- Monobaze Ier
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Monobaze Ier Titre Rois d'Adiabène Prédécesseur Izatès Ier Successeur Izatès II Biographie Dynastie Monobaze d'Adiabène Date de naissance Av. J.-C. Date de décès v. 30 Père inconnu (peut-être Izatès Ier) Mère inconnue Conjoint Hélène d'Adiabène Enfants Izatès II, Monobaze II, (?) Izatès III modifier Monobaze Ier ou Bazeus Monobaze a régné sur l'Adiabène d'environ l'année 20 à l'année 30 de notre ère. L'Adiabène était alors un royaume tributaire de l'Empire parthe. Il avait comme épouse la reine Hélène d'Adiabène. D'après le Talmud, cette union donna naissance à sept fils. Selon Flavius Josèphe, deux d'entre eux sont devenus rois d'Adiabène à leur tour (Izatès II et Monobaze II).
Sommaire
Le nom « Monobaze »
Monobaze, Monobazos ou Manubazos semblent simplement signifier le « roi Ma'nu » (Ma'nu Bazeus). Ma'nu est un nom traditionnel des Abgar d'Osroène : neuf souverains de ce royaume portèrent ce nom. Pour Moïse de Khorène et Léroubna d'Édesse, les Monobaze sont des Abgar. Comme eux, ils seraient donc d'origine nabatéenne. Moïse de Khorène indique que l'un de ceux qu'il appelle Abgar d'Arménie est appelé Manova par les Syriens[1]. Manova est probablement la forme arménienne de Ma'nu. De plus, Flavius Josèphe indique que Monobaze Ier était « surnommé Bazaios (βασιλέυς = roi)[2] ».
Biographie
Mariage
Selon Flavius Josèphe, Monobaze se serait marié avec sa sœur Hélène d'Adiabène[3],[4]. Toutefois, pour Léroubna d'Édesse, un auteur du IVe siècle, les deux époux n'avaient pas la même mère et le père d'Hélène (qui selon Léroubna portait aussi le nom de Salomé) s'appelle Mithrad (Mithridate)[5],[6]. Aucun des autres auteurs antiques (Tacite, Suétone, Dion Cassius, Eusèbe de Césarée, Moïse de Khorène ou le Talmud) ne relève ce mariage consanguin alors que cette singularité aurait dû les choquer. Au contraire, les écrits de Moïse de Khorène semblent eux aussi indiquer que Monobaze Ier et Hélène avaient des parents différents. Il est donc possible que Flavius Josèphe ait commis une erreur. Il a pu confondre avec un couple royal de la même région (royaume d'Arménie) et de la même époque, la reine Érato d'Arménie qui règne avec son frère-époux Tigrane IV[7] de -6 (ou -12) à 1 apr. J.-C.[8] (ou 1 av. J.-C.[9]), puis seule vers 12. Il est aussi possible que cette erreur ait été introduite au fil des recopies. Les plus anciens manuscrits de Flavius Josèphe connus datent en effet du Xe siècle et les spécialistes ont notés dans de nombreuses autres parties des interpolations et des lacunes qui montrent que la transmission écrite de son œuvre n'a pas été idéale.
Règne
On sait peu de choses au sujet de Monobaze Ier. Il est connu pour avoir été allié avec le roi Abennerigos (ou Abinerglo)[10] dont la cité fortifiée de Spasinès (ou Charax Spasinu, Σπασίνου Χάραξ)[11] était la capitale du royaume de Characène.
Après l'avoir choisi pour être son successeur, il envoya un de ses fils, le futur Izatès II, à la cour de ce roi Abennerigos, alors que celui-ci était très jeune[12].
« [Monobaze Ier] craignant vivement que la haine de ses frères ne lui portât malheur, il l'envoya, après lui avoir fait de grands présents, chez Abennerigos, roi du Camp de Spasinès à qui il confia sa sécurité. Abennerigos reçut le jeune homme avec empressement, manifesta une grande affection, lui donna pour femme sa fille nommée Symacho et le gratifia d'un pays qui lui rapporterait de gros revenus[13]. »
C'est à Spasinès qu'Izatès se convertit au judaïsme sous l'influence d'Ananias, un rabi qui était aussi un riche marchand. Une conversion qui débouche après la mort de Monobaze Ier sur la conversion de toute la famille[12].
« Conscient que sa fin était imminente Monobaze Ier a convoqué son fils Izatès et lui a donné un pays adjacent à son royaume[12] », probablement après la mort du roi Abennerigos (vers 21).
« Monobaze était déjà vieux et comprenait qu'il n'avait plus guère de temps à vivre ; aussi voulut-il voir son fils avant de mourir. Il le fit donc venir, l'embrassa avec beaucoup d'affection et lui donna le pays dit de Carrhes ; cette terre est très propre à produire en abondance de l'amome [une plante avec laquelle était fabriqué des onguents]. C'est là également que se trouvent les restes de l'arche où, dit-on, Noé échappa au déluge, restes qui, jusqu'à nos jours, sont montrés à ceux qui veulent les voir. Izatès vécut donc dans cette région jusqu'à la mort de son père[14]. »
Ce don du pays de Carrhes (au sud d'Édesse, à la frontière turco-syrienne) par Monobaze Ier était semble-t-il une façon d'officialiser la désignation d'Izatès comme son successeur. Ce don par Monobaze Ier montre aussi que ce territoire qui appartenait à l'Osroène à l'époque de la bataille de Carrhes (-53) était passé sous le contrôle du royaume d'Adiabène.
Succession de Monobaze Ier
À la mort de son mari Monobaze Ier (v. 30), Hélène d'Adiabène eut à gérer une transition difficile au cours de laquelle elle parvint à ce que son fils Izatès bar Monobaze soit reconnu comme successeur légitime, tout en sauvant la vie de ses autres fils. Le futur Izatès II était alors le seigneur de Carrhes, (au Sud d'Édesse) et vivait sur ces terres que son père lui avait données pour bien marquer sa volonté de voir Izatès lui succéder. Les grands du royaume d'Adiabène acceptèrent qu'Izatés succède à son père, mais demandèrent que ses autres frères soient exécutés. C'était en effet une pratique courante dans la région pour éviter les guerres pouvant résulter de conflits dynastiques entre frères. L'encyclopædia Iranica remarque, par exemple, un « précédent dans l'histoire parthe, Phraate IV ayant agi exactement de cette manière quand il monta sur le trône[12]. »
Hélène parvint à sauver la vie de ses autres fils en temporisant. Elle fut contrainte toutefois de mettre ses fils en prison comme ceux des autres épouses de Monobaze Ier, mais elle obtint que la mise à mort ne puisse être décidée que par Izatès II, lorsque celui-ci serait rentré. Elle obtint aussi de pouvoir « établir provisoirement comme régent du royaume » Monobaze bar Monobaze, son fils aîné[14],[12].
« Quand Izatès eut pris la royauté et qu'arrivant en Adiabène il vit ses frères et ses autres parents enchaînés, il fut mécontent de ce qui était arrivé. Regardant comme impie de les tuer ou de les garder enchaînés, mais jugeant dangereux de les laisser libres auprès de lui alors qu'ils se souviendraient des offenses reçues, il envoya les uns comme otages à Rome près de l'empereur Claude avec leurs enfants et il expédia les autres sous un prétexte analogue chez Artabane le Parthe[15]. »
Ce statut d'otage ne semble avoir concerné que les fils des autres femmes de Monobaze Ier ; en effet la présence des fils d'Hélène (donc frères d'Izatès) est mentionnée plusieurs fois par Flavius Josèphe et le Talmud en Judée, à Jérusalem, à Lod, en Samarie et en Galilée.
Légende
La façon dont Flavius Josèphe explique que Bazeus Monobaze a choisi son fils Izatès plutôt que Monobaze, son fils ainé, rappelle la façon dont Dieu s'est adressé à saint Joseph pour lui annoncer le destin de son futur fils Jésus[16], ainsi Flavius Josèphe relate :
« Vers ce temps-là, la reine d'Adiabène Hélène et son fils Izatès adoptèrent les coutumes juives pour la raison suivante. Monobaze, roi d'Adiabène, surnommé Bazaios (Βαζαῖος), épris d'amour pour sa sœur Hélène, s'unit à elle par le mariage et la rendit grosse. Dormant un jour avec elle, il posa par hasard sa main sur le ventre de sa femme ; dans son sommeil, il sembla entendre une voix lui ordonnant d'écarter la main de ses flancs pour ne pas comprimer le fœtus qu'elle portait et à qui la providence divine réservait la puissance et une fin heureuse. Troublé par cette voix et éveillé en sursaut, il dit cela à sa femme ; il nomma Izatès le fils qui leur naquit. Or, il avait déjà d'Hélène un fils aîné, Monobaze, et d'autres fils d'autres femmes ; mais il manifestait clairement que toute son affection allait à Izatès comme s'il n'avait eu que lui. »
— Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX, II, 1s.
Cette voix entendue par Monobaze rappelle celle de l'ange Gabriel s'adressant à Joseph. De plus, ce fils sera appelé Izatès, or le nom de Jésus dans la tradition musulmane est Îsâ qui semble être la forme araméenne de Izatès.
Cela, allié au fait que la mère d'Izatès, Hélène d'Adiabène aurait eu comme nom juif Mariamme (Marie), et dont la vie (et la mort) présenterait de nombreux points communs avec Marie (mère de Jésus) (et/ou avec Marie la Magdaléenne), conduit quelques auteurs à penser que cet Izatès (né en l'an 1 de notre ère) est le Jésus des Évangiles.
Cette thèse n'a rencontré aucun succès auprès des spécialistes de la question et les laisse indifférents.
Précédé par Monobaze Ier Suivi par Izatès Ier Roi des Adiabèniens v. 20 • v. 30 Izatès II Notes et références
- Moïse de Khorène, Histoire de l'Arménie, Livre II, Chapitres XXIV.
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX, II, 1.
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 1
- Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, p. 80.
- Hélène d'Adiabène s'appelant Arsham. Le père du mari d'
- Histoire d'Abgar Léroubna d'Édesse,
- Tacite, Annales [lire en ligne], II, 3.
- Cyrille Toumanoff, Manuel de généalogie et de chronologie pour l'histoire de la Caucasie chrétienne (Arménie, Géorgie, Albanie), Éd. Aquila, Rome, 1976, p. 515, « Rois d'Arménie », « Artaxiades et leurs successeurs (Deuxième monarchie arménienne) ».
- René Grousset, Histoire de l'Arménie des origines à 1071, Paris, Payot, 1947 (réimpr. 1984, 1995, 2008) (ISBN 978-2-228-88912-4), p. 104.
- Abennerigos (ou Abinerglo d'après un de ses tétradrachmes) régna sur Charax Spasinu de 5 à 21 ap. J.-C. (cf. Georges Mathieu)
- Characène, aussi connu comme Mésène (חבל ימא), un royaume tributaire de l'Empire parthe situé au sommet du golfe Persique. Charax Spasinu ou Spasinès était la capitale du royaume de
- (en) D. Sellwood, « Adiabene », in Encyclopædia Iranica en ligne. Consulté le 5 juin 2011.
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 1
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 2
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX II - 3
- Évangiles attribués à Matthieu et à Luc
Bibliographie
- Sources primaires
- Appien, Guerres mithridatiques.
- Dion Cassius, Histoire romaine.
- Eusèbe de Césarée, Histoire ecclésiastique, ii., ch. 12.
- Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XX, de II à IV.
- Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, Livre VI, VI - 3,4.
- Moïse de Khorène, Livre II, chapitres 35-36.
- Plutarque, Vie de Pompée, 36.
- Plutarque, Vie de Crassus, 25, 26, 27 et 31 - 35.
- Le Seder Olam Zuta, le Seder 'Olam Rabbah et le Seder 'Olam de-Rabbanan Sabura'e.
- Strabon, Géographie, XI, 14.16.
- Tacite, Annales, XV - 1s.
- Talmud de Babylone, Yoma 37, Suk. 2.
- Tite-Live, Periochae, résumé du livre 106.
- Sources secondaires
- (en) E. Brauer, The Jews of Kurdistan, Wayne State University Press, Détroit, 1993.
- (en) Salomon Grayzel, A History of the Jews, New York, Mentor, 1968.
- (en) Ernst Schürer, The History of the Jewish People in the Age of Jesus Christ, 3 vol., Edinbourg, 1976-1986.
- Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Privat, Toulouse, 2007.
- René Grousset, Histoire de l'Arménie, Payot, 1984 (ISBN 2-228-13570-4).
- Theodor Mommsen, Histoire romaine, livre V, IX.
- André Verstandig, Histoire de l'Empire parthe, Le Cri, Bruxelles (ISBN 2-87106-279-X).
- Heinrich Graetz, Histoire des Juifs, sur http://www.histoiredesjuifs.com.
- Christian Settipani, Nos ancêtres de l'antiquité: études des possibilités de liens généalogiques entre les familles de l'antiquité et celles du haut Moyen-Age européen, Editions Christian, 1991, Paris, 263 pages.
- Sources tertiaires
- (en) D. Sellwood, « Adiabene », in Encyclopædia Iranica en ligne. Consulté le 13 août 2011
- (en) M. Seligsohn, « Seder Olam Zuta », dans http://www.jewishencyclopedia.com.
- (en) Richard Gottheil, « Adiabene », dans http://www.jewishencyclopedia.com.
- (en) Richard Gottheil et Isaac Broydé, « Izates » (d'Adiabène), sur Jewish Encyclopedia, testé le 14 août 2011
- (en) H. G. Enelow, « Ananias of Adiabene », sur Jewish Encyclopedia, testé le 14 août 2011
- (en) Kaufmann Kohler, « Agabus », sur Jewish Encyclopedia, testé le 14 août 2011
- (en) Emil G. Hirsch & M. Seligsohn, « PESHIṬTA », dans http://www.jewishencyclopedia.com
- (en) Richard Gottheil et M. Seligsohn, « Helena », dans Jewish Encyclopedia. Funk and Wagnalls, 1901–1906, qui citent :
- Rabbi Nehemiah Brüll, Jahrb. i. 70-78.
- Heinrich Graetz, Gesch., 3e éd., iii. 403-406, 414.
- Schürer, Gesch., 3e éd., iii. 119-122.
Liens externes
- (en) « Adiabene » par Richard Gottheil sur Jewish Encyclopedia, testé le 5 juin 2011
- (en) « Helena » (d'Adiabène) par Richard Gottheil et M. Seligsohn, sur Jewish Encyclopedia, testé le 5 juin 2011
- (en) Adiabene par D. Sellwood sur http://www.iranica.com, testé le 5 juin 2011
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