- Fessée
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La fessée est un châtiment corporel consistant en une série de claques ou de coups administrés sur les fesses. Elle est essentiellement infligée aux enfants. Cette pratique est interdite dans les établissements d'enseignement de nombreux pays.
La fessée érotique est également une pratique érotique.
Sommaire
Instruments pouvant servir à administrer une fessée
Autres que la main nue, divers instruments ont été ou sont employés pour administrer une fessée :
- canne souple en rotin (le célèbre caning tel qu'il se pratiquait dans les écoles du Royaume-Uni et dans de nombreux pays du Commonwealth). Le caning scolaire et judiciaire existe toujours dans certains pays d’Asie comme Singapour et la Malaisie.
- ceinture (ou ceinturon)
- chicotte (fouet en cuir utilisé dans certains pays d’Afrique comme le Congo[Lequel ?] et le Bénin)
- cravache
- escourgées (sorte de verges) : (Ce mot n'est plus utilisé en français mais a donné naissance au mot anglais scourge.)
- férule
- fouet
- martinet (sorte de petit fouet constitué de plusieurs lanières de cuir rattachées à un manche, naguère très utilisé en France)
- paddle : Cette pratique est illustrée dans le film Le Cercle des poètes disparus (1989).
- tawse (sorte de bande de cuir épais fendue sur la moitié de la longueur en deux ou trois lanières, qui était naguère utilisée en Écosse)
- verges
Situation
France
Selon une enquête de l'Union des familles d'Europe réalisée en 2006/2007, si les gifles et les martinets sont en régression, la fessée est plutôt en hausse[1].
États-Unis
Dans plusieurs États des États-Unis[2](21 en 2008) il est encore permis de frapper les enfants dans les écoles, avec des planches par exemple [3]:
« Aux États-Unis, la fessée se pratique encore dans les écoles de 21 États sur 50, en général au moyen d'une planche de 50 centimètres de longueur, 9cm de largeur et 2cm d'épaisseur (la « palette »). Des enfants de 5 ou 6 ans sont battus avec cet instrument au point d'en avoir souvent les fesses contusionnées. Vingt-huit États, en revanche, ont banni cette pratique[4]. »
Pays ayant interdit toute violence éducative (en octobre 2008)
- Suède (1979)
- Finlande (1983)
- Norvège (1987)
- Autriche (1989)
- Chypre (1994)
- Italie (1996)
- Danemark (1997)
- Lettonie (1998)
- Croatie (1999)
- Bulgarie (2000)
- Allemagne (2000)
- Israël (2000)
- Islande (2003)
- Ukraine (2004)
- Roumanie (2004)
- Hongrie (2005)
- Grèce (2006)
- Pays-Bas (2007)
- Nouvelle-Zélande (2007)
- Portugal (2007)
- Uruguay (2007)
- Venezuela (2007)
- Espagne (2007)
- Costa Rica (2008)
Selon l'observatoire de la violence éducative [5].
Conséquences psychologiques
Les conséquences de la fessée sont souvent discutées. Certains disent que « ça n'a jamais tué personne » mais d'autres disent que les conséquences ne sont pas immédiates et se répercutent à l'âge adulte, comme Alice Miller qui dénonce cette pratique, en expliquant que l'on a appris à nier la souffrance qui en résulte et donc que l'on croit encore que c'était fait pour notre bien et qu'il n'y avait pas de conséquences néfastes à cet acte :
« Il faut cesser de se servir des enfants comme d'un exutoire, permettant de se défouler légalement des affects accumulés. On croit encore souvent que de "légères" humiliations, du type claques ou fessées seraient inoffensives. Car, tout comme pour nos parents, cette idée nous a été inculquée très tôt dans notre enfance. Elle aidait l'enfant battu à minimiser sa souffrance, et par là, à la supporter. Mais sa nocivité se révèle précisément par cette large acceptation : puisque cela était supposé "ne pas faire de mal", à chaque génération des enfants ont subi ces humiliants traitements, et, de plus, ont jugé juste et normal de recevoir des coups. Paradoxalement, dans leur effort d'empêcher leurs enfants de devenir délinquants, les parents leur ont enseigné la délinquance en leur livrant des modèles violents[6]. »
La fessée dans la littérature
Jean-Jacques Rousseau évoque au premier livre des Confessions la fessée que lui a donnée mademoiselle Lambercier et qui eut l'effet inattendu de lui faire découvrir l'érotisme. Comme elle s'était bien gardée de recommencer, vu le résultat obtenu, il chercha ailleurs et, rapporte-t-il, « j'avais avec une petite mademoiselle Goton des tête-à-tête assez courts, mais assez vifs, dans lesquels elle daignait faire la maîtresse d'école ». Rousseau se sert d'allusions mais n'emploie jamais le mot « fessée » ; avec mademoiselle Lambercier c'était « la punition des enfants ». Cet épisode a fait dire à Jean Cocteau : « Le derrière de Rousseau est-il le soleil de Freud qui se lève ? J'y verrais plutôt le clair de lune romantique[7] ».
Dans les années 1950, la littérature enfantine n'hésitait pas à faire rire ses lecteurs aux dépens d'un garnement ou d'une chipie recevant une fessée. Les histoires de Donald Duck datant de cette époque se terminent souvent par une vignette montrant l'irascible canard en train d'administrer une fessée à ses neveux ou courant après eux dans ce but. Une histoire drôle peut même se terminer par une fessée, comme dans un épisode de Sylvie paru dans les Bonnes Soirées.
Représentations de la fessée dans l'art
La fessée est également une pratique érotique, et l'on en trouve la trace dès l'Antiquité (on peut citer à titre d'exemple des fresques retrouvées à Pompéi et des romans comme le Satyricon de Pétrone). La fessée est souvent présente dans la littérature érotique.
La fessée est représentée dans une célèbre toile de Max Ernst, la Vierge corrigeant l'Enfant Jésus (1926). La Fessée est un film érotique français de Claude Bernard-Aubert (avec Antoine Fontaine, Emmanuelle Parèze, Danielle Altenburger, Marie-Christine Chireix, Massimo Del Arte...) sous-titré La fessée ou les mémoires de Monsieur Léon, Maître-Fesseur (1976). La fessée est une chanson de Georges Brassens (1966).
Une des œuvres écrites de Pierre Gripari s'intitule Le marchand de fessées. Dans cette histoire, un marchand de fessées a la malchance de vivre dans un pays où les enfants ne font jamais de bêtises et où les parents ne punissent jamais leur enfants. Ce qui fait que personne ne lui achète jamais une seule fessée. Pour autant, le marchand de fessées n'a pas dit son dernier mot.
Milo Manara a illustré une œuvre érotique de Jean-Pierre Enard, intitulée L'Art de la fessée.
En 1934, Walter Lantz réalisa un dessin animé intitulé Le Renard et le Lapin. Dans ce dessin animé, un lapereau quitte son école et se retrouve aux prises avec un renard. Seule l'intervention de sa mère lui sauvera la vie. À la fin, la mère et son fils tous deux assis sur un tronc d'arbre abattu rient en voyant le renard s'enfuir poursuivi par un essaim d'abeilles. Mais au bout d'un moment, les sourcils froncés, se souvenant de la désobéissance de son fils, la mère le couche sur ses genoux sans crier gare, déboutonne sa salopette rouge et lui donne une fessée pour le punir de sa mauvaise conduite.
Articles connexes
Bibliographie
- Alexandre Dupouy, Anthologie de la fessée et de la flagellation, La Musardine, 2002.
- Olivier Maurel, La fessée, 100 questions-réponses sur les châtiments corporels, La Plage Éditions, 2004.
- Jacques Serguine, Éloge de la fessée, Gallimard, Folio, 1976.
Notes et références
- Source
- Lettre ouverte en anglais aux 21 États qui en 2008 permettent cette pratique
- (en)Enseignants avec cette planche dans la main
- Géographie de la violence éducative ordinaire par continents et par pays, section États-Unis
- Liste actualisée des pays abolitionnistes
- Article "Chaque fessée est une humiliation"
- Georges May, Rousseau par lui-même, Éditions du Seuil, 1961. Cité par
Liens externes
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