Chapelle de Pritz

Chapelle de Pritz
Chapelle de Pritz
Chapelle Notre-Dame de Pritz
Chapelle de Pritz (Mayenne) : vue d'ensemble côté nord
Présentation
Culte Catholique romain
Type Chapelle
Début de la construction XIe siècle
Style(s) dominant(s) Roman
Protection  Classé MH (1938)[1]
Géographie
Pays France
Région Pays de la Loire
Département Mayenne
Ville Laval
Coordonnées 48° 05′ 17″ N 0° 46′ 37″ W / 48.08806, -0.77680648° 05′ 17″ Nord
       0° 46′ 37″ Ouest
/ 48.08806, -0.776806
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Chapelle de Pritz

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Chapelle de Pritz

La Chapelle de Pritz ou Chapelle de Priz [2], située à Laval est une chapelle romane qui date du XIe siècle.

Elle comporte trois statues tombales du XIIIe siècle, des sculptures en bois de la Renaissance (La Passion), des tableaux sur l'arc triomphal de la voûte et un calendrier du XIIIe siècle. Cette chapelle est située à Laval, à 1 500 m sur le route de Changé. Pritz est aussi (d'abord) le nom d'un ruisseau affluent de la Mayenne long de 3 760 m.

Sommaire

Désignation

Histoire

Il n'est pas douteux que Priz ne soit le monastère désigné sous le nom de Priscum Siccinum, situé dans le voisinage de Châlons, de Saint-Jean-sur-Mayenne, et qui fut attribué à un évêque nommé Béraire, dont on ne connait pas le siège, avec d'autres biens ecclésiastiques.

L'abbé Foucher avait bien distingué les deux monastères désignés par Prisco Siccino, attribuant le premier à Priz ; mais il fixait le second à Doucé, alors qu'il doit l'être à Sezain.

On a généralement compris le passage du testament de Béraire où il est question de ce monastère en ce sens qu'il en disposait en faveur de son couvent de Châlons. M. Havet propose avec plus de vraisemblance d'excepter au contraire de ses legs les établissements qu'il tenait de l'Église du Mans. Ces dispositions de Béraire sont datées du 21 février 710. Il reste dans la chapelle de Priz des parties qui peuvent dater de cette époque.

Entre le VIIIe siècle et le XIe siècle, il n'est plus fait mention de Priz. L'auteur des Actus pontificum Cenomannis, qui écrivait vers 830, ne cite jamais cette église, alors qu'il semble prendre à tâche d'attribuer à l'un ou à l'autre des premiers évêques du Mans la fondation des églises paroissiales dont il avait connaissance. La ville de Laval ayant été fondée au commencement du XIe siècle, fut pourtant dès l'origine, attachée à l'église de Priz, preuve que celle-ci était constituée en titre paroissial.

Chapelle de Pritz (Mayenne) : mur gouttereau nord de la nef

Des parties de l'édifice datent aussi de l'époque intermédiaire entre le VIIIe siècle et le XIe siècle. Le service religieux n'y avait donc pas discontinué. Les bénédictins de la Couture y furent appelés, constituèrent un prieuré et donnèrent à un chapelain le soin et l'administration paroissiale, comme ils le firent pour la ville nouvelle et pour Grenoux. En 1150, le cimetière de Priz était encore le seul où pouvaient se faire enterrer, pour un honoraire de 13 deniers, les habitants de Laval, indubitablement reconnus comme paroissiens de Notre-Dame de Priz.

Le développement de la ville rendant cette situation impossible, le prieuré seul subsista en fait, mais l'église fut toujours fréquentée. On la décora de peintures dont il reste douze tableaux, sous l'arcade du transept, un zodiaque curieux ; des personnages considérables y eurent leur sépulture, comme André Merienne[18], bienfaiteur du lieu, dont la statue et l'inscription funéraire sont conservées.

Au mois d'octobre 1478, la dame de Poligné, avec une nombreuse suite à cheval, s'y rendit, passant la rivière au port de Botz, et trouva à l'église les religieux cordeliers, venus pour chanter à son intention un office solennel. Beaucoup de paroissiens eurent de tous temps la dévotion de faire bénir leur mariage à Notre-Dame de Priz. Même après la chute en commende du prieuré, le sanctuaire resta toujours l'objet de la vénération des Lavallois.

Au mois de mai 1791, les marguilliers de la Trinité de Laval et les officiers municipaux s'opposèrent à la vente de la chapelle qui ne fut adjugée que le 12 germinal an II à Julien Dupré pour 1 805 livres. On y remarque deux autels, à baldaquins du XVe siècle, une clôture à jour du XVIe siècle, séparant le chœur de la nef, supportant le Crucifix, la Vierge et Saint-Jean (statues en bois du XVe siècle), comme les jubés d'un usage plus ancien.

Jules-Marie Richard attribue à Michel Lemesle, le retable du maître-autel, avec de grandes probabilités, car les statues de Saint-Pierre et de Saint-Paul sont signées de lui[19].

La Charité de Priz

Une confrérie dite l'Aumônerie ou la Charité de Priz existait dès le commencement du XIVe siècle au plus tard et ne s'est éteinte au milieu du XVIe siècle que pour porter ses revenus à l'hôpital Saint-Julien. L'institution charitable désignée sous ce nom a été pendant plusieurs siècles une des plus originales du pays de Laval. Elle consistait essentiellement dans une distribution de pains et de deniers qui se faisait tous les ans dans le cimetière de Priz, le jour de l'Ascension, dans des conditions vraiment singulières.

Il y a des renseignements sur cette Charité dès le commencement du XVe siècle. Les comptes de l'œuvre sont mentionnés pour cette époque. Mais elle existait de longue date. Jean Le Cornu Blason Famille Le Cornu.svg fait un legs à la Charité de Priz en 1364. Déjà elle était organisée de toutes pièces, fonctionnait en vertu de traditions qui semblent anciennes et était dotée en tant de lieux et de rentes si multipliées, sinon si importantes, qu'on ne peut faire moins que de lui attribuer une antiquité de plusieurs siècles.

Un receveur prêtre était chargé de veiller « à la récepte des bleds » et à « la recepte d'argent » à la Toussaint et à Pâques, puis de pourvoir à la distribution du jour de l'Ascension. Il rendait ses comptes par receptes et minses devant l'élu de Laval, un commissaire nommé par Monseigneur l'official du Mans et le procureur de la communauté.

Pour les articles qui ne pouvaient se justifier par des preuves d'une autre nature, le receveur prêtait serment sur le « Corpus Domini ». Il lui était alloué 45 sols pour « assérer les bleds de rente de la Charité. » Les revenus en argent s'élevaient, en 1510, à la somme de 30 livres 15 sols 5 deniers et une obole, répartis sur une centaine de petites rentes. Les revenus en grains donnaient annuellement 30 septiers, une mine et un boisseau, soit 245 boisseaux, le septier valant huit boisseaux et la mine un demi septier.

Il faut dire toutefois qu'il y avait sur ces rentes en argent ou en nature une somme relativement considérable à défalquer pour les créances irrécouvrables. Cette particularité qu'on remarque d'ailleurs pour toutes les anciennes rentes féodales ou ecclésiastiques est une preuve de la haute antiquité de la Charité de Priz.

Le détail des articles de la recette pris sur les comptes du temps n'offrirait aucun intérêt. C'est une nomenclature de maisons et de pièces de terre qui souvent ne sont désignées que par le nom du propriétaire et qui étaient disséminées dans toute la ville et dans les faubourgs.

Les métairies chargées de redevances en blé ou froment étaient aussi très nombreuses et reparties dans toutes les paroisses qui avoisinent la ville de Laval. Jusqu'ici nous sommes en face d'une œuvre de bienfaisance chrétienne qui ressemble à beaucoup d'autres, mais où la Charité de Prix devient curieuse et révèle des mœurs d'une intéressante originalité, c'est dans le mode de distribution des secours.

À l'approche de l'Ascension, le receveur faisait marché avec les boulangers et comme alors, aussi bien que de nos jours, les conventions de ce genre ne se concluaient pas sans frais et pourboires, sans vin de marché, au sens primitif du mot, on rencontre dans les comptes des articles de dépense comme ceux-ci : « Pour marchander o les boulangers, II sous VI deniers. — Pour le vin aux boulangers, II sous VI deniers. » Pendant que les boulangers faisaient les quatre mille pains qui se distribuaient annuellement, on amenait à Priz une charretée de perches qui coûtait 12 sous 6 deniers ; une somme de paulx pour 20 deniers et douze claies qu'on empruntait à cet effet ; avec tous ces matériaux on construisait des « hayes et clouaisons » alentour du cimetière de Priz et un autre second enclos au-dedans du premier. Dans celui-ci, on renfermait « les seize vings dix douzaines » de pains confectionnés pour la distribution.

Les ouvriers qui faisaient ce travail recevaient 18 sous 6 deniers. Les boulangers avaient eu pour leur peine 4 livres 12 sous 6 deniers, et deux boisseaux de sel pour saler le pain. Le charretier qui transportait à Priz cette provision avait 6 sous. On mettait alors des gardes autour de l'enclos, sans doute pour prévenir le pillage et aussi « pour garder alentour du cimetière que le monde ne sortist durant que l'on faisoit la Charité » ; ces gardes étaient payés 12 sous 6 deniers, et 23 sous 4 deniers revenaient à « ceux qui départissoient la Charité et vacquoient aux affaires. » Les quatre mille pains coûtaient 34 livres 6 sous 6 deniers, à ce prix, l'abbé Angot estime que chaque pain devait être d'environ trois livres, au XVe siècle. On distribuait également en doubles une somme d'environ 7 livres. Le double ou doublet était un double denier. Ce qui suppose qu'il n'y aurait eu qu'environ 800 personnes à participer à cette aumône en espèces.

Il est à croire que cette Charité, qui réunissait non seulement les pauvres de Laval, mais ceux de la région, était l'occasion d'une cérémonie pieuse où l'on devait prier pour les bienfaiteurs, d'une prédication populaire pour instruire les pauvres en même temps qu'on les assistait, ou de tout autre exercice de culte dont le souvenir ne nous est point parvenu. La circonstance d'un jour aussi solennel et la précaution de ne laisser sortir personne pendant la distribution rendent cette supposition vraisemblable.

En 1550, cette institution, qui ne devait plus donner les résultats qu'on pouvait espérer des ressources dont elle disposait, qui probablement aussi, avec le changement des mœurs, était tombée en discrédit, cessa d'exister et ses revenus furent annexés à l'hôpital de Saint-Julien. Toutefois elle eut quelque temps encore son administration propre, ses comptes à part, son receveur. Ainsi, « en la chère année que l'on disait 1556-1557, il fut baillé sur ses ressources aux commissaires des paouvres de la paroisse d'Avenières, pour secourir et entretenir l'aulmosne publique, 54 livres 13 sous 6 deniers, comme appert par dix quittances signées : J. Saiget, S. Berault, J. Bigot. » Dans la même année calamiteuse, il fut départi au même titre pour les pauvres de la Trinité, 23 livres 2 sous, d'après les quittances de Dezmoutils, Jennin et Denis Queruau.

Les receveurs de la Charité de Priz dont j'ai relevé les noms sont : en 1443, Jehan Regnyer, ensuite Pierre Robert, et enfin de 1509 à 1516, Messire Emery Le Moueste[22].

Pour traiter complètement cette question, il faudrait rapprocher ce que nous venons de dire sur la Charité de Priz de plusieurs autres institutions semblables qui existèrent pendant des siècles dans plusieurs paroisses, spécialement dans le pays de Mayenne. On en trouve de fréquentes mentions dans les archives de fabriques. La distribution des aumônes presque toujours en nature se faisait ordinairement le Jeudi-Saint, ou un autre jour de la Semaine-Sainte.

Fief

Près de Priz, était en 1640, 1670, la chapelle du Petit-Calvaire.

Le fief de Priz n'était pas un fief volant mais aussi un domaine. Il comprenait la closerie de Priz et d'autres dépendances et relevait de Puisiers en Ruillé-Froidfont, dont la féodalité s'étendait aussi sur les paroisses de la Trinité de Laval, Grenoux, Saint-Berthevin, Changé, Bonchamp, Parné

Les aveux suivants feront mieux comprendre cette anomalie. Le 8 janvier 1463 (v.s.) Jean des Rues, fils et héritier de Guillaume des Rues, se présente à Froidfond où devait résider Thomas de Lorme, seigneur des fiefs de puisiers, pour lui faire hommage de son lieu et appartenances de Priz. Demoiselle Bertranne Velard répond que son dit sieur est en la guerre, au service du roy nstre sire.. À Ruillé-en-Anjou, il reçoit semblable réponse. Après l'acquisition des fiefs de la Quanterie et des Puisiers, par Jeanne Auvré, dame de Marboué, c'est à elle que Jean des Rues vient faire hommage de son petit domaine, qui comprenait : un sixième de l'étrage de Priz, un quartier de vigne, le tout touchant les terres du seigneur d'Aligné, le chemin de Priz à Changé, et le cimetière de Priz. Il y avait justice, foncière et domanière, à charge du dîner dont il a été parlé ailleurs, en ajoutant que le vassal avait droit aux restes du repas. Jean des Rues rendit encore semblable hommage à René de Feschal, par son fief de Plusiers et de la Quanterie, au mois de janvier 1499 (v. s.) et nomma ses codétenteurs : Jean Rousseau, Macé Potier, Jean Bodin, qui tenaient de lui.

Famille

Après la famille qui en prit le nom dont étaient : Geoffroy, Roger, Rorgon, XIIIe siècle ; Macé, 1319 ; on connaît comme sieurs de ce fief : Jean de la Perrière, sieur de Chambourg, 1394 ; Guillaume Hay, acquéreur, 25 janvier 1395, 1419 ; Pierre Hay ; Anne Hay, veuve de Lancelot Frézeau, 1465, et dans la suite le seigneur de Parneau. Le comte de Laval avait aussi acquis une part de fief avant 1444.

Une courtillerie de Priz, comprenant hébergement, vignes, prés, bois, terres labourables, tenues de Juhès de Mathefelon, vendue le 30 novembre 1398 par Guillaume de Launay, chevalier, demeurant à Meslay, à Gilette Huberde, veuve de Jean Hatry, fut donnée à Guillemine Hatry au couvent de Patience sur qui il y eut vente nationale le 29 mars 1791 pour 15 911 livres.

Bibliographie

Notes et références

  1. Notice no PA00109525, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
  2. La forme ancienne est donc bien Priz qui, pour la prononciation, se rapproche beaucoup de Priscum.
  3. Actus pontificum Cenomannis, p. 213.
  4. Bibliothèque nationale de France, latin, 5.441/3, p. 8.
  5. Cartulaire de la Couture, p. 57.
  6. Ibid, p. 63.
  7. a et b Ibid, p. 62.
  8. Ibid, p. 74.
  9. Ibid, p. 156.
  10. Ibid, p. 339.
  11. Ibid, p. 343.
  12. Aveu de Laval.
  13. a, b et c Ins. eccl.
  14. Inscription dans la chapelle.
  15. Archives départementales de la Mayenne, minutes Jardrin.
  16. Hubert Jaillot.
  17. Carte de Cassini.
  18. Son épitaphe est reproduite dans l' Épigraphie (p. 450), ainsi que l'inscription de la cloche de 1557 (p. 451).
  19. Deux phototypies reproduisent l'ensemble de l'autel et la statue de Saint Paul (Bulletin de la Mayenne, t. XXII, p. 148, 149.
  20. Insinuations ecclésiastiques, t. XVII, 204, XIX, 56.
  21. Simple tonsuré en 1577, il obtenait de suite un canonicat de Saint-Julien, ce qui ne s'accordait qu'à des mérites bien exceptionnels ou à des protections puissantes. De plus il succéda au prélat dans le prieuré de Huillé, coïncidence qu'on peut expliquer par un arrangement de famille.
  22. Archives de l'hôpital de Saint-Julien, à Laval.

Bibliographie

  • Abbé Angot, La charité de Notre-Dame de Pritz. 4 p., v. 1893 ; Le Mans, imprimerie Leguicheux. [1].

Source

« Chapelle de Pritz », dans Alphonse-Victor Angot, Ferdinand Gaugain, Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne, Goupil, 1900-1910 [détail de l’édition], t. III, p. 359., t. IV, p. 757.


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