibiothérapie très efficace contre Borrelia recurrentis.
Pathogénie
La fièvre survient lors des bactériémies. L'apyrexie correspond à la séquestration de la bactérie dans les organes profonds.
Diagnostic
Le diagnostic est clinique et assez facile en zone d'endémie.
On éliminera :
- un accès de malaria à Plasmodium falciparum qui s'accompagne d'une rate dure et d'une courbe thermique bien différente,
- un typhus dont on ne retrouve ni l'exanthème important ni le tuphos et qui ne donne pas de grosse rate,
- une fièvre jaune à laquelle on pensera dans les formes à ictère marqué,
- une leptospirose mais sa fièvre est très anarchique et elle entraîne toujours une forte hépatomégalie.
On est aussi orienté par la prise de sang, qui montre neutrophilie, anémie et cytolyse hépatique. Le diagnostic est certain si la bactérie est vue au microscope lorsque du sang est observé au microscope à fond noir ou après coloration du sang à l'encre de Chine.
Pronostic
Sans traitement, 40 % de mortalité par hépatonéphrite grave mortelle. Avec traitement, la mortalité descend à 5 %. En revanche, le traitement n'empêche pas toujours les complications oculaires, qui sont assez fréquentes : iritis, iridocyclite, névrite optique.
Traitement
Tétracycline ou béta-lactamine ou macrolide.
Pour la tétracycline en tout cas, de faibles doses suffisent : 1 prise de 250 mg per os le 1er jour et 2 prises de 250 mg per os le 2e jour.Au cours du traitement, une réaction de Jarisch-Herxheimer peut survenir (réaction allergique aux cadavres des bactéries tuées).
Prévention et surveillance
La quarantaine d'autrefois n'est plus de rigueur. Cependant, il faut isoler le patient pendant la 1re semaine et l'épouiller (insecticide sur le corps et les vêtements).
Maladies apparentées
Les fièvres récurrentes régionales à tique sont nombreuses, et aussi dues à des borrelia.
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