- Course à la mer
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La course à la mer désigne la dernière étape de la guerre de mouvement au début de la Première Guerre mondiale. Elle a lieu sur le front occidental de septembre à décembre 1914 à l'issue de la bataille de la Marne qui voit l'arrêt de l'offensive allemande et la consolidation du front ainsi obtenue de l'Oise jusqu'à la Suisse; les belligérants tentent de se contourner au nord par le flanc ce qui les conduit jusqu'à la mer du Nord.
Sommaire
Les tentatives de faire bouger le front entre Oise et Suisse
La bataille de l'Aisne
Article détaillé : Bataille de l'Aisne (1914).Les chefs alliés ont du mal à admettre que la guerre, qui aurait dû être rapide grâce à la doctrine de l'offensive à outrance, s'enlise sur un front fixe. En effet, après la bataille de la Marne, les armées antagonistes, épuisées, se sont enterrées, face à face. C'est le début de la guerre des tranchées. Aussi, les alliés tentent-ils une offensive. Les Ve et VIe armées françaises et le BEF essayent d'envelopper l'aile ouest des Allemands entre l'Oise et l'Aisne. Mais, du 13 au 17 septembre, l'armée allemande contient les offensives alliées, puis contre-attaque et le front se stabilise à nouveau entre Oise et Aisne. Jusqu'à la fin de 1914, les deux côtés s'efforcent de fixer mutuellement les effectifs de l'adversaire dans cette région par des attaques limitées, pour éviter qu'ils puissent alimenter la manœuvre de débordement vers la mer du Nord que les Allemands entament avec vigueur. Ne pouvant atteindre Paris, but originel et mythique dans la pensée militaire allemande, l'état-major du Kaiser a convaincu celui-ci d'amplifier le plan de base de débordement des alliés sur leur gauche par un enveloppement qui doit mener à « la course à la mer », en espérant envahir complètement la Belgique. Mettant ainsi ce pays hors jeu, l'Allemagne espère pousser les Anglais au réembarquement, laissant la France seule pour se défendre.
La bataille de Saint-Mihiel
Par ailleurs, les Allemands espèrent isoler et investir la place forte de Verdun qui se trouve à la jonction entre l'aile marchante et l'aile fixe de l'armée française et sur laquelle elle s'appuie. A cet effet, du 20 au 25 septembre, ils lancent cinq corps d'armées de part et d'autre de la ville, le 13e et le 16e sur l'axe Varenne-Clermont dans l'Argonne d'une part et les 5e, 11e et 3e Bavarois entre Etain et Montsec. Ils s'emparent de Saint Mihiel et coupent les voies ferrées, le canal et les routes entre Bar-le-Duc et Commercy. Mais la défense française est trop forte et le front se stabilise. Toute action offensive dans cette région s'achève alors.
Les batailles de Picardie et de l'Artois
Des deux côtés, les grands états-major s'aperçoivent que la seule issue est d'essayer de déborder l'adversaire par le Nord-ouest entre Oise et la mer du Nord. Les Ve et VIe armées françaises et les Ie et IIe armées allemandes fixées de part et d'autre, il est nécessaire de former de nouvelles unités. Du côté allemand 18 corps d'armée et 4 corps de cavalerie constituent 3 armées, la IIe, VIe et IVe et un détachement d'armée. Du côté allié, 3 armées affluent vers ce nouveau théâtre la IIe, Xe et VIIIe avec le BEF et ce qu'il reste de l'armée belge sortie d'Anvers et qui s'est repliée sur une ligne Nieuport-Dixmude.
La première phase (25 septembre-4 octobre)
L'intervalle entre l'Oise et la mer du Nord est essentiellement tenu par des territoriaux français et quelques éléments de cavalerie. La IIearmée du général de Castelnau qui était en Lorraine est alors retirée, renforcée avec le 20e corps d'armée et envoyée au Nord de l'Oise grâce notamment à une manœuvre de rocade essentiellement fondée sur le réseau ferré. De même, les Allemands ont ramené la VIIe armée de Heeringen d'Alsace. Du 25 septembre au 4 octobre, les ailes montent en puissance et s'étendent progressivement vers le Nord grâce à l'apport de nouvelles troupes qui se font face mutuellement au fur et à mesure de leur arrivée. Lorsque la IIearmée atteint la Somme, elle s'étire dangereusement. Le commandant en chef envoie le général Maud'huy pour constituer la Xearmée au Nord de la Somme.
La deuxième phase (4-15 octobre)
Lorsque la Xe armée française atteint l'Ancre, le 4 octobre, les Belges sont en grande difficulté, après avoir combattu devant Liège pendant quatorze jours et en battant les Allemands sur la Gette, à Halen, remplissant ainsi pleinement le rôle que lui avait assigné le général Joffre, celui d'une avant-garde générale. Dans les conceptions de l'époque, une avant-garde générale est destinée à distraire des troupes ennemies du théâtre d'opérations principal. L'armée belge, qui s'est finalement repliée dans la vaste place forte d' Anvers d'où elle lance trois sorties, continue à remplir pleinement ce rôle en retenant 150 000 allemands, les empêchant ainsi de prendre part à la bataille de la Marne. A part le passage éclair à Anvers du Lord de l'Amirauté Winston Churchill, les Belges ne reçoivent d'aide que de 3 000 soldats anglais et de quelques canons à longue portée. À la fin de septembre, après des combats qui durent depuis la fin du mois d'août, le gouvernement belge et le roi Albert 1er, présents à Anvers, décident le repli de l'armée pour éviter à celle-ci d'être coupée des alliés franco-anglais et pour se réunir avec eux. Le 9 octobre, la place est abandonnée sans reddition sous la couverture des forts de la rive gauche. L'armée belge réussit alors un mouvement de rocade par le nord ouest aidée par la 7eDI et 4eDC britannique débarquées à Zeebruge et Ostende et rejoint sur les positions côtières 6 000 fusiliers marins français de l'Amiral Ronarc'h. Finalement positionnée dans la région d'Ostende-Nieuport-Dixmude, l'armée belge a réussit son regroupement avec les franco-anglais en vue de la grande bataille que tout laisse prévoir.
Par ailleurs, pour améliorer la cohésion de son armée avec l'armée française, le général French demande au général Joffre de faire transporter les troupes britanniques dans la région de Lille. Le 2e et 3e corps d'armée britannique précédemment inclus dans le dispositif français sur l'Aisne sont donc déployés respectivement dans la région de la Bassée et dans la région de Hazebrouck. Le BEF occupe donc le secteur qui sera le sien pour le restant de la guerre, à la droite de l'armée belge. Pour gérer cet ensemble multinational français, britannique et belge, le général en chef Joffre délègue le général Foch auquel il donne le commandement des IIe et Xe armées.
La troisième phase (15 octobre-fin décembre)
Au 13 octobre et du Nord au Sud, le dispositif assez disparate est constitué comme suit :
- l'armée belge renforcée par la brigade de fusiliers-marins de l'Amiral Ronarc'h qui tient la ligne Nieuport-Dixmude;
- le corps de cavalerie de Mitry sur Passchendaele et la forêt de Houthulst;
- deux divisions d'infanterie territoriale, la 87e et la 89e sous les ordres du Général Bidou qui tiennent Ypres;
- l'armée britannique sur une ligne Zonnebeke-Givenchy, dans lequel est venu s'intercaler le corps de cavalerie de Louis Conneau dans la région de Fromelles;
- la Xe armée française de Givenchy vers Arras.
L'ensemble des troupes françaises chargé de rétablir la liaison entre les Belges au Nord et les Britanniques au Sud, appelé à l'origine détachement d'armée de Belgique, prend le nom de VIIIe armée, sous le commandement du Général d'Urbal, avec son chef d'état-major le lieutenant-colonel Louis. Le 15 octobre, le général Joffre souhaite reprendre l'offensive en direction du moyen-Escaut. Les troupes alliées parviennent jusqu'à Ypres sans pouvoir dépasser la ville. De leur côté, les Allemands qui ont suivi et répondu à la montée en puissance des Alliés choisissent pour direction stratégique Calais, afin de couper l'armée britannique de son lien le plus direct avec l'Angleterre. Arrivés les premiers, ils prennent l'initiative. A cet effet ils lancent une offensive sur deux axes :
- vers le Nord, le Prince de Wurtemberg et sa IVe armée, retirée du front de Champagne, renforcée par un détachement d'armée de commandé par le général von Fabeck, soit au total 20 divisions, vise à repousser l'armée belge au-delà de l'Yser.
- vers l'Est, la VIe armée retirée de Lorraine commandée par le Kronprinz de Bavière et qui comprend 10 divisions, vise à disjoindre les Français et les Anglais dans la région d'Arras.
La Bataille de l'Yser
Le roi des Belges Albert 1er a lancé une proclamation ordonnant à son armée de tenir sur place. Celle-ci est attaquée, dès le 15 octobre, par la IVe armée allemande qui fait pression le long de la côte et sur le petit fleuve Yser. Pendant dix jours d'attaques et de contre-attaques, le talus de la voie ferrée Dixmude-Nieuport est utilisé par les Belges comme rempart. L'inondation de la plaine, dont le niveau est inférieur à celui de la mer, est alors décidée par le commandement belge qui ordonne l'ouverture des vannes protégeant les terres basses. Commencée le 26 octobre, l'inondation provoque l'enlisement des forces allemandes, contribuant à aider l'armée belge, les fusiliers-marins de l'amiral Ronarc'h et la 42e division française du général Grossetti à arrêter la progression allemande après douze jours de combats.
La bataille de la Bassée ou la première bataille d'Ypres
Après une avancée en direction d'Ypres, les Belgo-Franco-Anglais sont obligés de s'arrêter autour de la ville et forment ce qu'on appelle le "saillant d'Ypres". La VIe armée allemande attaque la position sur trois côtés et avec des offensives de puissance croissante dès le 26 octobre puis le 6, 10 et 11 novembre. Les troupes dégagées de la région de l'Yser, où l'inondation interdit toute espoir de victoire aux belligérants, renforcent les effectifs de part et d'autre, mais aucune armée n'arrive à atteindre une supériorité numérique décisive. L'empereur Guillaume II, qui attend beaucoup de cette offensive et qui s'est porté personnellement sur place le 27 octobre, doit regagner Luxembourg le 1er novembre sans avoir assisté à la victoire qu'il espérait. Les deux côtés s'épuisent tant au plan du personnel qu'au plan des munitions. Peu à peu, les Allemands relâchent la pression sur le saillant d'Ypres et vers le 17 novembre, s'arrête la "course à la mer". Le front se stabilise sur près de 700 km sur une ligne allant de la mer du nord à la frontière Suisse, traversant l'Artois, la Picardie, puis plus à l'est la Champagne et la Lorraine. En décembre 1914, le bilan des pertes depuis le 4 août 1914 est de plus de 300 000 hommes tués et 600 000 blessés du côté français.
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Conclusion
Avec la course à la mer s'achève toute velléité de guerre de mouvement de part et d'autre du front. Le front continu, de la mer du Nord à la frontière suisse ne varie plus de manière sensible. Les batailles de l'Yser et de la Bassée sont les prototypes des lourdes batailles à venir, très coûteuses en hommes et en matériel et qui ne débouchent que sur des succès limités : le conflit s'enlise dans la guerre de tranchées.
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