Datation des cadavres

Datation des cadavres
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La datation des cadavres est une des thématiques de la médecine légale. De telles méthodes de datation ne peuvent qu'estimer la date à partir de laquelle la décomposition d'un corps a commencé.

Sommaire

Définition médico-légale de la mort

Létat de la mort semble ne pas avoir été très bien cerné par la législation. Si tout le monde reconnaît que la mort se caractérise par une décomposition du corps, il est des états menant irrémédiablement à cette décomposition sans que la décomposition soit installée ; c'est par exemple le cas de la mort cérébrale, l'activité cardiaque étant présente. Se posent alors des questions morales, voire religieuses : une personne dans cet état doit-elle être considérée comme morte, ce qui permet par exemple le prélèvement d'organe, ou bien doit-elle être considérée comme vivante, donc maintenue en vie de manière artificielle ?

La datation d'un cadavre ne peut estimer que la date à partir de laquelle la décomposition commence.

En France, la médecine légale a donné une définition de la mort permettant de trancher la question. Cette définition est dune part une définition négative : un individu est mort sil ne présente pas de signes de vie apparents comme la respiration, la circulation sanguine, lactivité cérébrale. C'est l'arrêt des fonctions vitales. Dautre part on trouve une définition positive qui complète la précédente : un individu est mort sil possède au niveau de son phénotype macroscopique des signes dit positifs de la mort. Ces signes sont tardifs, mais leur présence atteste dune manière irréfutable la mort.

Le sujet est tout autant délicat que la mort ne survient pas de manière généralisée sur lensemble du corps. Tous les organes ne meurent pas en même temps et tout dépend du « type de décès » : lors dun arrêt cardiaque, les organes ne meurent pas dans le même ordre que dans le cas dun accident de voiture ayant entraîné un traumatisme crânien irréversible. Il est important de préciser que lon distingue plusieurs types de mort : la mort cérébrale, la mort cellulaire, la mort de lorgane, la mort de lorganisme. Toutefois la constatation du décès dun individu nest parfois pas suffisante. On pense notamment à la constatation de décès dans le cadre dune enquête policière. Il est nécessaire de savoir estimer l'heure du décès de la victime pour pouvoir apporter des preuves de linculpation ou de linnocence du suspect. La police criminelle et la médecine légale collaborent ainsi entre elles. Lobjectif de cet article sera de définir comment on peut dater le décès alors que le passage à un état létal nest pas clairement défini. On étudiera les différentes méthodes de datation selon une chronologie en deux étapes :

  • La phase post mortem précoce (jusqu'à quelques jours après le décès).
  • La phase post mortem moyenne (jusqu'à un mois).

Technique de datation d'un cadavre en phase post-mortem précoce

Estimation du délai post-mortem par des méthodes thermométriques

Après le décès, larrêt des phénomènes dhoméothermie entraîne une égalisation progressive de la température du corps avec celle de son environnement (dans les pays tempérés il sagira donc le plus souvent dun refroidissement). Bien que ce phénomène soit connu de longue date, son intérêt potentiel dans le champ de la médecine légale na été identifié que vers le milieu du XIXe siècle. Le principal intérêt du refroidissement en tant que marqueur du délai post-mortem est quil sagit dun phénomène aisément quantifiable, à la différence des autres marqueurs cadavériques.

Modélisation du refroidissement

Sous les climats tempérés, la température de la peau rejoint celle du milieu environnant en 8 à 12 heures en moyenne mais la température centrale du cadavre nécessite pour ce faire un délai deux à trois fois plus important. Ces constatations ont mené à un certain nombre de simplifications abusives selon lesquelles :

  • La température ségaliserait avec celle du milieu ambiant en 24 heures.
  • La vitesse de refroidissement serait de 1 °C par heure pendant les 24 premières heures.

Ces simplifications reposaient sur lidée que le refroidissement cadavérique pouvait être une fonction linéaire du temps. On sait aujourdhui quil nen est rien.

Une deuxième approche consiste à utiliser les lois de la conduction thermique et de supposer que le flux thermique est proportionnel à la différence de température entre le corps et l'air ambiant. Cette approche permet alors de modéliser la baisse de température par une fonction exponentielle :

\frac{T_{corps} - T_{ambiant}}{37,2 - T_{ambiant}} = e^{-kt}

Cependant cette modélisation n'apparait pas satisfaisante confrontée à la réalité de l'expérience. En effet, on note, sans pouvoir l'expliquer, que la baisse de température s'effectue en trois phases :

Évolution de la température rectale en fonction du temps
  • Une phase dite de plateau thermique initial (durée de 0,5 à 3 heures, avec dimportantes variations interindividuelles: pendant cette période et pour des raisons encore mal connues, la température du cadavre décroît très peu ; il en résulte une première limitation de la méthode thermométrique, car celle-ci se révèle inopérante pour dater un décès récent remontant à moins de trois heures.
  • Une phase intermédiaire de décroissance rapide, semi-linéaire, qui est celle la méthode thermométrique se révèle la plus pertinente pour dater la mort.
  • Une phase terminale de décroissance lente la température du corps finit par ségaliser très progressivement avec celle du milieu ambiant. À partir de cette phase, la méthode thermométrique n'est plus utilisable.

Le docteur Claus Henssge, professeur de médecine légale à l'université de Essen (Allemagne) a cherché à modéliser la décroissance thermique sous la forme d'une fonction bi-exponentielle variable selon le poids de l'individu. Il propose alors la modélisation suivante :

\frac{T_{corps} - T_{ambiant}}{37,2 - T_{ambiant}} = 1,25 e^{-kt} - 0,25e^{-5kt}

k est un paramètre dépendant de la masse M (en kg) de l'individu :

 k = \frac{1,2815}{M^{0,625}} - 0,0284

L'observation de ces deux fonctions permet de remarquer que

  • la dérivée au temps t = 0 de la température est nulle, ce qui permet bien de modéliser le palier initial.
  • La décroissance est d'autant plus lente que la masse de l'individu est élevée.
Nomogramme de Henssge

Comme un médecin légiste n'a pas toujours sous la main une calculatrice scientifique pour déterminer t en fonction de T, Claus Hengsse a créé un système d'abaque permettant de déterminer, en fonction de la température du corps, de la température ambiante et de la masse de l'individu, le temps probable de la mort. C'est le nomogramme de Henssge.

À la valeur trouvée par le nomogramme de Henssge, il faudra appliquer des facteurs correctifs en tenant compte du fait que lévolution de la température dépend de nombreux facteurs tels que :

  • Des caractéristiques propres au corps : température initiale, âge, éventuellement présence de vêtements
  • Des conditions dépendant du milieu extérieur : présence de vent ou de courants d'air, présence d'humidité, variabilité de la température extérieure.

Utilisation pratique

Sur le lieu d'un décès, il est essentiel de mesurer la température centrale du cadavre aussi bien que celle de lenvironnement (cest-à-dire la température de lair ambiant). Les deux mesures doivent être réalisées au même moment avec le même instrument, et lheure de la mesure doit être notée avec précision. Presque toujours, la température du cadavre sera mesurée au niveau rectal tout en sachant que ce site anatomique peut présenter des problèmes lorsque la victime a pu faire lobjet de violences sexuelles. La prise de température ne doit jamais être effectuée avec un thermomètre médical, car sa gamme de températures est trop restreinte, linstrument de référence étant le thermomètre électronique à thermocouple, de grande précision et équipé dune sonde de pénétration souple ou rigide. Cette dernière doit être introduite dau moins 10 à 15 cm dans le rectum du cadavre pour obtenir une bonne estimation de la température centrale. Lorsqu'elle est mesurée dans des conditions appropriées, la température du corps doit être considérée comme lun des meilleurs estimateurs du délai post mortem pendant les 24 premières heures.

Cette technique présente cependant un certain nombre de limitations :

  • Elle nest valide que pendant la phase intermédiaire de l'évolution du refroidissement, c'est-à-dire entre 3 et 18 heures.
  • La méthode thermométrique suppose que la température corporelle au moment du décès se trouvait dans les limites physiologiques (entre 36,8 et 37,6 °C) ; une hyperthermie (rencontrée par exemple dans le cas d'un décès dans un contexte infectieux) ou une hypothermie ante-mortem (par exemple quelqu'un retrouvé mort de froid) peuvent fausser considérablement les estimations, et doivent donc être étudiées chaque fois que des renseignements sur les circonstances de la mort seront disponibles.
  • Les équations du refroidissement supposent également que la température environnementale est restée sensiblement constante pendant toute la période post-mortem. Cela peut être le cas lorsque le décès survient dans des bâtiments chauffés ou climatisés, néanmoins des problèmes se posent dans le cas de corps retrouvés dans le milieu extérieur.

La détermination du délai post-mortem par la méthode thermométrique peut dautre part être biaisée par un certain nombre de facteurs interférents dorigine endogène (cadavérique) ou exogène (environnementale). Les principaux de ces facteurs sont :

  • Les mouvements de lair, qui accélèrent les pertes thermiques par convection. Pour cette raison, il est important de noter si le temps est venteux lorsque la scène de décès se situe en extérieur, ou sil existe des courants dair lorsque celle-ci se situe à lintérieur d'une habitation.
  • L'humidité de lair : les pertes thermiques sont dautant plus importantes que le degré hygrométrique de lair est élevé.
  • La présence de vêtements : les vêtements jouent le rôle disolant thermique et le refroidissement du corps sera dautant plus retardé que leur épaisseur sera importante (même remarque pour tout autre « enrobage » du corps : draps, couette…).
  • Cas d'un corps immergé : la déperdition thermique du cadavre est beaucoup plus rapide dans leau que dans lair, et se voit encore accélérée lorsque le corps se trouve plongé en eau courante.

La méthode la plus pratique pour estimer un délai post-mortem par la méthode thermométrique consiste à utiliser le nomogramme de Henssge. Mais la modélisation précédente ne joue que pour un corps nu dans un air calme. Il est donc souvent nécessaire de faire intervenir des éléments de corrections qui réduisent ou accélère le refroidissement d'un facteur Cf . Si Cf est supérieur à 1, le corps se refroidit plus lentement. Un facteur Cf inférieur à 1 indique que le corps se refroidira plus vite.

  • Corps nu, air calme : Cf = 1,0
  • Corps peu habillé, air calme : Cf = 1,1
  • Corps habillé modérément, air calme : Cf = 1,2
  • Corps habillé chaudement (plus de 4 couches de vêtements), air calme : Cf = 1,4
  • Corps très habillé, très couvert, lit : Cf = 2 à 2,4
  • Corps nu, air en mouvement : Cf = 0,75
  • Corps peu habillé, air en mouvement : Cf = 0,9
  • Corps habillé modérément, air en mouvement : Cf = 1,2
  • Corps habillé chaudement, air en mouvement : Cf = 1,4
  • Corps nu et mouillé, air calme : Cf = 0,5
  • Corps peu habillé et vêtements humides, air calme : Cf = 0,8
  • Corps habillé modérément et vêtements humides, air calme : Cf = 1,2
  • Corps habillé chaudement et vêtements humides, air calme : Cf = 1,2
  • Corps nu et mouillé, air en mouvement : Cf = 0,7
  • Corps peu habillé et vêtements humides, air en mouvement : Cf = 0,7
  • Corps habillé modérément et vêtements humides, air en mouvement : Cf = 0,9
  • Corps habillé chaudement et vêtements humides, air en mouvement : Cf = 0,9
  • Corps nu dans l'eau stagnante : Cf = 0,5
  • Corps peu habillé dans l'eau stagnante : Cf = 0,7
  • Corps habillé modérément dans l'eau stagnante : Cf = 0,9
  • Corps habillé chaudement dans l'eau stagnante : Cf = 1,0
  • Corps nu dans l'eau courante : Cf = 0,35
  • Corps peu habillé dans l'eau courante : Cf = 0,5
  • Corps habillé modérément dans l'eau courante : Cf = 0,8
  • Corps habillé chaudement dans l'eau courante : Cf = 1,0

Il faut cependant prendre conscience que ce calcul ne peut être qu'une estimation. le nomogramme de Hengsse ne propose pas une durée fixe mais une fourchette d'estimation.

De nombreux auteurs ont proposé des solutions alternatives pour améliorer la précision de cette technique :

  • Mesure répétée ou continue de la température post-mortem pendant plusieurs heures.
  • Mesure de la température centrale par des moyens invasifs (introduction de sondes au niveau intra-hépatique, intra-cérébral, etc.).

Ces méthodes ont en commun d'être difficiles à mettre en œuvre en routine sur une scène de décès ; en outre aucune d'entre elles n'a véritablement fait la preuve de sa supériorité par rapport à la méthode thermométrique de référence.

Exemple

On retrouve un corps dans une mare. Celui-ci pèse 80 kg et sa température rectale est de 20 °C. À l'aide de données météorologiques, on détermine la température moyenne des quinze derniers jours : on obtient, pour la température de l'eau, Tmoy = 10. Sur le nomogramme, on lit 20 heures pour l'estimation, puis on applique le facteur correctif : étant donné que le corps a été retrouvé dans de l'eau stagnante, il faut multiplier le délai estimé par 0,5.

On obtient donc 0,5\times 20 =10 heures. La fourchette de fiabilité à 95% est, dans ce cas précis, de + ou - 4,5 h. ce qui place la date de la mort entre 5,5h et 14,5h plus tôt.

La rigidité cadavérique : un outil dans l'estimation du délai post-mortem précoce

La rigidité cadavérique (ou rigor mortis) est un raidissement progressif de la musculature causé par des transformations biochimiques irréversibles affectant les fibres musculaires au cours de la phase post-mortem précoce. Cet état disparaît habituellement lorsqu'apparaît la putréfaction, c'est-à-dire au bout de deux à quatre jours selon les circonstances.

Explication de la rigidité cadavérique

Schéma d'une fibre musculaire

La rigidité se caractérise par une perte d'élasticité des tissus, et notamment des muscles, causée par la coagulation de la myosine, une protéine qui y est présente.

Plus précisément, elle est due à larrêt des pompes ATPasiques (donc de l'approvisionnement des cellules en énergie) qui entraîne une accumulation des ions calcium Ca2+ dans le réticulum endoplasmique des cellules musculaires; ce dernier étant appelé réticulum sarcoplasmique. Par le biais de cette altération et par la perte de létanchéité du réticulum endoplasmique, la concentration cytoplasmique du Ca2+ augmente. Sous l'action de cet ion, des ponts entre les filaments dactine et de myosine se forment ce qui entraîne l'immobilisation du muscle.

La disparition de la rigidité est en rapport avec lautolyse et la putréfaction qui détruisent la structure des filaments dactine et de myosine ainsi que les liaisons qui les unissent.

Utilisation pratique

La rigidité cadavérique affecte lensemble des muscles de lorganisme : elle débute à la nuque puis suit une marche descendante vers les membres inférieurs, comme l'indique la loi de Nysten. En effet, elle touche dabord les petits muscles situés en haut du corps puis les muscles plus importants (en particulier les membres inférieurs) elle prédomine ce qui explique cette marche descendante.

  • La rigidité débute entre 3 et 4 heures après le décès, presque toujours au niveau de lextrémité cervico-céphalique (nuque et muscles mastiquateurs).
  • Elle atteint son intensité maximale entre 8 et 12 heures.
  • Elle se maintient ensuite entre 12 et 36 heures.
  • Puis elle disparaît progressivement en deux ou trois jours, lorsqu'apparaît la putréfaction.

En cas de rupture artificielle, par exemple un déplacement du cadavre, intervenant moins de 8 à 12 heures après la mort, la rigidité peut réapparaître ; ce nest pas le cas lorsque la rupture intervient au-delà de ce délai (associée à d'autres méthodes de datation, cette considération permet par exemple de constater que le cadavre a été déplacé). Cette chronologie nest quindicative et en réalité on observe des variations interindividuelles considérables en fonction de la température ambiante (comme tous les phénomènes cadavériques, la rigidité est dautant plus rapide que la température ambiante est élevée et inversement), dune éventuelle activité musculaire intense avant la mort, de limportance de la musculature du sujet et de la cause de la mort :

La rigidité cadavérique présente d'autres limitations :

  • Elle peut varier en intensité : ainsi, elle est très peu importante chez le sujet âgé ou émacié ou lors dagonies prolongées (dans ce cas, il faut veiller à ne pas la confondre avec la raideur due au froid).
  • Il nexiste pas dinstrument ou de technique permettant de la quantifier de manière précise.

Pour ces différentes raisons, la rigidité cadavérique ne doit jamais être utilisée isolément pour tenter de déterminer le délai post-mortem mais doit être exploitée à la lumière d'autres méthodes de datation.

Lividités cadavériques

Article détaillé : Lividité cadavérique.

Les lividités cadavériques (ou livor mortis) sont une coloration rouge à violacée de la peau liée à un déplacement passif de la masse sanguine vers les parties déclives du cadavre, qui débute dès l'arrêt de l'écoulement du sang.

Explication des lividités cadavériques

Le processus d'apparition des lividités cadavériques débute dès la mort de l'individu. En effet :

  • La pompe cardiaque fait mouvoir le sang dans lorganisme et son arrêt en entraîne la stagnation.
  • Après la mort, des ouvertures se forment dans la paroi des vaisseaux sanguins, constituées de cellules endothéliales.
  • Des globules rouges s'échappent alors des vaisseaux, leur densité d = 1,095 étant supérieure à celle du plasma sanguin et des autres cellules sanguines, comprises entre 1,070 et 1,085.
  • Le sang, en saccumulant, devient visible par translucidité de la peau, d' une modification de sa teinte qui caractérise les lividités cadavériques.

Utilisation pratique

Les lividités cadavériques se répartissent de manière caractéristique sur le cadavre :

  • Elles apparaissent dabord sur le cou et sétendent ensuite à dautres régions de lorganisme vers la quinzième heure après le décès.
  • Elles épargnent les points de pression : ainsi, sous leffet de la gravitation, le sang dune victime allongée saccumule, simmobilise et deviendra persistant sous la peau non comprimée des parties les plus basses.

La vitesse de formation des lividités est variable. De manière générale :

  • Elles sont visibles à partir de la deuxième heure après la mort.
  • Elles deviennent ensuite progressivement de plus en plus marquées pour atteindre le maximum de leur intensité à la douzième heure.

Par ailleurs, la mobilité des lividités est également intéressante :

  • Elles sont dans un premier temps effaçables à la pression : un appui appliqué sur une zone de lividité chasse le sang des vaisseaux et la peau prend une teinte plus pâle par rapport aux zones avoisinantes.
  • À la douzième heure, et suite à la perte d'étanchéité des parois vasculaires, le sang imbibe le tissu interstitiel et l'appui appliqué sur une zone de lividité ne peut plus déplacer le sang. À ce stade, les lividités sont dites fixes.

Dans les affaires criminelles, les lividités peuvent donc indiquer un éventuel changement de position du cadavre, si leur emplacement constaté ne correspond pas à celui attendu. La teinte des lividités cadavériques peut donner des renseignements sur la cause de la mort. Des lividités de teinte rouge-carmin sont typiques dune intoxication au monoxyde de carbone (CO), alors que des lividités cyanosées orientent généralement vers une cause asphyxique ou vers un décès secondaire à une pathologie cardiaque ou pulmonaire.

Dosage du potassium dans lhumeur vitrée de l'œil

Coupe sagittale de l'œil
Prélèvement de l'humeur vitrée contenue dans un œil de bœuf

Lutilisation du dosage du potassium contenu dans lhumeur vitrée de l'œil date de plus de 25 ans. Cest une méthode utile mais qui, à elle seule, nest guère plus précise que les signes cliniques. Cette méthode repose sur le principe suivant: lorsque l'organisme cesse son activité, les cellules de la paroi perdent leur semi-perméabilité et par conséquent libère une partie des ions qu'elles contiennent (notamment le potassium). Et plus le temps s'écoule plus la teneur en potassium augmente. Il ne peut pas y avoir de contamination possible par l'humeur vitrée, car celle-ci pour être translucide doit contenir très peu d'ions. L'avantage essentiel de cette méthode est quelle est utilisable pendant quelques jours (jusqu'à une semaine) alors que les méthodes non biologiques ne le sont que pendant 24 à 48 heures maximum.

  • Prélèvement : le prélèvement se fait au moyen d'une seringue munie d'une aiguille intramusculaire, dans langle externe de lœil, par aspiration douce afin déviter toute contamination sanguine ou rétinienne. Il doit être effectué le plus précocement possible c'est-à-dire lors de la découverte du corps, avant sa mise en réfrigération.
  • Dosage : par un laboratoire habitué (électrodes sélectives) après agitation et homogénéisation.
  • Conservation : la technique reposant sur un dosage total dions dans un liquide biologique, les conditions de conservation nont pratiquement aucune influence sur les résultats.

Les scientifiques ont pu établir, la formule suivante basée sur plus de 200 étalonnages : entre 18 et 20 °C, t=3,23\cdot K-8,2, t étant le délai post-mortem exprimé en heures et K la concentration de potassium dans l'humeur vitrée en \mathrm{mmol}\cdot\mathrm{L}^{-1}. Cette formule est relativement imprécise, puisque son écart type atteint 9 heures. Cependant elle est assez simple à appliquer puisqu'il s'agit d'une fonction linéaire de la concentration en potassium. Il est préférable de disposer des résultats d'un étalonnage effectué en laboratoire, afin d'avoir une estimation du délai post-mortem plus précise que celle donnée par la formule. Dans des conditions expérimentales, lécart type est plus faible. Le potassium provenant de la lyse cellulaire na pas un accroissement linéaire. La température est un facteur très important puisque le froid ralentit considérablement laugmentation de la quantité de potassium présente dans l'humeur vitrée.

Technique de datation d'un cadavre en phase post-mortem moyenne

Putréfaction

La putréfaction est la décomposition des tissus organiques sous linfluence prépondérante des bactéries hébergées par lindividu, surtout celles de la flore intestinale, ensuite des mycètes saprophytes et des bactéries minéralisantes qui envahissent le cadavre.

La putréfaction débute par :

  • L'apparition d'une tache verte abdominale au niveau de la fosse iliaque droite.
  • L'apparition d'une tache verte abdominale au niveau de la fosse iliaque gauche.
  • L'extension de ces deux taches qui finissent par gagner progressivement toute la partie inférieure de labdomen.

Les divers mycètes se succèdent en groupes déterminés et cette flore se modifie suivant les altérations progressives du substrat qui constitue ainsi, à une époque donnée, un habitat délection pour certaines espèces de mycètes et pas pour dautres. Il existe trois vagues successives :

  • Au premier stade de la putréfaction colicative et gazeuses, on trouve seulement les espèces suivantes : espèces.
  • À une période plus avancée de la transformation des graisses, se succèdent : espèces.
  • Enfin, au stade de la réduction squelettique, se développent : espèces.

La putréfaction du cadavre due aux bactéries et aux mycètes saprophytes accentuant laltération amorcée par lautolyse des déchets que les bactéries minéralisantes feront rentrer dans le cycle des déchets de la biosphère. Toutes ces modifications post-mortem et leur succession sont accélérées ou retardées par de nombreux facteurs :

  • Le volume du cadavre est important à considérer, laltération est plus rapide pour un petit cadavre par exemple
  • Lâge du cadavre.
  • Les causes de la mort.
  • Le lieu de dépôt.
  • Les facteurs extérieurs : saisons, conditions météorologiques notamment la température et le degré hygrométrique, l'aération…, sont autant de points à considérer.

Entomologie médico-légale

Article détaillé : Entomologie médico-légale.

L'examen du cadavre seul ne permet que trop rarement une datation précise. C'est pourquoi l'étude des insectes nécrophages s'est avérée indispensable à la résolution de certaines affaires. En effet, ces insectes arrivent par « vagues », faciles à représenter sur échelle de temps, qu'à très bien décrites le vétérinaire Jean Pierre Mégnin (1828-1905), qui publia en 1894 La faune des cadavres. Dans cet ouvrage, il décrit les huit vagues dinsectes qui se succèdent sur les cadavres en décomposition et dont létude permet de dater précisément la date de la mort.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Datation des cadavres de Wikipédia en français (auteurs)

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