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Fiber To The Home
FTTH est l'abréviation du terme anglais Fiber To The Home, signifiant littéralement en français « fibre jusqu'au foyer » encore appelée, en français, fibre optique à domicile. Il s'agit du nom d'une technologie visant à remplacer les technologies xDSL en installant de la fibre optique jusque chez l'abonné. Les coûts de déploiement de cette technologie (plusieurs milliers d'euros par prise) sont pour l'instant tels qu'elle ne se justifie que dans les zones denses où le taux de pénétration sera élevé.
Cette technologie définit un type d'infrastructure de communication permettant l'accès à Internet et aux services associés à des débits de plus de 2 Gbit/s dans chaque sens, soit des débits 100 fois supérieurs à ceux accessibles via la paire de fils de cuivre téléphoniques. Comparable au câble dans son installation, puisqu'il nécessite la coûteuse pose de fibres jusque chez l'abonné, le FTTH est principalement utilisé dans les zones urbanisées. La technologie est toutefois bien adaptée aux zones rurales car la fibre optique offre l'avantage de pouvoir transporter le signal sans dégradation sur de longues distances, contrairement à la paire de cuivre.
Cette technologie est déjà utilisée en milieu urbain en Asie du Sud-Est et aux États-Unis, ainsi que dans quelques agglomérations européennes. Le réseau Pau Broadband Country fait figure de précurseur ; parmi les projets en cours, ceux d'Amsterdam et des Hauts-de-Seine semblent les plus avancés. Des projets de déploiement de cette technologie sont aussi en cours dans certains pays d'Afrique du nord, notamment au Maroc ou certains complexes residentiels sont déjà équippés.
En Suisse, la FTTH a été lancée par Sierre Energie avec son Projet Vario qui doit s'étaler sur 5 ans (voir ci-dessous).
L’infrastructure fibre donne une garantie de satisfaction en termes d'usage, permettant aux membres d'un foyer de simultanément surfer, téléphoner et visionner un film en haute définition par exemple.
Sommaire
Les technologies
Architectures
Il existe plusieurs architectures pour aller depuis le point technique de l'opérateur (point de présence ou NRO) jusqu'à l'abonné (FTT« Home ») :
- P2P : Point à Point Passif... à ne pas confondre avec le protocole PPP ou le modèle de réseau pair à pair.
Chaque client dispose d'une fibre en propre entre le NRO et chez lui sur le même modèle que le réseau téléphonique en cuivre ou l'ADSL.
- PON : Passive Optical Network ou Point à Multipoint Passif
Par un système de couplage passif, jusqu'à 128 clients peuvent être regroupés sur une fibre arrivant au NRO.
Rappel technique
Le backbone est un réseau longue distance de fibres optiques reliant les différentes villes d'un pays et les pays entre eux. Lorsqu'un océan ou une mer fait obstacle, la fibre est alors déroulée et déposée au fond de l'eau. Le réseau internet est constitué par le lien entre ce backbone et les réseaux d'accès des différentes villes au niveau d'un point de présence. Si ce point est équipé pour desservir en fibre optique les clients, il est aussi appelé nœud de raccordement optique.
Suite au vote de la loi de modernisation de l'économie en France en août 2008, la partie finale du réseau (dans un immeuble ou un quartier) doit être mutualisée, c'est-à-dire que le premier opérateur ayant installé la fibre optique (l'opérateur d'immeuble) doit permettre aux autres (les opérateurs commerciaux) de venir s'y raccorder au travers d'un Point de Mutualisation. La place de celui-ci n'est pas encore clairement définie (juillet 2009) mais il doit se situer entre le pied de l'immeuble et le NRO. Dans les zones denses (20 pôles urbains de 148 communes définis par l'Arcep), ce point de mutualisation peut être situé à l'intérieur des immeubles de plus de 12 logements ou à l'intérieur des immeubles (quelle que soit leur taille) des communes disposant d'égouts visitables (comme à Paris).
Le génie civil appartient à des collectivités ou des opérateurs comme Numéricâble ou France Télécom. Ce dernier loue le passage des gaines de câblage aux autres FAIs à raison de 1,2 euro / mètre-linéaire / centimètre carré de section / an. Cela vaut à Free d'attaquer France Télécom devant le conseil de la concurrence en juillet 2007[1].
Infrastructures
- Fibrage horizontal : Raccordement de la fibre optique du NRO jusqu'au Point de Mutualisation et du Point de Mutualisation jusqu'aux boîtiers d'entrée d'immeuble. Dans le cas général (zones denses), le boîtier d'entrée immeuble et le point de mutualisations peuvent être confondus.
- Fibrage vertical : Raccordement de la fibre optique du boîtier d'entrée d'immeuble jusque chez le résident de l'immeuble.
Débits
À l'heure actuelle, le débit disponible pour l'abonné varie de 10 Mbit/s à 100 Mbit/s. Cependant, la fibre optique autorise le transport d'un débit bien supérieur, ce qui en fait un support évolutif, c'est à dire que les fournisseurs d'accès commenceront par brider la fibre afin de pouvoir proposer différentes gammes de débit. Au Japon, il existe déjà des offres à 1 Gbit/s en FTTH depuis 2006.
Bien entendu, ce débit théorique atteignable est à mettre en regard avec la bande passante disponible pour relier le réseau d'accès au backbone et les capacités du backbone lui-même : ainsi, remonter sans perte les données des 384 lignes d'un switch cisco 4510 qui trafiqueraient ensemble à 100Mbits requerrait un lien dédié à 40Gbit ce qui n'est pas concevable.
Une des caractéristiques de la fibre est la faible latence (entre 0 et 3 ms) nécessaire à la transmission des données entre l'abonné et le NRO.
Comparaison du GPON et du P2P
GPON
- Déploiement :
- Fibrage horizontal : chaque opérateur pose au moins une fibre pour 64 voire 128 clients.
- Fibrage vertical : il faut poser une fibre par résident de l'immeuble.
- Transition : La transition entre les fibres des résidents et les fibres des différents FAIs s'effectue au moyen d'un splitter passif[2].
- Avantages :
- Ce système permet de regrouper jusqu'à 64 abonnés sur une seule fibre optique via multiplexage, une fibre unique arrivant chez le résident.
- Cela limite le diamètre des câbles et donc le coût de passage dans le génie civil.
- Le déploiement revient moins cher, par économie sur le nombre de fibres à produire.
- Le déploiement peut se faire plus rapidement et à plus large échelle, les gains financiers sont ainsi plus rapides.
- Inconvénients :
- La bande passante est répartie entre les abonnés d'un même splitter, sauf à évoluer vers des technologies telles que le WDM-PON.
- Ce système nécessite d'installer chez le client un petit équipement de terminaison dit ONT ou ONU.
- Ce système nécessite la présence d'un chiffrage afin de garantir la confidentialité des données des utilisateurs empruntant une même fibre. Ce chiffrage est pris en charge par l'ONT.
P2P
- Déploiement : Tout se fait sur une seule fibre optique par abonné par FAI.
- Fibrage horizontal : un opérateur pose une fibre pour chaque résident, ce qui fait 64 fois plus de fibres à poser.
- Fibrage vertical : il faut poser une fibre par résident de l'immeuble.
- Avantages :
- Chaque abonné possède sa propre fibre optique le reliant directement aux équipements de l'opérateur.
- Le débit maximum théorique est supérieur à celui du GPON.
- Ce système ne nécessite pas la présence de chiffrage des données.
- Inconvénients :
- Il faut poser au moins une fibre par abonné du NRO au local du client.
- Le diamètre des câbles est plus important donc le coût de passage dans le génie civil l'est aussi (ce qui s'avère marginal lorsque l'on passe par les égouts mais peut s'avérer bloquant dans certains cas).
- Le déploiement revient plus cher, le nombre de fibres à produire étant plus élevé.
- Le déploiement est plus lent.
Les usages
Quels usages possibles ?
Le choix des opérateurs
Concrètement, 3 opérateurs commerciaux déploient du FTTH en France au début de 2009 :
- Orange / France Télécom a choisi la technologie GPON.
- SFR / Neuf Cegetel (Club Internet) déploie soit en GPON soit en P2P.
- Iliad / Free (Alice Telecom Italia) a choisi le P2P exclusivement.
Pour plus de détails voir l'article sur le très haut débit.
En Suisse,
- Swisscom (leader de la télécommunication en Suisse)
- Orange (opérateur de télécommunication)
- Sunrise (opérateur de télécommunication)
- Vario (Sierre Energie)
- SIG (Services Industriels Genevois)
- Groupe E (Services Industriels de Fribourg)
Le déploiement des opérateurs d'infrastructures
Plusieurs Délégations de Service Public (DSP) ou Réseaux d'Inititiave Privée (RIP) sont en cours de déploiement en France pour faciliter l'accès aux opérateurs commerciaux. Début 2009, on compte ainsi une cinquantaine de projets notamment dans les Hauts-de-Seine, à Pau (Pau Broadband Country), dans la Manche (Manchenumerique).
Pour que le client final puisse bénéficier d'un service à Très Haut Débit, il faut que les opérateurs commerciaux (Orange, Free ou SFR) viennent louer ces infrastructures. Les tarifs sont actuellement très variés :
- à Pau, la location d'une ligne FTTH entre le particulier et le Noeud de Raccordement d'Axione pour faire du triple play revient à 26 euros par mois (prix catalogue),
- dans les Hauts-de-Seine, elle serait facturée 14,50 euros par mois selon le cahier des charges de la DSP du Conseil Général.
La responsabilité des Collectivités Territoriales
Depuis plusieurs années, les Collectivités Territoriales s’intéressent aux infrastructures de Télécommunications, car elles constatent que la bonne couverture de leur territoire est un facteur d’attractivité important, tant pour l’implantation des entreprises que pour la qualité de vie des habitants : on parle d'aménagement numérique des territoires.
C’est ainsi que de nombreux départements et collectivités (Oise, Manche, Moselle, Grand Nancy, région Alsace,…) ont investi dans des réseaux de collecte en fibre optique qui permettent le dégroupage effectif des centraux téléphoniques de France Télécom (NRA) et l’ouverture de services ADSL concurrentiels. En région parisienne, le SIPPEREC (syndicat inter-communal dirigé par le PC et la Gauche) a déployé le réseau Irisé (délégué à une filiale de Neuf Cegetel) qui a joué un rôle décisif dans le dégroupage des trois départements de le Petite Ceinture et le « boom » qui a ensuite connu l’ADSL. De son côté, le Conseil général des Yvelines (dirigé par l’UMP) a connu le même succès avec un projet de réseau, qui vise aussi à connecter les zones d’activités des zones économiques les plus dynamiques du département.
L’émergence du FTTH crée l’opportunité de nouvelles initiatives, à l'image de ce que Pau a entrepris à partir de 2002.
À Paris, le déploiement du réseau de chacun des opérateurs devrait se faire par un passage quasi systématique dans les égouts de Paris. Ce déploiement a été grandement facilité par le plan Paris Ville Numérique, lancé à l'initiative de la municipalité, et qui prévoit notamment une réduction de 90 % de la redevance d'utilisation des égouts de la ville.
Sur la Plaine de France, les Conseils généraux de Seine-St-Denis et du Val d’Oise chargent leur Établissement Public commun de conduire un projet FTTH, Debitex. Le département de Seine-et-Marne oriente également en ce sens une « délégation de service public ». Dans les Hauts-de-Seine, le Conseil général a annoncé dès octobre 2005 un projet de desserte en fibre de l'ensemble du département. Soit plus de 800 000 logements, ce qui en fait le plus grand projet FTTH public d'Europe. Le projet précis devrait être annoncé à la fin 2007.
Le souci des collectivités est de dynamiser le passage au FTTH en déployant une infrastructure mutualisée capable de faire jouer à plein la concurrence entre opérateurs. Dans le cas du projet des Hauts-de-Seine, déployé par Numéricable, le programme annoncé est celui d’une infrastructure de desserte neutre, passive, bi-compatible PON / point-à-point, pénétrant dans les immeubles jusqu’au seuil des appartements, et commercialisée selon un barème tarifaire public identique pour tous les opérateurs.
Face à ces initiatives, les opérateurs sont perplexes. Free indique souhaiter trouver des accords avec les Collectivités, mais uniquement dans les zones qu’il ne peut atteindre lui-même. France Télécom qui multiplie en apparence les annonces ponctuelles n’est, au fond, pas si pressée que le FTTH ne concurrence la desserte en cuivre dont elle détient le lucratif monopole. Numéricable préfère déployer en FTTLA, de qualité intermédiaire entre ADSL et FTTH en utilisant toujours le câble coaxial du réseau câble sur la partie terminale.
D'un coté, les opérateurs savent qu’ils devront s’appuyer sur les investissements des Collectivités Locales, comme le montrent les faibles investissements qu’ils ont annoncés au regard de ce qui doit être réalisé. D'un autre coté, constatant que les Collectivités Locales investissent dans des zones denses, où l'infrastructure existe souvent déjà, certains peuvent être tentés de porter plainte (comme l'a fait l'opérateur Colt en décembre 2007 contre le CG92) pour concurrence déloyale.
Lieux où le FTTH est déployé dans le monde
Lieux où le FTTH est déployé en France
Ville Orange SFR Free Opérateur d'infra Amiens France Citévision Asnières-sur-Seine Oui Bordeaux Oui Prévu Boulogne-Billancourt Oui Chatillon Oui Cherbourg-Octeville Prévu Manchenumerique Clichy Oui Grenoble Oui Issy-les-Moulineaux Oui Levallois-Perret Oui Oui Lille Oui Lyon Oui Oui Malakoff Oui Marseille Oui Oui Metz Oui Montpellier Oui Montrouge Oui Nancy Oui Nantes Oui Neuilly-sur-Seine Oui Nice Oui Paris Oui Oui Oui Pau Oui Poitiers Oui Rennes Prévu La Réunion Zeop Saint Lô Prévu Manchenumerique Strasbourg Prévu Suresnes Oui Toulouse Oui Oui Valenciennes Oui Villeneuve-la-Garenne Oui Villeurbanne Oui Carte sur Google Map du déploiement FTTH en France : Orange Free
Lieux où le FTTH est déployé en Suisse
Ville FAI Connus Date Nombres Disponible Sierre Vario 2006 1 200 Oui Swisscom déploie en ce moment activement la fibre optique dans les grandes villes de Suisse. Zurich est déjà raccordée en fibre optique et une offre Triple Play (téléphonie, Internet, télévision) a été lancée le 3 avril 2009. Les villes de Genève et Bâle doivent quant à elles être raccordées d'ici la fin 2009, puis les villes de Lausanne et Berne suivront en 2010. De plus, Swisscom collabore avec les entreprises de Services Industriels régionaux afin de ne pas poser plusieurs réseaux de fibre optique qui s'entre croiseraient.
Images en rapport FTTH
Boîte Abonné (ONU) Optical Network Unit qui équipe le village d'Hermillon
- Convertisseur de média utilisé à PAU : http://www.sagem.com/fileadmin/images/images/produits/reseaux-adsl/fast3190-zoom.jpg
- Photos de la réalisation d'un raccordement FTTH Verizon, USA
Voir aussi
Articles connexes
- citéFibre
- Free Infrastructure
- FTTH P2P
- Gpon - PON
- NRO
- Point de mutualisation
- Pau Broadband Country
- Très haut débit
Liens externes
- (en) FTTH Blog Blog consacré au FTTH
- [1] Grandes manœuvres FTTH : le rôle stratégique des collectivités
- Le point sur… Le FTTx : réseau optique de desserte Fiche sur le FTTx par le ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement Durable.
- Fibrenews Site d'actualité français dédié aux offres Fibre Optique
- Vario Network Projet de FTTH de la Ville de Sierre Valais Suisse
- [2] projet THD 92 du Conseil général des Hauts-de-Seine
Notes et références
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