- Église Sainte-Radegonde de Talmont
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Église Sainte-Radegonde de Talmont Présentation Culte Catholique Type Église paroissiale Début de la construction XIIe Fin des travaux XIVe Style(s) dominant(s) Roman ; Gothique (Façade occidentale) Protection Classé MH (1890) Géographie Pays France Région Poitou-charentes Département Charente-Maritime Ville Talmont-sur-Gironde Coordonnées modifier L'église Sainte-Radegonde est une église paroissiale catholique située dans le village de Talmont-sur-Gironde, dans le département de la Charente-Maritime, en France.
Édifiée sur une falaise surplombant l'estuaire de la Gironde, cette église est parfois considérée comme l'archétype du style roman saintongeais[1].
Sommaire
Historique
L'église Sainte-Radegonde est édifiée à partir du XIe siècle à l'initiative des bénédictins de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, lesquels auraient fait du sanctuaire une étape sur l'un des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ainsi, après avoir suivi la Via Turonensis jusqu'à Saintes, certains jacquets auraient-ils choisi de se rendre à Talmont d'où ils auraient embarqué pour la basilique de Soulac, sur l'autre rive de l'estuaire de la Gironde, poursuivant leur périple par la voie de Soulac.
Bien qu'une plaque commémorant le pèlerinage ait été apposée à proximité de l'église par la « Société des amis de Saint-Jacques », l'importance - sinon la réalité - de celui-ci se heurte à l'absence de preuves tangibles antérieures au milieu du XXe siècle[2].
La transformation du village en bastide par le roi d'Angleterre Édouard Ier, duc d'Aquitaine, implique la fortification d'une partie de l'église. Un chemin de ronde est édifié au-dessus de l'abside. Cependant, ce ne sont pas les guerres qui provoquent la destruction d'une partie de l'église, mais une violente tempête qui cause l'effondrement d'une partie de la falaise servant d'assise à l'édifice. Les deux premières travées de la nef et une partie de la crypte sont emportés par les flots[3]. Des travaux de consolidation sont effectués par la suite, tandis qu'une nouvelle façade gothique est édifiée.
L'église est classée monument historique le 30 août 1890[4].
Les premiers travaux de restauration importants interviennent dès 1929, année qui voit le dégagement d'une partie de la crypte-ossuaire. En 1935, la coupole et la base du clocher sont remis en état à leur tour. Cependant, dans les années de l'immédiat après-guerre, l'érosion de la falaise semble condamner l'église à un effondrement inéluctable.
En 1946, l'écrivain Pierre-Henri Simon, futur membre de l'académie française, originaire de la localité voisine de Saint-Fort-sur-Gironde, écrit à propos de l'église :
« À la pointe du rocher, blessée mais immuable, les vents ne cessent de la frapper ; les jours de tempête, elle est enveloppée d'écume. Elle est vraiment la nef ancrée sur les flots. Je ne connais pas de plus belle image (...) de l'éternel au cœur de l'histoire[5] »
L'église doit son sauvetage à André Malraux, alors ministre des affaires culturelles. Ce dernier, devant une affiche représentant l'église fragilisée, déclara un jour à des visiteurs :
« Voyez ces pierres sublimes, indifférentes aux rumeurs des âges...[6] »
La deuxième loi de programme portant remise en valeur du patrimoine monumental, dite loi Malraux permet des travaux de consolidation de la falaise, préalable à une campagne de restauration en profondeur menée par l'architecte des monuments historiques Michel Mastorakis.
Les travaux ne sont pas sans soulever de polémiques : de fait, l'édifice se trouve « expurgé » de ses éléments postérieurs au XIIe siècle. Le chemin de ronde est démoli, la base du clocher dégagée. Enfin, certaines sculptures sont refaites dans le goût du XIIe siècle, dans un souci d'harmonisation de l'édifice.
Description
S'opposant à la sobriété de la façade occidentale, refaite dans un style gothique assez sec après l'effondrement d'une partie de l'édifice au cours d'une violente tempête, ou à la face latérale sud, exposée aux intempéries, la façade latérale nord est typique de l'art roman saintongeais. Cette dernière est formée de trois registres verticaux. Dans sa partie inférieure s'ouvre un portail à trois voussures flanqué de deux arcades, tandis que la partie intermédiaire comporte une série de sept arcades supportées par des colonnettes et que la partie supérieure, formant pignon, est ornée d'un oculus.
Les sculptures du portail sont caractéristiques de la pensée médiévale selon laquelle la pierre doit être « la bible des illettrés » : elles sont ainsi des sermons imagés[7].
Sur la voussure supérieure, des hommes tirent avec une corde un animal prisonnier, tandis que la voussure centrale montre des hommes portés les uns par les autres, « échelle humaine », possible métaphore de la communauté chrétienne unie et solidaire. Enfin, la voussure inférieure montre des anges honorant l'agneau pascal, symbole du christ[8].
Les voussures ornant les deux arcades latérales représentent l'enfer et le paradis. Celle de gauche est ornée de dragons ailés amphicéphales, gueule béante et crocs acérés ; à l'opposé, celle de droite montre des pampres de vigne symbolisant la vie nouvelle[9].
À l'est, l'abside est divisé en cinq registres horizontaux par des contreforts-colonnes. Une partie du décor a été refait lors de la restauration entamée dans les années 1960, notamment les modillons. Sur une colonnette de l'abside, un cadran solaire gravé porte la date de 1586.
L'intérieur du sanctuaire contraste par sa sobriété. Présentant à l'origine un plan en croix latine, l'édifice est aujourd'hui limité à une nef d'une seule travée, un transept prolongé de deux absidioles, un avant-chœur de 8 mètres de long et une abside de 4,80 mètres de long, voûtée en cul de four. À la croisée du transept s'élève une coupole sur pendentifs.
De part et d'autre de la nef se trouvent deux escaliers conduisant à une crypte établie sur deux niveaux : au niveau inférieur était aménagé l'ossuaire, lui-même surmonté d'une chapelle funéraire.
Parmi le mobilier de l'église se trouve un christ en bois (restauré en 1995 après avoir été victime de vandalisme) et un antependium du XVIIe siècle. Une frégate ex-voto du XIXe siècle orne l'absidiole du croisillon nord.
Le cimetière marin attenant à l'église comporte de nombreux cénotaphes. Il est classé monument historique depuis le 21 février 1934[10].
Galerie
Références
- Architecture Romane en pays royannais
- Lire à ce sujet : Comment Talmont, en Gironde, serait-elle sur le chemin de Compostelle ? par Jacques Tribondeau, in Xaintonge n°6
- in Églises de Charente-Maritime, Francette Joanne, Nouvelles éditions latines
- Base Mérimée : église Sainte Radegonde
- in La sagesse du soir, Pierre-Henri Simon, éditions Le Seuil, 1971
- in Talmont et Merveilles, Bernard Mounier, éditions Bonne Anse, 2004
- in Le patrimoine des communes de la Charente-Maritime, éditions Flohic, 2002
- in Les symboles de l'art roman, Anne et Robert Blanc, éditions du rocher
- in Bulletin de la Société des Amis de Talmont, Jean-Claude Ribagnac, 1992
- Base Mérimée : cimetière marin
Pour approfondir
- L'Eglise Sainte-Radegonde de Talmont-sur-Gironde, par Jeanne Digard, Presses universitaires de France, 1934
- Itinéraires romans en Saintonge, Françoise Leriche-Andrieu, éditions Zodiaque, 1976
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- Monument historique classé en 1890
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