Marie Hart

Pierre tombale de Marie Hart

Marie Anne Hartmann, dite Marie Hart (née le 26 novembre 1856 à Bouxwiller (Bas-Rhin), morte le 30 avril 1924 à Bad Liebenzell) est une écrivaine alsacienne.

Elle a vécu dans les tourments de la politique franco-allemande scandée par deux guerres^[1].

Pour son plaisir mais aussi par nécessité, Marie Hart toucha à l'écriture : le conte, la nouvelle, le récit, le théâtre, la poésie, la traduction. Elle écrivit en français d'abord, en allemand ensuite et finalement produisit une œuvre littéraire en alsacien.

Biographie

Marie Hartmann est fille d'un pharmacien et d'une institutrice, seconde d'une fratrie de huit enfants (sept filles et un garçon). Elle décrit cette enfance comme une période heureuse dans les "G'schichtlen un Erinnerungen üs de sechziger Johr", récits parus en 1911. Ces petites histoires évoquent la vie quotidienne de l'ancienne capitale du comté de Hanau-Lichtenberg, observée avec finesse et contée avec un talentueux humour.

Élève à l'École normale de filles à Strasbourg, Marie achève sa formation d'institutrices à Nancy en 1874.

En 1876, Marie quitte le giron familial et va travailler à l'Institut Jäckel de Dresde comme répétitrice de français.

Elle tient un journal en français. On y découvre une jeune fille sensible, attachée à sa famille, imprégnée d'éducation morale chrétienne et de la double culture française et allemande. C'est probablement pendant ce séjour qu'elle écrit le conte : "Marguerite ou La petite gardeuse d'oies", daté de 1877.

Marie Hartmann rencontre son futur mari, Alfred Kurr à Lutzelhouse dans la vallée de la Bruche où son cousin Charles Hartmann est médecin marié à une fille du professeur Schimper naturaliste à l'Université de Strasbourg.

Alfred Kurr n'est pas un personnage banal. Il est cultivé, passionné d'équitation et de chasse, il est riche grâce à un premier mariage. Mais il est aussi de quinze ans son aîné, il est divorcé et, de plus ex-officier de l'armée wurtembourgeoise qui a participé à la guerre de 1870. Pour son père et toute sa famille cette dernière circonstance est source de chagrin.

Les atermoiements et les conflits que suscite dans les projets matrimoniaux la situation politique particulière de l'Alsace sont relatés dans l'ouvrage "D'r Herr Merkling un sini Deechter" paru en 1913.

Marie et Alfred se marient en 1882 à Bouxwiller, le mariage religieux est célébré à l'église protestante de Neuwiller-lès-Saverne.

C'est à Mellau dans le Vorarlberg que les époux Kurr s'installent dans un chalet de montagne sans confort. Marie tient un journal en français où maints détails du quotidien sont consignés.

Alfred accepte de s'installer en 1885 avec sa jeune épouse à Lutzelhouse. La chasse est sa principale occupation. Marie donne naissance à leur unique enfant Charlotte en 1892.

Nous n'avons pas trouvé de traces d'écritures de Marie pendant ces dix années passées dans la vallée de la Bruche.

En 1895, les Kurr s'installent à Freilassing en Haute-Bavière. Une vie bourgeoise s'égrène dans une villa neuve.

Marie retrouve l'inspiration, elle écrit en allemand. Elle signe Marie Hart. Des nouvelles paraissent à partir de 1898 dans la "Straßburger Post|" dans le"Elsässisches Evangelisches Sonntagsblatt", dans les "Elsässische Frauenblätter" un supplément dominical de la "Straßburger Zeitung". Sa pièce de théâtre "D'r Stadtnarr" écrite en alsacien est jouée à Haguenau dès 1907.

Alfred mène une vie de rentier mais gère son patrimoine de façon catastrophique. En 1908, il est totalement ruiné et propose à sa femme et devant sa fille le suicide familial pour sauver l'honneur

Marie revient à Bouxwiller avec son époux et sa fille. Pour subvenir aux besoins de sa famille, elle ouvre avec l'aide de ses sœurs une pension pour collégiens dont elle est la cheville ouvrière : la cuisine, le ménage, les cours de soutien, une aubaine pour le gymnase de Bouxwiller.

Parallèlement Marie Hart écrit et publie avec le soutien de Frits Lienhard auprès des éditions Greiner et Pfeiffer des œuvres dont "D'r Hahn im Korb" (Le coq du village) en 1917. Ses publications sont un complément de ressources et très probablement un exutoire à sa vie avec son mari dont elle dit : "Er hat mich durch alle Höhen und Tiefen geführt" (Il m'a fait passer par hauts et bas"). C'est pendant cette période qu'elle compose les textes les plus savoureux en drôleries et en vérité.

Rien ne sera épargné à Marie Hart. A la fin de la guerre de 1914-18 son mari est expulsé parce que d'origine allemande et de plus officier et président d'association d'anciens combattants. Il trouve refuge en Forêt-Noire à Bad Liebenzell. Marie, fidèle, le rejoint, le cœur gros de quitter sa "Heimet" et en même temps déçus par l'attitude de ses concitoyens. Il faut à nouveau recommencer l'argent fait défaut. Les Kurr sont tributaires de la "Liebenzellze Mission" des amis et de la famille. Cette période triste transparait dans deux ouvrages "Üs unserer Franzosezit" (Notre époque française) paru en 1921 et "Erinnerungsland" (Le pays des souvenirs) en 1923.

Le 30 avril 1924, Marie Hart s'éteint de chagrin.

Notes et références

Ouvrages

• G'schichtlen un Erinnerungen üs de sechziger Johr
• Ues minre alte Heimet
• Erinnerungsland
• Elsässische Erzählungen
• E Scheidungsg'schicht
• Ues unserer Franzosezit
• D'r Hahn im Korb
• D'r Herr Merkling un sini Deechter
• Gesammelte Werke

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