- Abel Ferry
-
Pour les articles homonymes, voir Ferry.
Abel Ferry est un homme politique français né le 26 mai 1881 à Paris et mort sur le front le 15 septembre 1918 à Vauxaillon (Aisne). Député des Vosges depuis 1909, il était le neveu "adoré" de Jules Ferry[1].
Abel Ferry Parlementaire français Date de naissance 26 mai 1881 Date de décès 15 septembre 1918 Mandat Député 1909-1918 Circonscription Vosges Groupe parlementaire Gauche radicale IIIe République modifier Sommaire
Une famille d'hommes politiques
Né à Paris, Abel Ferry vient d'une famille lorraine[2]. Sa famille comprend de nombreux hommes politiques de la IIIème République:
- Son père, Charles Ferry, fut sénateur puis député des Vosges.
- Ses oncles, Jules Ferry, parlementaire, ministre puis président du Conseil, et Amédée de la Porte, député des Deux Sévres, ministre des colonies,
- Son grand-père, François Allain-Targé, député de Paris, ministre de Léon Gambetta.
Après avoir réussi son diplôme d'études supérieures d'histoire, il devient avocat.
Le 20 novembre 1913, il épousa Hélène qui lui donna une fille, Fresnette[3], le 22 juin 1918[4].
Un parlementaire radical
Abel Ferry se présente à l'élection partielle d'avril 1909 dans la deuxième circonscription d'Épinal dans les Vosges. Il est élu au second tour. Il sera réélu dès le premier tour en avril 1910. Enfin, il est à nouveau élu bien que plus difficilement en mai 1914[5].
Il siège à la chambre dans le groupe de la Gauche radicale. Comme l'a décrit l'analyste politique André Siegfried ce groupe républicain était constitué de députés socialement conservateurs qui voudraient ne pas rompre avec la gauche et qui votent donc, à droite sur les questions d'intérêts, à gauche sur les questions politiques. La Gauche radicale, par sa position centriste, est souvent l'arbitre des différentes majorités.
Du fait de son histoire familiale, il se mobilise sur les grands débats et en particulier en politique étrangère.
Partisan d'une armée forte, il appuie Clemenceau contre Jaurès, et vote en faveur de la loi de 1913 instituant le service militaire de trois ans. Cette même année, il fait casser la décision de réforme numéro 2 pour la tuberculose qu'il avait contractée en service en 1903 et qui l'avait fait verser dans le cadre de réserve[6].
Un combattant acharné
Dès après sa réélection, à trente-trois ans, il entre comme sous-secrétaire d'État aux Affaires Étrangères dans le premier gouvernement que forme René Viviani le 14 juin 1914. C'est à ce titre qu'il reçoit au Quai d'Orsay Jean Jaurès venu implorer Viviani et le gouvernement français de ne pas entrer en guerre le 31 juillet 1914, juste avant son assassinat.
Le 3 août 1914, il rejoint le 166e régiment d'infanterie de ligne à Verdun comme caporal et démissionne du gouvernement. Sa démission est refusée, mais il reste dans son régiment et monte au front. Adolphe Messimy, le ministre de la guerre le nomme sous-lieutenant et le 26 août, Viviani, remaniant son gouvernement, le confirme dans son poste. Il restera membre du deuxième gouvernement formé par René Viviani jusqu'à sa chute le 29 octobre 1915.
Avec son régiment il participe aux combats en Woëvre, sur la Crête des Éparges, en Argonne jusqu'en juin 1916, tout en contribuant aux travaux gouvernementaux puis parlementaires après la chute de Viviani. Il reçoit deux citations à titre militaire en novembre 1914 et en avril 1916.
Le contrôle aux Armées
Le 29 juin 1916, à la suite de la réunion du comité secret de la commission de la Guerre dont il fait partie depuis 1915, il est désigné Délégué au contrôle, commissaire aux Armées. Il entreprend alors un intense travail de harcèlement du Parlement et du gouvernement pour améliorer le sort des combattants, la force des Armées, l'unité des Alliés. En dehors des assemblées, il parcourt inlassablement le front et conduit sa mission d'Inspection aux Armées.
Le 8 septembre 1918, il vérifie le fonctionnement d'un nouveau fusil mitrailleur dans les premières lignes dans l'Aisne, avec un député d'Angers et un lieutenant. Un obus fauche la délégation. Les deux accompagnants sont tués, Ferry est évacué, gravement blessé. Clemenceau vient lui remettre lui-même la Légion d'honneur et une citation comportant la Croix de guerre avec palme. Il meurt huit jours plus tard.
Hommages
Sur la tombe de Jules Ferry et sur celle d'Abel Ferry présentes au cimetière de la rive droite de Saint-Dié on peut lire: ” Je désire reposer en face de cette ligne bleue des Vosges d'où monte jusqu'à mon cœur fidèle la plainte touchante des vaincus.”
De nombreuses villes de France, et particulièrement en Lorraine, ont donné le nom d'Abel Ferry à des rues, dont Épinal, ou des établissements scolaires. Une rue du 16e arrondissement de Paris porte son nom depuis décembre 1928.
Œuvres
Suivant sa volonté, sa femme, Hélène Ferry, publia à titre posthume les ouvrages suivants[7] :
- La guerre vue d'en haut et d'en bas. L'âme de 1793 est en bas. La bureaucratie est en haut, 1920, Grasset, 328 p.
- Carnets secrets 1914-1918, préface de Nicolas Offenstadt, notes et texte établis par André Loez, Paris, Grasset, 2005, 394 p. (ISBN 978-2-246-69841-8).Le livre a été publié pour la première fois en 1957 et est devenu un ouvrage de référence. Certains descendants des principaux protagonistes étant encore vivants, des coupes avaient été opérées. L'édition de 2005 est la version non expurgée, à laquelle sont jointes (quarante-six) lettres inédites qu'Abel Ferry écrivit à sa femme Hélène alors qu'il était au front.
Notes et références
- Extraits du testament de Jules Ferry établi en 1890 : Je lègue à mon neveu, Abel Ferry, tous mes livres et toutes mes armes. Qu'il les garde en mémoire de 1'Oncle dont il est adoré et qui a mis en lui toutes ses espérances. Qu'il porte dignement et qu'il défende en toute circonstance le nom que son père et son oncle, après tant de générations d'honnêtes gens, ont honoré et mis dans l'histoire. Qu'après nous il aime sa tante Jules comme une mère et comme un père, c'est-à-dire comme un guide infaillible, qu'il serve son pays et qu'il l'aime plus que sa vie
- vosgienne de fondeurs de cloches. En 1718, les Ferry s’établissent à Saint-Dié des Vosges, où ils se retrouvent, en 1794, à la tête d’une tuilerie. François-Joseph Ferry, grand-père de Jules, est alors maire de la ville. Son fils Charles-Édouard se marie avec Adèle Jamelet, dont il eut trois enfants : Jules (1832-1893), homme politique national ; Charles (1832-1909) et Adèle (1826-1871). Note biblio des Archives de France consulable sur daf.archivesdefrance.culture.gouv.fr C'est une famille
- Ce prénom semble reprendre le nom d'une des dures batailles auxquelles il participa en 1915 à Fresnes sur Woëvre avec le 166e R.I.
- daf.archivesdefrance.culture.gouv.fr Source Archives des Vosges
- in note du dictionnaire des parlementaires
- notice biographique
- note Archives des Vosges, op.cit.
Annexes
La principale source biographique utilisée est le Dictionnaire sur les parlementaires français de 1889 à 1940, consultable sur le site de l'Assemblée nationale.
Bibliographie
- Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, Jean Jolly, 1960, Presses Universitaires de France
- Michel Baumont, « Abel Ferry et les étapes du Contrôle aux Armées, 1914–1918 » in Revue d'Histoire Moderne et Contemporaine, volume XV, January–March 1968, pp. 162–209.
Catégories :- Ministre de la Troisième République
- Ministre français des Affaires étrangères
- Ancien député des Vosges (troisième République)
- Légion d'honneur
- Titulaire de la Croix de guerre 1914-1918
- Naissance en 1881
- Naissance à Paris
- Décès en 1918
- Victime de la Première Guerre mondiale
Wikimedia Foundation. 2010.