Mosaïque de la Dame de Carthage

Mosaïque de la Dame de Carthage
La Dame de Carthage

La mosaïque de la Dame de Carthage est une mosaïque romaine découverte sur le site archéologique de Carthage, lors de fouilles effectuées en 1953 sur la colline de Sayda. Difficile d'interprétation car issue d'un contexte largement méconnu, l'œuvre, d'une « finesse d'exécution remarquable » selon l'historien de l'art Mohamed Yacoub[1], est conservée au musée national de Carthage et en constitue l'un des joyaux.

Sommaire

Histoire

La mosaïque a été découverte en 1953 dans une villa d'époque tardive fouillée à l'occasion de l'urbanisation du quartier. Cependant, il est complexe d'en préciser la datation car la villa n'a pu être fouillée en intégralité, le quartier de Sayda restant encore très largement méconnu. La datation de l'œuvre oscille entre l'époque vandale et la reconquête byzantine, et ne saurait être antérieure au deuxième quart du Ve siècle[2]. D'autres auteurs évoquent le Ve siècle sans davantage de précision, voire la placent dans la seconde moitié de ce siècle comme Yacoub[2],[3]. Les tenants de l'hypothèse d'une représentation de l'impératrice Théodora datent l'œuvre du VIe siècle[1].

Description

Semis de roses de la mosaïque du Phénix sur un semis de roses du musée du Louvre

Le tableau constituait l'emblema (tableau) d'une mosaïque plus grande et mesure 1,08 mètre sur 1,02[4]. Les tesselles sont en marbre et verre, vert, jaune et blanc. Même si le tableau a perdu des tesselles, l'ensemble est relativement bien conservé. Le reste de la mosaïque était constitué de roses alternativement ouvertes et en boutons[2],[3].

Le tableau central est situé dans un cadre sur un fond rouge dans lequel sont alternés des losanges et des cercles, avec également des perles[2].

Le personnage est présenté sous forme d'un buste. La tête, à la coiffe féminine munie d'un diadème, est entourée d'une auréole grise et possède de longues boucles d'oreille[1]. Les yeux du personnage sont très grands[1] et fixent le spectateur. Les vêtements sont masculins : la personne est vêtue d'une tunique jaune et d'un manteau de pourpre attaché sur l'épaule par une fibule ; il tient de la main gauche un long sceptre muni d'une boule à son extrémité ; deux doigts (index le majeur) de sa main droite sont tendus alors que les autres sont repliés, par un signe de bénédiction[2].

Interprétation

La mosaïque est originale par rapport aux découvertes de Carthage datables de la même époque, et on peut rattacher l'ouvrage des travaux réalisés en Orient. L'emblema a pu être importée de cette région ou réalisée par des artisans en provenance de cette région[1].

Le tableau est considéré par la plupart des spécialistes comme le portrait d’une impératrice byzantine, Théodora[5]. Cependant, le fait de fouler le portrait impérial a pu être considéré comme un obstacle à cette interprétation, tout comme l'absence d'une fibule spécifique à la famille impériale[2].

Certains historiens considèrent que le personnage est un ange byzantin[4] même si l'absence d'ailes ainsi que la difficile identification sexuelle ne plaident pas dans ce sens[2].

Cette identification sexuelle complexe semble devoir argumenter en faveur d'une personnification voire d'une allégorie, peut-être une représentation de la ville de Carthage elle-même[5].

L'absence de signe religieux évident sur l'œuvre est symptomatique d'une époque où le christianisme n'a pas encore occulté le paganisme, et où l'ambigüité reste de mise[1].

Le personnage, mélancolique et grave, est une pièce majeure de l’art mosaïcal de l’Antiquité tardive[1]. L'Antiquité tardive voit s'accentuer des caractères spécifiques, dont la stylisation et une posture hiératique[6].

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f et g Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995, p. 360
  2. a, b, c, d, e, f et g Collectif, De Carthage à Kairouan. 2 000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, éd. Association française d'action artistique, Paris, 1982, p. 201
  3. a et b Mohamed Yacoub, op. cit., p. 359
  4. a et b Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, Carthage retrouvée, éd. Cérès / Herscher, Tunis / Paris, 1995, p. 115
  5. a et b Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, op. cit., p. 118
  6. Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, op. cit., p. 117

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : ce logo indique que la source a été utilisée pour la rédaction de l’article.
  • Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, Carthage retrouvée, éd. Cérès / Herscher, Tunis / Paris, 1995 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951
  • Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Collectif, De Carthage à Kairouan. 2 000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, éd. Association française d'action artistique, Paris, 1982 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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