Dermochelys coriacea

Dermochelys coriacea

Tortue luth

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Tortue luth
Dermochelys coriacea après la ponte,sur une plage de Thaïlande
Dermochelys coriacea
après la ponte,
sur une plage de Thaïlande
Classification classique
Règne Animalia
Sous-règne Metazoa
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Reptilia
Ordre Testudines
Sous-ordre Cryptodira
Super-famille Chelonioidea
Famille Dermochelyidae
Genre
Dermochelys
(Blainv., 1816)
Nom binominal
Dermochelys coriacea
(Vandelli, 1761)
Répartition géographique
Lieux pontes tortues luth.png
Statut de conservation IUCN :

CR A1abd :
En danger critique d'extinction
Révision de 2000
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

Statut CITES : Cites I.svg Annexe I ,
Révision du 04-02-77

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La tortue luth (Dermochelys coriacea) est la plus grande des sept espèces actuelles de tortues marines et de tortues en général.

Elle ne possède pas de véritable carapace, mais son dos est protégé par une cuirasse de peau épaisse et carénée. C'est le seul représentant contemporain du groupe des Dermochelyoidae, le clade des tortues à dos cuirassé, connu aussi par diverses espèces fossiles, dont certaines géantes comme l'archelon.

La tortue luth fréquente tous les océans de la planète, mais sa survie est gravement menacée par le braconnage, les filets de pêche, la pollution et l'urbanisation du littoral. Elle figure sur la liste de l'UICN des espèces en voie de disparition et fait l'objet de conventions et de programmes internationaux de protection et de conservation.

Sommaire

Description

Morphologie

Squelette de tortue luth.
Disposition des carènes sur le dos de la tortue luth
En noir, la carène vertébrale,
en bleu, vert et rouge, les carènes latérales

L’anatomie particulière de la tortue luth caractérise la famille des Dermochelyidae dont toutes les autres espèces ont disparu depuis l’ère tertiaire.

Le trait le plus remarquable est l’absence visible de carapace dure comme chez la plupart des autres tortues. Chez la tortue luth, la structure osseuse de la carapace est réduite à de petits osselets en forme d'étoiles imbriquées, insérées dans un tissu conjonctif et cartilagineux épais. Les plus gros de ces osselets sont tuberculés et disposés en lignes. Ces lignes, visibles sous la peau, forment des crêtes ondulées appelées carènes qui filent de la tête vers la queue de l'animal lui donnant un aspect profilé comme les carènes de la coque d'un bateau. Le dos de l’animal présente sept carènes : celle du milieu est la « carène vertébrale », les six autres sont les « carènes latérales ». Sur le ventre, le plastron ne possède que trois carènes peu marquées.

Cette carapace profondément transformée n’est pas attachée, fait unique chez les espèces de tortues encore vivantes, à la colonne vertébrale et aux côtes mais en est séparée par une couche adipeuse. Du côté externe elle est complètement dépourvue de toute couverture d’écailles. La protection du dos est en revanche assurée par un épaississement marqué de la peau, qui forme ainsi une pseudo-carapace lisse ayant l'aspect du cuir.

La dossière de la tortue luth peut peser jusqu'à 500 kilogrammes et mesurer jusqu'à 1 mètre 80[1])

Comme les autres tortues marines, la tortue luth est incapable de se replier à l'intérieur de sa carapace.

Mais c'est aussi une tortue unique par bien des aspects :

  • Ses nageoires (ou rames) sont dépourvues de griffes[2] ; ses nageoires antérieures sont en outre très longues en comparaison de celles des autres tortues de mer.
  • La tête est très grande, ce qui contraste avec un museau peu développé. Sur le bec supérieur, on peut observer une pointe médiane très marquée entourée de deux grandes encoches. L'intérieur de la bouche est occupé par une multitude de cônes, utilisés aussi bien pour l'oxygénation[3] que l'alimentation.
  • Un large cou relie la tête aux épaules.
  • La queue est de forme conique ; elle est rehaussée par une base épaisse et possède parfois un pli qui prolonge la carène vertébrale de la carapace.

Performances

Une tortue luth peut a priori vivre plus de 50 ans[4].

La tortue luth est une excellente plongeuse puisque des scientifiques ont relevé plusieurs observations de tortues luth jusqu'à 1300 mètres de profondeur pour des plongées de 4938 secondes[5] (soit plus de 80 min).

Adulte, elle mesure jusqu'à 2 mètres de long pour un poids variant de 450 kilogrammes[6] à un record observé de 950 kilogrammes[7]. Elle est ainsi la plus grande et la plus lourde des tortues vivantes[8]. Elle fut cependant surpassée par des espèces anciennes, connues à l'état de fossiles, notamment l'archelon (Archelon ischyros). Elle est cependant moins longue et moins lourde que le crocodile marin (Crocodylus porosus).

Couleurs

La couleur de la peau de l'animal est d'un bleu très foncé. Elle est brillante et lisse, ce qui lui donne l'aspect du cuir. Les carènes de la dossière sont soulignées par un éclaircissement de la peau. Tout son corps est parsemé de petits points blanchâtres. Le crâne de l'animal présente une tache, de couleur blanche à rosée, correspondant à un chanfrein. Cette tache a une configuration unique pour chacune des tortues luth, et les scientifiques pensent qu'elle pourrait servir à détecter la lumière ou se repérer dans l'espace[2]. Le plastron est rosé et plutôt sombre. La carène de la queue, quand elle existe, est également blanchâtre.

Résistance au froid

Avec un rythme métabolique trois fois supérieur à un reptile de cette dimension et l'isolation fournie par son corps massif et gras, la tortue luth peut supporter des eaux froides. La température de son corps peut dépasser de 18 °C[9] celle de l'eau où elle évolue. Ses nageoires l'aident également à conserver la chaleur. Elles fonctionnent comme des échangeurs de chaleur à contre-courant[2], c'est-à-dire que les artères chaudes réchauffent les veines froides. Allié à sa carapace résistante à de fortes pressions[4], cela lui permet de plonger à plus de 1 200 mètres de profondeur[9], ce qui en fait le reptile pouvant plonger le plus profondément[10]. Selon certaines théories[3], sa pseudo-carapace pourrait créer sa propre chaleur. Mais cette hypothèse est discutée, du fait que les reptiles, animaux à sang froid, sont censés être poïkilothermes.

Répartition

La tortue luth est observable dans tous les océans du monde, sous des latitudes observées à plus de 60° au nord[11] c'est-à-dire jusqu'au cercle polaire arctique. Des études précises sont effectuées pour connaître précisément leurs migrations[12].

Comme la plupart des tortues marines, elle ne s'aventure sur la terre ferme que pour pondre.

Répartition des lieux de ponte de la tortue luth

Repartition map - Where.PNG  Fond bleu : présence de tortues luth
Repartition map - Yellow point.png  Point jaune : lieux de ponte secondaires
Repartition map - Red point.png  Point rouge : lieux de ponte principaux[3] (listés ci-dessous)
- Australie (Queensland)
- Costa Rica
- États-Unis (Floride)
- Guyana
- Guyane française
- Malaisie
- Suriname
- Trinidad et Tobago (Trinidad)

De nombreux lieux de ponte autrefois fréquentés par les tortues luth ne le sont presque plus ou plus du tout[3], comme la Sicile, la Turquie, la Libye ou Israël.
Si la morphologie ou les couleurs des tortues luth ne permet pas de les différencier selon leurs groupes régionaux, des analyses ADN marquent des différences entre celles du Pacifique-ouest, du Pacifique-est et de l'Atlantique[10].

Éthologie

Les modes de vie de la tortue luth sont mal connus par les scientifiques[3], en raison des difficultés d'observation de l'animal en pleine mer, dans les profondeurs. Par exemple, ni sa durée de vie ni le temps qu’il lui faut pour atteindre la maturité sexuelle ne sont connus à l'heure actuelle.

Migration et alimentation

Cette espèce parcourt plusieurs milliers de kilomètres lors de ses voyages transocéaniques pour rejoindre ses aires d'alimentation en méduses. Elles progressent en s'orientant à l'aide du champ magnétique terrestre[13]. Elles quittent chaque année les eaux tropicales pour les eaux polaires en suivant le Gulf Stream. La tortue luth peut rester jusqu'à quatre-vingt minutes en plongée, en partie grâce à l'extraction de l'oxygène de l'eau à l'aide de longues papilles situées dans sa gorge et à la récupération d'oxygène dissous dans certains de ses tissus [4].

La méduse constitue la majeure partie de l'alimentation de la tortue luth[14], mais elle peut également se nourrir de salpes, de poissons, de crustacés, de calmars, d'oursins et même de certains végétaux, dont des algues (surtout consommées par les jeunes spécimens). Elle peut consommer quotidiennement une quantité de méduses égale à son propre poids[15], soit jusqu’à 50 individus de grande méduse Rhizostoma pulmo[16]. La tortue luth a donc un rôle crucial dans l'équilibre écologique mais aussi économique du fait de son alimentation[10]. En effet, en consommant des méduses, elle réduit leur nombre et ces dernières consomment donc moins de poisson, ce qui laisse de nouvelles opportunités pour les pêcheurs. Elle aurait une influence positive sur les populations de poissons, les méduses étant d'importants prédateurs d'alevins[17].

Les tortues n'ayant pas de dents et les méduses étant difficiles à déchiqueter, les scientifiques se sont demandé[18] comment les tortues luth pouvaient s'alimenter avec ces animaux. On a découvert que l'œsophage de la tortue luth, tapissé d'épines, avait pour fonction le dépeçage des proies.

Plusieurs études de suivi par satellite pour connaitre leur migration ont été effectuées notamment par le CNRS et l'Institut polaire français - Paul Émile Victor qui ont équipé des tortues luth de balises Argos[19].

Reproduction

Comme les tortues luth ne s'approchent des côtes que pour pondre et préfèrent les grands fonds, elles sont qualifiées de pélagiques[1].

La maturité sexuelle de l'animal n'est pas bien définie, mais selon certains scientifiques elle pourrait être atteinte vers l'âge de 6 ans[4] ; pour d'autres, elle se situe entre 10 et 12 ans[1]. Les jeunes spécimens sont très difficilement observables et aucun élevage en captivité n'a pu être réussi. En effet, en aquarium les tortues luth se heurtent sans cesse contre les parois ne pouvant nager à reculons[2]. De plus les mâles ne retournent jamais sur leur lieu de naissance ce qui empêche un décompte de leur population. L'accouplement est également très délicat à observer, aucun scientifique n'en a eu l'occasion, on ignore même où il a lieu dans la majorité des cas. Il est admis, à partir de différents témoignages[3], que le mâle s'accroche au dos de la femelle avec ses nageoires souples. En cas d'alerte, l'accouplement s'arrête et les tortues se séparent, ce qui expliquerait aussi, en partie, les difficultés d'observation précédemment relevées.

Une seule fécondation pourrait suffire à 4 à 10 pontes[1]. Le record observé par des scientifiques est de 17 pontes[3]. Elles sont toujours espacées de 10 à 15 jours[1]. Elles se déroulent de mars à juillet dans l'océan Atlantique et de septembre à mars dans l'océan Pacifique. Elles ont souvent lieu sur les plages, à marée haute, de nuit. La plage des Hattes (Awala-Yalimapo en Guyane française) est considérée comme la première plage de ponte au monde[3]. La nidification se déroule en 7 phases[20] :

  • L'ascension : la femelle rejoint le haut de la plage, à la lisière de la végétation, en 10 minutes environ.
  • Le balayage : elle déblaie le sable avec ses pattes pendant un quart d'heure.
  • Le creusement : elle creuse un trou jusqu'à 80 centimètres de profondeur avec ses pattes arrière ; l'opération prend environ 25 minutes.
  • La ponte : cette étape est accompagnée de respirations rauques et s'effectue par salves ; elle dure une vingtaine de minutes ; la présence de l'homme ne peut plus la perturber ; les yeux de l'animal sécrètent une substance gélatineuse, a priori, pour évacuer le sel accumulé par son organisme à cause de son mode d'alimentation.
  • Le rebouchage : les pattes postérieures ramènent le sable sur les œufs et les nageoires postérieures le tassent pendant une petite dizaine de minutes.
  • Le camouflage : pendant 20 minutes, la tortue pivote sur elle-même pour cacher les traces de son passage.
  • Le retour à l'eau : tantôt direct, tantôt indirect, la tortue luth peut effectuer des boucles avant son départ.


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Une tortue luth peut pondre plus de 1 000 œufs en une année. Ils sont de couleur blanche, mesurent environ 50 millimètres de diamètre et possèdent une membrane souple[17]. Ils sont accompagnés d'œufs stériles sans jaune, de diamètre inférieur aux œufs viables. Les scientifiques ne s'accordent pas à comprendre leur utilité dans le nid même s'ils représentent presque la moitié de la ponte.

L'incubation varie de 60 à 70 jours[1] et a lieu à plus de 26 °C. En dessous de cette température, les œufs ne se développent pas. La détermination sexuelle dépend de la chaleur du nid[21]. Entre 26 et 30 °C, c'est l'incubation classique, produisant un mélange de mâles et femelles. Au-dessus de 30 °C, les tortues ne seront que des femelles.

À l'éclosion, le spécimen mesure de 7 à 8 centimètres de longueur[22]. Il possède des nageoires antérieures surdimensionnées[22]. Il est alors une proie facile pour de nombreux prédateurs. Le premier instinct de la tortue luth est de se diriger vers le point le plus brillant à l'horizon : la mer (qui reflète les rayons solaires), où de nouveaux dangers l'attendent et où les scientifiques perdent sa trace[2].

Prédateurs et menaces

Juvénile de tortue luth (Floride)

La prédation animale est importante lors de l'éclosion des œufs car le jeune animal de quelques centimètres à la naissance est menacée par les crabes, caimans, oiseaux et mammifères s'aventurant sur les plages (par exemple, les coatis[23]). Mais, les œufs sont aussi directement menacés par les insectes et, en Guyane française notamment, par la courtilière[24]. Une fois arrivées à l'eau, les jeunes tortues luth ne sont pas encore en sécurité, elles deviennent les proies des pieuvres et gros poissons.

Mais, si la tortue luth est une espèce en voie de disparition, c'est majoritairement à cause de l'homme. La première raison est la pollution des eaux. À titre d'exemple, la tortue luth confond les sacs en polyéthylène rejetés dans la mer avec des méduses, les mange et ne peut les régurgiter, ce qui leur provoque une occlusion gastrique ou intestinale. C'est la plus grande cause de mortalité de l'animal[3]. Un autre facteur est la multiplication des filets de pêche[18] qui piègent sous l'eau les tortues et provoquent leur mort par noyade. En effet, la tortue luth, étant incapable de nager à reculons, ne peut s'en libérer. On peut ajouter la réduction de son espace disponible, notamment la perturbation des lieux de ponte par les constructions littorales, par exemple.

Enfin, la prédation humaine, en elle-même, est traditionnellement faible car la chair de l'animal n'est pas considérée comme comestible. Même si cela prête à controverse[14], il semblerait que la tortue luth soit l'une des deux tortues dont la chair est toxique. Elle contiendrait de la chelonitoxine et les symptômes liés à sa consommation vont de la nausée ou du vomissement jusqu'au coma voire à la mort. Pourtant, la prédation a tout de même augmenté puisque les œufs de l'animal, déjà utilisés traditionnellement dans l'alimentation des Kali'nas ou des Indonésiens[24], sont devenus la cible de nombreux braconniers. En effet, les œufs de tortue luth sont considérés comme aphrodisiaques au Mexique[25]. La chasse de l'animal en lui-même est parfois même constatée. Au Togo[26], notamment, des féticheurs réduisent la carapace de l'animal en poudre, la mêlent à du miel et s'en servent comme remède contre les syncopes infantiles. La graisse est utilisée contre les rhumatismes. Les carapaces, par ailleurs, sont aussi parfois utilisées dans l'art traditionnel local (une centaine d'entre elles est exposée au Musée de Géologie de l’Université de Togo). Dans certains pays, les femelles sont tuées et leur peau est transformée en bijoux et autres souvenirs touristiques [27].

Protection

Reproduction de tortue luth au musée de Stralsund

Il ne resterait plus que 100 000 tortues luth environ dans le monde[28]. Et comme de nombreuses populations de tortues luth sont en net déclin depuis plusieurs années et que le nombre de lieux de ponte a beaucoup diminué, la tortue luth est inscrite sur la liste rouge de l'UICN comme en « danger critique d'extinction »[10],[29].

Elle est également une espèce protégée par de nombreuses conventions internationales, notamment par son inscription à l'annexe I de la CITES[10]. Elle est aussi intégralement protégée (vente ou chasse) en France depuis l'arrêté ministériel du 17 juillet 1991[30].

Des mesures ont été prises pour mieux étudier l'animal et ainsi, le protéger, comme la mise en place de suivis par télémétrie et balises Argos[31]. De plus, la plage où a lieu le plus grand nombre de ponte en Afrique, au Gabon, est officiellement protégée suite à la création du Parc national Mayumba[32]. La WWF propose quatre mesures principales de protection de la tortue luth[10] :

  • protéger les lieux de pontes en créant des zones protégées ;
  • faire de la prévention près de ces lieux ;
  • faire de la tortue luth un attrait touristique dans certaines régions ;
  • limiter la présence de filets de pêche près de la côte.

Parallèlement, des tentatives sont menées pour localiser les points de rencontre entre tortues luth et pêcheries[33] pour réduire les prises accidentelles de l'animal dans les filets des pêcheurs. Les chercheurs ont identifié des points de regroupement importants des tortues et tentent de réduire l'activité de pêche dans ces endroits.

Classification et dénomination

Systématique

La tortue luth fait partie de l'ordre des Testudines et de la famille des Dermochelyidae. On pense que la différentiation qui allait donner naissance à la lignée des Dermochelyidae et des Cheloniidae s'est faite, dès le début de la colonisation marine par les tortues au Crétacé entre 100 et 150 Ma[34].

Les principaux groupes évolutifs relatifs sont décrites ci-dessous par phylogénie[35] selon Hirayama (1997, 1998), Elliott, Irby et Hutchinson (1997), Moody (1997), Hooks (1998) et Lapparent de Broin (2000) :

-o Chelonioidea
 |--o (...) Cheloniidae, les autres tortues marines
 `--o Dermochelyoidea (Gray, 1825)
    |--o Thalassemyidae, au moins cinq taxons 
    `--o Dermochelyoinea [Dermochelyoidea sensu Hirayama 1998]
       |--o Dermochelyidae (Gray, 1825)
       |  `--o
       |     |--o Cardiochelys (au moins deux taxons)
       |     `--o
       |        |--o Protosphargis
       |        `--o
       |           |--o Eosphargis (au moins 2 taxons)
       |           `--o Thalassochelys (Bergounioux, 1956)
       |              |--o Psephophorus (au moins 4 taxons)
       |              |--o Mesodermochelys
       |              `--o Dermochelys (Blainville, 1816)
       `--o Protostegidae (Cope, 1872), au moins une quinzaine de taxons dont l'Archelon

Légende : = éteint

La taxonomie de cette tortue a suivi l'évolution des connaissances sur la phylogénétique des tortues, qui a défini petit à petit des taxons plus précis. Cette espèce s'est donc retrouvée, tour à tour, classifiée dans les Testudines, Testudinata et Chelonia. Certains auteurs l'ont même classée dans le sous-ordre créé pour l'occasion des Athecae[36],[37]. Mais il a été montré qu'elles étaient proches des autres tortues marines et placées dans la même super-famille[38].

Noms vernaculaires

La forme ressemblante du carambole donne à la tortue son nom malais

La tortue luth porte des noms différents selon les pays du monde mais la plupart se rapporte à la forme particulière de sa carapace. Si l'on compare, dans la langue française et dans la langue italienne (liuto), la forme de la tortue à celle d'un luth, c'est vraisemblablement à cause de son éperon supercodal très développé.

En anglais (leatherback sea turtle) et en allemand (Lederschildkröten), c'est l'aspect de cuir qu'a sa peau qui lui a donné ses noms vernaculaires.

En malais, c'est sa forme, à nouveau, qui lui vaut son nom de penyu belimbing, soit en français : « tortue carambole ».

On retrouve de multiples dénominations de la tortue luth dans la langue créole guyanais :

  • toti cui (tortue cuir) ;
  • toti fran (tortue franche) ;
  • toti cerkeil (tortue cercueil)[1] .

Les habitants de la Guadeloupe la nomment aussi bataklin[39].

En kali'na, langue des amérindiens vivant près des grands sites de pontes en Guyane française et au Suriname, le nom de la tortue luth est kawana. Ce nom pourrait avoir été emprunté en français pour désigner la caouanne, une autre tortue marine Caretta caretta[40].

Apparitions dans la culture historique et populaire

Le luth, instrument créé par Mercure avec la carapace d'une tortue luth.

La forme particulière de la carapace de la tortue luth a influencé l'art populaire de certaines civilisations. Ainsi, les indiens Seri, en Californie, pensent que le monde avait commencé son développement sur le dos d'une tortue luth géante. Par coutume, ils peignent les squelettes des tortues luth retrouvées mortes[4]. De même, dans la mythologie romaine, Mercure se serait servi d'une carapace de tortue luth méditerranéenne comme caisse de résonance pour sa lyre mythique, créant ainsi le luth. Les Romains possédaient d'ailleurs une lyre particulière nommée la testudo (tortue). On retrouve également un instrument dont la légende de la création est ressemblante, dans la culture indienne : la catch'hapi (tortue, aujourd'hui nommé vinâ, et nommé en français luth indien)[41].

La tortue luth est un animal emblématique[42] parmi les tortues marines et son image est souvent utilisée :

Annexes

Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f  et g (fr) « Les tortues marines de Martinique », Ministère de l'Écologie et du Développement durable (France).
  2. a , b , c , d  et e (fr) « Le monde sous-marin : la tortue luth », Pêches et océans Canada en direct.
  3. a , b , c , d , e , f , g , h  et i (fr) « Toutes les tortues du monde » de Franck Bonin, Bernard Devaux et Alain Dupré, deuxième édition (1998), éditions Delachaux et Niestlé/WWF.
  4. a , b , c , d  et e (fr) « Tortue luth », Université de Strasbourg.
  5. (fr) Leatherback Sea Turtle sur The Pinguiness book
  6. (fr) « Glossaire », Ifremer.
  7. (fr) « Tortue luth », RITMO (Réseau d'information sur les Tortues Marines d'Outre-mer).
  8. (fr) « Dermochelys coriacae, la tortue luth », ECOFAC
  9. a  et b (fr) « Tortue luth », site canadien Faune et flore du pays.
  10. a , b , c , d , e  et f (en) « Leatherback turtle », WWF.
  11. (en) J.F. Willgohs, « Occurrence of the leathery turtle in the northern north sea and off western Norway », dans Nature, vol. 179, 19 jan 1957, p. 163-164 (1957) [résumé] .
  12. [pdf](en)Michael C. James, Ransom A. Myers and C. Andrea Ottensmeyer, « Behaviour of leatherback sea turtles, Dermochelys coriacea, during the migratory cycle », 11 juillet 2005
  13. (fr) « L'influence de la météo sur la tortue luth », site canadien Espace pour les espèces.
  14. a  et b (Dermochelys coriacea, 2007)
  15. (fr) « À propos de la tortue luth », site canadien Espace pour les espèces.
  16. René Márquez M. et M.-L. Bauchot, Les tortues, FAO 
  17. a  et b (en) « Leatherback biology », Nova Scotia Leatherback Turtle Working Group.
  18. a  et b (fr) « Biologie de la tortue luth », Éducnet.
  19. Le suivi par satellite sur Satellite balise et petit chercheur, université de Strasbourg
  20. (fr) « La nidification de la tortue luth » de Jacques Fretey et J. Lescure, étude en Guyane française, Revue de zoologie africaine n°2 p125-132 (1988).
  21. (fr) « Sensibilité à la température de la différenciation sexuelle chez la tortue luth - Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761) » de F. Rimblot-Baly, J. Lescure, J. Fretey et C. Pieau, Ann. sci. nat. - Zool. biol. anim. volume 8 n°4 p277-290 (2p) (1986,1987).
  22. a  et b (fr) « Tortue luth », La Tortue Facile.
  23. (fr) « À la découverte des tortues marines... », Terres de Guyane.
  24. a  et b (fr) « Rapport d'activité » de la Réserve Naturelle de l'Amana de Noémi Morgensterne (2003).
  25. (es) « La tortue luth » d'Ivan Trujillo Bolio, film mexicain (1982), 26 minutes.
  26. (fr) « La tortue luth, un reptile recherché pour ses vertus médicinales et sa chair », xalima.com (site d'actualité sénégalais).
  27. Loi sur les espèces en péril : Tortue luth sur le site Pêche et océans Canada.
  28. (fr) « Évaluation des dommages acceptables à la tortue luth dans les eaux canadiennes de l’Atlantique », Pêches et océans Canada en direct.
  29. (IUCN, Dermochelys coriacea, 2007)
  30. Arrêté du 17 juillet 1991 fixant la liste des tortues marines protégées dans le département de la Guyane
  31. (fr) On peut suivre des tracés de migration sur Internet présentés sous forme de course (« À fond entre Las Baulas et les Galapagos », 20 minutes).
  32. (en) Site officiel du Mayumba National Park.
  33. (fr) « La localisation des points de rencontre entre tortues luth et pêcheries : une stratégie innovante pour la mise en place de mesures de protection », Information hospitalière.
  34. (en)SWOT rapport
  35. (en) Dermochelyoidea - Leatherback turtles and relatives, Mikko's Phylogeny Archive.
  36. (en) K.P. Schmidt, A check list of North American amphibians and Reptiles., Univ. of Chicago, 1953 
  37. (en) A.F. Carr, Handbook of turtles: The turtles of the United States, Canada and Baja California., Comstock Publ. Assoc., 1952 
  38. (Gafney (1975))
  39. (fr) « La Guadeloupe, un archipel de contraste », ONF.
  40. (fr) « Du nom indigène des îles de l'archipel des Antilles » de Thierry L'Étang, note (92).
  41. (fr) « Argot musical : Tortue luth », metronimo.com.
  42. (fr) « Dynamique des populations et des communautés d'arthropodes », Écologie, Évolution et Systématique, Université Paris-Sud.
  43. (fr) « La tortue luth », Stamps on the web.
  44. (fr) « Catalogue de cotations de timbres de France », page 482, éditions Dallay (2005-2006).
  45. (fr) Une capture d'écran sur jeuxvideo.com.
  46. (en) Une capture d'écran sur clubic.com.

Bibliographie

De nombreux médias traitent exclusivement ou en partie de la tortue luth, en voici une liste non exhaustive (parmi lesquels ceux cités ci-dessus qui y sont reportés) :

  • Études :
  • Livres :
    • (fr) Jacques Fretey, Les tortues de Guyane française, éditions Nature Guyanaise, 1987 (ISBN 2-906152-04-8) 
    • (en) (en) Bernice White, The leatherback: A peculiar sea turtle, Winston-Derek Pub, septembre 1997 (ISBN 1555237622) 
    • (fr) Franck Bonin, Bernard Devaux et Alain Dupré, Toutes les tortues du monde, éditions Delachaux et Niestlé/WWF, deuxième édition (1998) (ISBN 2603010247) 
    • (en) (en) Rod Theodorou, Leatherback sea turtle, Heinemann, mars 2001 (ISBN 1575722720) 
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    • (en) (en) Eugene Gaffney, A phylogeny and classification of the higher categories of turtles., Bulletin of American Museum of Natural History, 1975, 416-436 p. 
  • Articles :
    • (en) Occurrence of the leathery turtle in the northern north sea and off western Norway de J.F. Willgohs, 1957, revue Nature n°179 (p163-164)
    • (en) Atlantic leatherback turtles in cold water off Newfoundland and Labrador de G.P. Goff et J. Lien, 1988, The Canadian Field-naturalist n°102 (p1-5)
    • (fr) La nidification de la tortue luth de Jacques Fretey et N.Girardin, 1988, Revue de zoologie africaine n°2 (p125-132)
    • (fr) Étude des écosystèmes guyanais VII : Mensurations de tortues luths femelles adultes (Dermochelys coriacea) en Guyane française de Jacques Fretey, 1978, Bull. Soc. Zool. Fr., 103 (4) : 518-523.
    • (fr) Les pontes de la tortue luth (Dermochelys coriacea) en Guyane française de Jacques Fretey, 1988, Rev. Ecol. (Terre et Vie), 34 (4) : 649-654
    • (fr) Redécouverte du type de dermochelys coriacea, de Jacques Fretey et Roger Bour, 1980, Boll. Zool. Padova, 47 : 193-205
    • (fr) Premier suivi par satellite en Atlantique d'une tortue luth de M. Duron-Dufresne, 1987, Compte-rendu de l'Académie des Sciences de Paris n°304 (p399-402)
    • (en) Movements and diving behavior of a leatherback turtle de J.A. Keinath et J.A. Musick, 1993, Copeia n°4 (p1010-1017)
    • (fr) Structures épithéliales d'existence temporaire portées par les arcs branchiaux chez les embryons de tortue luth (Dermochelys coriacea L.) de Albert Raynaud, Jacques Fretey et Monique Clergue-Gazeaun, 1980, Bull. Biol. Fr. Belg., 114 (1) : 71-99
    • (fr) Note sur les traumas observés chez les tortues luths femelles adultes (Dermochelys coriacea) de Jacques Fretey, 1980, Rev. fr. Aquar., 8 (4) : 119-128
    • (fr) Suivi de luths femelles à partir de la Guyane - Protocole expérimental, de Jacques Fretey et Jean-Marc Bretnacher, 1984, Argos Newsletter, 19 : 8-9
    • (fr) Attaques diurnes et nocturnes de tortues luth par des tabanidés et autres diptères hématophages en Guyane française et au Surinam de Jacques Fretey, 1989, L'Entomologiste, 45 (4/5) : 237-244
    • (en) Worldwide population decline of Dermochelys coriacea : are Leatherback Turtles going extinct ? de J.R. Spotila, A.E. Dunham, A.J. Leslie, A.C. Steyermark, P.T. Plotkin et F.V. Paladino, 1996, Chelonian conservation and biology n°2 (p209-222)
    • (fr) Apports scientifiques à la stratégie de conservation des tortues luth en Guyane Française de J. Chevalier, B. Cazelles et M. Girondot, 1998, revue d'ethnobiologie JATBA n°40 (p219-238)
    • (en) The 7000-km oceanic journey of a leatherback turtle tracked by satellite de G.R. Hughes, P. Luschi, R. Mencacci et F. Papi, 1998, J. Exp. Marine Biology and ecology n°209 (p209-217)
  • Documentaires :
    • (es) La tortue luth, film d'Ivan Trujillo Bolio, film mexicain de 1982, 26 minutes : mode de reproduction et causes de sa disparition
    • (fr) Les carnets de bord du commandant Cousteau, épisode L'odyssée de la tortue luth, dessin animé sorti en DVD en janvier 2006, 45 minutes (destiné aux enfants)

Pour aller plus loin

Articles connexes

Tortue luth par Ernst Haeckel dans Kunstformen der Natur (1904)

Liens externes

Références taxonomiques

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