- Cecil John Rhodes
-
Cecil Rhodes
Cecil John Rhodes (5 juillet 1853 - 26 mars 1902) était un homme d'affaires britannique, Premier ministre de la colonie du Cap en Afrique du Sud et fondateur de la Rhodésie en l'honneur duquel elle fut baptisée.
Sa devise personnelle « So much to do, so little time… » (tant de choses à faire, si peu de temps pour les accomplir…) fit le tour du monde.
Sommaire
Sa vie
Cinquième fils du pasteur Francis William Rhodes (1807–1878) et de Louisa Peacock Rhodes (1816–1873), sa seconde épouse, Cecil John Rhodes est né le 5 juillet 1853 en Angleterre. La fratrie compta en tout neuf garçons (dont deux morts en bas âge) et trois filles (dont l'une née du précédent mariage du révérend Rhodes).
Enfant brillant mais affligé d'une santé fragile, Cecil Rhodes n'a que 17 ans en 1870 quand, pour soigner son asthme[1], il interrompt ses études à Oxford pour rejoindre son frère Herbert établi comme fermier au Natal en Afrique du Sud où le climat lui était plus favorable.
Cecil Rhodes travaille d'abord dans les champs de coton de son frère dont il supervise la gestion après qu'Herbert Rhodes, ayant entendu parler de la découverte des premiers diamants à Kimberley, soit parti y tenter sa chance en mars 1871. Cecil Rhodes le rejoint néanmoins en octobre et commence, non par prospecter, mais par vendre du matériel et des denrées alimentaires aux mineurs.
Doué en affaires, il réalise alors ses premiers profits avec lesquels il rachète les concessions à des prospecteurs qui ne trouvent rien. Il y rencontre aussi Charles Dunell Rudd et Leander Starr Jameson avec qui il se lie d'amitié. Les champs diamantifères de Kimberley assurent alors sa fortune puis son pouvoir.
En 1876, désormais riche, il retourne terminer ses études à Oxford, entre dans une loge maçonnique [2] et ne revient définitivement en Afrique du Sud que cinq ans plus tard en 1881.
Un homme d'affaires doué
Avec les bénéfices tirés de la vente de matériels et de denrées alimentaires, il investit dans le rachat de concessions diamantifères et à partir de 1885, il rachète toutes les mines de diamants de la région de Kimberley.
Il triomphe de son unique rival, Barney Barnato, en rachetant son groupe en 1888 pour former la De Beers Consolidated Mines, ce qui lui permet de s'octroyer l'exploitation et le monopole du commerce mondial des diamants d'Afrique du Sud.
Premier ministre de la Colonie du Cap
Rhodes ne tarda pas à s'investir en politique avant même son retour définitif du Royaume-Uni. C'est ainsi qu'à 28 ans, à peine diplômé, il se faisait élire comme député de Barkly West à l'assemblée législative du Cap avec l'appui des nationalistes Afrikaners de l'Afrikaner Bond, le parti de Jan Hofmeyr.
En 1890, il est élu Premier ministre de la colonie du Cap alors qu'au même moment, il est nommé directeur de la British South Africa Company (BSAC), société qu'il a fondé, et dont il va se servir pour revendiquer et coloniser au nom de la couronne britannique les territoires situés au nord du fleuve Limpopo.
Un bâtisseur d'empire
Digne représentant de l'impérialisme britannique, son ambition politique est de repeindre l'Afrique aux couleurs du Royaume-Uni et d'établir une ligne de chemin de fer entre Le Cap et Le Caire. Rhodes n'est pas un ennemi des Boers avec qui il collabore étroitement au Cap. Aussi, il défendit d'ailleurs la cause des républiques boers car le fondement de son système philosophique était l'unité de la race germanique, anglo-saxonne, appelée selon lui à diriger le monde. Les Boers étaient intégrés dans sa vision du monde dominée par l'Empire britannique. Ainsi souhaitait-il la mise en place d'une fédération d'Afrique du Sud comparable à celle du Canada. Mais les dirigeants des républiques boers n'en voulaient pas. Et la construction en cours de la ligne de chemin de fer reliant le Transvaal à la baie de Delagoa en territoire mozambicain, était un frein au rêve fédéral de Rhodes car elle permettait à la république sud-africaine enclavée de ne plus être dépendante de la colonie du Cap. Ses rêves impériaux ne se limitaient pas à la seule Afrique du Sud. Son ambition impériale englobait le Moyen-Orient, les côtes de la Chine et du Japon, l'océan Pacifique et l'Amérique du Sud [3]. Il entreprit de faire de ses rêves une réalité à commencer par le sud de l'Afrique.
Dès 1885, dans un article du Times, il incitait le gouvernement britannique à établir un protectorat sur le Matabeleland, situé au nord du Transvaal.
En 1889, il fonde la British South African Company (BSAC) qui obtient du gouvernement britannique une « charte royale » pour occuper le Matabeleland. Avec son ami Rudd, il finance la colonne de pionniers chargés de s'implanter dans la région. En 1890, alors qu'il est Premier ministre du Cap, ses pionniers occupent le Mashonaland et fondent Fort Salisbury.
En 1894, après la défaite du roi matabélé Lobengula, les deux territoires formant la Zambézie du Sud sont fusionnés dans la Rhodésie du Sud baptisée en l'honneur de Cecil Rhodes alors que les territoires occupés au nord du fleuve Zambèze prenaient le nom de Rhodésie du Nord.
Les territoires au nord du fleuve Limpopo étant sous domination britannique, il ne restait plus qu'à contrôler les Républiques boers. Le président du Transvaal, Paul Kruger, ayant refusé la citoyenneté aux étrangers établis sur son territoire riche en gisement d'or et de diamants, la République boer devenait un obstacle aux visées expansionnistes de Rhodes et à son rêve de fédération. En 1895, son ami, le docteur Leander Starr Jameson organisa une expédition punitive contre le Transvaal, en fait une tentative de coup d'État. Ce « raid Jameson » fut un fiasco qui déboucha sur la mise en cause de Cecil Rhodes, sa démission en 1896 de son poste de Premier ministre et sur la rébellion des Ndebeles de Rhodésie. Les districts isolés du Matabeleland furent évacués par les colons retranchés dans les enceintes de Bulawayo, Gwelo, Belingwe et Tuli qui furent alors assiégées. En juin, c'est le Mashonaland qui était gagné par la révolte. La route Salisbury-Umtali fut coupée par les rebelles shonas. Les troupes impériales britanniques, stationnées ordinairement au Natal, eurent la charge de dégager Bulawayo et les villes assiégées. Les colons prêchèrent alors auprès de Cecil Rhodes de mettre en œuvre une politique d'extermination que celui-ci refusa. Il vint par contre en personne, seul au milieu des collines de Matopos, négocier un armistice avec les chefs Ndébélés le 21 août 1896. Deux mois plus tard, la paix était signée. Rhodes fut tenté d'accepter la proposition de paix du chef shona Makoni mais le haut-commandement britannique s'interposa, résolu à exiger une reddition sans condition.
Néanmoins, Rhodes considérait dorénavant avec respect les Ndébélés suite aux liens personnels qu'il avait tissé avec eux lors des négociations pour l'armistice. Il se déclarait alors prêt à pratiquer une politique humanitaire, libérale et de coopération loyale. Les colons, opposants irréductibles à l'assimilation, empêcheront une telle politique de se réaliser.
Durant la deuxième Guerre des Boers, Rhodes est retranché à Kimberley durant le siège de la ville où il organise la résistance. Sa santé fragile l'oblige néanmoins à s'éloigner des affaires politiques.
Il se retire à Muizenberg près du Cap où il meurt d'un cancer le 26 mars 1902.
Il est enterré près de Bulawayo sur les Monts Matopo, salués par des centaines de guerriers Ndébélés qu'il avait combattu quelques années auparavant.
Sur sa tombe figurent ses simples mots : « Ci-gît Cecil John Rhodes ». Il légua au monde la Rhodésie et la bourse scolaire Rhodes, permettant aux meilleurs élèves d'étudier à l'université d'Oxford. Parmi les bénéficiaires de cette bourse figure notamment le président américain Bill Clinton.
Un mythe impérial
Rhodes est resté dans l'imaginaire britannique et sud-africain comme l'archétype de l'homme d'affaires impitoyable, un impérialiste nationaliste mais aussi et peut-être surtout comme un visionnaire.
Sa vie fit naître des légendes, inspirer des hagiographies mais aussi des anathèmes. Son homosexualité ne fut révélée puis confirmée que très tardivement au cours du 20ème siècle. Son charisme, son appétit, son tabagisme, son obsession pour les bains et les rasages ainsi que son penchant pour la boisson faisaient parties de ses caractéristiques notoires.
Bien que riche, il ne vivait pas dans un luxe ostentatoire. Sa propriété de Groote Schuur était néanmoins somptueuse. Il la légua à l'État sud-africain.
Parallèlement, il légua sa fortune à un fond chargé de la gestion d'une bourse permettant aux meilleurs étudiants américains, anglais et allemands d'aller étudier à Oxford.
Héritage
Aujourd'hui, plusieurs monuments honorent Cecil Rhodes, notamment au Cap (Rhodes Memorial, statue sur Company's Garden et à l'université) et à Kimberley (statue équestre).
Le cottage où il est décédé à Muizenberg est un musée.
Les terrains qu'il a légué sur Devil's Peak sont devenus le campus de l'université du Cap alors que sa maison de Groote Schuur, en ville, est devenue la résidence officielle du président d'Afrique du Sud.
La Rhodésie n'existe plus depuis 1980 quand le pays a été rebaptisé Zimbabwe (La Rhodésie du Nord ayant été rebaptisé Zambie en 1964).
Sa statue située devant le parlement de Salisbury a été déboulonnée et remisée dans un recoin du jardin intérieur du bâtiment des archives nationales. Celles identiques qui existaient à Bulawayo et Mafeking (Afrique du Sud) ont été également retirées.
L'université Rhodes, fondée en 1905, près de Grahamstown porte toujours son patronyme et la bourse Rhodes permet toujours aux étudiants les plus méritants de poursuivre leurs études à Oxford.
La station de ski de Rhodes, dans le Cap-Oriental, a été baptisée également en son honneur.
Son wagon, conservé en état, est exposé au musée des chemins de fer de Bulawayo, centre du Zimbabwe mais le parc national Cecil Rhodes s'appelle désormais Parc national de Matopo (Matobo). Sa tombe demeure en l'état malgré les menaces récurrentes de Robert Mugabe de réexpédier sa sépulture au Royaume-Uni.
Cecil Rhodes figurait en 56e position sur la liste des 100 plus grands sud-africains de tous les temps, réalisée en 2004 parmi la population d'Afrique du Sud.
Culture populaire
Le personnage de Cecil Rhodes apparait dans des films à caractères historiques, des romans et des œuvres de fiction. On peut relever notamment parmi ceux-ci:
- Rhodes of Africa (1936), un film de l'Autrichien Berthold Viertel où le personnage de Rhodes est interprété par l'acteur américain Walter Huston.
- Le Président Krüger (1941), un film anti-britannique de l'Allemand Hans Steinhoff.
- Great Work of Time (1989), un livre de science-fiction britannique écrit par John Crowley où Cecil Rhodes est décrit comme étant à l'origine d'une société secrète.
- L'alliance,de James A. Michener, un roman historique sur l'Afrique australe (1980).
- Rhodes: The Life and Legend of Cecil Rhodes (1996), une série télévisée britannique produite par David Drury et écrite par Antony Thomas. Elle raconte la vie de Cecil Rhodes particulièrement sa relation avec la princesse Catherine Radziwill. Le personnage de Rhodes est interprété par Martin Shaw et par son fils Joe Shaw. Le film ne cache pas l'homosexualité de Cecil Rhodes.
- L'Œil du faucon (1980), À la conquête du royaume (1981), La Troisième Prophétie (1982), trois livres écrit par Wilbur Smith dans le cadre de sa saga consacrée aux Ballantyne.
Notes et références
- ↑ Henri Wesseling, dans son ouvrage Le Partage de l'Afrique, Denoel, 1991, met en doute les problèmes de santé de Rhodes.
- ↑ FAMOUS FREEMASONS. A Talk to our less senior Brethren
- ↑ Henri Wesseling, ibid, p 393-394
Liens externes
Précédé par Cecil Rhodes Suivi par John Gordon Sprigg
Premier ministre de la colonie du Cap
1890-1896John Gordon Sprigg - Portail de l’Afrique du Sud
Catégories : Personnalité politique de la colonie du Cap | Personnalité politique britannique | Personnalité britannique du monde des affaires | Personnalité de la guerre des Boers | Ancien étudiant de l'université d'Oxford | Rhodésie | Naissance en 1853 | Naissance en Angleterre | Décès en 1902
Wikimedia Foundation. 2010.