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Critique des médias
La critique des médias est un phénomène de remise en cause des médias (presse écrite, télévision, radio et Internet) comme source fiable d'information par une partie de l'opinion publique, des associations, ainsi que par certains journalistes et intellectuels. Les principaux reproches portés à l'encontre des médias étant de confisquer la parole (médiacratie) et de donner une vue subjective de la réalité.
Plus généralement, la critique des médias traduit surtout un souci d'exigence vis-à-vis des professionnels de l'information, qu'il s'agisse des journalistes ou des propriétaires de groupe de médias et/ou groupe de presse. Ce phénomène s'observe d'ailleurs avant tout dans les pays où les institutions garantissent liberté d'expression et liberté de la presse, et qui vivent à l'heure de la société de l'information.
En France, les principaux acteurs de cette critique sont :
- les associations : Action-Critique-Médias (Acrimed), l'Observatoire français des médias (OFM) ;
- la presse : les mensuels Ce qu'il faut détruire (CQFD), Le Plan B qui a pris la suite de Pour lire pas lu (PLPL) en 2006, Le Monde diplomatique (notamment sa rubrique Médias), dont les articles sont compilés dans le bimestriel Manière de voir, la lettre professionnelle Société de l'information
- la télévision : l'émission hebdomadaire Arrêt sur image diffusée sur France 5 ;
- Internet : Rezo.net, Homme-moderne.org (Le Magazine de l'homme moderne), la branche francophone du réseau international Indymedia ;
La critique des médias peut être liée à des phénomènes aussi différents que la concentration des médias, le journalisme citoyen, l'altermondialisme, la théorie du complot, voire l'antisémitisme.
Sommaire
Les origines du phénomène
La critique des médias : une tradition des extrêmes
Les partis antidémocratiques d'extrême droite et d'extrême gauche partagent la même tentation de contrôler l'information pour faire passer leurs idées. Dans l'histoire, les régimes totalitaires ont toujours imposé un contrôle strict de l'État sur la ligne éditoriale des grands médias utilisant la télévision, la radio et la presse écrite à des fins de propagande.
Traditionnellement, en démocratie, les médias ont ainsi toujours fait l'objet de critiques venant de l'extrême droite, celle-ci se considérant être victime d'un « complot médiatique » visant à la « diaboliser » et à lui interdire l'accès aux médias.
Pour l'extrême droite l'information est trop souvent relayée par des journalistes proches de la gauche et les capitaux des médias détenus par des patrons alliés d'une classe politique à laquelle elle s'oppose. Dans une partie de l'opinion publique, l'antisémitisme est entretenu par l'idée que les médias seraient contrôlés par les juifs dans le but de défendre les intérêts de leur communauté. Ce thème est fréquemment repris par l'extrême-droite.
La révolution audiovisuelle
Aujourd'hui, si les formations politiques extrémistes ou non continuent d'exercer une pression sur les médias, la critique émane surtout de la société civile. Cela est lié au processus de dépolitisation de la ligne éditoriale des médias enclenché dans les années soixante-dix avec le développement des médias de masse.
Jusqu'alors, les titres de la presse écrite, qui constituaient le principal relais de l'information, étaient pour la plupart affiliés plus ou moins officiellement à des partis politiques: on choisissait son journal en fonction de ses opinions. Le changement s'est opéré avec l'apparition de stations de radio et les chaînes de télévision privées cherchant à rassembler l'audience la plus large possible, au delà des clivages politiques, afin de séduire les annonceurs.
Une nouvelle manière de relater les événements de manière théoriquement neutre s'est peu à peu imposée comme la norme à l'ensemble des médias, y compris à la presse qui, si elle reste un espace de débats, n'affiche plus aussi clairement ses orientations.
Ce phénomène s'est accompagné d'une dépolitisation de la société, liée à fin des utopies et à l'échec du communisme d'État comme solution alternative au libéralisme. Avec l'essor de la société de consommation, la politique, comme l'information, sont devenues l'équivalent de produits dont le citoyen exige le meilleur rapport qualité/prix possible.
L'essor de la publicité
Dans le domaine des médias, cela s'est traduit par la fin de la domination de la presse payante traitant de la « chose publique » au profit de la radio et de la télévision proposant information et divertissement gratuitement grâce à un modèle économique reposant sur la publicité.
Pour la presse écrite l'adaptation est passée par une place plus importante donnée, elle aussi, à la publicité non seulement en termes d'apport financier capable de combler les pertes causées par la diminution du lectorat, mais aussi comme modèle de gestion. Reprenant les méthodes du marketing à leur compte, les groupes de presse ont ainsi développé de nouveaux concepts éditoriaux davantage en phase avec les attentes du public (presse de divertissement, presse de loisirs, presse de télévision, presse féminine, presse people, etc.), quitte à délaisser les titres d'information pure.
C'est dans ce double contexte de paupérisation de la presse d'actualité généraliste et d'exigence accrue du public qu'est né le mouvement de la critique des médias au cours des années quatre-vingt, d'abord en Amérique du Nord, puis en Europe occidentale.
Cette remise en cause des médias se manifeste soit au travers des médias « classiques » eux-mêmes (courrier des lecteurs, tribunes libres, droit de réponse, émissions d'analyse des médias, etc.), soit par le biais de médias alternatifs (blogues, fanzines, médias altermondialistes, etc.). Elle peut être le fait de groupes de réflexion, de syndicats, de partis politiques, d'associations militantes, d'individus ou de médias.
La critique au sein des médias
Débats internes
Au sein de la rédaction. Droits et devoirs du journaliste vis-à-vis de sa rédaction et de son employeur (France). Débat permanent entre journalistes, mais soucis de cohérence (ligne éditoriale). Devoir de réserve, déontologie, clause de cession...
Au sein de la profession. Critique et intérêt porté par les médias aux autres médias (création de rubriques et de médias spécialisés sur les médias).
Cependant, par humilité, solidarité et par crainte d'être à leur tour pris en défaut, les médias « classiques » s'adonnent rarement à une analyse critique des autres médias. Cela est particulièrement vrai dans le cas entre concurrents directs (cf dépolitisation). Statu quo.
Quelques exceptions (France) : Le Canard enchaîné, Arrêt sur image, Technikart...
En fait, l'essentiel de la critique émanant de professionnels n'est souvent rendue publique que par le biais de livres (cf La Face cachée du Monde, etc.).
La volonté de transparence
Courrier des lecteurs, médiateur de la rédaction, tribunes libres, parfois en contradiction avec la ligne éditoriale. La parole donnée aux auditeurs et téléspectateurs (émissions de "talk").
Recours juridiques
Droit de réponse, diffamation, etc.
Les critiques portées à l'égard des médias
Sur la forme
Fautes d'orthographe et autres occupent une place importante dans les critiques adressées aux médias. Pas si anecdotiques, puisqu'elles nuisent à l'image des médias et traduisent parfois un manque de moyens et d'effectifs de certains médias.
Sur le fond
Erreurs et prises de position des médias et des journalistes incitant à la critique. Reflet d'un malaise dans le public et sujets d'actualité "sensibles" (émeutes urbaines, conflit au Proche Orient...). Les journalistes, une "caste" en décalage avec le public et la réalité sociale? (auto-censure, sujets non traités ou mal appréhendés)
Paradoxe 1
Alors que le public est de plus en plus exigeant, il délaisse les médias d'actualité générale (cf crise de la presse quotidienne payante). Dans le même temps, on constate un engouement pour les médias de "divertissement" (cf presse people).
Paradoxe 2
Alors que les grands médias ont "dépolitisé" leur ligne éditoriale (parfois pour des raisons de pur marketing), les médias alternatifs croient justement en une vision politique de la société... au risque de manquer de crédibilité.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) Fifth-Estate-Online, International Journal of Radical Mass Media Criticism
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