- Château d'Asnières
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Château d'Asnières Période ou style rocaille Type Château Architecte Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne Début construction 1750 Fin construction 1752 Propriétaire initial Marc-René de Voyer d'Argenson (1722-1782) Destination initiale Maison de plaisance Propriétaire actuel Ville d'Asnières-sur-Seine Destination actuelle Hôtel de ville Protection Inscrit à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, le 3 mars 1941, classé en partie, le 9 juin 1971, et en totalité, le 18 juillet 1996. Coordonnées Pays France Région Île-de-France Département Hauts-de-Seine Commune française Asnières-sur-Seine Géolocalisation sur la carte : France
modifier Le château d’Asnières se situe dans la ville d’Asnières-sur-Seine dans les Hauts-de-Seine.
Sommaire
Histoire
Le château d'Asnières, joint aux écuries situées au bout du domaine, d'une capacité de 120 chevaux et dénommées "entrepôt général des haras d'Asnières", constituait au milieu du XVIIIe siècle, l'un des plus beaux domaines des environs de Paris.
Il témoigne des ambitions artistiques de Marc-René d'Argenson, marquis de Voyer, qui sut rassembler là parmi les meilleurs artistes et artisans de son temps: Mansart de Sagonne pour l'architecture, Nicolas Pineau pour les ornements, Guillaume II Coustou pour la sculpture, les Brunetti et Jean-Baptiste-Marie Pierre pour la peinture, Jacques Caffieri pour les bronzes dorés.
La galerie abritait l'une des plus belles collections de peintures flamandes et hollandaises du moment, assorties des meubles des plus grands ébénistes. Rappelons que le marquis convoitait alors la place du marquis de Marigny, directeur des Bâtiments, Arts et Manufactures du Roi, frère de madame de Pompadour. Il entendait aussi rivaliser avec les somptueuses demeures voisines du duc de Richelieu à Gennevilliers, du duc de Choiseul à Clichy, voire de son père, le comte d'Argenson à Neuilly, et de la marquise de Pompadour, ennemie de la famille, à Bellevue.
Acquis en janvier 1750 par le marquis d'Amy Pictet, banquier à Paris, procureur d'Isaac Thélusson, envoyé de la République de Genève et célèbre banquier suisse, pour 75 000 livres dont 15 000 pour le mobilier, le château devint peu à peu le cœur d'un vaste domaine. Il sera constitué jusqu'en 1756 par le procédé de l'emphytéose, fut-ce avec l'agrément forcé des habitants du village. Le marquis n'hésitera pas ainsi à annexer une partie de l'église pour se constituer une chapelle.
Devenu directeur des Haras du Roi en 1752, Voyer avait besoin de nouvelles terres pour ériger ce qui devait constituer le centre de son dispositif de réorganisation des haras: l'entrepôt général des haras d'Asnières, doté d'un splendide manège avec voûtes en pierre de taille. Là, les chevaux étaient dressés avant d'être répartis dans les différents haras du royaume.
L'entrepôt, construit par Mansart de Sagonne de 1752 à 1755 et situé au droit de l'actuel pont d'Asnières, était relié au château par une vaste allée bordée de part et d'autre d'une triple rangée d'arbres afin de marquer la magnificence du lieu. L'architecte avait exploité là un motif employé par son arrière-arrière-grand-oncle François Mansart à Maisons-Laffitte. Du côté du château, cette allée desservait une avant-cour menant à la cour principale. Au fond, était l'aile en retour du château détruite au début du XIXe siècle. En retour de cette aile, était le pavillon abritant le petit théâtre du château, également démoli. Derrière cette aile et celle sur jardin encore visible, se trouvait une arrière-cour faisant office de basse-cour qui ouvrait sur la place du village.
Le centre des ailes était marqué par un avant-corps, à pans coupés sur la cour, à pans convexes sur jardin. Ce dernier était coiffé du buste du Roi avec monogramme du marquis au-dessous afin de rappeler la vocation royale de ce domaine dévolu aux Haras. Certains courtisans viendront ainsi accroire que le château d'Asnières était une nouvelle résidence royale bâtie sous le nom du marquis. Elevé sur deux niveaux et coiffé d'une couverture "à l'Italienne" avec garde-corps continu, le château évoquait par son plan en Z, le Grand Trianon de Hardouin-Mansart, aïeul de Mansart de Sagonne.
Ce château fut à l'œuvre civile de Mansart de Sagonne ce que l'église Saint-Louis de Versailles fut à son œuvre religieuse.
Le logis actuel fut érigé à l'emplacement d'une première demeure de "plan massé" construite à la fin du XVIIe par Antoine Lemoyne, prêtre docteur en Sorbonne. Il avait appartenu sous la Régence à la célèbre comtesse de Parabère, maîtresse du Régent qui venait souvent la visiter là.
La notoriété du château d'Asnières s'accrut au XVIIIe avec la présence du collectionneur et graveur Charles-Henri Watelet, puis du fameux banquier génevois Thélusson, futur client de l'architecte Ledoux.
Le château sera cédé par le marquis de Voyer en 1769 et passera de main en main jusqu'à son acquisition par la ville d'Asnières au département des Hauts-de-Seine en 1991.
Il servit au milieu du XIXe de lieu de divertissements à la bourgeoisie parisienne, puis fut repris par des institutions religieuses, la dernière en date étant l'Institution Sainte-Agnès, qui quitta les lieux en 1976. Depuis cette date et jusqu'au début de sa restauration vingt ans plus tard, l'édifice fut l'objet de tous les vandalismes et des intempéries, au point qu'on craignit pour sa survie; il est heureusement aujourd'hui sauvé.
Les haras, quant à eux, passés dans le giron du Roi en 1764, demeureront en service jusqu'au démantèlement de l'administration des Haras sous la Révolution. Les bâtiments seront progressivement démolis entre 1812 et 1835 comme l'attestent les plans cadastraux de la ville.
Célèbre réalisation de Mansart de Sagonne et chef-d'œuvre de l'art Rocaille par la somptuosité de ses décors intérieurs - on peut voir ceux du salon central au château de Cliveden House à Taplow près de Londres (Angleterre) - Asnières vit aussi les premières armes du grand architecte néo-classique Charles De Wailly, auteur de l'Odéon à Paris: le marquis de Voyer confia en effet au retour d'Italie de l'architecte en 1754, la remise au goût du jour de sa salle à manger Rocaille réalisée par Pineau. De Wailly y adjoignit des pilastres de marbre et une corniche à l'antique, ornée d'une frise de putti sur fonds de mosaïque.
L'architecte devait témoigner davantage de ses talents de décorateur dans l'hôtel parisien du marquis dans les années 1760.
La fascination exercée par les beautés du château d'Asnières fut telle qu'il servit au XIXe siècle de modèle à l'hôtel particulier du diamantaire Jules Porgès, avenue Montaigne, en 1892 (détruit dans les années 1970), et à la résidence du magnat du charbon américain, Edward Julius Berwind, "The Elms", à Newport (États-Unis) au début du XXe siècle.
Influence
Le château d'Asnières a été imité à plusieurs reprises :
- Hôtel Porgès, 18 avenue Montaigne à Paris, construit en 1892 pour le diamantaire Jules Porgès par l'architecte Ernest Sanson (détruit) ;
- The Elms propriété du magnat du charbon Edward Julius Berwind à Newport (Rhode Island)[1] par l’architecte Horace Trumbauer, secondé par les Duveen pour la décoration, en 1901 ;
- on peut également relever des analogies entre le château d'Asnières et le château de l'Engarran dans l'Hérault, construit au XVIIIe siècle.
Anecdotes
- Le Brésilien de La Vie Parisienne de Jacques Offenbach demande qu'on le conduise au Château d'Asnières dans son Rondo du premier acte : « À moi, les nuits de Paris / Qu'on me mène au bal d'Asnières. »
- Le 7e tableau de Geneviève de Brabant (1867) de Jacques Offenbach se déroule dans l'imaginaire « château d’Asnières, chez Charles Martel » où ce dernier donne un bal sur les rythmes de « Amis, faisons vibrer sous ces dômes brillants / Nos chœurs les plus bruyants ! »
Notes
Bibliographie
- Philippe Cachau : "Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, dernier des Mansart (1711-1778)", thèse de doctorat d'histoire de l'art soutenue à Paris-I en 2004, t. II, p. 1161-1177 cf. http://philippecachau.e-monsite.com
- Nicole de Blomac : "Le cheval, moyen et mode de vie. L'œuvre du marquis de Voyer, militaire, philosophe et entrepreneur (1722-1782)", thèse d'histoire soutenue à l'École Pratique des Hautes Études en Sciences Sociales en avril 2002, sous la direction de Daniel Roche (2 tomes).
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