Mosaïque de l'Ecclesia Mater

Mosaïque de l'Ecclesia Mater
Mosaïque de l'Ecclesia Mater

La mosaïque de l’Ecclesia Mater est une mosaïque tombale paléochrétienne comportant une représentation schématique d’une église découverte à Tabarka en Tunisie et conservée au musée national du Bardo, dans la banlieue de Tunis. C'est un document fondamental pour la connaissance des basiliques paléochrétiennes.

Sommaire

Histoire

Cette œuvre date du IVe siècle selon Aïcha Ben Abed[1] ou du Ve siècle selon Mohamed Yacoub[2]. Elle est découverte en 1904 dans les ruines d'une chapelle dédiée à des martyrs[3], située à l'ouest de Tabarka[4]. Le site a livré de nombreuses dalles funéraires du milieu du IVe siècle à la fin du VIe siècle[5], dont l'œuvre la plus précieuse est la mosaïque de l'Ecclesia Mater[6]. Cette dalle de production locale[7] figure au musée national du Bardo sous le numéro d'inventaire A. 307.

Description

La mosaïque mesure 2,28 mètres sur 1,65[7].

Détail de la mosaïque

Le bâtiment est présenté à la fois en façade et en coupe pour en figurer l'agencement intérieur. Les éléments sont vus de l’extérieur et de l’intérieur, avec une rupture de la perspective afin de figurer le maximum d'informations[8]. Le côté intérieur droit est figuré alors que le côté gauche est présenté par des colonnes tronquées[3].

L’édifice est composé d’un grand arc supporté par trois colonnes corinthiennes qui donne accès par un escalier de cinq marches à une abside voûtée, le presbytérium. La construction possède trois nefs[3].

En outre, on y voit une façade, avec un fronton triangulaire percé de trois fenêtres, et une ligne de sept colonnes de style dorique au centre de la basilique.

Dans la nef centrale se trouve l’autel sur lequel brûlent trois cierges. À proximité, plus précisément sous l'autel car une grille ajourée en montrait sans doute la localisation[6], devait se situer une tombe de martyr ou un dépôt de reliques[7]. Le presbytérium est en connexion avec la nef. Sur le sol, une succession de six colombes se dirige vers l'autel[2]. Elles sont séparées par des roses ; deux d'entre elles, s'affrontant au niveau de l'autel[9], sont les symboles des âmes des fidèles[7].

Sur le mur figurent six fenêtres[6]. Le toit en charpente à double inclinaison est couvert de tuiles plates et demi-cylindriques.

L'inscription tient sur deux lignes : Ecclesia mater (Église mère), le refuge des fidèles et une épitaphe Valencia in pace (Valencia en paix), le nom de la défunte.

Interprétation

La mosaïque symbolise donc l'Église mère qui accueille la défunte[10].

Le mosaïste a adopté les conventions de l'Antiquité tardive et offre un « exemple parfait de la figuration aplanie et de la représentation synthétique d'un édifice »[9]. Les conventions adoptées sont fantaisistes, chaque élément étant représenté de façon autonome et maladroite[11]. Cette technique de représentation est utilisée jusqu'au Moyen Âge[8].

La mosaïque constitue un témoignage fondamental pour expliquer le passage d’un christianisme intimiste, qui se déroulait dans des lieux souvent privés, à une architecture appelée à un vif succès, celui de la basilique chrétienne, après l’édit de Constantin en 312[12].

L'œuvre est au final d'une « grande importance pour l'étude de l'architecture religieuse chrétienne primitive » selon Mohamed Yacoub[13].

Notes et références

  1. Aïcha Ben Abed-Ben Khader, Le musée du Bardo, éd. Cérès, Tunis, 1992, pp. 20-21
  2. a et b Mohamed Yacoub, Le Musée du Bardo : départements antiques, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1993, p. 40
  3. a, b et c Hédi Slim, Ammar Mahjoubi et Khaled Belkhodja, Histoire générale de la Tunisie, tome I « L'Antiquité », éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2003, p. 335
  4. Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995, p. 371
  5. Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, p. 368
  6. a, b et c Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, p. 374
  7. a, b, c et d Collectif, De Carthage à Kairouan. 2 000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, éd. Association française d'action artistique, Paris, 1982, p. 198
  8. a et b Noël Duval, « Basilique chrétienne africaine », Encyclopédie berbère, vol. IX, p. 1372
  9. a et b Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin, éd. Mengès, Paris, 2001, p. 231
  10. Noël Duval, op. cit., p. 1371
  11. Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, pp. 374-375
  12. François Baratte, Histoire de l’art antique : L’art romain, éd. Manuels de l’école du Louvre - La documentation française, Paris, 1996, p. 263
  13. Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, p. 375

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : ce logo indique que la source a été utilisée pour la rédaction de l’article.
  • François Baratte, Histoire de l’art antique : L’art romain, éd. Manuels de l’école du Louvre - La documentation française, Paris, 1996 (ISBN 2711835243) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Noël Duval, « Basilique chrétienne africaine », Encyclopédie berbère, vol. IX, pp. 1371-1377 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Abdelmajid Ennabli, Georges Fradier et Jacques Pérez, Carthage retrouvée, éd. Cérès / Herscher, Tunis / Paris, 1995
  • Paul Gauckler, Mosaïques tombales d'une chapelle de martyrs à Thabraca, éd. Académie des inscriptions et belles-lettres, Paris, 1907 (Monuments et mémoires, tome XIII, n°2)
  • Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951
  • Marie-Henriette Quet, Imaginaire chrétien et espace corporal: la mosaïque funéraire d'ecclesia mater (Tabarka, Tunisie), VIe colloque de l'AIEMA, Palencia-Mérida, 1990, p. 391
  • Hédi Slim, Ammar Mahjoubi et Khaled Belkhodja, Histoire générale de la Tunisie, tome I « L'Antiquité », éd. Maisonneuve et Larose, Paris, 2003 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin, éd. Mengès, Paris, 2001 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Mohamed Yacoub, Le Musée du Bardo : départements antiques, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1993 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995 (ISBN 9973917235) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Collectif, De Carthage à Kairouan. 2 000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, éd. Association française d'action artistique, Paris, 1982 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Liens internes

Lien externe


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mosaïque de l'Ecclesia Mater de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Projet:Tunisie/Index — Accueil   Portail   Suivi …   Wikipédia en Français

  • Musée national du Bardo (Tunisie) — Pour les articles homonymes, voir Musée national du Bardo. Musée national du Bardo المتحف الوطني بباردو …   Wikipédia en Français

  • Musee national du Bardo (Tunisie) — Musée national du Bardo (Tunisie) Pour les articles homonymes, voir Musée national du Bardo. Musée national du Bardo …   Wikipédia en Français

  • Musée national du bardo (tunisie) — Pour les articles homonymes, voir Musée national du Bardo. Musée national du Bardo …   Wikipédia en Français

  • Museo Nacional del Bardo — Fachada del Museo Nacional del Bardo …   Wikipedia Español

  • Liste de locutions latines — Cet article contient une liste de locutions latines présentée par ordre alphabétique. Pour des explications morphologiques et linguistiques générales, consulter l article : Expression latine. Sommaire  A   B … …   Wikipédia en Français

  • Cathédrale Saint-Jean de Besançon —  Cette cathédrale n’est pas la seule cathédrale Saint Jean. Cathédrale Saint Jean de Besançon …   Wikipédia en Français

  • Bis repetita placent — Liste des locutions latines Voir « Locutions latines&# …   Wikipédia en Français

  • De jure — Liste des locutions latines Voir « Locutions latines&# …   Wikipédia en Français

  • Ex officio — Liste des locutions latines Voir « Locutions latines&# …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”