- Cimetière du Père-Lachaise
-
Pour les articles homonymes, voir Père Lachaise.
Cimetière du Père-Lachaise Pays France Région Île-de-France Ville Paris Religion(s) Catholique, protestant, juif, musulman Superficie 43,93 hectares Coordonnées Géolocalisation sur la carte : Paris
Personnalités enterrées Molière, Honoré de Balzac, Jim Morrison, La Fontaine, Simone Signoret, Allan Kardec, Yves Montand, Henri Salvador, Pierre Desproges, Édith Piaf, Colette, Oscar Wilde modifier Le cimetière du Père-Lachaise est le plus grand cimetière de Paris intra-muros et l'un des plus célèbres dans le monde. Situé dans le 20e arrondissement de la ville, de nombreuses personnes célèbres y sont enterrées.
Ce cimetière fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 24 juin 1993[1].
Sommaire
Histoire
L'une des sept collines de Paris, appelée Champ-l'Évêque car elle appartenait au Moyen Âge à l'évêque de Paris, prit au XIIe siècle le nom de Mont-aux-Vignes, pour les cultures que l'on y réalisait alors. En 1430, un riche commerçant du nom de Régnault de Wandonne acheta le domaine afin d'y faire construire une maison cossue : une folie. C'est l'origine du nom de l'actuelle rue de la Folie-Regnault dans le 11e arrondissement.
Deux siècles plus tard, les Jésuites acquièrent le terrain pour en faire un lieu de repos et de convalescence. La maison accueille quelques heures le jeune roi Louis XIV venu assister sur ces hauteurs à des combats lors de la Fronde. Cet événement donnera au lieu le nom de Mont-Louis. Mais le plus illustre occupant fut François d'Aix de La Chaise (1624-1709), dit le Père La Chaise, confesseur du roi de France Louis XIV, qui exerça une influence modératrice sur celui-ci dans la lutte contre le jansénisme. Il y demeurera de 1675 jusqu'à sa mort en 1709.
Le comte de La Chaise, frère du père jésuite, donna de nombreuses fêtes sur le domaine, ce qui contribua à son agrandissement et son embellissement. Mais en 1762, la Compagnie de Jésus fut contrainte de céder le terrain en raison d'une dette du père de Jacy. Au fil des années, les jardins furent laissés à l'abandon et les propriétaires se succédèrent, pour revenir, le 9 Ventôse an XI au préfet de la Seine, Nicolas Frochot, contre la somme de 180 000 francs.
Avec la fermeture le 1er décembre 1780 du cimetière des Innocents, en application tardive de la loi de 1765 interdisant les cimetières en ville, Paris commençait à manquer de lieux de sépultures. Napoléon Bonaparte, alors consul, décréta que « chaque citoyen a le droit d'être enterré quelle que soit sa race ou sa religion », réglant le cas des mécréants, des excommuniés, des comédiens et des pauvres. Au début du XIXe siècle furent ainsi créés plusieurs nouveaux cimetières hors des limites de la capitale : le cimetière de Montmartre au nord, le cimetière de l'Est, le cimetière de Montparnasse au sud et, à l'ouest de la ville, le cimetière de Passy.
Le préfet de Paris décréta la transformation des 17 hectares de Mont-Louis en cimetière de l'Est. La conception du cimetière fut confiée à l'architecte néo-classique Alexandre Théodore Brongniart en 1803. En tant qu'inspecteur général en chef de la deuxième section des travaux publics du département de la Seine et de la Ville de Paris, Brongniart dessinera les grands axes sous la forme, pour la première fois, d'un immense jardin à l'anglaise, aux allées accidentées, pourvues d'arbres et de plantes aux essences diverses et bordées de sépultures sculptées. Il projettera des monuments funéraires dont finalement aucun ne sera réalisé, à l'exception de la sépulture de la famille Greffuhle, au style néo-gothique épuré.
Le 21 mai 1804 (1er Prairial an XII), le cimetière fut officiellement ouvert par une première inhumation : celle d'une petite fille de cinq ans, Adélaïde Paillard de Villeneuve, fille d'un porte-sonnette du faubourg Saint-Antoine. Il était à l'origine destiné aux Parisiens de l'un des quatre arrondissements de la rive droite (les 5e, 6e, 7e et 8e de l'époque), en fosse commune ou en concession perpétuelle. Mais le cimetière n'eut pas la faveur des Parisiens, qui rechignaient à se faire enterrer sur des hauteurs, de plus hors de Paris, et dans un quartier réputé populaire et pauvre.
En 1804, le Père-Lachaise ne comptait que 13 tombes. L'année suivante, il n'y en avait que 44, puis 49 en 1806, 62 en 1807 et 833 en 1812. En 1817, pour redorer l'image du cimetière la mairie de Paris organise le transfert des dépouilles d'Héloïse et Abélard, ainsi que de Molière et La Fontaine. Il n'en fallait pas plus : en 1830, on décomptait 33 000 tombes. Le Père-Lachaise connut à cette époque cinq agrandissements : en 1824, 1829, 1832, 1842 et 1850. Ceux-ci lui ont permis de passer de 17 hectares 58 ares (175 800 m2) à 43 hectares 93 ares (439 300 m2) pour 70 000 tombes, 5 300 arbres, une centaine de chats, une volière d'oiseaux et deux millions de visites.
D'illustres sculpteurs et architectes feront de ce lieu un véritable musée dès le XIXe siècle : parmi eux, Guimard, Garnier, Visconti, Paillard ou Barris. La chapelle ainsi que le portail principal d'alors (boulevard de Ménilmontant) furent conçus par l'architecte néoclassique Étienne-Hippolyte Godde en 1823 et 1825. David d'Angers créa la plupart des monuments du « Quartier des Maréchaux d'Empire ».
Lors de la Commune de Paris, en mai 1871, le Père-Lachaise fut le théâtre d'une véritable guerre civile, en raison de sa localisation stratégique sur la colline. Les Fédérés installèrent leur artillerie en plein cœur du cimetière, mais furent rapidement encerclés par les Versaillais de Thiers d'un côté et les prussiens de l'autre. Les 147 survivants furent fusillés le 28 mai 1871 devant le mur qui prit ensuite le nom de mur des Fédérés, au sud du cimetière.
Ce n'est qu'à la fin du siècle, en 1894, que débutèrent les travaux du columbarium et du crématorium, conçus en 1886 par Jean Camille Formigé dans un style néo-byzantin. L'ensemble ne fut achevé qu'en 1908[2].
En 1895 le Monument aux morts d'Albert Bartholomé acheté par la Ville de Paris au salon du Petit-Champ-de-Mars en 1895 est installé au Cimetière du Père-Lachaise.
Célébrités enterrées
Article détaillé : Liste de personnalités enterrées au cimetière du Père-Lachaise.Célébrités incinérées
Article détaillé : Liste de personnalités incinérées au cimetière du Père-Lachaise.Monuments
Outre les tombes, le cimetière abrite des monuments dédiés à une personnalité ou à un groupe de personnes :
- Imre Nagy, premier secrétaire du Parti communiste de Hongrie en 1956 ; monument érigé par la Ligue hongroise des Droits de l'Homme en 1988, à l'occasion du 30e anniversaire de son exécution ;
- personnels municipaux de la Ville de Paris ;
- un énorme mausolée, dans lequel repose Adolphe Thiers, a été réalisé à côté de la chapelle.
- Une stèle fut érigée le 1er juin 2010 en hommage aux 228 victimes du vol 447 Air France.
Manifestations
Du fait des nombreuses personnalités enterrées là et de la charge symbolique du lieu, le cimetière du Père-Lachaise a été et est encore le lieu de manifestations et de commémorations, concernant en particulier la Commune de Paris. Ces commémorations sont principalement le fait des partis socialistes et communistes et des francs-maçons du Grand Orient de France[3].
Après la Seconde Guerre mondiale, s'y ajoutent les commémorations des victimes du nazisme, les monuments aux morts des camps de concentration et d'extermination se trouvant à proximité du mur des Fédérés.
Intérêts du Père-Lachaise
Le cimetière est très visité (de nombreux guides organisent des conférences sur le terrain), et une abondante bibliographie y est consacrée. On peut citer comme raisons :
- innombrables personnalités (dont Jim Morrison, particulièrement demandé) ;
- grand jardin pittoresque, ombragé, aux allées serpentant sur la colline, entrecoupées d'escaliers ;
- tombes artistiquement décorées, souvent par les plus grands sculpteurs ;
- tombes grandioses ;
- le mur des Fédérés.
De nombreuses tombes ont leurs fidèles, qui en assurent l'entretien.
Le cimetière dans la culture
Au cinéma
- 1980 : Au Bon Beurre (Téléfilm) d' Edouard Molinaro (cimetière dans lequel les Poissonard, profiteurs de guerre, acquièrent pour un million de francs, un prestigieux caveau)
- 1986 : Au Père-Lachaise, court métrage, réal. Pierre-Marie Goulet et Jean-Daniel Pollet
- 1991 : The Doors, de Oliver Stone (Tombe de Jim Morrison)
- 2002 : Les Tombales, court-métrage de Christophe Barratier
- 2006 : Paris, je t'aime, segment 20e arrondissement
Dans la littérature
- 1833 : Honoré de Balzac, Ferragus : description du cimetière
- 1869 : Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale : description du cimetière
- 1955 : Antoine Blondin, L'Humeur vagabonde : un jeune provincial, perdu dans ce « labyrinthe », dialogue avec un gardien du cimetière
- 1994 : Bernard Werber, Les Thanatonautes : le cimetière est le principal lieu de rendez-vous des deux protagonistes, Michael Pinson et Raoul Razorbak, au début de l'histoire.
Notes et références
- Notice no PA00086780, sur la base Mérimée, ministère de la Culture.
- Le premier crématorium de Paris », sur L'Histoire par l'image. Bernard Colomb, «
- Jean-Michel Quillardet, « En hommage aux martyrs de la Commune de Paris », communiqué de presse, Grand Orient de France, 1er mai 2007.
Bibliographie
- Domenico Gabrielli, Dictionnaire historique du cimetière du Père-Lachaise XVIIIème et XIXème siècles, Paris, éd. de l'Amateur, 2002, 334 p. (ISBN 2859173463) (OCLC 49647223)
- Pascal Payen-Appenzeller, ill. Jean-Claude Debeurme, Promenades hors sentiers au bois du Père-Lachaise : Arbres et souches tumulaires, Le piéton de Paris (Yvelinédition), 2005, 96 p. (ISBN 2-84668-045-0)
Voir aussi
Liens internes
- Liste de personnalités enterrées au cimetière du Père-Lachaise
- Liste de personnalités incinérées au cimetière du Père-Lachaise
- Mur des Fédérés
- Cimetière parisien
- Liste de cimetières du monde
- Cimetière et environnement
- Cimetière Saint-Véran à Avignon
Liens externes
- Cimetière du Père-Lachaise avec liste des personnalités inhumées (site de la Ville de Paris)
- Plan du cimetière du Père-Lachaise (site de la Ville de Paris)
- Visite virtuelle du cimetière du Père-Lachaise
- Les Amis et passionnés du Père-Lachaise - site encyclopédique
- Chronologie illustrée du Père-Lachaise, de 1804 à 2010
Ce site est desservi par les stations de métro Philippe Auguste, Gambetta et Père Lachaise.
Catégories :- Cimetière du Père-Lachaise
- Patrimoine du XIXe siècle
- Patrimoine du XXe siècle
- Monument historique du 20e arrondissement de Paris
- Monument historique classé en 1983
- Monument historique classé en 1990
- Monument historique classé en 1995
- Monument historique classé en 2008
- Monument historique inscrit en 1983
- Monument historique inscrit en 1995
Wikimedia Foundation. 2010.