- Élections générales espagnoles de 2011
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Les élections générales espagnoles de 2011 (Elecciones Generales de España de 2011) se sont tenues le dimanche 20 novembre 2011[1], afin d'élire les trois cent cinquante députés et deux cent huit sénateurs de la dixième législature des Cortes Generales depuis l'adoption de la Constitution de 1978.
Sommaire
Contexte
Lors des élections générales du 9 mars 2008, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José Luis Rodríguez Zapatero, au pouvoir depuis 2004, infligeait une nouvelle défaite au Parti populaire (PP) de Mariano Rajoy, sans toutefois atteindre la majorité absolue des sièges au Congrès des députés. Réinvesti président du gouvernement au second tour de scrutin en avril, Zapatero présente ensuite un gouvernement majoritairement féminin[2] principalement préoccupé par les questions de société.
Toutefois, l'Espagne est rapidement victime des conséquences de la crise qui frappe alors l'économie mondiale. L'effondrement des secteurs bancaires et immobiliers, sur lesquels le pays avait bâti sa croissance, entraîne une forte récession et une montée en flèche du niveau de chômage jusqu'à 20 % de la population active, du jamais vu depuis quinze ans[3],[4]. Après avoir pris des mesures destinées à relancer l'économie nationale, le chef du gouvernement procède à un remaniement au cours duquel il remplace son ministre de l'Économie, Pedro Solbes, par Elena Salgado[5]. Cette année-là, le PSOE perd les régionales en Galice[6] et les élections européennes[7].
À la suite de la crise de la dette publique grecque, en 2010, la majorité des pays de l'Union européenne adopte des plans d'austérité budgétaire. Alors que la crise s'étend à l'ensemble de la zone euro, le gouvernement de Zapatero annonce un plan de rigueur prévoyant la baisse du traitement des fonctionnaires, un réhaussement de l'âge légal de départ à la retraite[8]. Il procède dans le même temps à plusieurs réorganisations de l'administration publique, afin d'en réduire les coûts, et fait voter la loi relative à l'économie durable (LES), censée changer le modèle de développement économique espagnol[9].
En 2011, Zapatero fait savoir qu'il ne sera pas candidat à sa succession aux prochaines élections générales[10], ce qui n'empêche pas le PP de remporter largement les élections régionales et locales du 22 mai avec plus de dix points d'avance au niveau national, les socialistes perdant leurs fiefs des Asturies, de Castille-La Manche et d'Estrémadure[11]. Deux mois plus tard, il annonce la tenue de législatives anticipées, convoquées avec quatre mois d'avance sur le calendrier prévu.
Partis et candidats
Formation Idéologie Chef de file Résultats en 2008 Partis présents au niveau national Parti socialiste ouvrier espagnol
Partido Socialista Obrero EspañolCentre-gauche
Social-démocratie, progressismeAlfredo Pérez Rubalcaba[12] 43,87 % des voix
169 députés
95 sénateursParti populaire
Partido PopularDroite
Conservatisme, libéralisme, démocratie chrétienneMariano Rajoy[13] 39,94 % des voix
154 députés
101 sénateursGauche unie
Izquierda UnidaGauche
Républicanisme, écosocialisme, anticapitalismeCayo Lara[14] 3,77 % des voix
2 députés
0 sénateursPartis présents au niveau régional Convergence et Union
Convergència i UnióCentre-droit
Catalanisme, libéralisme, démocratie chrétienneJosep Antoni Duran i Lleida[15] 3,03 % des voix
10 députés
4 sénateursParti nationaliste basque
Euzko Alderdi Jeltzalea-Partido Nacionalista VascoCentre
Nationalisme basque, démocratie chrétienneJosu Erkoreka 1,19 % des voix
6 députés
2 sénateursCampagne
La campagne a été ouverte à 00h00 le vendredi 4 novembre, et a pris fin à 24h00 le vendredi 18 novembre[16].
Thèmes et faits marquants
Sondages
Résultats
Scores
Parti Congrès des députés Sénat Voix % +/- Élus +/- Élus +/- Parti populaire (PP) 10 830 693 44,62 % 4,69 186 32 136 35 Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) 6 973 880 28,73 % 15,14 110 59 48 40 Gauche unie (IU) 1 680 810 6,92 % 3,15 11 9 0 Union, progrès et démocratie (UPyD) 1 140 242 4,69 % 3,50 5 4 0 Convergence et Union (CiU) 1 014 263 4,17 % 1,14 16 6 9 5 Amaiur 333 628 1,37 % 1,37 7 7 3 3 Parti nationaliste basque (EAJ/PNV) 323 517 1,33 % 0,14 5 1 4 2 Gauche républicaine de Catalogne (ERC) – Reagrupament (RI) 256 393 1,05 % 0,11 3 N/A N/A Bloc nationaliste galicien (BNG) 183 279 0,75 % 0,08 2 0 Accord pour le progrès de la Catalogne (PSC-ICV-EUiA) Absent 7 5 Autres --,-- % 5 2 1 TOTAL (participation : 71,69 %) 100,00 % N/A 350 N/A 208 N/A Analyse
Avec une participation en légère baisse, le PP de Mariano Rajoy retrouve le pouvoir, après sept ans et demi dans l'opposition. Cette victoire tient avant tout à la déroute du PSOE d'Alfredo Pérez Rubalcaba, qui réalise son plus mauvais score depuis 1982, tandis que le PP égale sa performance de 2000, lorsque José María Aznar avait remporté, lui aussi, la majorité absolue[17]. La déroute socialiste est historique, la formation n'arrivant en tête que dans les provinces de Barcelone et Séville, alors qu'ils avait réussi cette performance dans vingt-trois circonscriptions sur cinquante-deux, dont la totalité de la Catalogne, du Pays basque et sept des huit provinces d'Andalousie, à l'occasion des élections de 2008[18].
Elle profite non seulement au PP, mais également à IU, qui progresse de neuf députés, et UPyD, formation opposée aux nationalismes régionaux, qui en remporte quatre supplémentaires[19]. Dans leur ensemble, les formations régionalistes et nationalistes progressent, plus significativement encore au Pays basque, ou la coalition Amaiur, issue du parti interdit Batasuna, dépasse l'EAJ/PNV avec 7 députés[20]. Le Congrès issu de ces élections sera en effet le plus divers depuis 1977, pas moins de treize formations y faisant leur entrée, dont six en capacité de former un groupe parlementaire, tandis que le nombre total de députés obtenus par les deux grandes formations est en baisse sensible, passant de 323 à 296[21].
Réactions et conséquences
Dès le 21 novembre, José Luis Rodríguez Zapatero annonce la convocation d'un congrès du PSOE au mois de février 2012, soit cinq mois avant le terme du délai statutaire, expliquant la défaite par la très mauvaise conjoncture économique[22]. La veille, le président du parti, Manuel Chaves, l'avait appelé à conserver ses fonctions de secrétaire général d'ici à la tenue du congrès, tandis que Miguel Arias Cañete, président du comité électoral du PP, avait fait part de sa volonté de « passer outre les délais légaux » de formation du gouvernement[23].
Lors d'une intervention devant la presse, au lendemain de sa victoire, Mariano Rajoy annonce qu'il compte dialoguer avec toutes les forces politiques, à l'exception d'Amaiur, et que le prochain congrès national du PP sera convoqué, en Andalousie, à la fin de la deuxième semaine du mois de février 2012[24]. Soraya Sáenz de Santamaría, porte-parole du groupe conservateur au Congrès, et Ramón Jáuregui, ministre de la Présidence, sont ensuite chargés de piloter la transition, que le président du gouvernement et son futur successeur veulent « exemplaire » selon María Dolores de Cospedal, secrétaire générale du PP[25].
Notes et références
- (es) « Zapatero convoca el 20-N para que "otro Gobierno dé certidumbre" », El País, me 29 juillet 2011
- (es) « Los Ministros de Zapatero », El Mundo
- (es) « El paro en España dobla al de la Eurozona », El País, le 8 janvier 2010
- (es) « El desempleo en España, un empacho de ladrillo y sangría », El País, le 29 avril 2011
- (es) « Zapatero cambia el Gobierno un año después de estrenar su segunda legislatura », El Mundo, le 7 avril 2009
- (es) « El PP recupera la Xunta », El Mundo, le 1er mars 2009
- (es) « Recuento nacional », El País
- (es) « El Gobierno prepara un ajuste duro », Cadena SER, le 11 mai 2010
- (es) « Las claves para entender la ley de Economía sostenible », El Mundo, le 27 novembre 2009
- (es) « Zapatero no será candidato en 2012 », ABC, le 11 avril 2011
- (es) « El PP logra la victoria », La Sexta, le 23 mai 2011
- (es) « El Comité Federal del PSOE ratifica a Rubalcaba como candidato para las elecciones generales », Radio Televisión Española, le 9 juillet 2011
- (es) « Rajoy apela a la concordia en un discurso sin propuestas », El País, le 9 octobre 2011
- (es) « Lara, candidato a las elecciones generales a partir del sábado », Público, le 9 septembre 2011
- (es) « CiU oficializa la candidatura de Duran para las generales », La Vanguardia, le 18 juillet 2011
- (es) « Real Decreto 1329/2011, de 26 de septiembre, de disolución del Congreso de los Diputados y del Senado y de convocatoria de elecciones. », Bulletin officiel de l'État
- (fr) « La débâcle socialiste offre une majorité absolue à Mariano Rajoy en Espagne », Le Monde, le 21 novembre 2011
- (fr) « Elections espagnoles : cartographie des résultats »
- (fr) « La droite espagnole remporte la majorité absolue », Le Figaro, le 21 novembre 2011
- (fr) « Espagne: majorité absolue pour la droite aux législatives », L'Express, le 20 novembre 2011
- (es) « El Congreso más plural », Público, le 20 novembre 2011
- (es) « Zapatero convoca un congreso ordinario en la primera semana de febrero », El País, le 21 novembre 2011
- (es) « El PP urge a acelerar al máximo el traspaso de poderes », El País, le 21 novembre 2011
- (es) « Rajoy "gobernará para todos" pero excluye a Amaiur », Público, le 21 novembre 2011
- (es) « Sáenz de Santamaría y Ramón Jáuregui coordinarán el traspaso de poderes », Público, le 21 novembre 2011
Annexes
Articles connexes
- Cortes Generales
- modifier] Liens externes
- (es) Site du PSOE
- (es) Site du PP
- (es) Site de CiU
- (es) Site de la Gauche unie
- (es) Site de l'EAJ/PNV
- (es) Site du ministère espagnol de l'Intérieur
- Un moteur de l'indignation : la loi électorale en Espagne, par Robert Liñeira, politiste.
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