Cerbère

Cerbère
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Héraclès, Cerbère et Eurysthée, hydrie à figures noires, v. 525 av. J.-C., musée du Louvre (E 701)

Dans la mythologie grecque, Cerbère (en grec ancien Κέρϐερος/Kérberos) est le chien gardant l'entrée des Enfers. Il empêchait ainsi ceux passant le Styx de pouvoir s'enfuir. On le trouve dans de nombreuses œuvres de la littérature grecque et romaine antique, ainsi que dans l'art et architecture aussi bien moderne qu'ancienne. Comme pour la plupart des créatures de la mythologie classique, la description et le contexte entourant le Cerbère diffèrent selon les œuvres, la principale différence étant le nombre de têtes, généralement trois, mais aussi cinquante selon Hésiode[1] ou cent chez Horace[2].

Sommaire

Étymologie

Cerbère dans une aquarelle de William Blake.

Le nom de Cerbère est la version latinisée du grec ancien Κέρϐερος / Kérberos, qui est relié au mot sanskrit सर्वरा / sarvarā, utilisé comme un épithète pour l'un des chiens de Yama[réf. nécessaire].

Mythe

Cerbère était le fils d'Échidna, au corps de serpent et au visage de femme, et de Typhon, considéré parfois comme un monstre cracheur de flammes qui serait craint des dieux olympiens même. Son frère est Orthos, chien des enfers bicéphale[3] Il serait également le frère de l'Hydre de Lerne, du Lion de Némée et de la Chimère. La description courante de Cerbère dans la mythologie grecque et l'art veut qu'il ait trois têtes, une crinière de serpents similaire aux cheveux de Méduse et une queue de serpent. Dans la plupart des œuvres, les trois têtes voient et représentent respectivement le passé, le présent et les temps à venir; d'autres sources suggèrent qu'elles représentent plutôt la naissance, la jeunesse et la vieillesse[4]. Chacune des têtes n'aurait d'appétit que pour la viande vivante et autorise donc les esprits des morts à entrer dans le monde souterrain, mais les empêche d'en sortir[5]. Cerbère fut toujours utilisé comme le fidèle gardien d'Hadès, gardant les portes donnant sur le monde souterrain[6].

Il était enchaîné à l'entrée des Enfers et terrorisait les morts eux-mêmes qui devaient l'apaiser en lui apportant le gâteau de miel qu'on avait placé dans leur tombe en même temps que l'obole pour Charon déposée dans la bouche. Mais Cerbère était aussi terrible pour les vivants qui essayaient de forcer la porte des Enfers comme Pirithoos et Thésée, qui cherchaient à enlever Perséphone. Psyché qui était venue chercher la boîte à cosmétique de Perséphone sur l'ordre d'Aphrodite l'endormit avec un gâteau trempé dans du vin drogué. Énée fit de même avec un gâteau soporifique préparé par la Sibylle[7].

Plusieurs héros parviennent à déjouer sa vigilance, voire à le vaincre. Orphée, décidé à sortir des Enfers sa femme Eurydice, morte d’une morsure de vipère, parvient à le charmer en chantant et en jouant de sa lyre.

Les douze travaux d'Hercule

Article détaillé : Capture de Cerbère par Héraclès.
Cerbère à côté de Hadès, dans une encyclopédie allemande du XIXe siècle.

Eurysthée, roi de l'Argolide, donna comme dernière tâche à Hercule la capture de Cerbère vivant, sans arme. Hercule se rendit alors à Éleusis, afin d'être initié aux Mystères d'Éleusis, pour pouvoir entrer et sortir du monde souterrain vivre, et s'absoudre au passage pour avoir tué des centaures. Il trouva l'entrée du monde souterrain à Taenarum, et fut aidé par Athéna puis Hermès pour traverser respectivement dans un sens et dans l'autre. Il passa Charon avec l'aide de Hestia. En passant dans le monde souterrain, Hercule libéra Thésée, mais la terre trembla lorsqu'il essaya de libérer Pirithoos et il dût donc le laisser sur place. Ils avaient été emprisonnés par Hadès, liés magiquement à un banc pour avoir essayé de kidnapper Perséphone : la magie était si forte que lorsque Hercule libéra Thésée, des morceaux de ses cuisses restèrent sur le banc, ce qui explique pourquoi ses descendants ont les cuisses maigres. Hercule rencontra enfin Hadès et lui demanda la permission d'amener Cerbère à la surface, ce à quoi Hadès consentit si Hercule parvenait à maîtriser la bête sans arme, ce qu'il réussit ; il hissa alors la bête sur son dos, la traînant hors du monde des Enfers à travers une caverne du Péloponnèse, et l'emmena à Eurysthée qui en fut si effrayé qu'il demanda à Hercule de la ramener au monde souterrain. Au passage à Mycènes, le monstre contamine de sa salive empoisonnée des plantes, que les sorcières utiliseront ensuite pour leurs propriétés maléfiques.

Dans les arts

Figure 730 de Baumeister's Denkmäler des klassichen Alterthums, volume 1. Hercules traîne un Cerbère à deux têtes hors de l'enfer par une chaîne passée par les mâchoires d'une des têtes.

De nombreuses références au Cerbère se trouvent dans l'art antique grec et romain[8] : dans des sites archéologiques, on trouve des statues et des morceaux de l'architecture inspirés par la mythologie de cette créature. La description dans l'art ancien de Cerbère ne fait cependant pas autant autorisée que celle de la littérature, où les poètes et linguistes de l'ancienne Grèce et de Rome se mirent essentiellement d'accord sur son aspect physique à l'exception notable de la Théogonie d'Hésiode où il compte alors cinquante têtes. Sa représentante dans les arts classiques montre principalement le motif récurrent des serpents, mais diffère sur le nombre des têtes. Une statue dans la Galerie Borghèse à Rome le montre avec trois têtes au côté d'Hadès, tandis qu'une sculpture en bronze montrant les douze travaux d'Hercule montre un Cerbère bicéphale. Les critiques classiques ont identifié l'une des œuvres sur Cerbère comme la "plus imaginative", celle-ci étant un vase de Laconie fabriqué vers -560, dans lequel Cerbère est montré avec trois têtes et des rangées de serpents couvrant son corps et ses têtes[9].

Interprétations

Il y a eu de nombreuses tentatives visant à expliquer la description de Cerbère. Parmi elles, le philosophe grec Héraclite proposa la suivante[10] : Cerbère était en fait un chien normal, bien que massif, qui avait deux chiots jamais bien loin de leur père, et les artistes auraient inclut ces deux chiots dans leurs travaux de sorte à ce qu'ils soient en fait des têtes supplémentaires. Les historiens classiques ont rejeté cette thèse comme étant une fable.

Notes

  1. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], 311 : […]Κέρβερον ὠμηστήν, Ἀΐδεω κύνα χαλκεόφωνον, Πεντηκοντακέφαλον.
  2. Horace, Odes, 2, 13 : Demittit atras belua centiceps / Auris…, Wikisource
  3. (en) Projet Perseus - Hercules' Twelfth Labor, accédé le 21 janvier 2009.
  4. (en) Maurice Bloomfield - Cerberus the Dog of Hades, Kessinger Publishing, 2003, (ISBN 978-0-7661-3020-3).
  5. (en) Pamela Allardice - Myths, Gods & Fantasy, ABC-CLIO, 1991, (ISBN 978-0-87436-660-0).
  6. (en) Helene Guerber - Myths of Greece and Rome, Kessinger Publishing, (ISBN 978-0-7661-4856-7).
  7. Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (III, 5, 12), Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 311, 769), Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] (VI, 417).
  8. (en) Edward Hegeler - The Monist, Hegeler Institute, 1904.
  9. (en) Robert Lenardon, Mark Morford et Michael Sham - A Companion to Classical Mythology, Oxford University Press, 1997 (ISBN 978-0-19-514725-4).
  10. Héraclite d'Éphèse, Περὶ ἀπίστων, p. 331.

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