- Clotilde (465-545)
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Sainte Clotilde
Sainte Clotilde prie saint Martinreine des Francs Décès 3 juin 544 ou 548[1]
Monastère Saint-Martin de ToursNationalité burgonde Fête 3 juin (Église orthodoxe) ou 4 juin (Église catholique romaine) Serviteur de Dieu • Vénérable • Bienheureux • Saint modifier Clotilde (en latin Crotechildis[1]), née en 465[réf. nécessaire] ou vers 475[2], morte autour de 545[3], est une princesse burgonde, devenue reine des Francs en épousant Clovis, qu'elle contribue à convertir au christianisme.
Elle a été canonisée ; l'Église orthodoxe la fête le 3 juin (dies natalis) et l'Église catholique romaine le 4 juin.
Sommaire
Biographie
Origine familiale et jeunesse
Clotilde est la fille du roi burgonde Chilpéric II, fils du roi Gondioc et frère de Gondebaud, Godegisile et Gondemar. Le nom de la mère de Clotilde n'est pas connu. Sa date de naissance est aussi approximative, malgré les apparences.
L'enfance et la jeunesse de Clotilde se déroulent à la cour burgonde sous les règnes de Gondioc, mort dans les années 470, puis de Chilpéric 1er, mort vers 480, puis sous le règne conjoint des quatre fils de Gondioc.
Deux d'entre eux, Gondemar et Chilpéric II, père de Clotilde, disparaissent durant les années 480, laissant la place à Gondebaud et Godegisile, seuls rois des Burgondes dans les années 490. Cette disparition de deux des frères est l'objet d'un certain nombre d'interrogations.
La mort du père de Clotilde
Dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours donne une version plutôt tragique de la disparition de Chilpéric II :
« Gondioc avait été roi des Burgondes .... Il avait eu quatre fils : Gondebaud, Godégisèle, Chilpéric et Gondemar. Gondebaud égorgea Chilpéric son frère et noya la femme de celui-ci en lui attachant une pierre au cou. Il condamna à l'exil ses deux filles ; l'aînée, qui prit l'habit, s'appelait Croma, la plus jeune Clotilde. Or, comme Clovis envoie souvent des ambassades en Bourgogne, la jeune Clotilde est aperçue par ses ambassadeurs. Comme ils l'avaient trouvée élégante et sage et qu'ils avaient su qu'elle était de famille royale, ils l'annoncèrent au roi Clovis. Sans tarder, celui-ci envoie à Gondebaud une ambassade pour la demander en mariage. Ce dernier n'osant pas opposer un refus la remit aux ambassadeurs, et ceux-ci, amenant la jeune fille, la présentant au plus vite au roi. Quand il l'eut vue, le roi fut rempli d'une grande joie et il se l'associa par le mariage, alors qu'il avait déjà d'une concubine un fils nommé Thierry. »
— Grégoire de Tours, Historia Francorum, Livre II, paragraphe XXVIII, traduction Robert Latouche, Les classiques de l'histoire de France au Moyen Âge, volume 27, p. 116-117, in La Bourgogne au Moyen Âge, Académie de Dijon, Centre régional de recherche et de documentation pédagogique, Dijon, 1972.
Selon Grégoire de Tours, le père et la mère de Clotilde ont donc été exécutés par Gondebaud, mais il ne précise pas pour quelles raisons, ni dans quelles circonstances. Clotilde et sa soeur Croma échappent au massacre. Elles sont condamnées à l'exil, mais apparemment, quelques années après, alors que Croma est devenue nonne, Clotilde est présente à la cour de Gondebaud où des ambassadeurs francs la remarquent et la signalent à Clovis, qui la demande en mariage.
Le récit (très court) du massacre a ensuite repris par le Liber Historiae Francorum, chronique du VIIIème siècle, qui en augmente la portée tragique en introduisantt deux fils de Chilpéric, décapités par l'oncle régicide[4].
Quoi qu'il en soit de la réalité de cet épisode, Clotilde a reçu à la cour de Gondebaud une éducation non seulement soignée mais aussi chrétienne, sans doute transmise par la reine chrétienne Carétène que l'on pense épouse de Gondebaud.
Reine des Francs
Elle épouse Clovis vers 493 à Soissons[5].
Selon Grégoire de Tours, elle a exercé une influence pour l'amener au baptême. Avant cet évènement, dont la date n'est pas connue avec une absolue certitude[6], elle prend même l'initiative de faire baptiser ses deux premiers fils contre l'avis[réf. nécessaire] de son époux, et ceci, bien que le premier, Ingomer, meure peu après son baptême[5]. Le couple a d'autres enfants, d'abord trois fils, Clodomir, Childebert et Clotaire, puis une fille, Clotilde, qui sont tous baptisés et parviennent à l'âge adulte[5].
Clovis et Clotilde résident le plus souvent à Clichy, Épineuil, Chelles, Rueil ou Bonneuil. Après sa victoire de Vouillé sur les wisigoths en 507, le roi fait de Paris sa capitale[5].
Le veuvage à Tours
À la mort de Clovis, Clotilde se retira à Saint-Martin de Tours mais continua vraisemblablement à influencer ses trois fils : Clodomir, Childebert et Clotaire.
Femme politique, elle les amena à monter une expédition contre le royaume burgonde des fils de Gondebaud, vraisemblablement pour venger ses parents assassinés (selon Grégoire de Tours). Suite à cette guerre, son fils Clodomir fut tué à la bataille de Vézeronce.
Elle tenta de protéger les trois fils de Clodomir, mais ne put sauver que Clodoald, le futur saint Cloud, tandis que les deux autres étaient massacrés par leurs oncles.
Pour secourir sa fille envoyée en Espagne dès 511 (et également prénommée Clotilde), elle poussa Childebert à attaquer le mari de celle-ci, le roi wisigoth Amalaric qui la maltraitait. À Tours, elle imposa des évêques burgondes réfugiés auprès d'elle.
Par ailleurs très pieuse, elle fit ériger un monastère (aux Andelys), agrandir Saint-Pierre de Reims, reconstruire les Saints-Apôtres de Rouen et fut associée à la construction à Paris du monastère des Saints-Apôtres, devenu l'abbaye Sainte-Geneviève (actuel lycée Henri-IV).
Elle termina ses jours dans la piété, auprès du tombeau de saint Martin, à Tours où elle mourut, le 3 juin 545. Elle fut enterrée à Paris aux côtés de son époux Clovis, dans le monastère des Saints-Apôtres qu'elle avait contribué à fonder.
Hommages
Voies publiques
- "Rue Clotilde" : à Paris (Vème arrondissement), Issy-les-Moulineaux
- "Rue Sainte Clotilde" : à Lyon (1er arrondissement)
Patronne de l'aviation légère de l'armée de terre
Depuis 1995 l'Aviation légère de l'armée de terre a choisi sainte Clotilde pour patronne. C'est en effet à ses prières que Clovis put être victorieux à Tolbiac en « submergeant l'ennemi sous le feu du ciel », ce qui est précisément aujourd'hui la fonction des hélicoptères de combat de l'armée française.
Voir aussi
Bibliographie
- Sources
- Grégoire de Tours, Historia Francorum, traduction de Robert Latouche, Les classiques de l'histoire de France au Moyen Âge
- Ouvrages généraux
- Stéphane Lebecq, Les origines franques, Ve - IXe siècle, Seuil (Nouvelle histoire de la France médiévale, 1), 1990, (ISBN 2-02-011552-2), pages 45-60 (première partie, chapitre 1 : « Clovis (481-511) »)
- Régine Le Jan, Les Mérovingiens, PUF, coll. « Que sais-je », Paris, 2006, 128 p. [ISBN 2-13-055481-4]
- Sur Clovis
- Michèle Laforest, Clovis, un roi de légende, Editions Albin Michel, Paris, 1996 [ISBN 2-226-08714-1]
- Michel Rouche, Clovis, Éditions Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59632-8)
- Sur Clotilde
- Godefroid Kurth, Sainte Clotilde, première reine de France, la fille aînée de l'Église, Presse et Éditions Hovine, Ronchin, 1988, 120 p..
Articles connexes
- Généalogie des Mérovingiens
- Faux Mérovingiens
- Place de la femme dans la France mérovingienne
- Gondebaud
Notes et références
- Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), éd. Patrick van Kerrebrouck, 1993 (ISBN 2-9501509-3-4), p. 57. Du germanique hrod (gloire) et hild (combat)
- selon le Larousse 2011 et également selon Christian Bouyer (Dictionnaire des Reines de France, 1992)
- La date traditionnelle de 545 n'est pas certaine ; Stéphane Lebecq,Les Origines franques, page 45, indique 544 (son long veuvage de 511 à 544 ; M. Heinzelmann, "Gallische Prosopographie 260-527", dans Francia, 1982, page 584, indique 548, de façon apparemment mieux étayée.
- Michel Rouche, Clovis, Éditions Fayard, 1996 (ISBN 2-213-59632-8), p. 229-232. Sur cette affaire, voir notamment
- Christian Bouyer, Dictionnaire des Reines de France, Librairie Académique Perrin, 1992 ISBN 2-262-00789-6
- Stéphane Lebecq, page 51, le situe en 498 (sous réserves) ; Régine Le Jan, page 14, en 508.
Catégories :- Reine de France
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- Personnalité du VIe siècle
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