- Mutineries de la mer Noire
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Les mutineries de la mer Noire se sont produites en 1919 au sein de la flotte française venue en mer Noire, à Odessa, pour soutenir les Russes blancs contre-révolutionnaires dans leur lutte contre le nouveau pouvoir bolchevik.
Sommaire
Les évènements
Face à la Russie bolchévique, 27 états capitalistes dont la France décident d'envoyer un corps expéditionnaire soutenir les armées blanches contre-révolutionnaires qui se battent contre le nouveau pouvoir issu de la Révolution d'octobre. Un mois après l'armistice du 11 novembre 1918, des troupes françaises provenant de l'armée d'Orient débarquent, le 13 décembre 1918 à Sébastopol et le 18 décembre 1918, à Odessa. La deuxième escadre française, commandée par l’amiral Amet, et deux divisions de forces terrestres, avec le général Louis Franchet d'Espèrey, commencent l’intervention. De nombreux soldats et marins sont mécontents de devoir "remettre çà", la Première guerre mondiale à peine terminée.
En janvier et février 1919, le 58e régiment d'infanterie refuse de franchir le Dniestr, suivi du 2e régiment de montagne qui refuse d'attaquer Tiraspol le 8 février 1919[1] et entre le 4 et le 9 mars 1919 du 176e régiment d'infanterie qui refuse de combattre devant Kherson[2]. En avril 1919, les sapeurs du 7e régiment du génie se mutinent et la révolte gagne la marine (une première révolte est projetée à bord du torpilleur Le Protet le 15 avril 1919, ancré dans le port roumain de Balatz[3], animée par André Marty[4], mais elle échoue) et s'étend aux garnisons voisines d'Odessa, à Nikolaiev, Kherson, Sébastopol. C'est le 19 avril 1919 que la mutinerie éclate vraiment, à bord du cuirassé France, et s'étend dès le lendemain à bord de plusieurs autres navires de la flotte française : le Justice, le Vergniaud, le Chayla[5], le Jean Bart, le Waldeck-Rousseau, etc... Des marins chantent l'Internationale, hissent le drapeau rouge, crient « À Toulon ! À Toulon ! », quittent leurs navires et fraternisent avec la population ; des soldats défilent crosse en l'air, chassent leurs officiers ; le mouvement s'étend aux marins et soldats des autres pays qui participent à ce corps expéditionnaire[6].
La mutinerie s'étend aux ports de Brest, de Toulon, de Bizerte, et à bord des navires français se trouvant à Malte, en Grèce (par exemple à bord du croiseur Guichen qui se trouve dans le port grec d'Itea), etc.. et reçoit en France même le soutien d'une partie de l'opinion publique. Face à cette situation, les troupes françaises sont rapidement ramenées en France, condition indispensable pur que le commandement puisse rétablir son autorité. La répression fut violente, par exemple Charles Tillon, le principal meneur de la mutinerie à bord du Guichen, fut condamné à cinq ans de bagne et envoyé au Maroc.
L'intervention des puissances capitalistes contre le pouvoir bolchevik, en raison de ces mutineries, tourna au fiasco, les armées blanches contre-révolutionnaires furent écrasées. Cet évènement, antérieur au Congrès de Tours de 1920 qui vit la scission du parti socialiste SFIO et la naissance du Parti communiste français, en fut l'un des signes avant-coureurs.
Témoignages
- Émile Goude, député, à la tribune de la Chambre des députés, le 12 juin 1919, évoquant les déclarations des mutins au commandant du Jean Bart :
« Nous ne voulons rien. Nous n'avons rien contre vous, ni contre les officiers, mais nous vous déclarons que si vous voulez nous ramener en France, nous vous laissons votre autorité ; sinon, à partir de ce moment-ci, c'est nous qui prenons, au nom de l'équipage, toutes les responsabilités. (...) Nous ne voulons pas faire cette guerre qui n'est pas votée par le Parlement. Nous voulons retourner en France. (...) Le lendemain, le 20 au matin, le jour de Pâques, le pavillon rouge est hissé à bord des bâtiments de guerre. (...) Pendant quatre jours, les pourparlers ont continué et, au bout de ce temps, l'amiral, le commandant d'abord, l'amiral ensuite, ont acquiescé au désir des délégués, à savoir que les bâtiments rentreraient en France, que les hommes ne participeraient plus à la tuerie, à l'assassinat des populations russes, et qu'en arrivant en France, il n'y aurait aucune sanction, mais qu'au contraire les hommes seraient envoyés en permission[1]. »
- Jean Le Lann, un marin de Plougastel-Daoulas, qui se trouvait à bord du Jean Bart, a rédigé un témoignage de la mutinerie à bord de ce navire[7].
Notes et références
- http://books.google.fr/books?id=GVZoppyBpLgC&pg=PA277&lpg=PA277&dq=amiral+Amet&source=bl&ots=vOzQVr0t6w&sig=VSlL0kTaJvyZ_5_VYx__X4ojy4k&hl=fr&ei=0Gq_TsjkM8Tu-gaqj_GKBQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=4&ved=0CDQQ6AEwAw#v=onepage&q=amiral%20Amet&f=false Yves Charpy, "Paul-Meunier: Un député aubois victime de la dictature de Georges Clémenceau", L'Harmattan, consultable
- Des actes d'insubordination se produisent dès novembre 1918 dans les troupes françaises et alliées débarquées en Russie septentrionale, voir Patrick Facon, "Les mutineries dans le Corps expéditionnaire français en Russie septentrionale", Revue d'histoire moderne t contemporaine, juillet-septembre 1977, page 456
- http://labouchedefer.free.fr/spip.php?article200
- conseil de guerre, il est condamné à 20 ans de travaux forcés, à la dégradation militaire et à 20 ans d’interdiction de séjour, le 5 juillet 1919 Traduit devant un
- Croiseur protégé lancé en 1895
- http://www.forum-unite-communiste.org/forum_posts.asp?TID=108
- http://www.wiki-brest.net/index.php/Jean_Le_Lann,_un_Plougastel_t%C3%A9moin_des_mutineries_de_la_mer_Noire
Bibliographie
- César Fauxbras : Mer Noire - les mutineries racontées par un mutin, 1935
- André Marty : 'La révolte de la Mer Noire, Editions Sociales, 1949
- Jacques Raphael-Leygues et Jean-Luc Barré,Les Mutins de la Mer Noire, Plon, janvier 2001
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