Fidelio (Beethoven)

Fidelio (Beethoven)

Fidelio

Fidelio Leonore
Fidelio est l'unique opéra de Beethoven
Fidelio est l'unique opéra de Beethoven

Genre Singspiel
Nb. d'actes 2
Musique Ludwig van Beethoven
Livret Joseph Ferdinand von Sonnleithner et Emanuel Schikaneder
Langue
originale
Allemand
Sources
littéraires
d’après le livret de Jean-Nicolas Bouilly pour Léonore ou l’Amour conjugal de Pierre Gaveaux
Dates de
composition
1804, 1805, révisions en 1806, version définitive en 1814
Partition
autographe
publication Artaria, Vienne, 1814
Création 20 novembre 1805
Theater an der Wien Vienne
Création
française
1825
Théâtre de l'Odéon Paris
Versions successives
Représentations notables
Personnages
  • Don Fernando, ministre (basse)
  • Don Pizarro, gouverneur d’une prison d’État (baryton-basse)
  • Florestan, un prisonnier (ténor)
  • Leonore, son épouse, sous le nom de Fidelio (soprano)
  • Rocco, geôlier (basse)
  • Marzelline, sa fille, amoureuse de Fidelio (soprano)
  • Jacquino, concierge, amoureux de Marzelline (ténor)
  • Prisonniers, officiers, gardes, le peuple.
Airs

Acte I

  • 1 Duo : « Jetzt, Schätzchen, sind wir allein »
  • 2 Aria : « O wär'ich schon mit dir vereint »
  • 3 Quatuor : « Mir ist so wunderbar »
  • 4 Aria : « ...man braucht auch... »
  • 5 Trio : « Gut, Söhnchen, gut, hab'ich immer Mut »
  • 6 Marche
  • 7 Aria et choeur : « Ha! Welch ein Augenblick »
  • 8 Duo : « Jetzt, Alter, jetzt hat es Eile »
  • 9 Récitatif et aria : « Abscheulicher! Wo eilst du hin »?
  • 10 Finale

Acte II

  • 11 Introduction et Aria : « Gott! Welch Dunkel hier »
  • 12 Duo : « Wie kalt ist es in diesem unterirdischen Gewölbe »
  • 13 Trio : « Euch werde Lohn in besser'n Welten »
  • 14 Quatuor : « Er sterbe! Doch er soll erst wissen »
  • 15 Duo : « O namenlose Freude »
  • 16 Finale


Fidelio, op. 72, est l’unique opéra de Ludwig van Beethoven, composé en 1804 et 1805 sous le titre Leonore, puis remanié en 1806 et en une version définitive en 1814.

Ses principaux thèmes sont la dénonciation de l’arbitraire, incarné par le gouverneur d’une prison espagnole, l’appel à la liberté, et l’amour notamment conjugal qui pousse Leonore, déguisée en homme, à risquer sa vie pour libérer son époux Florestan.

Sommaire

Composition

Portrait de Ludwig van Beethoven en 1815 (détail) par Willibrord Joseph Mähler (1778 - 1860), Kunsthistorisches Museum Wien

Fidelio fait référence au combat d’Adrienne de La Fayette pour obtenir la libération de son mari. En 1794, celui-ci, héros de la Révolution américaine et célébré partout comme tel, avait été enfermé dans une prison autrichienne à la demande pressante et vengeresse du Premier ministre britannique, William Pitt le jeune. Bien qu’Adrienne eût reçu l’autorisation de voir son mari emprisonné, Pitt mit à la continuation de ses visites la condition qu’elle acceptât d’y être elle-même incarcérée ! Le 15 octobre 1795, accompagnée de ses deux filles, Adrienne arrive à Olmütz. Deux ans durant, Adrienne et ses deux filles demeurèrent dans une cellule mitoyenne de celle de La Fayette. Ils n’étaient autorisés à se voir que quelques heures par jour. Adrienne attrapa le scorbut, un eczéma sévère et une paralysie des jambes. A sa demande de voir un médecin, l’empereur d’Autriche François Ier répondit, après un long délai, qu’il acceptait à condition qu’elle ne revînt jamais à Olmütz. Elle lui fit savoir qu’elle ne quitterait la prison qu’une fois son mari libéré. Ce n’est qu’avec l’arrivée des armées françaises aux portes de Vienne en avril 1797, que débutèrent les négociations en vue de sa libération. Les La Fayette furent libérés en septembre 1797.

Beethoven tient en très haute estime ses idéaux de liberté et de fraternité. Fidelio est si emblématique de ces thèmes que le compositeur n'hésitera pas à retravailler son œuvre à trois reprises pour qu'elle obtienne enfin le succès espéré. Le premier public est constitué, en 1805, d'officiers français qui apprécient peu l'ouvrage, desservi par un mauvais orchestre. L’œuvre est retirée. Coupures, fusion des 2 premiers actes, composition d’une deuxième ouverture, 1806, guère plus de succès. 1814, encore une nouvelle version, nouvelle ouverture, on va plus vers l’esprit révolutionnaire. Enfin, c’est le triomphe.

Les ouvertures

Au fil des différentes révisions, Beethoven a composé quatre ouvertures pour son opéra. Il est probable que l’ouverture jouée lors de la création de la première version fut celle aujourd’hui appelée l’ouverture nº 2 de Leonore (ou ouverture Leonore II) ; il s’agit d’une vaste page symphonique présentant tout le mouvement de l’opéra depuis l’atmosphère lourde et sombre de la prison, le caractère dramatique de l’action, l’arrivée de Don Fernando annoncé par le célèbre appel de trompette, et la joie extatique de la libération. Beethoven la remania pour la création de la deuxième version, en 1806 ; cette version, l’ouverture nº 3, est aujourd’hui préférée à la précédente et est devenue une pièce de concert à part entière.

Cependant, la longueur et le caractère dramatique de ces deux ouvertures produisait avec le duo semi-comique qui ouvre l’acte I un contraste tel que Beethoven la réduisit pour une représentation (qui en fait n'eut jamais lieu) à Prague en 1807 ; il est probable que l’ouverture nº 1, malgré son numéro, soit cette version. Enfin, pour la création de la version définitive en 1814, Beethoven dota son opéra, maintenant titré Fidelio, d’une nouvelle ouverture, plus courte, dans l’esprit d’un prélude, pour mieux introduire l’action de l’acte I. Cependant, suite à une question de changement de tonalité, Beethoven dut transposer son ouverture d'ut majeur à mi majeur et il perdit du temps ce qui explique que lors de la première du 23 mai 1814, l'ouverture ne fut pas prête et on dut lui substituer une autre ouverture, on pense qu'il s'agit plus de celle des Ruines d'athènes plutôt que celle des Créatures de Prométhée. Beethoven acheva enfin la quatrième ouverture qui fut jouée lors de la deuxième représentation le 25 mai.

Au début du XXe siècle, Gustav Mahler introduisit la tradition de jouer l’ouverture Leonore III avant le finale (nº 16), à l’issue du duo du nº 15. Cette coupure dans l’action peut se justifier par le caractère solennel du final, qui ne se conclut que par l’arrivée d’un deus ex machina. Cette disposition permet de récapituler musicalement l’action de tout l’opéra, avant que le sens profond, détaché de l’histoire elle-même, n’en soit tiré par le chœur dans un effet d’ensemble qui peut rappeler la Neuvième Symphonie.

Argument

Portrait de Joseph Ferdinand von Sonnleithner, librettiste de Fidelio
Une prison d’État espagnole, non loin de Séville, au XVIIIe siècle.

Acte I

Florestan est fait prisonnier sur l'ordre de Don Pizarro (qui est en réalité William Pitt le jeune, par un jeu de lettres), le féroce gouverneur d'une prison d'Etat. Pour le libérer, sa femme Léonore se déguise en homme sous le nom de Fidelio et vient travailler à la prison. Marcelline, la fille du geolier Rocco, tombe amoureuse de Fidelio. Le cruel Pizarro vient ordonner à Rocco de tuer Florestan. Il devra le faire lui-même car Rocco refuse et se voit confier la tâche de creuser une tombe dans le cachot de Florestan. Léonore obtient de Rocco qu’il laisse les prisonniers respirer et voir l’air libre, ce qu’ils font avec bonheur (chœur "O welche Lust").

Acte II

Florestan pleure son destin mais accepte la volonté de Dieu. Lorsque Pizarro veut le tuer, Leonore s’interpose et le menace de son pistolet. Arrive le bon ministre Fernando qui libère Florestan. Le final s’apparente à la thématique de l’hymne à la joie de la 9e vive la liberté, vive l’amour…

Annexes

Discographie

Cette liste présente quelques enregistrements particulièrement célèbres de Fidelio dans sa version définitive. Les chanteurs indiqués sont respectivement Leonore, Florestan, Pizarro et Rocco.

Pour Leonore dans la version de 1805 :

Bibliographie

  • René Leibowitz, Les Fantômes de l’opéra. Essais sur le théâtre lyrique, chapitre III « Un rêve solitaire : "Fidelio" », Gallimard (coll. « Bibliothèque des histoires »), Paris, 1972, pp. 61–105
  • « Beethoven : Fidelio », L’Avant-Scène Opéra, n° 164, mars 1995
  • Daniel Banda, Beethoven : Fidelio, Paris, L'Harmattan, 1999.

Liens externes

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