Douance

Douance

Surdoué

Surdoué est un néologisme employé pour la première fois en 1970 à Genève par le Docteur Julian de Ajuriaguerra pour désigner une catégorie d'enfant qu'il caractérise ainsi : « On appelle enfant surdoué celui qui possède des aptitudes supérieures qui dépassent nettement la moyenne des capacités des enfants de son âge. »[1].

Ce terme sert aujourd'hui à désigner les enfants ou les adultes dont les capacités intellectuelles dépassent la norme établie. Les termes « enfant intellectuellement précoce » et « haut potentiel » (particulièrement utilisé en Belgique et pour les adultes) sont davantage répandus aujourd'hui, car moins connotés.

Sommaire

Définitions

Définition populaire

On utilise le terme d’enfant intellectuellement précoce (EIP), pour un enfant en avance par rapport à ceux de son âge.

Le qualificatif de « surdoué » ou « haut potentiel » est attribué selon des critères qui peuvent varier en fonction de ceux qui l'utilisent, que ce soit des associations comme Mensa ou les associations de parents d'enfants précoces, l'enseignant, le psychologue spécialisé, les institutions officielles ou la famille. Selon les critères retenus, le « surdoué » se définit selon des profils différents, d'où différentes définitions et amalgames.

Clarification de vocabulaire

Il existe, dans le grand public, une confusion entre des termes de sens voisins, qui désignent cependant des individus différents : précoce, doué, surdoué, haut potentiel, prodige, virtuose, génie.

  • Un enfant « précoce » est en enfant dont le développement est en avance sur les enfants du même âge. Cependant, on sait maintenant que cela ne garantit en rien qu’il devienne un surdoué, même s’il conserve son potentiel plus tard. Un certain nombre d’entre eux deviennent des adultes qui ne se distinguent en rien des autres.
  • Un individu « doué » est un individu dont l’intelligence est supérieure à la moyenne : pour les statisticiens dont la référence est le QI, cela le place entre un et deux écarts-types au-dessus de la moyenne aux tests de Wechsler, soit un QI entre 115 et 130.
  • Un individu « surdoué » dispose d’une intelligence exceptionnelle qui se manifeste par des réalisations exceptionnelles. Toujours en termes de statistique, son QI se situe au-dessus de 130, soit deux écarts-types au-dessus de la moyenne aux tests de Wechsler. Ce choix de deux écarts-types, soit 30 points au-dessus de la moyenne, n’est pas le fruit du hasard : il correspond symétriquement au seuil reconnu de la déficience intellectuelle, qui est de deux écarts-types au-dessous de la moyenne, soit un QI de 70. Dans les deux cas, cela représente 2% de la population sur laquelle le test a été étalonné.
    Rappelons toutefois que le QI n’est pas une référence suffisante pour classer un individu dans une catégorie s’il n’est pas accompagné d’un bilan psychologique complet effectué par un professionnel compétent.
  • Lorsque ce potentiel intellectuel exceptionnel ne se manifeste pas par des réalisations exceptionnelles, on parle de « haut potentiel ». Les Américains utilisent pour cette catégorie le terme de « underachiever », que les Québecois ont traduit par « sous-réalisateur ». Le terme « haut potentiel » utilisé d’abord en Belgique, puis en France et en Suisse, a l’avantage de ne pas être péjoratif, mais il sous-entend qu’un potentiel exceptionnel ne se concrétise pas forcément par des réalisations exceptionnelles, et qu’il n’empêche pas les difficultés, parfois même l’échec scolaire, professionnel ou social.
  • Un « prodige » est un individu qui manifeste très tôt des aptitudes équivalentes à celles des adultes de son temps (Mozart, par exemple, qui a composé très jeune des œuvres musicales complexes).
  • Un virtuose se distingue des autres par la maîtrise parfaite de l’exécution, le plus souvent dans un domaine artistique (musique, dessin), bien que cette particularité puisse aussi exister dans d'autres domaines.
  • Quant au terme de « génie », il désigne ceux qui marquent leur époque et celles qui la suivent par des réalisations qui restent dans la mémoire collective de l’Humanité (Léonard de Vinci).

Définition par les tests de QI

Longtemps basée sur des appréciations personnelles (de parents, d'enseignants), la détection des surdoués (ou « haut potentiel ») se fait le plus souvent par le biais de différents tests de QI, comme ceux issus des travaux du psychologue David Wechsler (WPPSI pour les enfants d'âge préscolaire, le WISC pour les enfants de 6 à 16 ans, le WAIS pour les adultes).

Le résultat de ces tests est obtenu par un calcul statistique. Un QI élevé signifie que l'individu a obtenu un score élevé par rapport à l'échantillon de personnes de la même tranche d'âge qui ont servi à étalonner le test. Contrairement à ce que peut laisser supposer le terme « Quotient Intellectuel », il ne s'agit pas du rapport entre l'âge mental et l'âge réel, comme c'était le cas pour les tests qui ont précédé ceux de Wechsler.

Il n'y a pas de consensus sur le seuil à atteindre pour être considéré comme surdoué : les différentes études scientifiques publiées sur le sujet (Terman[2] 1921, Burt[3][4] et Cattell[5] 1946, Oléron[6] 1974, Eysenck[7] 1977, Duché et D. Bitan[8] 1979, G. Bleandonu, 2004 [9], P. Planche, 1985, 2008 [10]) font état d'un seuil de QI qui varie de 130 (c'est-à-dire 2% de la population, dans leur test) à 170 ; par ailleurs, certaines associations retiennent le seuil de 132 (comme Mensa[11]) ou de 125 (associations de parents d'enfants précoces) tandis que certains psychologues proposent de parler de surdoué à partir d'un QI de 120.

Il serait d'ailleurs restrictif de réduire la définition du surdouement à la mesure du QI.
Le test de QI permet d'étudier simplement certains aspects du fonctionnement intellectuel, comme le raisonnement, les capacités déductives et analogiques d'un individu, ses capacités d'orientation dans le temps et dans l'espace, etc.

Il faut rappeler, à ce propos, que le résultat au test peut être biaisé par l'état psychologique du sujet au moment du passage du test. Ce résultat n'est donc pas à considérer comme une vérité absolue, en raison des biais inhérents aux tests, et au caractère restrictif de cette évaluation. Il s'agit néanmoins d'une indication qui peut être éclairante dans le cadre d'un bilan psychologique complet.

Certains auteurs prennent en compte les émotions, et parlent de grandes capacités déductives logiques non-cognitives, mesurées par un test de QE (quotient émotionnel). Pour les logiques autres, telles que la logique transcendantale et la logique floue, aucun test fiable et communément utilisé n'est disponible. En conséquence, ces facultés ne sont pas mesurables.

D'après les caractéristiques psychologiques

Syndrome de Dyssynchronie

Le fait d'être différent des autres (et ce quelle que soit cette différence) entraîne souvent des difficultés, principalement d'adaptation. Les enfants précoces ont des difficultés spécifiques, parmi lesquelles celle qu'on nomme dans certaines études (comme chez Jean-Charles Terrassier[12] ) syndrome de dyssynchronie, cette dyssynchronie pouvant être soit externe, soit interne.

Dyssynchronie interne

L'évaluation des enfants surdoués est d'autant plus complexe qu'il existe souvent une dyssynchronie interne : l'âge affectif ne suit pas forcément l'âge intellectuel. Il existe de nombreux cas d'enfants surdoués présentant un retard affectif. Cette dyssynchronie peut causer de nombreux troubles, allant d'une grande sensibilité, des angoisses à des troubles névrotiques, la paranoïa, des troubles obsessionnels ou des manifestations psychosomatiques.

Des études comme celles d'Arielle Adda ont également parfois constaté un décalage entre la parole et la pensée, certains enfants ayant des difficultés à exprimer une pensée qui va plus vite que les mots, ce qui, chez certains, peut aller jusqu'au bégaiement.

Cette dyssynchronie peut également exister dans le décalage entre la rapidité de pensée et la rapidité d'écriture. La pensée va plus vite que la main, provoquant des ratures, voire des phrases incomplètes.

Dyssynchronie sociale et scolaire

Celle-ci se traduit par des difficultés d'insertion scolaire et familiale.

«  N'oublions pas non plus que les enfants doués ne sont pas toujours précoces ; leur développement est plutôt lent et leurs capacités restent parfois fort longtemps à l'état de latence.[13] »

En effet, de manière générale, les psychologues sont d'accord pour dire qu'il y a, parmi les surdoués détectés, environ 1/3 de surdoués en échec scolaire, 1/3 de surdoués dans la moyenne, et 1/3 de surdoués brillants. Bien sûr, ces données empiriques ne concernent que les enfants surdoués qui ont été testés et reconnus ; les enfants surdoués non détectés ne rentrent pas dans ces statistiques.[réf. nécessaire]

Les enfants surdoués sont souvent en décalage avec le programme scolaire normal qui leur est proposé[14].Leur capacité à comprendre rapidement provoque souvent un certain ennui en classe, aussi sont-ils parfois des élèves médiocres, voire mauvais. De plus, leur facilité de compréhension peut entrainer chez eux un rejet de l'effort ou de l'échec.

C'est pourquoi on les présente généralement comme des enfants inhibés, associaux, perdus dans leurs réflexions ou leurs rêveries ; parallèlement, étant souvent présenté comme exigeant, agressif, parfois méprisant, insupportable, l'enfant surdoué peut être rejeté. D'autant que les professeurs ne savent pas forcément comment gérer ces enfants différents de la norme. Ce phénomène peut également se produire dans le milieu familial.

Certains spécialistes, certaines associations ou certains enseignants, considèrent que le système scolaire ne permet pas l'épanouissement optimal de la plupart de ces enfants. En effet, l'apprentissage de la plupart des enfants est basé sur la répétition jusqu'à la maîtrise des connaissances à acquérir. Les capacités mnésiques et les capacités cognitives propres aux enfants surdoués leur permettent l'acquisition de notions nouvelles en très peu de temps, et souvent sans avoir besoin de répétitions lourdes et continuelles. Ainsi, quand les autres élèves en sont à la répétition de la leçon dont ils n'ont pas encore saisi le sens complet, l'enfant surdoué en a déjà réalisé l'acquisition complète ou, du moins, il ressent le savoir véhiculé comme acquis. Cet état de fait peut être à l'origine de problèmes futurs, car le surdoué n'acquerra pas de méthodes de travail et lorsque ses capacités cognitives ne lui permettront plus une acquisition quasi instantanée, il se sentira perdu.[15]

« Dans une classe spéciale de biens doués, l'enfant court le danger de se développer unilatéralement. Au contraire, dans une classe normale, il s'ennuiera, certes, quand il s'agira de la matière dans laquelle il est supérieur, mais l'étude des autres lui rappellera son retard et cela ne peut que lui être utile et nécessaire au point de vue moral.[16] »

D'après les études en neurologie et neurobiologie

Les recherches menées par le professeur Grubar[17], professeur de Psychologie expérimentale à l'IUT Éducation spécialisée de l'Université Charles de Gaulle Lille III, montrent que le fonctionnement cognitif des enfants de QI élevé est différent des enfants « normaux », et spécifique, en particulier pour ce qui touche au traitement de l'information . Ce traitement est, chez eux, plus rapide et ils disposent d'une « mémoire de travail » plus efficace : il s’agit de cette mémoire immédiate à court terme qu'on utilise pour mobiliser des connaissances dans la résolution de problèmes immédiats. La quantité d'informations stockées et la durée de stockage étant proportionnelles au QI du sujet, c’est ce qui leur permet d'être très efficaces.

L’autre spécificité, mise en évidence par le Professeur Grubar, est une durée du sommeil paradoxal supérieure à la moyenne, alors qu'elle est inférieure à cette moyenne chez les déficients mentaux. La durée du sommeil paradoxal chez les espèces animales est proportionnelle à leur corticalisation, et il existe, selon lui, un parallèle entre elle et les nécessités d'apprentissage. Chez l'homme, la durée du sommeil paradoxal passe de 25% du temps de sommeil à l'âge de un an, à 16% chez les personnes âgées. Elle serait un indice de la plasticité cérébrale, c'est-à-dire la capacité à recueillir et à stocker des informations venant de l'extérieur.

Le rapport des fréquences oculomotrices (mouvements des yeux) pendant le sommeil paradoxal, qui indique les capacités de l'individu à organiser les informations qu'il reçoit, est très élevé chez les enfants de quotient intellectuel élevé. On peut donc considérer, d'après Grubar, que ces enfants disposent d'un cerveau de nouveau-né pour la plasticité cérébrale - ou en d'autres termes, la capacité de recueil et de stockage des informations - et celui d'un adulte pour leur traitement.

Des chercheurs de l'Université McGill, à Montréal, et de l'institut américain de la santé mentale (NIMH), à Washington, ont étudié le cerveau de plusieurs centaines de jeunes, enfants et adolescents. [réf. nécessaire]

Leurs conclusions sont importantes pour l'évolution des recherches sur les enfants dits surdoués : ils estiment que le cerveau des surdoués se distingue des autres par la rapidité avec laquelle sa partie « pensante » (le cortex préfrontal) s'épaissit et s'amincit durant la croissance.

Le cortex préfontal intervient dans la plupart des tâches d’intelligence abstraites. C'est dans cette partie que se développeraient le raisonnement abstrait, la planification et d'autres fonctions exécutives.

Les enfants présentant un quotient intellectuel au-dessus de la norme se distinguent par un cortex préfrontal qui s’épaissit entre 7 et 11 ans avant de s’amincir au début de l’adolescence. Chez les enfants d’intelligence normale, le cortex préfrontal est initialement épais et s’amincit durant la période 7 à 11 ans (examens réalisés grâce à l'imagerie par résonance magnétique).

Entre 7 et 12 ans, le cerveau se myélinise, les axones s’entourent progressivement de cette gaine qui assure la transmission des signaux électriques. Simultanément, il y a perte des connexions entre les neurones non utilisées et une stabilisation des connexions utilisées pour parler, calculer…

Chez les enfants dans la norme, la perte des connexions inutiles l’emporte sur la myélinisation, ils emmagasinent des connaissances mais le traitement des informations n’est pas très rapide. Les surdoués acquièrent aussi des connaissances, mais la myélinisation plus intense accélère le traitement de l’information. Ainsi les jeunes ayant un quotient intellectuel supérieur à la norme connaissent un schéma de croissance particulier du cerveau.

La personne surdouée n'activerait pas les mêmes zones du cerveau, pour une même tâche d'analyse, que des personnes dites normales. Il a été également prouvé qu'un enfant surdoué possède plus de neurones en moyenne qu'un enfant normal, dans certaines zones comme le cortex préfrontal[18] (Référencement insuffisant à préciser). C'est aussi le cas de l'enfant dyslexique. Ce qui contraint à dire que c'est plus la façon dont se construisent les connexions neuronales qui serait à l'origine de ce décalage. Mais ces observations sont nuancées par d'autres recherches, comme celles réalisées par le Groupe d'imagerie neurofonctionnelle de Caen, qui montrent que l'intelligence se distribue dans différentes régions du cerveau, correspondant à des réseaux spécifiques de neurones.

Selon les institutions éducatives officielles

Etats-Unis (1972)

Le US Office of Education a défini les surdoués comme «  ceux dont les aptitudes exceptionnelles les rendent aptes à des performances élevées » (rapport Marland, 1972).

En 1981, le Congrès américain définit le surdoué comme « un jeune qui, au niveau de la maternelle, du primaire ou du secondaire a fait preuve ou démontré un potentiel d’aptitudes à atteindre un degré de compétences dans les domaines intellectuel, artistique, académique spécifique, dans les arts visuels, le théâtre, la musique, la danse, une aptitude au leadership, et qui, par conséquent, a besoin de services et d’activités qui ne sont pas normalement disponibles à l’école. » Dans les faits, la plupart des programmes pour surdoués organisés dans les écoles américaines sélectionnent des enfants dont le QI est supérieur à 130.

France (2002)

Jusqu'à une époque récente, l'institution était réfractaire au concept de douance. Ainsi par exemple, un pédagogue influent comme Philippe Meirieux déclarait (date et document à préciser) :"je ne sais pas s'il existe des enfants surdoués, je sais seulement qu'il y a des parents d'enfants surdoués"[réf. souhaitée], ce qui revient à dire que les "surdoués" ne seraient que des élèves poussés ou surestimés par leurs parents.

La prise en considération de la problématique par l'institution scolaire ne date que de 2002, avec le rapport Delaubier[19]  : La Scolarisation des enfants intellectuellement précoces, rapport au Ministre de l'Éducation nationale de l'époque, Jack Lang. Le terme retenu par ce rapport pour désigner les enfants concernés est celui d'« intellectuellement précoces » :

  • Définition : Enfants intellectuellement précoces = enfants capables de réaliser des performances que ne parviennent pas à accomplir des enfants de leur âge. Concept relatif dépendant des domaines pris en compte et du seuil que l'on fixe (pourcentage de la population choisi).
  • La population d'élèves qui est l'objet de la revendication des familles (associations) est définie par le Q.I.
  • Différence entre Q.I et âge mental
  • Seuil de définition du "surdouement" : le plus communément admis est un Q.I de 130 (2,2% de la population).
  • Réserves à l'égard du Q.I :
  • Critère réducteur.
  • Le Q.I n'est pas une mesure indépendante de l'instrument : Q.I différents selon le test utilisé.
  • Augmentation des performances au cours des générations.
  • Le Q.I n'est pas indépendant du contexte socio-culturel.

Israël

Enfants classés parmi les 3% des meilleurs élèves de leur classe et ayant passé des tests d'aptitude,

Manifestations de la douance

Les observations empiriques des auteurs qui ont publié des ouvrages sur le sujet (Ellen Winner, J-C. Terrassier, J. Bert, A. Adda, J. Siaud-Facchin, P. Planche, D. Jachet[20], cf. bibliographie) font état de caractéristiques communes aux enfants à haut potentiel, bien qu'on ne les retrouve pas forcément toutes à la fois chez le même individu.

Caractéristiques

  • curiosité et soif d'apprendre, posent beaucoup de questions, sont capables d'acquérir des connaissances par leurs propres moyens
  • capacité d'hyper-concentration (en faisant abstraction de l'environnement)
  • conscience méta-cognitive (savent identifier et réutiliser les stratégies qu'ils emploient pour résoudre des problèmes)
  • intérêt atteignant parfois momentanément un niveau obsessionnel pour certains sujets
  • apprentissage précoce de la lecture, parfois sans aide extérieure
  • hypersensibilité
  • souvent possessifs
  • tempérament solitaire
  • sens de la justice
  • grande capacité d'attention
  • maturité intellectuelle supérieure à celle des enfants de leur âge (dyssynchronie externe)
  • affectivité et/ou développement psycho-moteur parfois en décalage avec la maturité intellectuelle (difficultés en écriture) : dyssynchronie interne
  • sens de l'humour
  • sensibilité à l'harmonie (musique, esthétique)
  • mémoire importante
  • capacité à suivre une conversation ou un exposé en faisant autre chose
  • facilité à justifier ses comportements a posteriori

Centres d'intérêt

  • lisent beaucoup et vite
  • grand intérêt pour les dictionnaires, les encyclopédies
  • intérêt pour les origines de l'homme, de l'Univers, pour la Préhistoire, les dinosaures
  • jeux « compliqués »
  • préoccupés très tôt par la mort
  • se passionnent pour beaucoup de sujets en changeant souvent
  • intérêt pour les problèmes moraux, philosophiques, métaphysiques, politiques
  • tentés par les expériences « limites », sensibilité aux addictions
  • peuvent ressentir un intérêt allant jusqu'à l'obsession pour un sujet particulier, puis en changer subitement

Vie relationnelle

  • difficultés d'intégration dans les groupes
  • suscitent plus que d'autres l'intérêt ou le rejet
  • recherchent la compagnie d'enfants plus âgés
  • aiment dialoguer avec les adultes.

Précaution indispensable

Même si un nombre important de ces caractéristiques se manifeste, « être surdoué » ne peut être confirmé que par un professionnel compétent à l'issue d'un bilan psychologique comprenant un test de Q.I. Ce test n'est valable que s'il a été étalonné sur un échantillon représentatif de la population dont fait partie le sujet et qu'il est administré par un professionnel dans des conditions strictes de passation. Autant dire que les tests de Q.I que l'on trouve dans les magazines, sur Internet, ou que l'on fait passer dans les émissions de télévision n'ont aucune valeur et qu'ils ne peuvent servir en aucun cas à détecter des surdoués.

Mesures d'adaptation prises par le système scolaire

Recommandations internationales

ONU

Convention relative aux Droits de l’Enfant[21]. Résolution 44/25 du 20/11/89, ratifiée par la France :

Article 29 :

1. Les États parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser à :
a) Favoriser l'épanouissement de la personnalité de l'enfant et le développement de ses dons et de ses aptitudes mentales et physiques, dans toute la mesure de leurs potentialités. [...]

UNESCO

Déclaration de Salamanque et Cadre d’action pour l’éducation et les besoins éducatifs spéciaux : accès et qualité. (Salamanque, Espagne, 7-10 juin 1994) :

Article 3 : L’idée principale de ce Cadre d’Action est que l’école devrait accueillir tous les enfants, quelles que soient leurs caractéristiques particulières d’ordre physique, intellectuel, social, affectif, linguistique ou autre. Elle devrait recevoir aussi bien les enfants handicapés que les surdoués, …

Conseil de l'Europe

Le 7 octobre 1994, le préambule à la recommandation 1248 du conseil de l'Europe, relative à l’éducation des enfants surdoués dit au point deux : « Si, pour des raisons pratiques, il faut des systèmes d’enseignement qui assurent une éducation satisfaisante à la majorité des enfants, il y aura toujours des enfants ayant des besoins particuliers, pour lesquels des dispositions spéciales devront être prises. Les enfants surdoués figurent parmi ceux-là. »

Article 3 : « Les enfants surdoués devraient pouvoir bénéficier de conditions d’enseignement appropriées. »

Article 5 :

  1. La législation devrait reconnaître et respecter les différences individuelles. Les enfants surdoués, comme les autres enfants ont besoin de conditions d’enseignement adaptées… »
  2. La recherche fondamentale sur les notions de « don » et de « talent », et la recherche appliquée … devraient être développées parallèlement. La recherche sur les « mécanismes du succès » pourrait aider à combattre l’échec scolaire. »
  3. […] Tous ceux qui ont affaire à des enfants devraient disposer d’informations sur les enfants surdoués. »
  4. Les dispositions en faveur des enfants surdoués dans une matière donnée doivent, de préférence, être mises en place au sein du système scolaire normal, à partir du niveau préscolaire. »

Pays francophones

France

En 1905 le ministère de l'instruction publique demande à Alfred Binet de mettre au point une échelle métrique de l'intelligence. Ce qu'il fait en collaboration avec Théodore Simon. Cette échelle métrique de l'intelligence doit servir à établir les programmes scolaires de l'école française devenue école obligatoire depuis la loi de Jules Ferry en 1882.[22] Déjà en 1910 Alfred Binet pense que l'enseignement est inadapté pour les enfants trop intelligents, Les Surnormaux[23] et il souhaiterait des classes adaptées.[24]

En 1920, lors de travaux sur la sélection scolaire le docteur Edouard Toulouse estime à 4% à 5% les enfants surnormaux.[25]

La Commission ministérielle d'études pour la réforme de l'enseignement ou Plan Langevin-Wallon rendu en juillet 1947 préconisait en plus de l'enseignement commun un enseignement optionnel où les enfants ne seraient pas répartis par classe d'âge mais en fonction de leurs aptitudes.

Ainsi d'ailleurs pourrait se résoudre le problème des enfants dits « surnormaux ». Leur précocité est en général limitée à certaines aptitudes intellectuelles. La maturité d'expérience et de caractère propre aux enfants plus âgés leur faisant habituellement défaut, ils ne seraient pas réunis sans inconvénients pour tout l'enseignement. D'autre part leur rassemblement dans des classes spéciales risquerait d'aboutir à de dangereux forçages intellectuels, sans préjudice de certains risques pour la formation de leur caractère. Au reste, la précocité n'est pas toujours un signe de supériorité définitive.[26]

Dans les textes de l'Éducation nationale, l'existence des E.I.P a été ignorée jusqu'au rapport Delaubier publié en 2002. Il en est fait ensuite mention dans les B.O. de l'Éducation Nationale N° 16 du 18 avril 2002 et N° 14 du 3 avril 2003 concernant la préparation des rentrées 2002 et 2003 ainsi que dans le B.O. de l'Éducation Nationale N° 15 du 11 avril 2002 pour les recommandations faites aux étudiants en 2° année d'IUFM.

En Mai 2003, après une mission d'Inspection Générale, Christophe Dugruelle et Philippe Le Guillou ont remis au ministre un rapport (n°2003-18) faisant le bilan des expériences pédagogiques dans le second degré sur la scolarisation des élèves intellectuellement précoces. On peut retrouver l'intégralité du rapport sur le site du Ministère.

"(...)1) État des lieux (...)1.2.2. La Genèse des dispositifs d'accueil des EIP dans les établissements
Cinq établissements visités. Cinq histoires différentes. Seul le hasard et la rencontre de personnalités au caractère affirmé expliquent la naissance de ces "aventures" pédagogiques et intellectuelles. Nous voudrions montrer que dans un premier temps ce sont bien des logiques individuelles d'acteurs qui ont permis le démarrage et que l'institution s'est contentée de suivre le mouvement initié ou au mieux tenté de l'accompagner."
Les Inspecteurs Généraux ont pris position énergiquement.

Suite à ces rapports, la loi du 23 avril 2005, prévoit, entre une disposition pour les élèves en difficulté et une autre pour les élèves non francophones, que

Des aménagements appropriés sont prévus au profit des élèves intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières, afin de leur permettre de développer pleinement leurs potentialités. La scolarité peut être accélérée en fonction du rythme d'apprentissage de l'élève. (code de l'éducation, article 321-4)

Tout cela débouchera sur la circulaire du 17 octobre 2007 intitulée « Parcours scolaire des élèves intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières à l’école et au collège »[27]. .

Admettant que

Un grand nombre de ces élèves poursuivent une scolarité sans heurt, voire brillante, il n’y a pas de mesure particulière à prendre pour eux,

cette circulaire se focalise sur ces enfants qui sont en échec scolaire. Elle préconise d'améliorer la détection de la précocité, d'améliorer l'information des enseignants et des parents, et organiser des systèmes d'information afin de quantifier le phénomène et qualifier les situations.

En pratique, elle ne trouve une application concrète que dans 80 établissements en 2009, selon le Ministère[28]

Belgique

Sous l'impulsion de l'ancien ministre Pierre Hazette, une étude sur les « enfants et adolescents à haut potentiel » a été commanditée en septembre 2000 par le Ministère de la Communauté française de Belgique [29].

Après le changement de majorité, les projets, dans les écoles notamment, ont été progressivement abandonnés. Ne subsiste que le réseau inter-universitaire dépendant de l'Administration générale de l'enseignement et de la recherche scientifique (5 chercheurs) dont la dernière publication reprend une intervention lors d'un colloque inter-universitaire sur les « Élèves à hauts potentiels : entre reconnaissance et intégration » [30]. Le 2e tome du rapport Hazette qui consistera en une « réflexion théorique autour du concept de "haut(s) potentiel(s)" » est, lui, attendu depuis juin 2004.[31].

Certaines écoles, poussées par l'approbation du ministre, ont lancé des projets de réflexions internes sur les enfants à haut potentiel.

Québec

Source : "Gifted education in Quebec : A Short Past, a Few Appearances, and Almost no Future ! " de Line Massé, Ph. D., Université du Québec à Trois-Rivières, Québec, Canada)

Historique
  • 1987 : nomination de délégués régionaux du Ministère et d’un responsable national au sein du service de l’adaptation scolaire. Réalisation de projets éducatifs expérimentaux pour tenter d’enrayer la fuite des élèves doués vers les écoles privées. (4,6% en élémentaire, 15,6% dans le secondaire, 28,6% à Montréal). Accord de dérogations pour entrée anticipée à l’école.
  • Réaction négative des syndicats d’enseignants en 87 et 88. Suppression des moyens dans les années 90, d’où création d’écoles « internationales » sélectionnant les élèves d’après le niveau scolaire.
  • 1997 : limitation des écoles à recrutement particulier, abaissement du seuil de recrutement à 70% des acquisitions, barrières administratives.
Situation actuelle
  • Actuellement, les surdoués ne sont pas recensés parmi les enfants à besoins éducatifs spéciaux. Il n’y a pas de mesures spéciales ni de crédits alloués sauf pour les sections artistiques et sport-études, mais certains aménagements accordés en 1985 sont encore valables (projets éducatifs, admission anticipée). Les programmes d’enrichissement sont autorisés pour tout ou partie des élèves d’une école, sans pouvoir être utilisés comme critères de recrutement ni d’exclusion d’élèves. Des projets à durée limitée sont autorisés sous certaines conditions, si les parents et tous les enseignants sont d’accord.
  • Une modularité de l’enseignement est possible en « first grade » depuis l’année 2000-2001.
  • La CEQ (Syndicat des enseignants) est opposée à toute création de classes ou d’écoles spécifiques.
  • 57% des écoles francophones ont des programmes pour enfants doués, mais pratiquement aucune en Primaire.
  • Les admissions anticipées sont accordées par le Ministère sur la demande des parents, qui doit être accompagnée d’un rapport d’un spécialiste faisant état des possibilités intellectuelles, de la maturité émotionnelle et sociale, des aptitudes nécessaires aux apprentissages, et montrant un préjudice en cas de refus. Cela a concerné environ 1000 enfants en 1999-2000. En 1998-1999, 2,7% des enfants (soit 2450) sont entrés en avance dans le secondaire.

Programmes particuliers :

  • Enrichissement
  • Aptitude à diriger (Leadership)
  • Art-études ou sport-études
  • Art-études poussé
  • Sport-études poussé
  • Science
  • Autres : Anglais renforcé, écoles internationales, écoles alternatives

Formation des enseignants :

  • Proposée par les comités locaux d’éducation
  • Formations universitaires : moins fréquentes dans les universités francophones que dans les anglophones

Suisse

  • Dépistage :

Globalement, il n 'y a pas de mesures systématiques de dépistage des élèves surdoués. Deux cantons considèrent cependant qu'elles s'intègrent dans le dépistage de tout enfant présentant des difficultés.

Le canton de Vaud précise qu'un dépistage systématique sous forme de tests d'intelligence en vue de déterminer le quotient intellectuel ne sera jamais institué car irréaliste (7000 à 8000 élèves par volée). Par contre, il sera demandé aux enseignants, après une formation sur cette question, d'être attentifs et de signaler les élèves qui devraient faire l'objet d'un examen psychologique.

  • Offres destinées aux élèves surdoués :
    Les élèves surdoués peuvent bénéficier selon les degrés (école enfantine, primaire, secondaire I et Il) de différentes prestations en complément de l'enseignement ordinaire. Les possibilités offertes vont de rentrée à l’école anticipée à la dispense de certaines branches, en passant par le saut d'une classe, des mesures d'enrichissement, la possibilité d'être auditeur dans des classes supérieures, un enseignement assisté à l'ordinateur.
  • Contenus de formation à l'intention des enseignants :
    Seuls les cantons de Fribourg et de Vaud indiquent que de tels contenus de formation (initiale / perfectionnement) existent.
  • Élèves ayant des dons spécifiques sur le plan sportif ou artistique :
    À l'exception du Tessin et de Neuchâtel, tous les cantons mentionnent que des mesures particulières à l'intention des élèves ayant des dons spécifiques sur le plan sportif ou artistique existent.
  • Projets de développement de l'école :
    La réflexion sur l'accompagnement des élèves surdoués s'inscrit dans des projets de développement de l'école dans plusieurs cantons à l'exception du Tessin.

Source : « Accompagnement des élèves surdoués : situation en Suisse Romande et au Tessin », article de A.-M. Besse Calazza et Danièle Wolf dans Pédagogie spécialisée (02/2000).

Autres pays

États-Unis

Jacob K. Javits Gifted and Talented Students Education Program (loi fédérale votée par le Congrès américain en 1994 pour autoriser l’allocation de bourses, la formation, le financement d’un centre national de recherche sur l’éducation des surdoués par le ministère américain de l’éducation) :

  • Des bourses sont allouées aux services locaux d’éducation, aux établissements publics ou privés mettant en œuvre des programmes spécifiques aux étudiants doués ou talentueux.
  • Informations et assistance technique sont mises à la disposition des individus ou des groupes travaillant sur le thème pour élargir et approfondir les connaissances sur ce thème
  • Recherche : création d’un centre national de recherche sur le surdouement, associant 360 écoles publiques ou privées, 337 écoles de district, 52 administrations de l’éducation (services d’État), et 167 chercheurs associés à 86 universités aux États-Unis et au Canada, chargé de conduire et analyser des recherches pour développer l’information sur les besoins des enfants surdoués. Directions de recherche : détection des surdoués, utilisation des programmes spécifiques aux surdoués au bénéfice de tous les élèves, quelle collaboration pour quelle politique éducative et quelles applications ?

Israël

Éducation d'enfants exceptionnels [32]:

Les enfants surdoués, classés parmi les 3% des meilleurs élèves de leurs classes et ayant passé des tests d'aptitude, participent à des programmes particuliers dans des écoles spéciales à plein temps ou des activités extra-scolaires. Les classes pour surdoués sont caractérisées par le niveau des élèves et de leurs études ; l'accent y est mis non seulement sur l'acquisition de connaissances et la compréhension, mais aussi sur l'application à d'autres disciplines des concepts acquis. Les élèves apprennent à faire de la recherche et traiter la documentation de façon indépendante.

Chine

« Classe de la jeunesse » créée en 1978 à l’Université de sciences et de technologie :

Depuis 1985, le lycée annexe de l’Université populaire de Chine a créé une classe expérimentale pour élèves surdoués. Tout en offrant aux élèves des cours d’invention, des cours pratiques scientifiques et autres enseignements destinés à développer la créativité des élèves, ce lycée propose également des cours sur la pratique sociale, sur la jeunesse moderne, des cours de psychologie, etc.

Mythes et réalités

Le terme « surdoué » véhicule le « mythe du génie », une étiquette désagréable. Certains auteurs spécialistes du sujet, au nom d'un élitisme avoué, préconisent une sélection aussi précoce que possible des surdoués et la création, à leur intention, de classes spécialisées répondant à leurs besoins.

«  Le problème que pose l'enfant doué est loin d'être simple. Cet enfant ne manifeste pas ses dons uniquement en étant un bon élève. Il arrive qu'il ne le soit pas du tout (...) si l'on se contente de l'observer de l'extérieur, il arrive que l'on ait beaucoup de peine à le distinguer du faible d'esprit.[33] »

Le mythe de la polyvalence

La croyance populaire veut que celui qu’on appelle « surdoué » soit omniscient, comme si son intelligence exceptionnelle pouvait s’appliquer à tout et lui donne les moyens d’être performant dans tous les domaines. L’origine en est certainement dans les premières conceptions de l’intelligence qui pensaient que celle-ci ne dépendait que d’un seul facteur, le fameux « facteur g » de Spearman (« Les aptitudes de l’homme. Leur nature et leur mesure », Mac Millan, Londres, 1927, traduction française 1936).

L’évolution des conceptions de l’intelligence a permis d’établir, d’une part que celle-ci pouvait être décomposée en un grand nombre de facteurs emboîtés les uns dans les autres à plusieurs niveaux hiérarchiques (chaque niveau comptant plusieurs facteurs), qu’elle pouvait se manifester sous différentes formes (intelligence « fluide » ou intelligence « cristallisée ») et d’autre part, selon certains qui suivent en cela Howard Gardner (« Les intelligences multiples », « Les intelligences multiples », Retz, Paris, 1996) qu’il pouvait exister plusieurs intelligences autonomes indépendantes les unes des autres (Gardner dénombre neuf formes d’intelligence).

L’utilisation de tests comme ceux de Wechsler ou de Kaufmann montre que les performances atteintes dans les subtests qui composent ces tests ne sont jamais les mêmes selon les individus testés, même lorsque le score global (Q.I) est le même. Par exemple, le test de Wechsler compte deux scores (QI verbal, QI performance, eux–mêmes divisés en subtests) dont l’écart entre les deux peut être significatif pour un professionnel compétent, tout comme les différences de scores entre les subtests. C’est ce qui permet, au cours du bilan, d’établir le « profil » du sujet testé.

Le développement de l’intelligence d’un individu n’est donc pas homogène et il n’existe pas de polyvalence absolue de l’intelligence, même si un niveau exceptionnel de celle-ci facilite, en général, la résolution de problèmes divers pour celui qui en dispose. Un individu, même très doué, pourra avoir des faiblesses de raisonnement dans certains domaines et c’est ce qui explique, lorsque cela est poussé au paroxysme, le cas des « idiots savants » (calculateurs prodiges analphabètes et autres cas similaires), certaines formes d’autisme (Asperger), dans lesquels une aptitude très spécialisée mobilise toutes les ressources intellectuelles du sujet alors que les autres aptitudes sont déficientes.

Portraits de "surdoués"

Quand on veut donner des exemples de "surdoués", il y a généralement confusion entre "surdoués" et "génies" alors que, exception faite des "génies méconnus" (qui sont parfois seuls à prétendre l'être dans l'attente d'être reconnus), seuls ceux de cette dernière catégorie laissent une trace dans l'Histoire et font progresser l'Humanité tout entière.
Le plus souvent, on tombe dans la déviance actuelle qui consiste à affubler du qualificatif de "surdoué" tous ceux qui font quelque chose qui sort de l'ordinaire dans n'importe quel domaine, même si cela n'a pas d'autre intérêt que de sortir de la norme.
Dans la pratique, il est pratiquement impossible de donner un profil type de surdoué dans la mesure où il y pratiquement autant de personnalités différentes que de surdoués.

Exemples de dérives

Dans les médias

On a assisté, et on assiste encore parfois, à deux types de dérives dans les médias : la première concerne la mesure du quotient intellectuel (Q.I) et la deuxième les enfants intellectuellement précoces ou individus à haut potentiel.

Les faux-tests de Q.I

Tout le monde a trouvé un jour ou l’autre dans un magazine, un test prétendant mesurer l’intelligence du lecteur et lui révéler s’il peut se classer parmi les individus disposant d’une intelligence exceptionnelle.
C’est maintenant sur Internet que pullulent des sites qui prétendent la même chose.
Il faut donc savoir :

  • d’une part que ces tests ne mesurent pas le Q.I,
  • d’autre part que, même si c’était le cas, la mesure de l'intelligence ne se réduit pas à la mesure du Quotient intellectuel.

Les vrais tests de Q.I utilisés par les psychologues sont le fruit d’années de travail de spécialistes qui font des études complexes pour élaborer et trier ensuite les questions qui feront partie de ces tests. Lorsque le test a été élaboré, il est étalonné, dans chaque langue utilisée dans les pays où il pourra être utilisé, sur un échantillon représentatif de la population, avant d’être mis en circulation.

Le mode d’emploi du test en fixe très strictement les conditions de passation pour chaque catégorie d’épreuves.

Le résultat ne peut être interprété que par un professionnel qualifié et compétent, dans le cadre d’un bilan psychologique complet qui donne un sens au résultat.

On peut donc affirmer avec certitude que tous les tests que vous pouvez trouver dans les magazines, sur Internet ou qu’on vous fait passer assis devant votre télévision ne sont que des simulacres qui ne peuvent être pris, tout au plus, que pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des jeux récréatifs comme les mots croisés ou le sudoku. Ils sont donc tout à fait insignifiants pour la détermination du niveau d’intelligence d’un individu ou pour détecter des individus à haut potentiel.

La caricature du jeune "surdoué"

On a pu constater une deuxième dérive dans les reportages qui ont été réalisés sur les enfants intellectuellement précoces. Tout le monde sait que ce qui intéresse les médias, magazines ou télévisions, ce sont les sujets sensationnels, qui provoquent l’intérêt ou l’émotion ou suscitent le scandale.

Sur ce sujet comme sur d’autres, les médias ont donc tendance à exagérer, à théâtraliser ou « scénariser » le phénomène, soit en caricaturant le sujet, soit en montrant des individus frôlant souvent la caricature.

À part les phénomènes périodiques connus du plus jeune bachelier, du plus jeune candidat du concours général ou du plus jeune maître d’échecs, sujets peu satisfaisants du point de vue journalistique parce qu’ils ne peuvent pas donner matière à plus de 3 minutes de reportage télévisé ou quelques lignes dans un journal, on a donc pu voir la caricature du surdoué en souffrance qui passe d’une galère à l’autre (et surtout la souffrance de ses parents), la caricature du petit surdoué insupportable et prétentieux qui martyrise son entourage, l’école spécialisée pour génies en herbe dont les parents paient les cours très cher, et autres phénomènes qu’on pourrait presque dire de foire.

Sans nier, bien au contraire, la réalité des difficultés de certains de ces enfants ni leur spécificité, il faut donc relativiser le spectacle qui en est donné pour le ramener à des dimensions plus réalistes que celles qui sont données à voir :

  • il y a des enfants précoces en difficulté, les associations en chiffrent la proportion à environ un tiers mais ce chiffre ne peut être vérifié scientifiquement en l’absence de détection systématique.
  • ces enfants ont des particularités qui sont propres à la catégorie à laquelle ils appartiennent, mais leur personnalité dépend aussi pour une grande part de l’éducation qu‘ils reçoivent et du milieu familial dans lequel ils évoluent.

Exploitations abusives du mythe

Il faut de plus ajouter que certaines sectes, sous le couvert de dépistage gratuit d'enfants précoces, profitent de la crédulité de parents inquiets pour leur proposer des stages faisant passer des enfants hyperactifs, autistes, dyslexiques, mentalement déficients ou angoissés pour des "surdoués incompris". Ils les prétendent "capables de communiquer avec l'au-delà " ou "descendants de dieux ou d'extra-terrestres".

C'est le cas du mythe des enfants sentinelles, indigos, ou arc-en-ciel, véhiculé par exemple par le mouvement ufologique Kryeon, épinglé par le Rapport 2003 de la Miviludes.

Cette utilisation du mythe de l'enfant roi à des fins manipulatrices peut être très dangereuse, tant pour l'entourage de l'enfant que pour l'enfant lui-même.

Notes et références

  1. J. de Ajuriaguerra, Manuel de psychiatrie de l'enfant, éditions Masson, Paris, 1959.
  2. Terman L.M. and Oden H.H.: " The Gifted child grows up, Genetic studies of Genius ", Vol. IV, Stanford University Press, 1947
  3. Burt, C. (1940). The Factors of the Mind. London, University of London Press.
  4. Burt, C. (1949). The structure of the mind : a review of the results of factor analysis. British Journal of Educational Psychology, 19, 100-111 & 176-199.
  5. Cattell, R. B. (1965). The scientific analysis of personality. Harmondsworth, England: Penguin Books.
  6. Oléron P., L'Intelligence, Paris, PUF, collection « Que sais-je ? », 6e édition, 1994
  7. Eysenck, H., L’inégalité de l’homme, Paris, éditions Copernic, 1977
  8. D-J. Duché, D. Bitan, Revue de neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, n° 10-11, octobre-novembre 1979
  9. Bleandonu G., Les Enfants intellectuellement précoces, Paris, PUF, collection Que sais-je ?, 2004
  10. Planche P., Les Enfants à haut potentiel, édition Tikinagan, 2008
  11. C'est le chiffre retenu dans leurs critères d'admission (Site officiel)
  12. dans Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence, 1979, Jean-Charles Terrassier
  13. Carl Gustav Jung, Pychologie et éducation, (trad. Yves Le Lay), éd. Buchet Chastel, 1995, chap. « L'enfant doué », p. 247
  14. En 1911, Alfred Binet, l'inventeur de la psychométrie, l'ancêtre du QI, écrivait : « Voici encore l'écolier qui ne profite pas de l'enseignement pour une raison qui est vraiment paradoxale : il est trop intelligent. On rencontre des enfants très brillamment doués, qui sont d'un niveau intellectuel très supérieur à celui des enfants de leur âge. Ils ne sont pas les derniers à s'en apercevoir. Dans la classe, ils n'ont pas besoin de grands efforts pour gagner la meilleure place. Leur vanité s'allume. Ils ne travaillent que par caprice, ils n'apprennent leurs leçons qu'au dernier moment, ils sont volontiers insubordonnés ; ils font des devoirs qui n'ont pas été donnés pour se singulariser. À l'étude, ils empêchent les autres de travailler. On leur en veut, on les punit, mais ils se font toujours pardonner quand vient le jour des grands concours. C'est pour eux qu'on devrait former des classes de surnormaux. Ces classes seraient tout aussi utiles, peut-être plus que celles des normaux ; car c'est par l'élite et non par l'effort d'une moyenne que l'humanité invente et progresse ; il y a donc un intérêt social à ce que partout l'élite reçoive la culture dont elle a besoin. Un enfant d'intelligence supérieure est une force à ne pas laisser perdre. »
  15. Jean-Charles Terrassier, Les Enfants surdoués ou la précocité embarrassante
  16. Carl Gustav Jung, Psychologie et éducation, (trad. Yves Le Lay), éd. Buchet Chastel, 1995, chap. « L'enfant doué », p. 253
  17. Grubar J.-C. « Vitesse de maturation et neéotonie chez l'enfant précoce »' in Le Paradoxe de l'enfant précoce, Actes du Congrès de l'AFEP, 30 janvier 1998, Paris, ACP Editons.
  18. Neurologie pour la Psychologie, un ouvrage destiné aux premières années de licence en Pyschologie
  19. rapport Delaubier
  20. Académie de Rouen, n° 3, avril 2006 Réussite et performance des élèves: Comment tenir compte de la précocité ?, Daniel Jachet
  21. Convention relative aux Droits de l’Enfant
  22. Andrieu Bernard, 2001, Alfred Binet sa vie son œuvre, tome 1, vol. 1 des Œuvres Complètes d'A. Binet, St-Pierre-du-Mont, Euredit
  23. Les Idées modernes sur les enfants, Alfred Binet, 1910
  24. René Zazzo: Alfred Binet, revue Perspectives, 1993
  25. Psychologie, psychiatrie et société sous la troisième république: La biocratie d'Edouard Toulouse (1865-1947), Michel Huteau,L'Harmattan 2002 . [1]
  26. Texte du Projet Langevin-Wallon, [2]
  27. Bulletin officiel de l’Education nationale n°38 du 25 octobre 2007 – page 2149
  28. http://www.education.gouv.fr/cid28645/la-scolarisation-des-eleves-intellectuellement-precoces.html
  29. rapport du 31 août 2001
  30. « Élèves à hauts potentiels : entre reconnaissance et intégration » (9 novembre 2007)
  31. Cf. « Avant-propos » du rapport Hazette
  32. source : site gouvernemental
  33. Carl Gustav Jung, Pychologie et éducation, (trad. Yves Le Lay), éd. Buchet Chastel, 1995, chap. L'enfant doué, p. 246

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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Voir « surdoué » sur le Wiktionnaire.

Bibliographie

  • Adda A., L'Enfant doué - L'intelligence réconciliée
  • Adda A., Le Livre de l'enfant doué
  • Adda A., Hélène Catroux, L'Enfant doué : l'intelligence réconciliée
  • Ajuriaguerra J. de , Manuel de psychiatrie de l'enfant, Éditions Masson, Paris, 1959, (ISBN 978-2225396885).
  • Bleandonu G., Les enfants intellectuellement précoces, Paris, PUF Collection "Que sais-je ?", 2004
  • Bert J., L'Échec scolaire chez les enfants dits surdoués
  • Côte S., Doué, surdoué, précoce, l'enfant prometteur et l'école
  • Côte S., Petit surdoué deviendra grand
  • Giordan A. (dir.), Monique Binda, Enfants surdoués : un nouveau regard : comment accompagner les enfants intellectuellement précoces ?, éditions Delagrave, 2006.
  • Grubar J.-C., Duyme M., Côte S., La Précocité intellectuelle
  • Jachet D., "Le paradoxe de la précocité intellectuelle" CRDP de Haute Normandie 2003.
  • Jung G., L'Enfant doué, 1962 . L'Enfant doué est une étude réalisée à Bâle en 1942 pour l'assemblée annuelle du corps enseignant, publiée dans la revue Psychologie und Erziehung à Zurich en 1962.
  • Jung G., Psychologie et éducation, Editeur Buchet Chastel (1 avril 1994)
  • Lubart T. (dir.), Enfants exceptionnels : précocité intellectuelle, haut potentiel et talent, Editions Bréal collection "Amphi Psychologie", Paris, 2006
  • Merchat P., Chamont P., La Précocité intellectuelle et ses contradictions
  • Planche P., "Les Enfants à haut potentiel : caractéristiques cognitives et développementales (En quoi sont-ils vraiment différents ?)", Editions Tikinagan, 2008
  • Revol O., Même pas grave
  • Siaud-Facchin J.Jeanne Siaud-Facchin, L'Enfant surdoué, l'aider à grandir, l'aider à réussir.
  • Siaud-Facchin J., Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué.
  • Terrassier J.-C., Les Enfants surdoués ou la précocité embarrassante, ESF, 7e édition, 2006.
  • Terrassier J.-C., Philippe Gouillou, Guide pratique de l'enfant surdoué, ESF, 7e édition, 2008
  • Tordjmann S., Enfants surdoués en difficulté : de l'identification à une prise en charge adaptée, Presses Universitaires de Rennes, Rennes, 2005
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