- Macédoine (terminologie)
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Le terme Macédoine est un toponyme à la source de confusion et de débats dû à ses multiples usages pour définir au fil du temps des zones différentes géographiquement, politiquement, historiquement, linguistiquement et démographiquement. Les différents groupes ethniques qui habitent la zone ont nommé de la même manière des entités diverses et des formes différentes d'une unique entité, ce qui entraîne des problèmes aussi bien pour ses habitants que pour les étrangers.
Historiquement, la région a été marquée par les continuels changements politiques dans l'histoire de la Péninsule balkanique. Sur le plan géographique, il n'existe pas de définition claire de la région et les noms des sous-divisions ne font l'unanimité ni des universitaires, ni de ses propres habitants. Sur le plan démographique, la zone est habitée principalement par quatre groupes ethniques, trois d'entre eux s'autodéfinissant comme «Macédoniens» : un groupe slave méridional, qui le fait au niveau national, et deux autres, bulgare et grec, qui le font au niveau régional. Linguistiquement, les noms et les origines des langues parlées dans la zone sont l'objet de grandes controverses, tandis que dans le domaine politique, l'utilisation du nom de Macédoine est allé jusqu'à générer une rixe diplomatique entre la Grèce et la République de Macédoine, un conflit qui n'est toujours pas réglé malgré l'intervention des Nations Unies.
Au delà de l'histoire et des frontières de la région, la Macédoine peut être considérée sans ambiguïté comme le cœur des Balkans. Fondamentalement, la raison de la variété de noms et de définitions pourrait se résumer par les mots de Winston Churchill : « La région des Balkans a tendance à produire plus d'histoire qu'elle ne peut en consommer. »[1].
Sommaire
Étymologie
Trois théories existent sur l'origine du nom «Macédoine». D'après la mythologie grecque, Makedon était le nom du chef de la tribu qui s'installa dans la région et qui fonda le Royaume de Macédoine. Selon Hérodote, les makednoí étaient une tribu dorienne[2].
Le nom pourrait aussi dériver de l'adjectif μακεδνός (makednós), qui signifie "haut", tel qu'utilisé par Homère pour désigner un arbre dans l'Odyssée[3] et qui serait selon Hésychios d'Alexandrie un mot dorien qui signifierait "grand" ou "lourd"[4]. On pense habituellement qu'aussi bien les Macédoniens que leurs prédécesseurs makednoí étaient considérés comme des personnes de grande taille[5].
Une troisième hypothèse suggère que le nom Makedon signifie « les gens des hautes terres », selon un terme ancien de ancienne langue macédonienne, μακι-κεδόνες (maki-kedónes, des hautes terres)[6]. Le World Book Encyclopedia avance cette théorie, mais sur la base du terme grec makednós, portant sur les hautes montagnes de la région.
La Macédoine historique
Époque antique
Royaume de Macédoine Province romaine Macédoine byzantine Domination ottomane Extension du territoire historique de la Macédoine Le premier Royaume de Macédoine, qui exista entre le milieu du VIIe siècle av. J.‑C. et 168 av. J.-C., a été le premier État à être installé dans la région géographique homonyme. Ses frontières ont été plus ou moins constantes, bien qu'il soit difficile de déterminer si certaines zones intérieures faisaient partie du royaume lui-même, ou des États indépendants qui furent constamment en lutte contre les rois de Macédoine.
Pendant le règne de Philippe II, la Macédoine s'est considérablement élargie, notamment dans le domaine de la péninsule Chalcidique et les territoires du nord vers le Danube. Philippe termina son règne en s'établissant sur une grande partie de la Grèce ; son fils, Alexandre le Grand, étendra le Royaume de Macédoine sur une grande partie de l'Asie jusqu'à l'Indus en soumettant l'Empire perse achéménide.
Après la mort d'Alexandre, la Macédoine est redevenu un petit royaume suite aux guerres des diadoques et au morcellement de l'Empire en différents États. Après sa conquête par l'Empire romain dans ce qu'on appelle les guerres de Macédoine, le Sénat romain établit la province de Macédoine en 146 av. J.-C., dont la taille varie au cours des siècles jusqu'à la mer Adriatique et avant que Dioclétien ne la divise en deux unités administratives. Pendant la période byzantine, le thème de Macédoine, organisé en l'an 800, est situé dans une région plus à l'est, excluant la péninsule Chalcidique.
La dynastie macédonienne, dont le fondateur, Basile Ier le Macédonien, d'origine arménienne fut déporté par les Bulgares en 813, régna sur l’Empire Byzantin de 867 à 1057
En l'an 300, le diocèse de Macédoine est organisé autour des deux provinces de Macédoine ; il rassemble les provinces d'Épire, Thessalie, Achaïe et de Crète, de sorte qu'il comprenait la plupart de la Grèce moderne et l'Albanie. Le diocèse cessa d'exister avec l'arrivée des ottomans. Par la suite, l'Empire ottoman qui régna sur le territoire jusqu'au XIXe siècle ne constituera aucune unité administrative en Macédoine sous ce nom ; toutefois, la région s'étendant de la Thrace orientale à la Thessalie et la Serbie a continué à être connue sous le nom de «Macédoine», qui, selon plusieurs études correspond à la définition de la région actuellement la plus utilisée[Note 1].
Lorsque en 1904, une grande partie de son territoire a été placé sous administration internationale, la Macédoine a été partagée entre les districts de Thessalonique, Bitola, Skopje, Kosovo, Drama et Serrès[7],[8]. Entre 1912 et 1913, la région a été divisée entre les États indépendants des Balkans après sa victoire sur les Ottomans lors de la Première Guerre balkanique. La frontière entre la Grèce, la Serbie et la Bulgarie finira par être définie suite aux conflits dans la région : la première et la deuxième guerre balkanique et plus tard, la première Guerre Mondiale.
Macédoine contemporaine
Dès les prémisses de la révolution grecque, le gouvernement grec provisoire considérait la Macédoine comme faisant partie intégrante du territoire grec, mais selon le traité Constantinople de 1832 qui définit les frontières grecque après son indépendance de l'Empire ottoman, la limite nord se situait entre Arta et Volos, soit, au sud de la Macédoine actuelle.
Selon le traité de San Stefano qui met un terme à la guerre russo-turque de 1877-1878, toute la région macédonienne doit passer sous contrôle de la Bulgarie (alliée des russes), à l'exception des la région de Thessalonique. Cependant le Congrès de Berlin de 1878, voulut pas les puissances occidentales révisa ce traité et rendit une grande partie de la région macédonnienne à l'Empire ottoman.
Les aspirations des populations déclencha la première Guerre balkanique durant laquelle les turcs furent battus ; la Macédoine fit alors l'objet de revendications de l’ensemble des états de la Ligue balkanique (Serbie, Monténégro, Grèce, Bulgarie et Roumanie) ; la Bulgarie insatisfaite de ne récupérer qu'une partie de la Macédoine déclencha la deuxième Guerre balkanique contre ses anciens alliés, ce qui conduisit en 1913 à l’établissement de nouvelles frontières selon le traité de Bucarest.
Les entités politiques qui ont existé suite au tracé de ces frontières sous le nom de « Macédoine » ont été nombreuses :
- La Macédoine est une région composée du nord de la Grèce constituée en 1913 suite aux guerres des Balkans. Elle regroupe trois périphéries : la Macédoine-Orientale-et-Thrace, la Macédoine-Centrale et la Macédoine-Occidentale.
- La République socialiste de Macédoine a été l'un des états qui composent la République fédérative socialiste de Yougoslavie en 1946. Elle a par la suite pris officiellement le nom de République de Macédoine, puis en 1963 a été rebaptisée République socialiste de Macédoine.
- La République de Macédoine est le nom de l’actuel État souverain dénommée officiellement République de Macédoine ou Ancienne République yougoslave de Macédoine ou l'ex-République yougoslave de Macédoine, abrégée en ARYM (ou FYROM en anglais pour Former Yugoslav Republic of Macedonia ), officiellement créé après l'indépendance de la Yougoslavie, le 8 septembre 1991.
Terminologie par pays
Toutes les controverses mentionnées ci-dessus ont généré un certain nombre d’appellations plus ou moins spécifiques et politiques selon les groupes ethniques ou pays considérés. Cela a donné lieu à de nombreux points de frictions dans les relations entre les pays des Balkans, notamment entre la Grèce et la Macédoine (ARYM, FYROM) dont le premier ne reconnait pas le droit au second de s'autoproclamer internationalement République de Macédoine, du fait de sa population à majorité slave[9].
Dénominations bulgares
- Gărkomani (Гъркомани) est un terme péjoratif pour désigner les minorités slaves de Macédoine grecque qui s'auto-dénomme Grecs.
- Macédonien et certaines langues slaves de Grèce sont considérées comme des dialectes de langue bulgare. Cependant, le gouvernement de la Bulgarie reconnaît officiellement la langue macédonienne en tant que langue officielle de la République de Macédoine (mais toujours comme un dialecte bulgare)[10].
- Macédonien (Македонизъм) renvoie à l'idéologie qui prétend que les habitants slaves de Macédoine sont un groupe distinct des Bulgares.
- Macédonistique''(Македонистика) se réfère à l'étude des origines de la langue macédonienne et l'histoire de son peuple, lors de la période yougoslave, puis à l’indépendance.
- Bulgare antique (Старобългарски) est le nom donné aux anciens slaves, notamment ceux ayant occupé le territoire de la Macédoine antique durant le Moyen Âge.
Dénominations grecques
- Macédoine (Μακεδονία) peut se référer à région administrative ou région géographique situé en Grèce, en fonction de son contexte[11].
- Macédonien (Μακεδόνας) est le nom des habitants de la Macédoine grecque[11].
- Macédonien antique (Αρχαίος Μακεδόνας) correspond aux habitants du Royaume de Macédoine antique[11].
- Macédonien slave correspond à la description de l'ethnie macédonienne slave et de la langue parlée par ces population.
- République de Skopje (Δημοκρατία των Σκοπίων) correspond à la République de Macédoine, comme appelée par les grecques en référence à la capitale du pays : Skopje et en raison du refus de la Grèce de reconnaître l'appellation République de Macédoine[9].
- Skopiote (Σκοπιανός, Σκοπιανικά) est un autre nom utilisé pour désigner les habitants de la République de Macédoine ou la langue officielle de ce pays.
- Slavophone (Σλαβόφωνος) est le nom par lequel les Grecs désignent les locuteurs du macédonien, mais s'étend également aux Bulgares et aux Macédoniens ne parlant pas de langue slave.
Dénominations macédoniennes
- Macédoine (Македонија) peut se référer à la région administrative grecque ou à la République de Macédoine[12].
- Macedonien (Македонци) est utilisé pour désigner les Macédoniens de souche et les habitants de la République de Macédoine[12].
- Macédoine de la mer Égée (Егејска Македонија — Egejska Makedonija) correspond à la région grecque.
- Macédoine du Pirin (Пиринска Македонија — Pirinska Makedonija) correspond à l'ancienne partie macédonienne à l'ouest de la ligne de crête de la chaîne de montagne du Pirin et aujourd'hui intégrée à la Bulgarie sous le nom d'oblast de Blagoevgrad.
- Macédonien antique (Старомакедонски) correspond à l'ancien macédonien parlé dans l'antiquité.
- Egejci (Егејци) est le nom servant à désigner les personnes originaires de la Macédoine grecque.
Notes et références
Notes
Références
- L'élargissement de l'espace euro-atlantique », 2006. Consulté le 18-07-2006 Ronald H. Linden, «
- Hérodote, Histoires 1.56, 8.43 ((es) texte sur Wikisource)
- Homère, Odyssée Chant VII, 106. (voir le texte sur Wikisource : Chant VII et Chant VII en édition bilingue)
- A Greek-English Lexicon
- , Macedonian Studies A. B. Daskalakis: Ὁ λληνισμς τς ρχαας Μακεδονις [lire en ligne], p. 270-271
- , Athéniens, macédoniens et origine de la Maison royale macédonienne [lire en ligne], p. 7-13
- Imber Colin, L'Empire ottoman, 1300 - 1650 : La structure du pouvoir, Houndmills, Palgrave Macmillan, 2002
- Donald Edga, Géographie historique de l'Empire ottoman, Leiden, EJBrill, 1972
- Débat autour du nom de la Macédoine Voir l’article plus détaillé sur le sujet :
- Macédoine, sur l'encyclopédie Larousse.
- (el) Fytrakis Tegopoulos, Μείζον Ελληνικό Λεξικό (Lexique hellénique de Mízon), Ekdoseis Armonia A.E., 1997, 674 p. (ISBN 960-7598-04-0)
- (mk) ЕНЦИКЛОПЕДИЈА Британика (Enciclopedia Británica), Maкедонија (Macédoine), Топер, coll. « Скопје », 2005, 674 p. (ISBN 960-7598-04-0)
Voir aussi
Référence de traduction
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Macedonia (terminología) » (voir la liste des auteurs)
Bibliographie
- Eugene N. Borza, Before Alexander : constructing early Macedonia, Claremont, Californie, 1999 (ISBN 0-941690-97-0)
- Robin Lane Fox, Alexander the Great, 1973 (ISBN 0-14-008878-4)
- Henry Robert Wilkinson, Maps and politics ; a review of the ethnographic cartography of Macedonia, Liverpool, Angleterre, 1951
Articles connexes
Liens externes
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