- Faïence
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La faïence[1] est une terre cuite à base d'argile, recouverte d'une glaçure stannifère (à base d'étain) qui masque totalement la pâte avec laquelle elle a été façonnée et lui donne son aspect caractéristique blanc et brillant. La faïence est l'une des plus communes et des plus anciennes techniques utilisées en céramique.
La découverte de la faïence, au IXe siècle et sa diffusion en Occident à la Renaissance représentèrent une avancée technique majeure : pour la première fois, le potier s'affranchissait des décors cloisonnés ou incisés pour délimiter les couleurs. Sur la glaçure blanche et poreuse, les couleurs pouvaient être posées au pinceau, sans risque de fuser dans le vernis. Avec la faïence, le potier se fit peintre[2].
Sommaire
Caractéristiques de la faïence
La plupart des terres cuites de faïence utilisent une terre argileuse de teinte ocre[3], mélange de potasse, de sable, de feldspath et d'argile. C'est l'un des plus anciens mélanges employés en céramique.
Recouvertes de leur émail à base d'étain, blanc ou coloré, les pièces de terre cuite deviennent des faïences. Elles restent cependant, du fait de leur composition, des céramiques poreuses, moins sonores, moins dures, moins denses que les grès ou les porcelaines. La fragilité de l'objet de faïence tient à la double structure de la terre et de l'émail qui la couvre[2], cuits tous deux séparément.
Bien que la faïence soit plus tendre et plus poreuse que le grès, son moindre coût et sa facilité de fabrication compensent ces insuffisances.La poterie de faïence peut être techniquement aussi fine que les porcelaines, bien qu'elle ne soit pas translucide et plus facilement ébréchée. Jusqu'au XVIIIe siècle, la faïence fut largement utilisée pour imiter la porcelaine chinoise, dont la composition demeurait ignorée. Ce fut le cas, entre autres, pour la Faïence de Delft.
Types de faïences
Les faïences sont dites :
- « faïence stannifère» lorsque la pâte ocre de la terre cuite est recouverte d'un émail blanc à base d'étain.
- « grand feu » lorsque le décor est posé, après une précuisson « au dégourdi », directement sur l'émail stannifère (blanc opaque) pulvérulent, qui l'absorbe sans espoir de correction.
Les couleurs sont produites par des oxydes métalliques et limitées à cinq (bleu de cobalt (le plus utilisé), brun-violet, rouge, vert, jaune). Les pièces subissent ensuite une cuisson définitive. - « petit feu » (fin du XVIIe siècle) : le décor est posé sur l'émail stannifère cuit. Il est plus facile à poser et la gamme des couleurs est plus délicate (rose, or, vert clair) car la température de cuisson définitive sera moins élevée.
- « grand feu » lorsque le décor est posé, après une précuisson « au dégourdi », directement sur l'émail stannifère (blanc opaque) pulvérulent, qui l'absorbe sans espoir de correction.
- « faïence fine » : technique d'origine anglaise. C'est une faïence à pâte blanche ou légèrement ivoire. Le décor est posé sur la pièce précuite puis recouvert d'un vernis cristallin plombifère. Ce vernis transparent, à l'inverse de la faïence stannifère, ne masque pas la pâte déjà blanche de la faïence fine. Cette faïence fine connut un très fort développement au XIXe siècle.
Il existe différentes compositions de pâte connues sous les appellations de "cailloutage" ou de "terre de pipe". L'adjonction de phosphate de chaux d'abord, de kaolin ensuite, explique le nom impropre de "porcelaine opaque" ou "demi-porcelaine" que lui ont donné les fabricants à l'époque des expositions d'Art industriel[2].
Fabrication
Cuisson de dégourdi
Les pièces de poterie obtenues par moulage, estampage ou tournage sont disposées dans un four à une température de 1050°C pendant environ 8 heures.
- Cette première cuisson peut être simplement une préparation du tesson pour recevoir la couverte. On appelle cette cuisson cuisson de dégourdi. Lors de cette cuisson, l'objet acquiert une solidité suffisante pour faciliter les manipulations et gagne en porosité pour faciliter l'émaillage. La deuxième cuisson (cuisson de l'émail et obtention des qualités définitives du tesson) se fera alors à une température supérieure à la première. Ce sera une cuisson de grand feu.
- Dans le cas de poteries de faïence destinées à recevoir un décor, la cuisson permet d'obtenir le biscuit. Ce biscuit est un tesson cuit qui a déjà atteint ses qualités définitives. Sa glaçure stannifère et son décor seront alors cuits à une température inférieure ou égale à celle du tesson.
Pose de la couverte
Composée d'oxyde de plomb, de silice et d'oxyde d'étain, la glaçure nappe la pièce à l'état de biscuit à la manière d'un lait de chaux. Elle est immédiatement absorbée[2]. Le décor posé sur cette surface n'admet aucun repentir.
Pose du décor
La décoration des faïences se fait par décor au pinceau ou par impression.
- Le décor peint à la main est réalisé sur un motif reporté à l'aide d'un poncif. Les pinceaux utilisés, adaptés à la surface pulvérulente et absorbante de l'émail stannifère doivent être à la fois raides et fournis pour contenir une réserve suffisante de couleur[4].
- Le décor imprimé, innovation déterminante apparue au début du XIXe siècle est parfaitement approprié à la faïence. Il exploite la porosité de la pâte à l'état de biscuit. A ce stade elle permet l'absorption d'un décor encré sur papier de soie. Une fois le décor "bu" et le papier décollé, l'objet peut être émaillé[2]. Ce procédé est aujourd'hui mécanisé par transfert ou décalcomanie.
Historique
Les premières poteries stannifères semblent avoir été produites en Irak vers le IXème siècle[5], les plus anciens fragments ayant été mis à jour au cours de la Première Guerre mondiale, dans le palais de Samarra, au nord de Bagdad. La faïence s'est propagée ensuite à l'Égypte, la Perse et l'Espagne avant d'atteindre l'Italie à la Renaissance, la Hollande au XVIème siècle puis l'Angleterre, la France et d'autres pays européens peu après.
Le long périple lié à sa diffusion à donné à la faïence des dénominations particulières à chaque pays.
La faïence italienne de la Renaissance fut stimulée par l'importation de céramiques espagnoles venant de Valence en Espagne en transitant par l'île de Majorque. Elle en tira le nom générique de majolique.Les potiers italiens mirent à profit l'émail blanc de la faïence pour peindre de véritables tableaux en miniature qui bénéficièrent de l'extraordinaire vitalité artistique de la Renaissance italienne. On vit apparaitre dans les décors, dès le début du XVIe siècle, les figures humaines qui supplantèrent peu à peu les motifs stylisés de la majolique archaïque du haut Moyen-age. Ces scènes allégoriques rencontrèrent rapidement le goût du moment et les décors gagnèrent en finesse et en richesse jusqu'à recouvrir totalement le support blanc de la pâte à faïence.
Le premier centre et le plus inventif fut situé à Faenza. L'exportation de ses modèles fera apparaître en France le terme "faïence".Le XVIIIe siècle sera marqué par une explosion du nombre de manufactures de faïence en France. Trois raisons historiques expliquent cet exceptionnel développement:
L'âge d'or de la faïence en France fut indirectement lié à la politique extérieure de Louis XIV. Pour financer ses nombreuses et ruineuses guerres contre des puissances étrangères, le souverain français demanda que soient fondus tous les objets et meubles en or et en argent du royaume[6]. Cette décision impacta directement les services de table de l'aristocratie, qui se tourna alors vers la faïence[7].
La mode des armoiries, au début du XVIIIe siècle, incita par ailleurs les nobles à faire réaliser des services en faïence ornés des armoiries familiales.
Enfin, le long essor économique de la France au XVIIIe siècle permit à la bourgeoisie de devenir une clientèle nouvelle pour la faïence[8].La technique de la faïence, avec son engobe blanc et son décor peint, sera introduite en Hollande par les potiers italiens passés maîtres dans l'art de la majolique. Les hollandais, sensibilisés aux porcelaines chinoises importées par la Compagnie des Indes, remettront au goût du jour l'émail blanc abandonné par la majolique italienne.
Chassés par les persécutions religieuses, de nombreux potiers de Delft quitteront la Hollande pour l'Angleterre pour y introduire une faïence qui prendra alors le nom de Delftware.
La faïence européenne
La faïence italienne
- La majolique
- La faïence de Toscane
- La faïence de Faenza
- Les faïences de Sienne, Gubbio, Deruta, Castel Durante, Montelupo Fiorentino, Cafaggiolo et Laterza
- La faïence d'Urbino
- La faïence de Vénétie
- La faïence de Ligurie
- La faïence en Sicile et au Sud de l'Italie
- La faïence au nord de l'Italie
La faïence en France
Depuis l'apparition de la technique faïencière en France au XVIIe siècle, plus de 1300 faïenceries régionales produisirent des pièces[9].
- Faïence du pays d'Apt
- Faïence d'Auch
- Faïencerie d'art Régnier
- Faïence de l'Argonne
- Faïence de Badonviller
- Faïence de Blois
- Faïencerie de Boulogne-sur-mer
- Faïence de Bordeaux
- Faïenceries de Bourg-la-Reine
- Faïencerie de Castres
- Faïence de Charente
- Faïence de Creil-Montereau
- Faïence de Desvres
- Faïence de Dieulefit
- Faïence de Fives-Lille
- Faïence de Gien
- Faïence de Langeais
- Faïence de La Rochelle
- Faïence de Longwy
- Faïencerie de Lunéville-Saint-Clément
- Faïence de Malicorne
- faïence de Marseille
- Faïence de Martres-Tolosane
- Faïence de Meillonnas
- Faïence de Mesves sur Loire-Rémusat
- Faïence de Montpellier
- Faïence de Moustiers
- Faïence de Nevers
- Faïence de Niderviller
- Faïence d'Onnaing
- Faïence de Pornic
- Faïence de Quimper
- Faïence de Roanne
- Faïence de Rouen
- Faïence de Rubelles
- Faïence de Saint-Amand-les-Eaux
- Faïence de Salins-les-Bains
- Faïence de Samadet
- Faïence de Sarreguemines et Digoin
- Faïence de Strasbourg
- Faïence de Varages
La faïence aux Pays-Bas
- la faïence de Delft aussi appelé Bleu de Delft
- Les autres centres hollandais
La faïence hispanique
- Espagne : faïence hispano-mauresque
- Portugal : Azuleros
La faïence en Angleterre
- faïence de Wedgwood
- faïence de Stafford
- Faïence de Moorcroft
La faïence en Belgique
Au XVIe siècle, G. Andriesz arrive de Castel Durante pour faire de la majolique à Anvers. À cette époque Anvers est un centre commercial très important. On y fabrique des carreaux et des pots à pharmarcie ainsi que des assiettes à décor grotesque.
- La faïence des frères Boch à La Louvière
- La faïence de Nimy
- La faïence du Borinage
- La faïence d'Andenne[10]
La faïence des pays germaniques
- Faïence de Hanau
- Faïence de Francfort
- Faïence de Durlach
- Faïence de Schramberg
- Faïence de Kunersberg
- Faïence de Höchst
- Faïence de Stuttgart
La faïence suisse
- Faïence de Bonfol
Dans le reste du monde
- La faïence d'Okinawa, Japon
Symbolique
Les noces de faïence symbolisent les 9 ans de mariage dans le folklore français.
Bibliographie
- Henri Curtil, Marques et signatures de la faïence française, Paris, éditions Charles Massin, 1969, 152 p.
- Christine Lahaussois, La céramique, Collection Arts et techniques, éditions Massin, (ISBN 2-7072-0255-X)
Notes et références
- Faenza du nom de la ville italienne de
- Christine Lahaussois, La céramique, pp32-39.
- mais certaines argiles peuvent être de tonalité champagne ou même blanc.
- Poils d'anes, de chèvres ou de vaches.
- ISBN 0-571-09349-3 Caiger-Smith, Alan, Tin-glazed Pottery in Europe and the Islamic World: The Tradition of 1000 Years in Maiolica, Faience and Delftware (Faber and Faber, 1973)
- Edits somptuaires de 1689,1699 et 1709.
- Bernadette Hourtolou, L'Alamanach du Landais 2009, éditions CPE, p. 122
- Information du Musée départemental de la faïence et des arts de la table, consultée sur site
- (fr)Faïenceries d'Argonne et de toute la France sur faiencerieargonne.free.fr. Consulté le 16 mai 2010.
- (fr)Musée de la céramique sur www.ceramandenne.be. Consulté le 16 mai 2010.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- « faïence stannifère» lorsque la pâte ocre de la terre cuite est recouverte d'un émail blanc à base d'étain.
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