- Critique des médias
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La critique des médias est un phénomène de remise en cause des médias (presse écrite, télévision, radio et Internet) comme source fiable d'information par une partie de l'opinion publique, des associations, ainsi que par certains journalistes et intellectuels. Les principaux reproches portés à l'encontre des médias étant de confisquer la parole (médiacratie) et de donner une vue subjective de la réalité.
Plus généralement, la critique des médias traduit surtout un souci d'exigence vis-à-vis des professionnels de l'information, qu'il s'agisse des journalistes ou des propriétaires de groupe de médias et/ou groupe de presse. Ce phénomène s'observe d'ailleurs avant tout dans les pays où les institutions garantissent liberté d'expression et liberté de la presse, et qui vivent à l'heure de la société de l'information.
La critique des médias peut être liée à des phénomènes aussi différents que la concentration des médias, le journalisme citoyen, l'altermondialisme, la théorie du complot, voire l'antisémitisme.
Sommaire
Les origines du phénomène
La révolution audiovisuelle
Aujourd'hui, si les formations politiques extrémistes ou non continuent d'exercer une pression sur les médias, la critique émane surtout de la société civile. Cela est lié au processus de dépolitisation de la ligne éditoriale des médias enclenché dans les années 1970 avec le développement des médias de masse.
Jusqu'alors, les titres de la presse écrite, qui constituaient le principal relais de l'information, étaient pour la plupart affiliés plus ou moins officiellement à des partis politiques: on choisissait son journal en fonction de ses opinions. Le changement s'est opéré avec l'apparition de stations de radio et les chaînes de télévision privées cherchant à rassembler l'audience la plus large possible, au-delà des clivages politiques, afin de séduire les annonceurs.
Une nouvelle manière de relater les événements de manière théoriquement neutre s'est peu à peu imposée comme la norme à l'ensemble des médias, y compris à la presse qui, si elle reste un espace de débats, n'affiche plus aussi clairement ses orientations.
Ce phénomène s'est accompagné d'une dépolitisation de la société, liée à fin des utopies et à l'échec du communisme d'État comme solution alternative au libéralisme. Avec l'essor de la société de consommation, la politique, comme l'information, sont devenues l'équivalent de produits dont le citoyen exige le meilleur rapport qualité/prix possible.
L'essor de la publicité
Dans le domaine des médias, cela s'est traduit par la fin de la domination de la presse payante traitant de la « chose publique » au profit de la radio et de la télévision proposant information et divertissement gratuitement grâce à un modèle économique reposant sur la publicité.
Pour la presse écrite l'adaptation est passée par une place plus importante donnée, elle aussi, à la publicité non seulement en termes d'apport financier capable de combler les pertes causées par la diminution du lectorat, mais aussi comme modèle de gestion. Reprenant les méthodes du marketing à leur compte, les groupes de presse ont ainsi développé de nouveaux concepts éditoriaux davantage en phase avec les attentes du public (presse de divertissement, presse de loisirs, presse de télévision, presse féminine, presse people, etc.), quitte à délaisser les titres d'information pure.
C'est dans ce double contexte de paupérisation de la presse d'actualité généraliste et d'exigence accrue du public qu'est né le mouvement de la critique des médias au cours des années 1980, d'abord en Amérique du Nord, puis en Europe occidentale.
Cette remise en cause des médias se manifeste soit au travers des médias « classiques » eux-mêmes (courrier des lecteurs, tribunes libres, droit de réponse, émissions d'analyse des médias, etc.), soit par le biais de médias alternatifs (blogues, fanzines, médias altermondialistes, etc.). Elle peut être le fait de groupes de réflexion, de syndicats, de partis politiques, d'associations militantes, d'individus ou de médias.
La critique au sein des médias
Au sein des rédactions, il existe souvent un débat permanent entre journalistes, entre soucis de cohérence (ligne éditoriale), devoir de réserve, déontologie, clause de cession...
Les médias principaux s'adonnent rarement à une analyse critique des autres médias. Cela est particulièrement vrai dans le cas de concurrents directs (cf dépolitisation). Statu quo). Quelques exceptions en France : Le Canard enchaîné, Arrêt sur images, Technikart...
En fait, l'essentiel de la critique émanant de professionnels n'est souvent rendue publique que par le biais de livres (cf La Face cachée du Monde, etc.).
Acteurs réguliers de la critique des médias
En France
- les associations : Action-Critique-Médias (Acrimed), l'Observatoire français des médias (OFM).
- la presse : les mensuels Ce qu'il faut détruire (CQFD), Le Plan B qui a pris la suite de Pour lire pas lu (PLPL) en 2006, Le Monde diplomatique (notamment sa rubrique Médias), dont les articles sont compilés dans le bimestriel Manière de voir, la lettre professionnelle Société de l'information.
- émissions de télévision : Arrêt sur images (jusqu'en 2007), Médias, le magazine
- Internet : Rezo.net, Homme-moderne.org (jusque 2009), le réseau international Indymedia ; le site Investig'Action de Michel Collon.
Voir aussi
Articles connexes
- Médias
- Média alternatif
- Liste de médias de l'altermondialisme
- Maljournalisme
- Scandales journalistiques
Liens externes
- (en) Fifth-Estate-Online, International Journal of Radical Mass Media Criticism
Catégorie :- Critique du journalisme
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