Geneviève de Brabant (opéra-bouffe)

Geneviève de Brabant (opéra-bouffe)
Geneviève de Brabant
Image décrite ci-après
Costumes de Pitou et Grabuge par Draner pour la deuxième version (1867)

Genre Opéra-bouffe
Nb. d'actes voir ci-dessous
Musique Jacques Offenbach
Livret Adolphe Jaime fils et Étienne Tréfeu (1859)
Hector Crémieux et Étienne Tréfeu (1867, 1875)
Langue
originale
Français
Dates de
composition
1859
Création 19 novembre 1859
Théâtre des Bouffes-Parisiens, Paris
Versions successives
  • Version de 1859 en 2 actes
  • Version de 1867 en 3 actes
  • Version de 1875 en 5 actes

Geneviève de Brabant est un opéra-bouffe en 2 actes et 7 tableaux de Jacques Offenbach, livret d'Adolphe Jaime fils et Étienne Tréfeu d'après la légende de Geneviève de Brabant, créé le 19 novembre 1859 au théâtre des Bouffes-Parisiens.

Il fut l'objet d'une nouvelle version en 3 actes et 9 tableaux, livret d'Hector Crémieux et d'Étienne Tréfeu, créée le 26 décembre 1867 au théâtre des Menus-Plaisirs avant de devenir un « opéra-bouffon-féerie » en 5 actes, livret d'Hector Crémieux et d'Étienne Tréfeu, créé le 25 février 1875 au théâtre de la Gaîté.

Sommaire

L'œuvre

Version en 2 actes (1859)

Dès septembre 1859, la presse annonce le nouveau « grand opéra-bouffe »[1] de Jacques Offenbach. Après le succès des 200 représentations dOrphée aux enfers en 1858, lattente du public est très grande.

La première Geneviève de Brabant, « opéra-bouffon », a lieu le samedi 26 novembre 1859 au théâtre des Bouffes-Parisiens devant une salle prestigieuse. Plusieurs numéros de la partition sont bissés le premier soir et Le Figaro note : « Cette musique a été généralement goûtée. Elle a la facilité et le premier jet des partitions ses aînées. ». Le livret, par contre, est globalement perçu comme faible et fortement modifié dès la seconde représentation[2].

Cette première version donne ses dernières représentations dès le mois de janvier 1860[3] sans rencontrer le succès attendu.

Version en 3 actes (1867)

En 1867, avec le succès de La Grande-Duchesse de Gérolstein et de La Vie parisienne, Offenbach est « lauteur le plus joué, le plus actif et le mieux traité par la fortune »[4]. Après la création de Robinson Crusoé à lOpéra-Comique le 24 novembre 1867, la nouvelle version de Geneviève de Brabant est créée le 27 décembre 1867 au théâtre des Menus-Plaisirs.

Les répétitions commencent dès novembre 1867[5], avec un livret fortement retouché par Hector Crémieuxqui remplace Adolphe Jaime filset par Étienne Tréfeu. Jacques Offenbach conserve les morceaux les plus appréciés comme les Couplets de la Poule, le Grand Finale du Départ en Palestine ou le Quatuor de Chasse. Des numéros existants sont réutilisés pour dautres interprètes, ainsi les couplets dArthur « Ô ma, ma, maman » deviennent un Trio au deuxième acte. Il compose aussi de nouveaux numéros comme les Couplets des deux Hommes darmes, qui lors de la première « ont enlevé les spectateurs » note Hippolyte de Villemessant[6].

Les décors, confiés à Fromont et Capelli, et les costumes de Stop, Bertall et Châtinière[7] sont remarqués.

Linterprétation est globalement appréciée, et particulièrement Zulma Bouffar dans le rôle de Drogan. Henri Moreno écrit dans le Ménestrel : « Cest aujourdhui la reine du genre ; elle porte le travesti à ravir et chante tout avec une décence, une distinction que rehausse un vrai talent de musicienne. À elle seule, Zulma Bouffar, accompagnée des deux gendarmes, déciderait du succès. »[8].

Les deux Hommes darmes, « Grabuge et Pitou sont représentés de la façon la plus amusante par deux acteurs inconnus à Paris, MM. Ginet et Gabel »[9], doivent certains soirs trisser leurs couplets[10]. Les éditions Heugel choisiront d'ailleurs ces deux personnages pour la couverture de la partition qui est publiée en février 1868[3].

Lœuvre devient un succès et se donne 126 fois à Paris jusquau 1er mai 1868, date de fermeture annuelle du théâtre des Menus-Plaisirs[11]. La troupe part alors présenter Geneviève de Brabant en tournée.

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Version en 5 actes (1875)

En 1875, alors quil est Directeur du théâtre de la Gaîté, Offenbach décide de monter une nouvelle version de Geneviève de Brabant. Lopéra-bouffe devient un opéra-féerie en 5 actes et 14 tableaux.

Le théâtre de la Gaîté fait relâche durant 10 jours pour les répétitions. Dès le 15 février 1875, Le Figaro dévoile lampleur du projet : 3 ballets, 2 défilés, 48 nouveaux morceaux composés par Offenbach, 1 200 costumes dessinés par Stop et Alfred Grévin, et jusquà 500 personnes sur scène [12]!

La première est donnée le 25 février 1875. Les éléments du conte ne sont conservés que comme « des prétextes à digressions dramatiques dont sempare tour à tour lart du musicien, du costumier, du maître de ballets, du décorateur et du metteur en scène ». Les quatre nouveaux morceaux composés pour Thérésatour à tour : nourrice nommée Biscotte, gouvernante, sorcière du ravin et Armide – « ont beaucoup de succès ». La déjà célèbre chanson militaire de Pitou et Grabuge est trissée le soir de la première[13]. Même si LIllustration décrit lopéra-féerie comme un « beau spectacle à bâton rompus dont la musique est lâme. », cest la richesse des décors, la profusion des costumes, le réglage des ballets et loriginalité des défilés qui créent son succès. Le Gaulois note dailleurs que « lapothéose vient dAngleterre »[14], il sagit du décor du 5e acte dessiné par « MM. Greeve and son » avec « sa nef aérienne et ses vols danges aux ailes dargent »[15].

Dès la deuxième représentation des coupes sont effectuées permettant de réduire la durée de lœuvre[16]. Les recettes passent de 3 449 francs pour la première, à 5 112 francs pour la deuxième et à 9 329 francs pour la quatrième[17]. Le 8 mars 1875, Offenbach fait annoncer quil offre le dimanche 21 mars « une représentation de Geneviève de Brabantgratuiteen faveur des Protes et Ouvriers typographes de tous les journaux de Paris. » [18]

Le 18 mars 1875, le théâtre Déjazet présente une Geneviève de Brébant [sic], folie-vaudeville en 3 actes et 9 tableaux dEugène Grangé et Henri Buguetutilisant des airs dOffenbach « qui entretiennent dans la salle une bonne humeur sans fin »[19]. Jacques Offenbach assiste au 1er acte de la première représentation.

Geneviève de Brabant est présentée 105 fois, dont 4 matinées supplémentaires, au théâtre de la Gaîté jusquau 5 juin 1875.

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Les créateurs

Rôles Version de 1859 [20] Version de 1867 [21] Version de 1875 [22]
Sifroid (1859) /

Sifroy (1867, 1875)

Léonce Gourdon Habay
Golo Désiré Daniel Bac Christian
Vanderprout - Le Riche Grivot
Charles Martel Guyot Le Sage Legrenay
Almanzor Duvernoy - -
Le jeune Arthur Bonnet - -
Grabuge - Ginet Scipion
Pitou - Gabel Gabel
Narcisse Desmonts Lignel Montaubry
Premier savant Jean-Paul - -
Deuxième savant Tautin - -
Péterpip - Leroy Jean-Paul
Saladin - Destroges -
Don Quichotte - Perron -
Renaud de Montauban - Gustave -
Lermite du Ravin - Deschamps Thérésa
Stockfish - - Colleuille
Raoul - - Meyronnet
Don Juan - - Gaspard
Almaviva - - Henry
Hercule - - Chevalier
Othello - - Gally
Barbe-Bleue - - Victor
Roméo - - Mallet
Hector - - Alexandre fils
Hogier - - Paulin
Arnold - - Barsagol
Mathieu Laensberg Tautin - -
Gratioso (1859) /

Drogan (1867, 1875)

Zulma Bouffar Matz-Ferrare
Le chevalier noir - -
Isoline (1859, 1867) /

Biscotte (1875)

Vallière Thérésa
La bohémienne - -
Geneviève Mareshal Baudier B. Perret
Églantine (1859) /

Brigitte (1867, 1875)

Chabert De Brigni-Varnet Angèle
Ugolin - -
Lahire Cico - (M.) Henry
Clé de sol - -
Blondette Rose-Deschamps - -
Lancelot Léone - (M.) Jules Vizentini
Irma Naldy - -
Silvia Lasserre - -
Edwige Taffanel - -
Premier page Kid - -
Deuxième page Jeanne - -
Gilda Fassio - -
Marthe Lécuyer - -
Christine - Collas E. Gilbert
Barberine - -
Gudule - Gourdon Maury
Grudelinde - -
Faroline - Colombe Julia H.
Irénée - -
Houblonne - Rose Bruyère Durieu
Griselis - -
Dorothée - Louisa Baudu
Yolande - Yriart
Gretchen, Rodogune - A. Rolland -
Rosemonde - Guyas -
Armide - Jacobus Thérésa
Bradamante - Antoinette -
Dulcinée - Lalouvière -
Bibiane - - Castello
Fideline - - Davenay
Margotte - - Godin
Charlotte - - Albouy
Maguelonne - - Gobert
Ursule - - Vernet
Régine - - Moralès
Nanny - - Capet
Agathe - - Roques

Arguments

Version de 1859

Acte I

Premier tableauLe philtre. Le savant Mathieu Lansberg a inventé un élixir de donner un enfant au margrave Sifroid et à sa femme Geneviève. En effet, la loi exige que le souverain ait un héritier durant les deux premières années de son règne, faute de quoi sa charge lui est retirée. Golo, le serviteur de Sifroid, déclare à Almanzor, son confident sourd-muet, que cest lui-même qui abruti Sifroid pour pouvoir prendre sa place. Après avoir bu lélixir, Sifroid réapparaît « plein de feu, lhumeur gaillarde ».

Deuxième tableauLes jardins du palais. Geneviève, se plaint de son mari et regrette Reynold. Sifroid arrive près de sa femme, mais leur instant dintimité est troublé par Golo qui apparaît, en apportant une lettre de Charles Martel. Tout en parlant Golo répand de la poudre « sternutatoire » qui a pour effet décourter définitivement lentrevue amoureuse.

Troisième tableauLa chambre à coucher de Sifroid. Alors que Sifroid dort paisiblement, Charles Martel arrive pour emmener le duc en Palestine. Avant de partir, Sifroid confie le pouvoir à Golo, et répudie sa femme parce quelle « éternue à tous les instants / Que lamour lui réclame » ! Apparaît le Chevalier noir qui, pour venger Geneviève, se bat contre Golole nouveau souverain. Pendant le combat, « le Chevalier effleure la peau de Golo et se démasque » : cest Isoline, la propre femme de Golo.

Quatrième tableauLa gare du chemin de fer du Nord de ce temps-. Charles Martel, Sifroid et lensemble des guerriers partent pour la Palestine.

Acte II

Cinquième tableauUne caverne. Depuis trois mois, Geneviève, répudiée, vit seule, avec une biche, au milieu de la forêt. Elle rencontre Isoline, qui vit désormais prisonnière de son mari Golo, dans une caverne avec le jeune Arthur quelle fait passer pour son fils. Golo déclare son amour à Geneviève, celle-ci le repousse. Il ordonne alors à Almanzor de la tuer. Au lieu de lexécuter, Almanzor dévoile sa véritable identité : il est Reynold, celui qui la défend « depuis le jour [elle] fut forcée par [son] père dépouser Sifroid ». Le Brabant devant avoir un héritier, Isoline « surloue » le jeune Arthur à Geneviève !

Sixième tableauLa galerie de tableaux de Golo. Au milieu des « portraits de [ses] dernières victimes » et des « portraits de [ses] victimes futures », Golo se délecte de sa conversation et de ses rêves « avec [ses] petits cadavres… ». Arrive Sifroid dont le voyage sest terminé à Poissy chez le cousin de Charles Martel « le duc de Bourgogne, qui demeure en Picardie ». Reynold et Isoline préparent leurs revanches dans un « divertissement splendide ».

Septième tableauLe royaume de la Complainte. Clé de Sol accueille Le Juif errant, Compère Guilleri, Madame Denis, La Pipe de tabac, Je tembrouille, le Maréchal de Saxe, Le Rosier, Le Roi dYvetot, Cadet-Roussel, des Folies, une reine de Bohême, La Vivandière, M. de la Palisse, Fanfan-la-TulipeAlors que « le délire est à son comble » Almanzor désigne Golo comme le commanditaire des exécutions. Sifroid veut reprendre son trône mais celui-ci est désormais à Geneviève puisquelle a un fils et que Sifroid la répudiée. Pour avoir répudié et voulu exécuter leurs femmes, Golo et Sifroid sont condamnés à jouer de lorgue et de la vielle.

Version de 1867

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Acte I

Premier tableauLa place principale de la ville de Curaçao. De retour de pèlerinage, le duc Sifroy, rentre acclamé dans sa ville de Curaçao. Les notables, et particulièrement Vanderprout le bourgmestre, sinquiètent de labsence dhéritier alors que le duc est marié depuis un an avec Geneviève de Brabant. En effet la loi exige un enfant dans les deux premières années de règne, faute de quoi, le souverain perd sa place et son pouvoir. Heureusement un pâtissier, Drogan, propose un pâté magique qui devrait permettre au couple davoir un descendant. En réalité, Drogan na proposé ce remède « pas sorcier du tout » que pour être page de Madame Geneviève dont il est secrètement amoureux. Il lui chante dailleurs chaque jour une sérénade sous ses fenêtres. Golo, le conseiller du duc, est fort troublé par ce remède puisque cest lui qui entretient Sifroy « dans un doux état dabrutissement » en faisant passer les devoirs de lÉtat avant les devoirs conjugaux, dans le but de devenir le souverain du Brabant. Après avoir goûté le pâté, Sifroy, revient du festin visiblement « plein de feu, lœil émerillonné, lhumeur gaillarde ».

Deuxième tableauLe boudoir de Geneviève. Alors que Drogan, nommé page de Madame Geneviève, vient prendre sa fonction, Sifroy arrive tout émoustillé auprès de sa bien-aimée. Bien décidé à être seul avec sa femme, il renvoie sa cour. Golo essaie à nouveau dempêcher tout moment dintimité mais il se fait vigoureusement renvoyer. Malheureusement, Sifroy doit se rendre à lévidence, les frissons qui lui parcourent le corps ne sont pas de « doux frissons » : il a une indigestion ! Il quitte alors Geneviève pour sa chambre. Golo qui surveille le couple, aperçoit Drogan à proximité de la porte des appartements de la duchesse

Troisième tableauLa chambre à coucher de Sifroy. Au fond de son lit, Sifroy tente de se remettre de son indigestion quand Golo apparaît lui annonçant que sa femme le trompe avec DroganGolo avoue en aparté : « ce nest peut être pas vrai, mais je veux la perdre ». Sifroy ordonne à Golo de les exécuter tous les deux. À cet instant, cest Charles Martel, qui arrive à la cour pour emmener le duc en Palestine, « à la démolition des Sarrasins ». Avant de prendre le « train de huit heures cinq », Sifroy répudie sa femme et confie ladministration de son duché à Golo.

Quatrième tableauLa gare du chemin de fer du Nord de ce temps-. Charles Martel, Sifroy et lensemble des chevaliers partent en train.

Acte II

Cinquième tableauUn ravin dans la forêt. Cinq mois plus tard, Geneviève, Brigitte sa suivante, et Drogan, errent dans une forêt poursuivies par Golo et ses hommes darmes. Golo a fait annoncé par dépêche la mort du Duc en Palestine. Pour sassurer de cela, il va consulter lermite du ravin qui lui annonce que « le duc est au château dAsnières !… Chez Charles Martel » et le lui prouve par une vision :

Sixième tableauVision d'une salle de festin, puis un ravin dans la forêt. « Au milieu de femmes richement vêtues, sont assis des seigneurs, parmi lesquels est Sifroy ». Furieux, Golo, marié avec une femme quil a abandonnée, décide de prendre le duché en épousant Geneviève. Trahie par un éternuement, il la retrouve enfin et lui ordonne de lépouser. Sur son refus, il la confie à ses hommes darmes pour une exécution sommaire. Drogan leur apparaît alors sous le costume de lermite. Ils relâchent Geneviève, apeurés par cette vision qui leur déclare que « le complice est aussi criminel que le coupableet plus coupable que le criminel !… » eux qui persécutent « une jeunesse innocente ! ». Drogan promet à Geneviève quil ramènera le duc Sifroy à Curaçao.

Septième tableauChez Charles Martel à Asnières. Grande fête au Château dAsnières que la croisade n'a jamais quitté ! Sifroy séprend dune dénommée Isoline. Arrive Drogan apportant « la fatale et heureuse nouvelle » de la mort de Geneviève. Sifroy décide de partir pour son duché avec lensemble des invités pour leur « rendre un souper de garçon » et « retrouver celui qui a si bien exécuter [ses] ordres, [son] fidèle Golo. » Par cette réplique Isoline retrouve son mari, Golo, qui la abandonnée « après avoir mangé [sa] dot, naturellement. »

Acte III

Huitième tableauUn plateau dominant une forêt. Geneviève et Brigitte, toujours traquées par Golo, se cachent en compagnie dune biche quelles ont apprivoisée. Vanderprout et Péterpip sur la trace des fugitifs, chassent et se mettent à laffût. Sifroy et Charles Martel, le visage couvert dun « maquillage guerrier » arrivent et leur demandent le chemin de Curaçao. Ne les reconnaissant pas, et les prenant pour des vagabonds, ils les confient aux hommes darmes pour les mener « au poste ». Geneviève apparaît et reconnaît son mari. Drogan affirme à Sifroy que « madame Geneviève est innocente et pure » et Vanderprout lui apprend qu« à deux heures trois quarts pour la demie, linfâme Golo doit ceindre définitivement la toque qu’[il] lui a confié… ». Ils se précipitent à Curaçao.

Neuvième tableauLa grande salle du palais de Sifroy. Alors que la cérémonie commence, les victimes de Golo font irruption et dévoilent ses agissements : Drogan, puis Geneviève et Brigitte, les hommes darmes, et enfin Isoline son épouse. Sifroy ordonne à Golo de reprendre sa femme et demande à Isoline dêtre « linstrument de son supplice… ». La foule acclame Geneviève de Brabant « De son triomphe enfin se lève le jour heureux, trois fois heureux. Vive Geneviève ! ».

Version de 1875

Acte I

La place principale de la ville de Curaçao en Brabant. De retour de pèlerinage, le duc Sifroy, rentre acclamé dans sa ville de Curaçao. Les notables, et particulièrement Vanderprout le bourgmestre, sinquiètent de labsence dhéritier alors que le duc est marié depuis un an avec Geneviève de Brabant. En effet la loi exige un enfant dans les deux premières années de règne, faute de quoi, le souverain perd sa place et son pouvoir. La nourrice flamande Biscotte propose à Vanderprout dessayer le « pâté présomptif » du jeune pâtissier Drogan, son filleul. Pour les remercier, Biscotte demande à être la « nounou du premier » tandis que Drogan devient « page de madame Geneviève » dont il est secrètement amoureux. Il lui chante dailleurs chaque jour une sérénade sous ses fenêtres. Golo, le conseiller du duc, est fort troublé par ce remède puisque cest lui qui entretient Sifroy « dans un doux état dabrutissement » en faisant passer les devoirs de lÉtat avant les devoirs conjugaux, dans le but de devenir le souverain du Brabant. Après avoir goûté le pâté, Sifroy, revient du festin visiblement « lair gaillard ». Il remercie Biscotte qui, pour fêter la Saint-Poupard, a amené « tout ce quil y avait de nourrice en disponibilité ». Elle organise un défiléBallet de nounous et de bébés.

Acte II

Premier tableauLe boudoir de madame Geneviève. Alors que Drogan, nommé page de Madame Geneviève, vient prendre sa fonction, Sifroy arrive tout émoustillé auprès de sa bien-aimée. Bien décidé à être seul avec sa femme, il renvoie sa cour. Golo essaie à nouveau dempêcher tout moment dintimité mais il se fait vigoureusement renvoyer. Malheureusement, Sifroy doit se rendre à lévidence, les frissons qui lui parcourent le corps ne sont pas de « doux frissons » : il a une indigestion ! Il quitte alors Geneviève pour sa chambre. Golo qui surveille le couple, aperçoit Drogan qui va vers la porte des appartements de la duchesse puis fait demi-tour. Il fait appeler Sifroy et lui annonce que sa femme le trompe avec Drogan. Sifroy ordonne à Golo de les exécuter tous les deux. À cet instant, cest Charles Martel, qui arrive à la cour pour emmener le duc en Palestine, « à la démolition des Sarrasins ». Pour partir, Charles Martel a « réuni tous les moyens de locomotion passés, présents et à venir ». Sifroy répudie sa femme et confie ladministration de son duché à Golo.

Deuxième tableauLa grande place pavoisée. Charles Martel, Sifroy et Narcisse quitte Curaçao au milieu du « grand défilé de tous les moyens de locomotion, depuis larche de Noé jusquaux moyens de transport de nos jours. »

Acte III

Un ravin dans une forêt. Cinq mois plus tard, Geneviève, Brigitte sa suivante, et Drogan, errent dans une forêt poursuivies par Golo et ses hommes darmes. Golo a fait annoncer par dépêche la mort du Duc en Palestine. Pour sassurer de cela, il va consulter la bonne sorcière qui nest autre que Biscotte. Celle-ci lui annonce que « le duc est en furie dans les jardins de la belle Armide » et le lui prouve par une lettre de Narcisse. A sa demande, la sorcière fournit à Golo un moyen de se « transporter immédiatement dans les jardins dArmide. » Avant de partir, Golo retrouve Geneviève qui s'est trahie par un éternuement. Il lui ordonne de lépouser. Sur son refus, il la confie à ses hommes darmes pour une exécution sommaire. Biscotte leur apparaît alors sous le costume de la sorcière. Ils relâchent Geneviève, apeurés par cette vision qui leur déclare que « le complice est aussi criminel que le coupableet plus coupable que le coupable » eux qui persécutent « une jeunesse innocente ! ». Drogan quitte Geneviève en lui promettant de lui ramener le duc Sifroy.

Acte IV

Le palais des diamants. Grande fête dans les jardins dArmide se trouvent, costumés et incognito, Biscotte, Golo, Sifroy, Charles Martel et Narcisse. Les invités sont « les couples célèbres de lhistoire » qui défilentGrande mosaïque musicale. Arrive Drogan apportant « la fatale et heureuse nouvelle » de la mort de Geneviève. Sifroy décide de partir pour son duché avec lensemble des invités pour leur rendre « un souper de garçon à Curaçao ».

Acte V

Une grotte. Geneviève et Brigitte, toujours traquées par Golo, se cachent en compagnie dune biche quelles ont apprivoisée. Vanderprout et les échevins se rassemblent , « aux portes de la ville » « est le rendez-vous de la conspiration » pour préparer le couronnement de Golo. La sorcière du ravin, Biscotte, leur annonce que Geneviève nest pas morte et que Vanderprout doit la couronner. Alors quil revient vers Curaçao pour son propre couronnement, Biscotte arrête Golo et lui révèle quelle est sa femme, celle quil a abandonnée après un an de mariage, « celle que lon nomme la vengeance ! celle quon appelle Némésis !… » Elle lui déclare : « Je suis la nourrice ambulante !!… Je suis Armide lenchanteresse !!… Je suis la sorcière du ravin !! Je suis Biscotte Golo, ta femme ! ». Biscotte « promet bien de lagrément » à son mari retrouvé. Devant « le temple de la vertu récompensée », la foule acclame Geneviève de Brabant « De son triomphe enfin se lève le jour heureux, trois fois heureux ».

Numéros musicaux

Version de 1867

Numéro d'opus Titre Distribution
Ouverture
Acte I
N° 1 Chœur d'introduction et couplets du Bourgmestre « Flamands de tous pays » Christine, Vanderprout, chœur
N° 1 bis Sortie « Nous n'avons pas donné de bal » Vanderprout, chœur
N° 2 Récit et rondo du pâté « Salut ! noble assemblée ! » Drogan, chœur
N° 3 Marche des pâtissiers
N° 3 Sérénade du page « En passant sous la fenêtre » Drogan, Geneviève
N° 4 Chœur des Curaçoïens« Curaçoïens, que la victoire couronne » Chœur
N° 4 bis Petite marche curaçoïenne
N° 5 Couplets de la poule « Une poule sur un mur » Sifroy, chœur
N° 6 Chœur des demoiselles d'honneur « Travaillons comme des fées » Christine, Gudule, Dorothée, Gretchen, chœur
N° 7 Couplets de la toilette « Cet habit- ne lui va point » Brigitte, Christine, Drogan, chœur
N° 7 bis [Récit et] Chanson du page « Grâce à vous, mesdemoiselles » Drogan
N° 7 bis Sortie des demoiselles d'honneur « Beau chérubin, regardez nous » Chœur
N° 8 Trio de la main et de la barbe « Ah ! madame, vous qui brillez » Drogan, Brigitte, Geneviève
N° 8 bis Couplets « Est-ce une nouvelle vie » Sifroy
N° 9 Couplets du pâté « Ah ! de mon cœur un trouble s'empare » Sifroy
N° 9 bis Mélodrame
N° 10 [Entr'acte et] Couplets du thé « Je ne connais rien au monde » Sifroy
N° 11 Boléro de Charles Martel « J'arrive armé de pied en cap » Charles Martel, Sifroy, Narcisse, 2 hommes d'armes
N° 12 Finale du 3e tableau « Ciel ! qu'ai-je appris ! » Geneviève, Sifroy, Golo, Charles Martel, Brigitte, chœur
N° 12 bis Grand finale du départ pour la Palestine « Le clairon qui sonne » Sifroy, Golo, Charles Martel, Brigitte, Christine, Dorothée, Gudule, Houblonne, Faroline, Gretchen, Chœur
Entr'acte
Acte II
N° 13 Terzetto [de l'orage] « Fuyons, fuyons l'orage » Geneviève, Brigitte, Drogan
N° 14 Couplets des deux hommes d'armes « Protéger le repos des villes » Grabuge, Pitou
N° 14 bis Mélodrame
N° 15 Chanson de l'ermite « Je suis l'ermite du ravin » L'Ermite
N° 15 bis Mélodrame
N° 15 ter « Je suis l'ermite du ravin » L'Ermite
N° 16 Trio et quartetto « Allons, madame, il faut mourir » Geneviève, Pitou, Grabuge
N° 16 bis Mélodrame Grabuge, Pitou
N° 17 Chœur et chanson des cocodettes « Chantez, chantez, cocodettes » Armide, Rosemonde, Bradamante, Dulcinée, Sifroy, Narcisse, Don Quichotte, Saladin, Charles Martel, Renaud, les trois fils Amyon
N° 18 Ronde des infidèles « Pour combattre les infidèles » Charles Martel, Sifroy, Isoline, chœur
N° 19 Tyrolienne « Le jour point » 3 tyroliens : 2 sopranos, 1 basse
N° 20 Ballet
N° 21 Farandole « Place pour la farandole » Armide, Isoline, Rosemonde, Bradamante, Dulcinée, Irenée, Griselis, Rodogune, Grudelinde, Barberine, Sifroy, Narcisse, Don Quichotte, Saladin, Renaud de Montauban, Charles Martel, Trois fils Amyon, 3 tyroliens, chœur
N° 22 Couplets de la mèche « Geneviève était blonde » Drogan
N° 22 bis Finale « Amis, faisons vibrer sous ces dômes brillants » Chœur
Entr'acte
Acte III
N° 23 Couplets de la biche « Quand on possède une biche » Geneviève
N° 24 Quatuor de chasse « Partons en chasse » Drogan, 3 pages
N° 24 bis Musique de scène
N° 25 Couplets du retour de la Palestine « Je viens de la Turquie » Sifroy
N° 25 bis Petite marche des hommes d'armes
N° 26 Musique de scène Chœur
N° 27 Complainte de Golo « Golo, monstre plein de crime » Drogan, Geneviève, Brigitte, Grabuge, Pitou, Isoline, chœur

Version de 1875

Une partition piano-chant, contenant quelques morceaux ajoutées pour cette version, a été éditée.

Numéro d'opus Titre Distribution
N° ? Rondo de Narcisse « Nous savons tous qu'à la naissance » Narcisse, chœur
N° 1 quater Chanson de la nourrice ambulante « La voilà, la Flamande » Biscotte, chœur
N° 5 bis Nounous et bébés, ballet comique
N° 13 Chanson de la fileuse « Jeunesse aimable et charmante » Biscotte
N° 16 Couplets des reproches « Je n'sais pas quell' mouch' vous chagrine » La Nourrice, chœur
N° 19 Lettre de Narcisse pacha « Nous sommes en Syrie » Biscotte
N° 24 Chanson à boire « Buvons, seigneurs et nobles dames » Biscotte, chœur
N° 26 Les Enchanteresses, ballet du 4e acte
1 - Introduction
2 - Bamboula
3 - Sarrasins et Croisés, tyrolienne orientale – « Ménestrels et jongleurs » (chœur)
4 - La Rose et les Argonautes
5 - Adage
5 (suite) - Variations
6 - Galop final – « Amis, faisons vibrer sous ces dômes brillants » (chœur)

Adaptations

  • Les Couplets des deux hommes d'armes, créés pour la version de 1867 et situés au 5e tableau de l'acte II, ont été repris pour devenir The Halls of Montezuma, l'hymne officiel de l'US Marine Corps[3].
  • Avant cela, en 1868, Offenbach citera ces couplets dans le numéro 17 du Château à Toto en remplaçant le texte par «  C'est un tricorn’… Ça représentlautorité. ».

Discographie

Un seul enregistrement, à peu près complet, est disponible dans le commerce :

  • 1956 : Marcel Carviven (dir.), Denise Duval, Jean Giraudeau, Robert MassardINA Mémoire vive, 2008. Cet enregistrement ne contient ni l'ouverture, ni les entr'actes et quelques numéros sont réduits. Le rôle de Drogan est interprété par le ténor Michel Hamel alors que ce rôle a été écrit pour une voix féminine.

On trouve des extraits de Geneviève de Brabant sur les enregistrements :

  • Anthologie OffenbachForlane 2000 (Couplets des deux hommes d'armes)
  • Entre nous : Celebrating OffenbachDavid ParryOpera Music 2007 (Rondo du pâté)

Liens externes

Notes et références

  1. Le Figaro, 6e année, N° 4753 septembre 1859.
  2. Le Figaro, 6e année, N° 49927 novembre 1859.
  3. a, b et c Jean-Claude Yon,Jacques Offenbach, Gallimard, 2000.
  4. Le Figaro, 15e année, 3e sérieNos 2-32-3 janvier 1868.
  5. Le Figaro, 14e année, 3e sérieN° 17821 novembre 1867.
  6. Le Figaro, 14e année, 3e sérieN° 21628 décembre 1867.
  7. Le Figaro, 14e année, 3e sérieN° 1924 décembre 1867.
  8. Le Ménestrel, N° 1109 du 29 décembre 1867 in Jean-Claude Yon, op. cit..
  9. Le Figaro, 14e année, 3e sérieN° 21729 décembre 1867
  10. Le Figaro, 15e année, 3e sérieN° 2929 janvier 1868
  11. Le Figaro, 15e année, 3e sérieN° 1221er mai 1868
  12. Le Figaro, 22e année, N°4615 février 1875.
  13. Le Figaro, 22e année, N° 5827 février 1875
  14. Le Gaulois, N° 232627 février 1875.
  15. LIllustration, N° 16716 mars 1875.
  16. Le Figaro, 22e année, N° 5928 février 1875.
  17. Le Figaro, 22e année, N° 601er mars 1875
  18. Le Figaro, 22e année, N° 689 mars 1875.
  19. Le Figaro, 22e année, N° 7920 mars 1875
  20. Geneviève de Brabant, Au Ménestrel - Heugel, 1859
  21. Geneviève de Brabant, Calmann Lévy, 1882
  22. Geneviève de Brabant, Michel Lévy Frères

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