- Maison de Joyeuse
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La Maison de Joyeuse[1] est une famille noble française, particulièrement influente du XIIIe au XVIIIe siècle (entre Dragonnet de Joyeuse, premier du nom et les derniers représentants de la famille Louis II de Melun, Jean-Armand de Joyeuse ou encore Alexandre Paul Guérin de Tournel de Joyeuse de Chateauneuf-Randon).
Par le jeu des alliances, les Châteauneuf-de-Randon,Luc,Portes, toutes grandes maisons se trouvèrent alliées de la maison de Joyeuse. Ce fut cette dernière qui fut choisie pour être érigée en Vicomté puis Duché-pairie[2].
Sommaire
Les origines du nom de Joyeuse
Si l'on croit la légende, les premiers seigneurs de Joyeuse[3] furent les guerriers des armées de Pépin le Bref ou de son filsCharlemagne.
En fait, le passage de Charlemagne est tout à fait hypothétique ,alors que son influence sur le Gévaudan voisin est attestée.
Joyeuse était le nom de l'épée de Charlemagne, mentionnée dans la Chanson de Roland[4].
Remaniée elle était l'épée du sacre des Rois de France. Elle est conservée au Musée du Louvre.
Les premiers titulaires connus du fief de Joyeuse sont la famille de Châteauneuf-Randon.
Les Châteauneuf-de-Randon
Vieille famille originaire du Gévaudan.
La ville de Châteauneuf-Randon[5], est essentiellement connue par le fait que le connétable Bertrand Duguesclin y perdit la vie en 1380 au cours du siège qui lui permit de reprendre la ville aux Anglais. De cette ancienne famille est issue la famille de Joyeuse.
Alliée aux familles d'Anduze, Bermond, Pelet,Narbonne...
D'après Pierre-Yves Laffont, "les différentes branches du lignage de Châteauneuf sont donc dans les dernières années du XIIIe siècle, totalement ou partiellement, seigneurs de seize châteaux ou castra en Vivarais méridional : Malarce, Lafigère, Thines, Borne, Loubaresse, Paris, Saint-Laurent-les-Bains, Banne, Grospierres, Labeaume, Joyeuse, Laurac, Montbrison, Montréal, Saint-Reméze, Bidon, auxquels il faut ajouter Pradelles sur le plateau Vivarois."
En 1272, Randone d'Anduze, domina de Joyeuse, assiste au nom de son fils Dragonnet de Châteauneuf au pariage passé entre le roi de France et les coseigneurs du castrum de Banne[6].
Randon : d'or à trois pals d'azur, au chef de gueules.
Par le biais des mariages les descendants d'Odilon de Randon (fils du comte Raymond-Bérenger de Gévaudan), d'abord, vers 1060 Guillaume Ier, seigneur de Châteauneuf-Randon. Puis Guillaume II enfin Guigon, sans doute premier à porter le titre de baron, fils de Guillaume II qui épouse en deuxièmes noces Alix, dame d'Apcher.
En 1222 un frère d'Anduze est évéque de Viviers. En 1230 Bernard VIII d'Anduze rendit hommage au Roi (Louis VIII de France ) pour 21 localités dont en Vivarais; , Joyeuse , Laurac, Largentière et Chassiers. (Jean Régné, Histoire du Vivarais, tome 2 , page 87).
-Randon, épouse Vierne, dame de Joyeuse, de Portes, de Luc, fille de Bernard d'Anduze.
Ce mariage résout les conflits entre Châteauneuf et Anduze qui étaient tous deux coseigneurs de Joyeuse. Anduze reste coseigneur de Largentière avec le comte de Toulouse et les évêques de Viviers et partage avec eux le revenu des mines d'argent : 50 % pour le comte, 1/6 pour l'évêque, 1/3 pour Anduze (Marie-Christine Bailly-Maitre).
-Dragonnet de Joyeuse, premier du nom. 1261 – "Par acte reçu, Bernardus Grezelli, notaire, dans l’église de Rosières, la veille des nones de janvier de l’an mille deux cent soixante et un ; Randone alias Vierne femme de feu Guigon de Chateauneuf.....Devant Guilhaume Chabaud, notaire à Joyeuse, ....., dame de Joyeuse, femme jadis de feu noble seigneur Guigon de Chateâuneuf en présence et du consentement de noble Seigneur Messire Guillaume de Randon, seigneur du Luc, qu’elle reconnaît pour son suzerain de plusieurs fiefs, donation à Dragonnet de Chateauneuf (1)son fils et dudit Guigon, de tout ce que ladite dame avait en propriété, alleu, domaines, fiefs et arrière fiefs, juridiction haute, basse mare et ipare, château de la Baume et de Vallon en Vivarais et mandements d’iceux sous réserve de l’usufruit sa vie durant. Témoins : Regardon de Naves[7], chevalier, Mr Guillaume de Beauvois, chevalier, Mr Arnaud de la Garde, chevalier, Mrs Guillaume et Araud de Chaldeyrac, chevaliers, Jousselin fils de Regardon." Acte passé à Joyeuse[8]. (Annales de Montravel[9], op cité). Il épouse en 1283 Béatrix de Hautefeuille.
La notion de baronnie en France apparait à la fin du XIIIème siècle (P-Y Laffont)remplaçant les termes de juridiction ou de mandement.
-Bernard, baron de Joyeuse, épouse en 1312 Alexandrine de Peyre.
-Randon Ier, baron de Joyeuse, leur fils épouse en 1346 Flore de Queylus.
-Louis Ier[10], baron de Joyeuse leur fils épouse en 1367 Marguerite de Chalençon dont il a un fils Randon. En secondes noces il épousera Tiburge de Saint Didier. Le roi Charles IV le charge de combattre les Tuchins en 1384. Il part ensuite en Terre Sainte
-Randon II, baron de Joyeuse., épouse Catherine Aubert de Montel, de Galas dont il a un fils Louis. A son retour, Catherine étant décédée, il épouse Louise de Saint Priest.
Il semble que les conflits d'intérets entre Raymond VI de Toulouse , Aymar de Poitiers , Brémond d'Anduze et l'évéque de Viviers autour des mines d'argent de Sigalières[11] à Largentière. Simon IV de Montfort passe le 5 novembre 1213 à Largentière dont les frères Bermond d'Anduze sont coseigneurs ( Histoire du Vivarais de Jean Régné Tome II, op cité) , et que la Croisade contre les Albigeois ait favorisé la fortune des Châteauneuf-Randon, en particulier avec le rachat des terres de Brèmond d'Anduze, puis par le jeu des alliances. (Ernest Durand, Monographie de Peyremale suivie de Biographie d’Antoine Deparcieux.)
De droit, les barons de Joyeuse faisaient partie des représentants du Vivarais aux États de Languedoc.
L'Apogée
Louis II, fils de Randon II, épouse Thiburge de Saint-Didier. Il se bat contre les Anglais à la Bataille de Cravant et sera récompensé par 2 000 livres d'argent de rente et l'érection de Joyeuse en vicomté en juillet 1432 par lettres patentes de Charles VII.
En 1455, Claude de Chateauneuf , sire de Joyeuse est signalé comme Bailli Royal de Villeneuve-de-Berg ( Paul d'Albigny ).
Se succéderont comme vicomtes :
-Tanneguy[12], sénéchal de France à Lyon, sous Louis XI. Bailli de Mâcon. Il épouse en 1449, Blanche de Tournon. Il fut conseiller et chambellan du duc de Bourbon. Son troisième fils Louis est à l'origine de la branche de Grandpré[13],[14].
-Guillaume Ier vicomte de Joyeuse, épouse en 1472 Anne de Balzac. Ils eurent cinq enfants :
- Charles, qui eut de Françoise de Méonillon un fils Jacques mort à 20 ans et des filles.
- Louis, évêque de Saint-Flour.
- Guillaume, évêque d'Aleth sous le nom de Guillaume V.
- Jacques, abbé de Saint-Antoine.
- Jean, seigneur de Saint-Sauveur, époux de Françoise de Voisins, baronne d'Arques (Ariège). Devient vicomte de Joyeuse au décès de son neveu Jacques. Il s'installe dans son château de Couiza. Il devient gouverneur de Narbonne, puis lieutenant général au gouvernement du Languedoc. Leur fils aîné Jean-Paul décède jeune.
- Guillaume II fils de Jean et de Françoise de Voisins, évêque d'Aleth sous le nom de Guillaume VI, n'étant pas entré dans les ordres, il devint vicomte de Joyeuse à la suite du décès sans héritier de son frère aîné Jean. Nommé par Henri II maréchal de France. Il épouse en 1560 Marie de Batarnay[15], fille de René de Batarnay comte du Bouchage, arrière-petite fille de Ymbert de Batarnay, seigneur du Bouchage, conseiller de Louis XI.
Ils auront 7 enfants dont le destin est lié aux guerres de religion.
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- Le duc Anne de Joyeuse, pair de France (par prérogative particulière, il venait avec leduc d'Épernon, immédiatement derrière les princes du sang, avant tout autre noble du royaume), chevalier de l'ordre du Saint-Esprit[16] (Cinquième promotion de l'Ordre Chevaliers reçus le 31 décembre 1582, en l'église des Grands-Augustins de Paris[17], gouverneur du Mont-Saint-Michel, né en 1560 à Joyeuse et mort à la bataille de Coutras le 20 octobre 1587. Il fut un des mignons du roi Henri III. Il est enterré à Montrésor (Indre-et-Loire)[18] dans la collégiale fondée par Imbert de Batarnay.
- Le cardinal François de Joyeuse, né le 24 juin 1562 à Carcassonne, décédé le 23 août 1615 à Avignon, était un ecclésiastique et homme politique.
- Antoine Scipion de Joyeuse né en 1565, mort en 1592, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, gouverneur de Toulouse, noyé dans le Tarn au siège de Villemur, lieutenant général du Languedoc. Enterré à Villemur[19]
- Henri de Joyeuse, frère Ange en religion[20] (Toulouse, 1563 – Rivoli, 1608)[20]. Il aurait offert aux capucins de Picpus une statue de Notre-Dame de la Paix qu'il tenait de Jean de Joyeuse. Cette statue est toujours visible dans l'église des capucins de la rue Saint Honoré à Paris[21].
- Georges, né en 1567, décédé à Paris le 16 avril 1584.
- Honorat décédé très jeune.
- Claude de Joyeuse, seigneur de Saint-Sauveur (1569-1587) mort à Coutras avec son frère Anne. Enterré à Montrésor.
Les héritiers
- La duchesse Henriette Catherine de Joyeuse (1583-1656), née au Palais du Louvre le 13 janvier 1585. Elle était fille d'Henri de Joyeuse, comte du Bouchage, et de Catherine de la Valette.Par ses dons, elle fut à l'origine de l'installation d'un collège d'Oratoriens à Joyeuse et de l'érection de Joyeuse en paroisse indépendante de Rosières[22].
Elle eut d'un premier mariage avec Henri de Bourbon, une fille: Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier qui fut la mére de:
- Anne Marie Louise d'Orléans de Montpensier dite « la Grande Mademoiselle » (1627-1693), petite-fille de Henriette Catherine. Fille de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Héroïne de la Fronde, lle fut exilée dans sa terre de Saint-Fargeau, elle n’est rappelée à la cour qu’en 1657. En 1670, à l’âge de 42 ans, elle tombe amoureuse du futur Antonin Nompar de Caumont Duc de Lauzun.
, elle n’obtint de Louis XIV la permission de l’épouser qu’en 1681. L’union n’est pas heureuse, le duc se lasse très vite de sa femme et les époux se séparent en 1685.
- Louis II de Melun pour qui Louis XIV restaure le titre de duché-pairie en 1714.
Héraldique
Si l'on sait que Dragonnet de Joyeuse fut le premier à introduire des Hydres dorées en chef de ses armes, on ne connait avec certitude les armes de la maison de Joyeuse qu'à partir d'Anne de Joyeuse[23].
Armes de la famille de Joyeuse depuis 1261 : Palé d'or et d'azur de six pièces, au chef de gueules chargé de trois hydres à sept têtes aussi d'or.
La fin
- Jean-Armand de Joyeuse, issu de la branche de Grandprè, fondée par Louis de Joyeuse troisième enfant de Tanneguy.
Entre 1786 et 1788, S.A Marie Louise de Rohan-Soubise, comtesse de Marsan, vend les terres du Duché de Joyeuse. L'acquéreur du Château sera le comte Cerice de Vogüé représentant de la noblesse aux états du Vivarais de 1789 en tant que baron de Vogüé, de Joyeuse, Aubenas et Montlor (Montlaur canton de Coucouron,commune de Mayres)....
Notes et Références
- http://www.heraldique-europeenne.org/Regions/France/Joyeuse.htm
- http://www.histoire.joyeuse.eu/ducsdejoyeuse.htm
- http://www.medarus.org/Ardeche/07commun/07comTex/joyeuse.htm
- (fr) Chanson de Roland sur gallica.bnf.fr. Consulté le 9 août 2010
- http://books.google.fr/books?id=rsNpi7IVulEC&lpg=PA143&ots=dPRiSflbOd&dq=chateauneuf%20randoni&pg=PA143#v=onepage&q&f=false
- P-Y Laffont, op. cité, page 213
- http://www.ardeche.com/ville-village/naves.php
- http://joyeuseardeche.free.fr/armoiries.htm
- http://joyeuseardeche.free.fr/images/ANNALES%20DE%20JOYEUSE.htm
- http://www.cerclegenealogiquedenancy.net/Genealogies/Beauvau/dat22.htm#17
- http://www.patrimoine-ardeche.com/visites/largentiere_n.htm
- http://genea.jaubart.com/pgv/individual.php?pid=I3407&ged=SauvGEDCOMAncest.GED
- http://books.google.fr/books?id=dR8VAAAAQAAJ&lpg=PA263&ots=rd8dgmYlOk&dq=francois%20de%20joyeuse&pg=PA260#v=onepage&q&f=false
- http://www.flickr.com/photos/lomyre/3728971784/
- http://genea.jaubart.com/pgv/individual.php?pid=I3414&ged=SauvGEDCOMAncest.GED
- http://www.heraldique-europeenne.org/Accueil.htm>
- http://www.euraldic.com/txt_saint-esprit_s02.html
- http://www.heraldique-europeenne.org/ Duché de Saint Aignan.htm
- http://books.google.fr/booksid=dR8VAAAAQAAJ&pg=PA263&lpg=PA263&dq=francois+de+joyeuse&source=bl&ots=rd8dgmYlOk&sig=G0wtkNDaRw6X6Ypp9XFerFYaixs&hl=fr&ei=EZl6TK6HKcOb4AaW243FBg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=10&ved=0CEYQ6AEwCTgK#v=onepage&q&f=false
- http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1926_num_12_54_2382
- http://www.ssccpicpus.fr/article.asp?contenu_ssrub=notre+dame+de+paix&contenu_rub=LA+CONGREGATION
- http://www.archive.org/stream/ActeNotarieCreantLoratoireDeJoyeuse/FondationDeLoratoireDeJoyeuse#page/n1/mode/2up
- http://www.heraldique-europeenne.org/Regions/France/Duche_Joyeuse.htm
- http://www.royet.org/nea1789-1794/notes/acteurs/chateauneuf-randon.htm
Annexes
Bibliographie
- Paul d'Albigny, Les Baillis Royaux du Vivarais ou Baillis d'Épée : et leur liste chronologique depuis leur origine connue, Privas, 1896
- Jean Régné, Histoire du Vivarais : le développement politique et administratif du pays de 1039 à 1500, t. 2, Largentière, imprimerie E.Mazel
- Pierre de Vayssiére, Messieurs de Joyeuse (1560-1615 ), Paris, Albin Michel, 1926
- Pierre de Vayssiére, La seconde profession de frère Ange, capucin, duc de Joyeuse , pair et maréchal de France, vol. 12, t. 54, Paris, Revue d'histoire de l'Èglise de France, 1926, 34-52 p.
- Ernest Durand, "Monographie de Peyremale suivie de Biographie d’Antoine Deparcieux"
- Ernest Durand, Nouvelles notes pour la "Monographie de Peyremale ", Alais, 1905
- Louis, vicomte de Montravel, Annales de Rosières, Vernon,Joyeuse, Lablachère, Revue du Vivarais
- Pierre Bozon, Histoire du peuple vivarois, Valence, 1966.
- Pierre-Yves Laffont, Châteaux du Vivarais : Pouvoirs et peuplement en France Meridionale du Haut Moyen Age au XIIIème siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2010 (ISBN 978-2-7535-0925-2).
Publié avec le soutien du Conseil Général de l'Ardèche
- Marie-Christine Bailly-Maître, Les mines médiévales de Largentière,et de Sainte Marguerie-Lafigére - Malarce-sur-la-Thines : Mines en Ardèche, vol. n°105, Mémoire d'Ardèche et Temps Présent, 15 février 2010
Article connexe
Liens externes
- La faveur du Roi- par Nicolas Leroux [1].
- Dictionnaire de la Noblesse Par François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois[2].
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