Canadienne (race bovine)

Canadienne (race bovine)

Race bovine canadienne


CANADIENNE
Nom binominal Bos taurus
ou Bos primigenius taurus,
ou Bos primigenius f. taurus
Linnaeus, 1758
Origine Québec au Canada
Diffusion Régionale
Taille Moyenne
Robe Unie sombre, de noir à roux
Utilisation Mixte

La canadienne est une race bovine canadienne. Elle est appelée french canadian par les anglophones.

Sommaire

Origine

On sait que la canadienne descend des races françaises qui faisaient parties du paysage de la Normandie du XVIIe siècle[1]. Lors de ses deux voyages, en 1538 et en 1541, Jacques Cartier avait amené à la colonie (le Québec) des bestiaux qui provenaient du nord-ouest de la France. Vraisemblablement, comme ces bovins servirent de pitance aux explorateurs, ils ne purent assurer leur descendance. C’est réellement en 1601 que M. de Poutrincourt ordonna la première livraison fructueuse. C’est donc dire que c’est principalement entre 1601 et 1665 que parvint au Québec le noyau de bovins qui allait donner naissance à la canadienne. Ces derniers envois étant partis de « Honfleur » en Normandie, sous Samuel de Champlain, gouverneur de la Nouvelle-France à ce moment, nous sommes persuadés que la canadienne tire ses origines ou est apparentée à la célèbre race « cotentine », cette dernière qui, après avoir été croisée à la race pie-rouge de Hollande, les races augeronne et cauchoise de Normandie et, finalement, la race durham de Grande-Bretagne, donna naissance à la race bovine normande d’aujourd’hui. La canadienne est la première race bovine laitière à avoir été créée sur le continent de l’Amérique du Nord. Elle a été intimement associée à la colonisation du Canada français (le Québec) où elle a dominé, sans partage, l’élevage bovin jusqu’au XIXe siècle. Elle a fourni la force motrice et de traction pour le transport et le labour, ainsi que la production de lait et de viande pour les habitants.

C’est vers 1880 et grâce au docteur J.-A. Couture, médecin-vétérinaire, fondateur et premier secrétaire (1895-1922) de la Société des éleveurs de bovins canadiens que débuta la période de réorganisation et d’amélioration de la race bovine canadienne. C’est en 1886 que fut ouvert le livre généalogique de la canadienne. À cette époque, les races britanniques avaient déjà leur livre généalogique et, par conséquent, leurs associations d’éleveurs avaient créé leurs pedigrees. L’absence de pedigree excluait donc les éleveurs de la canadienne des expositions dans les classes de pur-sang, les reléguant aux classes de croisés. Au tournant du siècle, la canadienne était aussi absente de la plupart des publications canadiennes anglaises. Ce manque de reconnaissances décourageait les éleveurs d'entrer en compétition et, par conséquent, il les empêchait de présenter leurs troupeaux à de grandes manifestations. Pourtant ce bétail avait amélioré ses performances à un tel point que la canadienne fut reconnue comme la productrice laitière la plus économique lors de la Pan-American de Buffalo (États-Unis d'Amérique) en 1901. À la même époque, elle fut aussi reconnue comme la race laitière la plus profitable au Canada.

La Société des éleveurs de bovins canadiens fut finalement organisée en 1895 et incorporée sous la loi de la Généalogie du bétail en 1905. Le ministère de l’Agriculture du Canada prit donc en main les livres généalogiques des races animales et il organisa à Ottawa les « Annales canadiennes du bétail ».

Lors de la Convention annuelle des éleveurs de bétail en 1908, le ministre de l’Agriculture du Canada de l’époque, Mr Sydney Fisher affirmait :

« Je n’hésite pas à proclamer que la vache canadienne est la meilleure machine à faire du beurre qui se tienne sur quatre pattes. Chacun peut avoir ses goûts et ses préférences, mais tous ceux qui connaissent ses bonnes qualités, la richesse de son lait, la vigueur de sa constitution et la facilité avec laquelle elle s’élève, seront de mon avis… »

Pendant une quinzaine d’années, jusqu’en 1914, Thomas Bassett Macaulay (vice-président de la SEBC, de 1906 à 1911) joua un rôle important en amorçant un audacieux programme d’élevage basé principalement sur l’accouplement consanguin contrôlé et intensif des meilleurs sujets de la race. Dans la conclusion de son opuscule intitulé The Rising Breed, T.B. Macaulay faisait l’éloge de la canadienne et on peut y lire :

« Les Canadiens n’ont aucune bonne raison de faire venir à grands frais, de l’étranger, des reproducteurs pour améliorer leur bétail laitier. Ils ont ici-même une race qui occupe le premier rang parmi les races laitières du monde et qui est destinée à devenir la race par excellence. Cette race, c’est la canadienne. Elle a la symétrie de formes, une constitution extrêmement vigoureuse, un tempérament doux, mais non lymphatique, une frugalité incomparable lui permettant de trouver sa subsistance où une autre souffrirait de malnutrition et de donner des profits avec une alimentation ordinaire ; elle donne du lait riche presque d’un vêlage à l’autre. C’est la plus profitable pour un cultivateur ordinaire de ce pays. »

Malheureusement, suite à un conflit majeur (tenant plus de rivalités idéologiques que de la biologie) qui se développa au sein de la direction de la SEBC, T.B. Macaulay quitta la SEBC.

Vers 1920, il mit ses talents au service de la holstein. En une vingtaine d’années, il développa un troupeau dont l’impact se répercute encore aujourd’hui dans la généalogie de tous les sujets de race holstein de la planète. Il est tout de même étonnant que, aujourd’hui aux États-Unis comme au Canada où la holstein est maître en fait de nombre et de production mondiale, il existe une très forte demande pour la canadienne.

Il est bon de citer que, en 1940, lors d’un concours interraces, c’est le taureau de race canadienne « Maurice d’Etchemin » qui remporta la palme sur tous ses compétiteurs de races holstein et ayrshire. En 1946, à l’Exposition royale de Toronto, c’est le taureau canadien « Tixandre Ferme Centrale » (âgé de 16 ans) qui remporta le grand championnat sur un total d’environ 1 200 bêtes appartenant à toutes les races.

La Gazette des Campagnes (journal de la Pocatière au Québec) publiait dans son numéro du 14 avril 1947 le record de production laitière de la vache « Belle-du-lac », propriété des Ursulines de Roberval. Vêlée à 6 ans, cette vache fit une lactation de 9 580 kilogrammes de lait, 417 kilogrammes de matière grasse (4,35 %).


Dans les années 1970, des croisements effectués avec des brown swiss sont décidés par le gouvernement provincial du Québec pour améliorer la productivité[2]. Le nombre d'individus conservés en pure race diminue chaque année. Aujourd'hui, l'essentiel du cheptel possède des gènes de brown swiss. Les éleveurs les plus motivés recherchent les individus les plus "archaïques" pour conserver à cette race son originalité. Les taureaux doivent avoir 15/16e de canadiens pour être enregistrés. Les individus 100% canadiens, dont il ne reste guère que 150 animaux, sont répertoriés pour être reproduits et former une banque de sperme et d'embryons[3].

Le 15 décembre 1999, l’Assemblée nationale du Québec adopta le projet de loi « 199 », la « Loi sur les races animales du patrimoine agricole du Québec ». Ainsi on désignait enfin la race de vache dite « canadienne » comme race patrimoniale du Québec. En France, elle recevait en 2004 son code race numéro 92. Ce qui lui conférait le titre de race officielle française, un pas important compte tenu du fait que la France n’accepte plus d’autres races bovines. De manière indirecte, cette démarche contribue à sa préservation, en particulier en cas d'épizootie au Québec.

Morphologie

Elle porte une robe qui peut être noire, brun fauve ou rousse. Elle est généralement plus pâle sur la ligne du dos, autour du mufle et au niveau du pis.

C'est une race de taille moyenne. La femelle pèse environ 27 kilogrammes à la naissance et atteint 500 kilogrammes à l’âge adulte. Quant au mâle, il pèse 32 kilogrammes à la naissance et en moyenne 750 kilogrammes à maturité.

Aptitude

C'est une ancienne race à usage multiple: lait, viande et force de travail. Aujourd'hui, elle a été reconvertie vers une production essentillement laitière. La production laitière officielle est d’environ 6100 kg de lait avec des taux de 4,33 % en matière grasse et de 3,61 % en matière protéique[4]. À quantité égale au lait généralement produit, son lait riche en constituants multiples est particulièrement valorisé par les formules de paiement du lait selon les composantes. Le contenu en caséine de son lait et le contenu protéique/matière grasse représentent des atouts particulièrement précieux pour la production et la fabrication de fromage. Les connaisseurs apprécient aussi sa viande tendre et savoureuse à cause de son persillé.

Cette vache s’adapte aux conditions hivernales en se dotant d’une fourrure duveteuse qui lui permet d’affronter les grands froids. Elle s’acclimate également bien aux conditions tropicales, grâce à la couleur de sa robe, son poil luisant et fin, et à la pigmentation de sa peau.

La canadienne possède une rusticité exceptionnelle, fruit d’une sélection naturelle rigoureuse durant plusieurs générations. Elle est pourvue d’une fertilité supérieure qui se démontre quotidiennement en insémination artificielle pour un taux de non-retour supérieur et par des récoltes d’embryons également supérieures aux grandes races laitières. Elle vêle facilement, ce qui évite des nuits de veille aux éleveurs. Elle est dotée d’un tempérament à la fois doux et vigoureux. Agile, elle se déplace facilement en terrain accidenté. Elle est une bonne brouteuse et est aussi reconnue pour sa frugalité. Elle valorise bien les mauvais terroirs à sous-sol granitique. (sol acide et maigre, à la végétation coriace et pauvre)

Cette vache est dotée de qualités qui furent mises en veilleuse suite au développement de l’agriculture industrielle et de races plus productives, ses atouts lui permettent à nouveau de séduire les éleveurs.

Notes et références de l'article

Voir aussi

Articles connexes

Liens et documents externes

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