Hobart Pasha

Hobart Pasha
Augustus Charles Hobart-Hampden - Hobart Pasha

Augustus Charles Hobart (1° avril 182219 juin 1886) , plus connu sous le nom de Hobart Pasha, fut capitaine de la Royal Navy, forceur de blocus pendant la guerre de Sécession, et amiral de la marine ottomane

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Le jeune Hobart, alors midshipman de 13 ans, a certainement vu en 1835 les tribordais au repos sur le pont de la corvette HMS Rover filant grand largue tribord amure au large des côtes du Brésil (tableau de E.C.Eckersberg, 1833)

Augustus Charles Hobart est à Walton-on-the-Wolds, Leicestershire. Il était le 3° fils de Augustus Edward Hobart-Hampden, un pasteur qui devint 6° earl (comte) du Buckinghamshire à la mort de son frère ainé (1849). Il est élève de la public school (alors fameuse) du Dr Mayo, à Cheam (Surrey) , mais, peu intéréssé par les études, il abandonne l'école et entre en 1835 ( à 13 ans) dans la Royal Navy.

Comme midshipman sur la HMS Rover [1]qui croise long des côtes du Brésil et chasse les navires négriers , le jeune Hobart s'endurcit pendant les 8 années suivantes, et se signale par son courage. Il est sur le HMS Dolphin [2]au large de la Côte Sauvage, lors de la capture d'un négrier qu'il ramène comme prise dans le port de Démérara. En récompense de sa belle conduite, le jeune A.C. Hobart, qui a passé avec succés ses examens théoriques pendant ses permissions en Angleterre, est nommé à bord du yacht royal à vapeur Victoria and Albert, alors commandé par l'amiral Lord Adolphus FitzClarence, cousin de la reine Victoria.

Officier de la Royal Navy

En septembre 1845, cependant, il est en Mer Méditerranée sur le HMS Rattler [3] , puis sur le HMS Bulldog [4], dont le capitaine le trouve "plein de zèle".

Dans la Mer Baltique, A.C. Hobart fut brièvement capitaine du HMS Driver (1840-1861) , un brick de guerre (6 canons) à vapeur (roues à aubes) de la Royal Navy, qui fut le 1° steamer à faire le tour du monde (en 1847).


Hobart est I° lieutenant sur le HMS Bulldog lorsque débute la Guerre de Crimée. Le Bulldog est envoyé en Mer Baltique avec l'escadre franco-anglaise de Charles Napier (amiral) et Alexandre Ferdinand Parseval-Deschenes. Hobart est alors nommé capitaine du HMS Driver, et se joint aux attaques franco-anglaises sur les forts de la côte finlandaise, en particulier la forteresse de Bomarsund dans les îles Åland. A Bomarsund, en août 1854, après un bombardement intense, les Alliés, qui comptent 20 000 marins et marines (troupes de l' infanterie de marine), débarquent 12 000 soldats sous les ordres du général Achille Baraguey d'Hilliers contre les 3 000 défenseurs finlandais. Les Alliés auront 17 tués, contre 1 700 pertes chez les Finlandais, dont 300 prisonniers qui seront déportés dans une petite ville du sud de l'Angleterre : Lewes (East Sussex) [5].


Le HMS Duke of Wellington (1852) fut le plus puissant vaisseau de guerre du monde jusqu'au lancement par la France du vaisseau Bretagne (1855)

En 1855 Hobart sert sur le HMS Duke of Wellington (1852) [6] le vaisseau-amiral de Richard Saunders Dundas, qui a remplacé Charles Napier (amiral) tombé en disgrâce pour avoir, entre autres, refusé de bombarder des forts russes trop bien défendus . Dundas, lui, bombarde (massivement et inutilement) la forteresse de Sveaborg, devant Helsinki, ainsi que Kronstadt (devant Saint Petersbourg).


Hobart, qui apprend alors à connaître les torpedoes [7] (ce qui lui servira plus tard) , se distingue et est nommé commander.


Sa carrière, jusque brillante, connait ensuite une phase de stagnation[8]. En 1855, A.C. Hobart, qui a presque 20 ans de service en mer, est nommé dans les garde-côtes à Dingle (comté de Kerry) , puis est commandant dune vieille coque, le HMS Hibernia, qui garde le port de La Valette (île de Malte) et fait office de receiving ship (foyer des marins).

Mais fin 1861, Hobart est à nouveau en service actif : il commande la canonnière HMS Foxhound en Méditerranée.

En mars 1863 Hobart, qui est alors âgé de 41 ans, est est enfin nommé "post-captain" [9] , et mis à la retraite en demi-solde.

Pendant la guerre de Sécession

Le forceur de blocus Advance : bas sur l'eau, taillé pour la vitesse, mâture réduite au minimum et peint de couleur foncée.

Hobart, sous le nom de Captain Roberts, prend le commandement dun vapeur de 233 tons, un forceur de blocus taillé pour la vitesse, le Don.

Le 7 août 1863 Charles Maxwell Allen, vice-consul US à Nassau (Bermudes) signale par dépêche au US Secretary of State William H. Seward que le Don est arrivé de Manchester avec , selon son capitaine "mille paires de corsets, 500 boites de pilules Cockles contre l'indigestion, et une quantité de brosses à dents" [10].

Le 14 janvier 1864 le même vice-consul signale encore à Washington le passage du même "vapeur Don, venant de Wilmington, et chargé de 561 balles de coton".

Hobart compte ainsi 12 voyages de la Grande-Bretagne à Wilmington, et retour. Il cède ensuite le Don à son second, Fred Cory, mais le vapeur est capturé le 4 mars 1864 par le USS Pequot de la flotte de blocus atlantique, alors quil tente dentrer à Wilmington après son escale à Nassau (Bermudes).

Interrogé en janvier 1893 par le journal The New York Times, le capitaine Grosvenor Porter, ex-commandant du forceur de blocus Phantom, déclara avoir rencontré Hobart à Londres après la fin de la guerre de Sécession; Hobart lui aurait dit alors quil ''avait arrêté momentanément le commerce avec la Confédération car son identité était presque mise à jour" [11]. Le fait est que le 13 juillet 1864 C.M. Allen, le vice-consul US à Nassau (un homme généralement bien informé), avertit William H. Seward que le Falcon , un steamer de la compagnie Alexander Collie, est arrivé à Nassau, et il ajoute : "son capitaine est une personne qui commandait auparavant le Don, et qui se faisait appeler Roberts. On dit que cest un officier de la Royal Navy, dune famille noble; cest un ami intime du gouverneur des Bermudes. En cas de capture, cherchera à se faire passer pour un simple matelot "[12].

Le Falcon, un steamer à roues, très rapide, fait 2 voyages sans encombres (il ramène une fois 1 140 balles de coton) mais lors de la 3° traversée une épidémie de fièvre jaune éclate à son bord, et il doit retourner à Halifax. Hobart, atteint lui aussi, abandonne le statut de contrebandier. Dailleurs la guerre de Sécession prend bientôt fin.


Combien de voyages transatlantiques Hobart at-il effectué ? Il compte 12 traversées dans son livre "Sketches of my life" (chapitre sous-titré "Never caught", "Jamais pris") , alors que dautres parlent de 18Ce qui est certain , cest quil fut à la fois le plus audacieux et le plus chanceux des forceurs de blocus : Grosvenor Porter, dans son interview au New York Times dit que "le bateau de Hobart, le Don, prenait des risques impressionants, plus grands que ceux que les Anglais prenaient dhabitude. Il fonçait souvent en plein milieu dune flotte ennemie, comme par jeu, et il sen sortait habituellement sans problèmes".

Dans le chapitre XVII (intitulé "I enter the turkish navy")de ses mémoires, A.C. Hobart définit ce qui selon lui motive un forceur de blocus, et quel doit être son code de conduite (voir infra).

Officier de la marine turque

Cette charge de Hobart Pasha a été publiée dans le Vanity Fair (journal) du 1er juin 1878, à la rubrique "Men of the day".

Après la fin de la guerre de Sécession, Hobart voyage, dit-il, pour son plaisir. A Constantinople, en 1867, il rencontre ( "plus par accident que volontairement") Fuad Pacha , le Grand Vizir du sultan Abdulaziz, pour lequel il a des lettres dintroduction. Le Grand Vizir lui fait part dune de ses préoccupations majeures : la révolte crétoise de 1866-1869. La Crète est alors sous domination ottomane et cette rébellion ne subsiste, dit le Grand Vizir, que grâce à laide que lui apporte la Grèce : un trafic maritime de contrebandiers approvisionne les insurgés malgré le blocus maritime imposé par la Turquie.

Hobart "fait alors, en passant, allusion" au fait qu'il connait bien les blocus et les methodes de ceux qui savent y échapper, et qu'il pourrait facilement y apporter remède. La Sublime Porte l'engage alors immédiatement comme "Conseiller Naval" en remplacement de son compatriote Sir Adolphus Slade, amiral de la flotte turque depuis 1866 et qui allait être atteint par la limite d'âge [13]. Hobart, mis à la tête de l'escadre turque qui bloque la Crête avec le titre de Bahrie Limassi (vice-amiral), coupe en quelques mois tous les approvisionnements de l'île, et la rébellion, de plus écrasée sur terre par les Ottomans, dépose les armes. En récompense, le Sultan nomme Hobart amiral, et lui octroie en 1869 le titre de pacha, cependant que, sur plainte officielle de la Grèce à l'amirauté britannique, le nom du post-captain Hobart est rayé de la liste d'officiers de la Royal Navy.

Dans les années 1870, la Turquie était la 3° puissance maritime par le tonnage de sa flotte de guerre (derrière la Grande-Bretagne et la France), mais il lui manquait l'encadrement, l'organisation et la discipline. Hobart Pasha, nommé "Inspecteur Général" de la flotte turque, lança un programme en vue de la réorganiser et de l'améliorer, créa des écoles navales, des bateaux écoles, des cours de maniement des canons de marine.

Sur intervention de Lord Frederick Stanley (16th Earl of Derby , Secretary of State for War de 1878 à 1780) le nom de A.C. Hobart est réinscrit sur la liste de promotion de la Royal Navy, et immédiatement rayé à nouveau lorsqu'il accepte le commandement de la flotte turque de la Mer Noire au début de la Guerre russo-turque de 1877-1878.

Routschouk (actuellement Roussé, Bulgarie), sur le Danube et loin à l'intérieur des terres, était en 1877 possession ottomane.

En Mer Noire, l'action de Hobart est freinée par des intrigues de palais : des ordres venus de haut lui interdisent d'utiliser la flotte turque offensivement comme il le préconise, aidé par son expérience des tactiques russes acquise en Mer Baltique. D'ailleurs la flotte russe n'est pas un adversaire brillant : elle est réduite à sa plus simple expression depuis le [[Guerre de Crimée

  1. Le Congrès de Paris|Traité de Paris]], et ses vaisseaux restent à l'abri des ports.

Hobart se signale pourtant dès la déclaration de guerre en faisant sortir (comme au temps il était forceur de blocus) son bateau du port fluvial de Roustchouk (aujourd'hui Roussé, Bulgarie), sur le Danube. Il rejoint la Mer Noire en passant sous les canons russes des forts du delta du Danube. Par la suite il trouva un moyen de lutter efficacement contre les vedettes-torpilleurs russes : il faisait entourer ses cuirassés de canots reliés par des cables. Hobart Pasha ne peut livrer de combat naval, mais il investit la Mer Noire, bloque les ports du sud de la Russie et le delta du Danube, et paralyse la flotte russe de la Mer Noire.


Après la signature de la paix, Hobart reste au service de la Turquie, et le sultan Abdul Hamid II le nomme en 1881 mushir (maréchal: A.C. Hobart fut le 1° chrétien qui obtînt ce poste.


Hobart était convaincu qu'une alliance étroite entre la Grande-Bretagne et la Turquie serait bénéfique, ne serait-ce qu'en utilisant la Turquie pour contrer les ambitions russes vers les mers chaudes et l'Empire des Indes - et pour faire pièce à l'Allemagne, qui avait des visées sur le Moyen-Orient et commençait à développer des relations amicales avec la Turquie. Il fit en 1885 un séjour à Londres pour promouvoir cette alliance. Il échoua, mais eut au moins la satisfaction de se voir réinscrit sur le rôle de la Royal Navy avec le grade de vice-amiral.

Cependant la santé de Hobart (âgé de 62 ans) s'altère, il va se reposer sur la Riviera. Il meurt à Milan le 19 juin 1886. Abdul Hamid II envoie un aviso chercher sa dépouille, et Hobart Pasha est enterré à Scutari. On peut voir sa tombe dans le cimetière chrétien de l'actuelle banlieue d' Haydarpaşa, non loin de l'obélisque élevée par la Reine Victoria en hommage aux morts européens de la Guerre de Crimée, et de celui dédié à Florence Nightingale[14].

Hobart Pasha a laissé des mémoires : "Sketches of My Life" ("Esquisses de ma vie") . De parution posthume (en 1887) ses souvenirs sont à prendre avec précautions : ils ont été écrits à la fin de sa vie, alors qu'il souffrait de la maladie qui devait l'emporter.

Un chapitre des mémoires de Hobart Pasha

Le drapeau crétois apparu sur les murs du monastère d'Arkadi en novembre 1866 ressemblait au drapeau grec et se lisait : " Κρήτη ( Crête), Ένωσις (Unification), Ελευθερία Θ Θάνατος (Liberté ou la mort)"; au centre : "Christ vainqueur".

[15]

, le chapitre XVII (intitulé "I enter the turkish navy"), révèle son style et sa façon bien particulière de voir les évènements contemporains auxquels il a participé .

"Pendant que je me trouvais en Turquie, je rendis visite à un grand homme détat : Fuad Pasha, le Grand Vizir de lEmpire Ottoman. Je lui présentai mes lettres dintroduction , et il me reçut très cordialement. Dans le cours de notre conversation, il me fit part dune de ses préoccupations : une insurrection massive en Crête, possession ottomane. Il narrivait pas à en venir à bout, dune part parce que la Grèce apportait un soutien actif aux insurgés luttant contre le pouvoir central ottoman, et dautre part parce que les lois maritimes qui auraient permis de lutter contre les forceurs de blocus étaient floues. Ainsi des bateaux battant pavillon grec et transportant des provisions et des fournitures de guerre pouvaient, sous divers prétextes, maintenir impunément un trafic actif avec la Crête, en dépit du blocus maintenu par les vaisseaux de la marine de guerre turque. Jusquici, un seul bateau grec avait pu être surpris en flagrant délit et arraisonné, dailleurs après un combat assez dur. Le fait est que les autorités turques étaient freinées par des règlements maritimes internationaux visiblement destinés à favoriser les contrebandiers : on ne pouvait poursuivre un de ces bateaux à plus de 10 miles des côtes, même si on lavait vu enfreindre le blocus, et on devait abandonner la poursuite sil sapprochait à moins de 4 miles de nimporte quelle île nappartenant pas à la Turquie, etc, etcDans ces conditions, on ne pouvait espérer mettre les révoltés au pas.

Je fis incidemment remarquer à Sa Hauteur Fuad Pasha quà mon avis la contrebande pouvait être stoppée sans enfreindre aucune loi, dautant plus que ces lois sont très élastiques. Il parut frappé par ma remarque, et me demanda de revenir le voir quelques jours plus tard.

Javais tout simplement exprimé ma façon de voir et je ne pensais absolument pas quelle allait être concrétisée dune façon quelconque. Aussi fus-je fort surpris[16] lorsque jentendis Sa Hauteur me dire : «  Jen ai conféré avec Sa Majesté le Sultan, et il désire que je vous fasse la proposition suivante : si vous acceptez dentrer au service du gouvernement ottoman, nous pouvons procéder aux formalités nécessaires, à la condition que vous endossiez personnellement la responsabilité de déplaire à votre pays ». Jeus besoin de réfléchir quelque peu avant de me décider. Je pensai quil y avait actuellement sur les rôles de la Royal Navy au moins 250 post-captains [17] en attente dun commandement, et quil ny en avait à lheure actuelle quune quarantaine ayant un bateau à commander. Je me rappelai par ailleurs que pendant 24 ans Sir Adolphus Slade, un officier anglais du même rang que moi, avait occupé le poste quon me proposait (celui de Conseiller Naval du gouvernement turc), et que justement Sir Adolphus , atteint par la limite dâge, allait prendre sa retraite. Je calculai aussi quen ces jours de paix fermement établie, il y avait plus de chances de trouver à servir dans les pays de lEst que partout ailleurs. Aussi répondis-je : «  bien, votre Hauteur, jaccepte si les conditions que vous moffrez me satisfont ». Et je fus en effet plus que satisfait

Bref, jacceptai de signer un contrat avec la Turquie, pour une durée de 5 ans, sous la condition que je garderais mon grade et ma position dofficier de la Royal Navy, et ma nationalité britannique.

Je découvris par la suite quen ce qui concernait la pérennité de mon statut dofficier de la Royal Navy, je métais avancé un peu vite : apparemment ce poste de Conseiller Naval en Turquie était réservé par la Royal Navy à un de ses protégés, et il y avait dailleurs de nombreux candidats à la succession de Sir Adophus Slade. Messieurs les Lords de lAmirauté tenaient absolument à nommer eux-mêmes le Conseiller Naval en Turquie, et mon initiative déclencha leur fureur : ils me firent savoir que javais « coupé lherbe sous le pied » à un bon vieux serviteur à qui ils réservaient cette nomination, et que javais à me présenter devant eux sans délai etc etcJe ne partageais pas leur façon de voir, et leur fis savoir que je ne céderais pas. Evidemment, comme nous le verrons plus tard, ils se vengèrent dès que possible. Mais je pouvais, grâce aux conditions de mon contrat, me permettre dêtre dorénavant sur la liste noire de lamirauté, et même laccueil glacial que me réserva lambassadeur de Grande-Bretagne ne maffecta pas le moins du monde. Je pense quil mont appelé "aventurier" , "intrigant sans scrupules" etc.. mais après tout je pense que javais autant droit au poste que leur protégé, qui quil ait pu être.

Dailleurs, depuis le jour jai signé mon contrat (qui a toujours été renouvelé depuis) avec la Turquie, jusquau jour jécris (soit presque 16 ans en tout) , je nai jamais eu loccasion de regretter ma décision.


Peu de temps après ma nomination comme vice-amiral de la flotte turque, je fus envoyé en Crête pour en finir avec les forceurs de blocus. Mes détracteurs ont écrit alors qu’ « on employait un contrebandier pour lutter contre des contrebandiers » , et la remarque me parut fort bien trouvée, car effectivement, jen savais long sur les forceurs de blocus et leurs méthodes.

Je hissai donc mon pavillon sur une belle frégate (coque de bois, 50 canons) et arrivai en baie de Suda, le principal port de Crête, mattendaient les 6 ou 7 vaisseaux de guerre turcs dont je devais assumer le commandement. les commandants me firent part de leurs doléances : ils faisaient vraiment de leur mieux, mais étaient ligotés par toutes sortes de restrictions (imaginaires à mon avis) , et craignaient constamment denfreindre les règlements maritimes internationaux et donc dexposer la Turquie (qui évidemment a toujours le mauvais rôle) à la réprobation des puissances européennes.

Et ils me décrivirent aussi comment les équipages des forceurs de blocus grecs étaient accompagnés en triomphe à leurs bateaux par les maires des ports de Syros ou Poros, ainsi que par toute la population en liesse, sous les drapeaux, les fanfares et les vivats : ils allaient nourrir la flamme de la révolte crétoise contre la Turquie . Turquie avec laquelle la Grèce assurait par ailleurs être dans les meilleurs termes

Jentendis tout ceci, et aussi que si la contrebande était stoppée, les insurgés de Crête, faute de nourriture et darmes, seraient vite obligés de se soumettre. Je décidai darrêter cette contrebande à tout prix.

Je choisis pour accompagner mon bateau-amiral quelques embarcations rapides (une paire de vedettes et une corvette à vapeur) , levai lancre sans tarder, et une fois hors de vue de Suda filai droit sur Syra : comme ce port était celui qui armait le plus de forceurs de blocus à destination de la Crête, je pensais que cétait à sa sortie que javais le plus de chance de les rencontrer.

Les circonstances me favorisèrent en effet : le lendemain de mon départ de Suda, à laube, alors que javançais à vitesse réduite à 8 miles au large de la baie de Syra, je vis (et mon cœur se mit à battre très fort) un forceur de blocus. Il ressemblait exactement à ceux de la guerre de Sécession, et filait vers Syra à toute vapeur. Ma petite escadre se trouvait entre lui et Syra, et il devait passer à un mile environ de nous pour pouvoir entrer au port.

Javais déjà souvent vu ce genre de situation (en fait, jy avais même souvent participé: à laube, un bateau fonçant à toute vapeur vers Charleston ou Wilmington pour sy réfugier devait passer entre les navires ennemis bloquant le portLe grec augmenta encore sa vitesse, et je fis signaler à mon escadre que nous le prenions en chasse. Quand ma frégate se trouva à un mile et demi de lui, je fis tirer un coup de semonce à blanc pour lui demander darborer ses couleurs. Il me répondit dun boulet de son long canon Armstrong, et son projectile emporta net un pilier de la rambarde du pont je me tenais.

Ce fut courageux de sa part, mais il eut tort : il aurait hisser ses couleurs, puis (sil avait quelque chose à se reprocher) filer se mettre à labri en eaux neutres. Mais en aucun cas il naurait tirer sur un navire de guerre qui, dans son rôle de police des mers, tire un coup de canon à blanc pour demander à un navire suspect de se déclarer : cétait un acte de piraterie, et il sétait livré à ma merci.

Mes vedettes poursuivirent à toute vapeur le forceur de blocus jusquà lentrée du port de Syra. Il sappelait Enosis [18] , et son capitaine était un grec fort courageux, et si occupé à livrer sa cargaison et à préserver son bateau quil navait pas songé à respecter les règlements maritimes. Pour son malheur, il avait eu affaire à quelquun qui, lui, connaissait parfaitement toutes les lois régissant le blocus, et qui aurait pu lui dire quun forceur de blocus armé est un pirate sil utilise ses armes contre un vaisseau de guerre.

Jétais si satisfait des évènements que jenvoyai une de mes vedettes annoncer au gouverneur ottoman de la Crête que le problème des contrebandiers était réglé : je tenais un de leurs bateaux (ainsi dailleurs que 2 autres qui se trouvaient dans le port) bloqué à quai pour plusieurs semaines. Comme linsurrection était totalement dépendante des approvisionnements apportés de Grèce, je mattendais à ce quau bout dune semaine elle soit obligée de déposer les armes ( jeus raison, et au-delà : au bout de 3 jours, comme aucun produit de contrebande narrivait plus en Crête, les insurgés se rendirent, en suppliant quon leur donne du pain. Et ainsi se termina la révolte en Crête[19]

Devant le port de Syra, je rappelai mes vedettes et jetai lancre au milieu de la baie avec 3 autres navires. Puis jenvoyai porter un courrier aux autorités de Syra. Je les priais instamment de me livrer un bateau qui avait cherché refuge dans leur port après avoir commis un acte de piraterie en haute mer : il mavait envoyé un boulet de canon, alors que mon vaisseau amiral lui avait demandé (en tirant un coup de canon à blanc) de hisser ses couleurs. Jajoutais que par ailleurs que je ne laisserais sortir du port aucun des collègues de lEnosis tant que laffaire de ce pirate naurait pas été tirée au clair.

Cest ainsi que je coupai le vent aux autorités du port de Syra. Bien entendu, ils se mirent en fureur et envoyèrent un bateau à Athènes pour prendre des ordres; ils cherchèrent aussi à mabuser en promettant de traiter cette affaire selon les lois internationales et en me demandant de lever lancre et de partir, car la populace du port était prête à se soulever irrépressiblement. Et tous les consuls des puissances étrangères approuvèrent cette demande.

Je refusai tout simplement de lever lancre. Jétais persuadé que dailleurs lEnosis et ses collègues seraient immédiatement partis pour la Crête dès que jaurais été hors de vue. Par ailleurs jenvoyai un bateau à Smyrne avec un télégramme pour Constantinople (dans lequel je décrivais la situation et demandais de laide) , et restai en vue de Syra avec 2 bateaux (dont une vedette) , surveillant les 3 forceurs de blocus à qui javais nettement fait comprendre que je les coulerais sil sortaient du port.

Je me suis souvent demandé pourquoi ces forceurs de blocus nont pas tenté de séchapper pendant cette 1° nuit, alors que jétais presque seul. Les grecs ne manquent pas de courage. Sils avaient essayé de filer, au moins un dentre eux aurait certainement réussi à passer et à rejoindre la Crête, linsurrection aurait été alimentée et mes prévisions sur sa prochaine reddition se seraient avérées fausses.

Par ailleurs, en cette occasion se trouva corroborée ma théorie selon laquelle les forceurs de blocus ne sont attirés que par lappât du gain (sauf peut-être quelques-uns qui sont poussés par lamour de laction), ne combattent quen toute dernière extrémité, et même alors, sils sont intelligents, évitent la plupart du temps le combat. Cest ainsi que cela devrait être. Il est inconcevable que des personnes aimant laventure, non engagées dans le conflit, deviennent des belligérants alors quelles sont déjà les transporteurs darmes et de provisions dun des ennemis [20].

Je fus en proie à lanxiété pendant cette première nuit en baie de Syra : javais promis au gouverneur ottoman de la Crête quaucun forceur de blocus ne sortirait du port.

Au matin un petit vapeur arriva dAthènes, avec à bord un officiel turc. Pâle comme un linge, il monta à mon bord et mannonça quau Pirée une frégate grecque se préparait à partir pour Syra, et que son capitaine, ses officiers et son équipage avaient juré de ramener Hobart Pasha mort ou vif. Une demi-heure plus tard ma frégate était sous pression et faisait des ronds en baie de Syra. Une frégate grecque apparut effectivement derrière la pointe

Ce fut un moment de forte tension. La population de Syra couvrait les toits des maisons, et on se serait cru au bon vieux temps, quand la foule venait voir le sport entre le Chesapeake et le Shannon, et que lorchestre jouait Yankee doodle dandy, oh!...

Je mavançai vers mon ennemi supposé et le longeai dassez près, mattendant dun moment à lautre à recevoir sa bordée. A ma grande surprise (et aussi à ma satisfaction , je dois dire…) , il fila au mouillage, et jeta 3 ancres. Il était donc loin de vouloir se battre.

Jappris ultérieurement quil ny avait pas de poudre à bord de la frégate. Il est honteux davoir mis ce capitaine de frégate en si fausse position : chacun sait combien les grecs sont vaillants, et cest une faute dutiliser la gesticulation alors quon dispose de gens courageux. Jen étais désolé pour lui, et il semblait regretter tout cela autant que moi[21].

Quelques jours après ces évènements, je reçus le renfort de 6 ou 7 cuirassés turcs, et fus alors maître de la situation en dépit de toutes les remontrances des étrangers et autres ennemis de lempire turc.

Ensuite nous donnâmes en spectacle une farce risible : le procès de lEnosis, qui se tînt sur un navire dans le port (car je nosai pas débarquer) . Evidemment le procès ne déboucha sur rien.

Le gouverneur-général de Crête menvoya ensuite, sur des bateaux turcs, tous les insurgés crétois. Il me fut très difficile de savoir quen faire : ces pauvres hommes étaient de braves gens tristement fourvoyés. Je leur fis servir de bons repas (car ils étaient absolument affamés) , et pour en finir avec cette affaire, les répartis sur les îles grecques voisines.

On a dit que mon action à Syra a été illégale, surtout quand jai empêché les forceurs de blocus collègues de lEnosis de sortir du port. Mais les Grecs en masse, des chefs du gouvernement aux simples particuliers nont-ils pas tous foulé aux pieds la loi internationale pendant 3 ans en encourageant une insurrection sur la territoire dune nation voisine et amie ? Alors que pour ma part je naurais commis quune petite infraction, justifiée, à cette loi

Pendant que je parle de la Crête, jaimerais dire quelques mots sur cette île, quon croit être constamment en état de révolte.

Je maintiens que le peuple crétois, que je connais bien, ne désire aucunement sallier avec la Grèce, et que si tous les comités qui sagitent en faveur des ambitions grecques se tenaient tranquilles et arrêtaient de semer la discorde, les Crétois seraient la communauté la plus heureuse de Méditerranée. Pendant plus dun an jai commandé une grosse flotte de cuirassés turcs stationnés en Crête , et ai donc eu largement loccasion de pouvoir juger des sentiments des Crétois. Je nai jamais vu un peuple plus amoureux de lordre, ni mieux disposé, à condition dêtre laissé en paix par les agitateurs.

A Constantinople, lors de mon retour, je fus reçu au mieux par plusieurs représentants des puissances : ils mhonorèrent de décorations pour avoir, disaient-ils, évité une guerre européenne. Seul mon propre pays mignora. LAmirauté britannique alla même jusquà me faire savoir que si je ne revenais pas immédiatement en Angleterre, mon nom serait rayé de la liste des officiers. Un officier de haut rang, membre du bureau de lamirauté, mécrivit dans ce sens une lettre semi-officielle : « Quittez le service de la Turquie, écrivait-il, ou votre nom sera biffé. ». Profondément blessé dêtre traité ainsi, alors que je mattendais à être encouragé pour avoir maintenu lhonneur de mon pays en agissant comme un officier de la Royal Navy le devait, je lui répondis « Vous pouvez me biffer, et aller au diable » [22] ». Cette lettre fut ensuite, je pense, bien inélégamment utilisée contre moi à la Chambre des CommunesQuoi quil en soit, mon nom fut donc biffé de la liste des officiers de la Royal Navy, et le resta pendant plusieurs années[23].

Sa Majesté le Sultan me reçut fort aimablement, je fus promu au rang damiral, et me mis au travail en tant quofficier de la marine turque, chef détat-major de la Marine Impériale.


En ce qui concerne les épisodes suivants de ma vie en Turquie, il mest délicat de continuer à les décrire : cela devient plus, comment dire, confidentielJe vais essayer de continuer à le faire, tout en restant le plus discret possible et en continuant cependant à susciter lintérêt des lecteurs.

Il nest pas difficile de servir les Turcs, à condition de ne pas les offenser dans certains domaines sensibles, et de rester diplomate quand on leur donne des conseils.

En Turquie, mon travail consista à introduire certaines innovations dans le domaine naval : les mêmes que celles qui sont régulièrement introduites dans les marines étrangères, et en particulier la britannique. Je crois avoir eu une action bénéfique dans ce domaine".

Notes

  1. HMS Rover (Rôdeuse: Wp english compte 7 navires de ce nom dans la Royal Navy . Celui sur lequel Hobart fut midshipman est sans doute le 4° du nom, un sloop-of-war (corvette) de 18 canons lancé en 1832 et détruit en 1845
  2. selon WP english, les HMS Dolphin ont été nombreux. En rapport avec la chronologie de l'époque, il y eut un brigantin de ce nom : 3 canons, lancé en 1836 et revendu en 1894
  3. HMS Rattler : un sloop-of-war, le 1° navire à hélice de la Royal Navy, qui fit partie des "Experimental Squadrons" en 1845
  4. selon WP english, il y eut de nombreux HMS Bulldog. Il sagit sans doute du sloop de guerre à vapeur en bois, à roues, lançé en 1845, échoué et détruit à Haïti en 1865
  5. Bomarsund : selon l'article de WP english "Battle of Bomarsund", et le chapitre "Kämpfe im Ostseeraum" de l'article de WP deutsch " Krimkrieg". Ce débarquement est à l'image de toute la campagne franco-anglaise en Mer Baltique : elle a mis en jeu d'énormes moyens pour peu de résultats. Elle aura cependant empêché la Russie d'envoyer ses troupes et ses bateaux de guerre du nord vers la Crimée
  6. selon Wp english, le HMS Duke of Wellington (1852) est alors le plus puissant navire de combat du monde , tout au moins jusqu'au lancement par la France du Bretagne (1855) (voile et vapeur, 3 ponts, 130 canons)
  7. torpedoes : mines et torpille crées par Immanuel Nobel (le père de Alfred Nobel). Selon l'article de WP english "Crimean War", "les mines maritimes modernes semblent apparaitre avec la Guerre de Crimée : nommées ainsi par Robert Fulton, ces charges explosives détonnant seules sous l'eau ont été utilisées pour la 1° fois par les Russes autour de Kronstadt et de Sébastopol" ("Modern naval mining is said to date from the Crimean War. Torpedo mines, if I may use this name given by Fulton to self-acting mines underwater, were among the novelties attempted by the Russians in their defenses about Cronstadt and Sevastopol")
  8. selon les articles de Wp english "Charles John Napier" (§ Baltic Campaign) et "Crimean War" (§ Baltic theater) , les bombardements massifs et aveugles des franco-anglais contre les villes côtières de la Mer Baltique, et les pertes civiles consécutives, ont soulevé la fureur en Russie et l'émoi en Angleterre et en France, d'autant plus qu'ils étaient bien couverts par les journaux. Hobart paye-t-il ainsi son enthousiasme militaire ?...On le verra plus tard assez insensible aux malheurs des populations crétoises écrasées par les Ottomans.
  9. "capitaine en titre" , par opposition à commander. Selon l'article de WP english "Post-captain" , "après qu'un officier ait été nommé "post-captain", sa promotion n'était ensuite due qu'à l'ancienneté; s'il pouvait éviter la mort ou la disgrâce, il pouvait finalement devenir amiral" (Once an officer had been promoted to post-captain, his further promotion was strictly by seniority; if he could avoid death or disgrace, he would eventually become an admiral)
  10. cette énumération qui se veut humoristique n'est peut-être pas loin de la réalité. Arthur Fremantle, dans son journal, raconte qu'en 1863, alors qu'il visite Charleston, il est invité à un bal, mais ne peut s'y rendre faute d'une tenue correcte. La haute société, note-t-il, mène à Charleston une vie brillante, et les articles de luxe apportés par les forceurs de blocus (au détriment des articles de 1° nécessité et des armes) sont hors de prix...
  11. sur les précautions que devait prendre les Britanniques pour aider à couvert la Confédération , voir larticle La Grande-Bretagne et la guerre de Sécession
  12. Charles Priestley ajoute que "Lincognito que voulaient respecter la plupart des capitaines de forceurs de blocus ne facilite pas les recherches historiques. Mais il est sûr que ce nest pas Hobart qui commandait le forceur de blocus Condor, qui quitta lembouchure de la Clyde le 16 août 1864 et séchoua devant les canons amis de Fort Fisher le 1° octobre 1864 en voulant éviter lépave dun autre forceur de blocus, le Night Hawk (" lEngoulevent"). Le capitaine du Condor (qui devint ultérieurement vice-amiral) était W. N. W. Hewett, de son nom de guerre Samuel Ridge". Noter au passage les noms doiseaux donnés aux navires forceurs de blocus : oiseaux soit diurnes et rapides, soit nocturnes et furtifsEn ce qui concerne le Condor, c'est lors de son échouage que se noya l'espionne confédérée Rose O'Neal Greenhow.
  13. à la grande fureur de l'amirauté britannique, qui a un candidat à ce poste, qui va multiplier les pressions pour inciter Hobart à se retirer, et finalement, devant son sec refus, le sanctionner en le rayant des cadres. Hobart en parle in extenso dans son livre
  14. voir l'article de WP english "Haydarpaşa Cemetery"
  15. voir http://www.gutenberg.org/ebooks/16296
  16. A.C. Hobart (qui mentionne cependant quil a des lettres de recommandation pour le grand Vizir…), dit plusieurs fois être arrivé en Turquie sans aucune arrière-pensée, et ne pas avoir proposé ses services, qui ont selon lui été sollicités. Pourtant la question crétoise est au 1° rang de lactualité depuis en particulier le massacre des Crétois assiégés à Arkadios (9 décembre 1866), qui a soulevé lindignation en Europe, et les protestations d'hélènnophiles célèbres comme Gustave Flourens, Victor Hugo, Giuseppe Garibaldi, Algernon Swinburne etc... stigmatisent la répression turque
  17. post-captain : voir la note 9
  18. selon l'article révolte crétoise de 1866-1869, le noms des navires forceurs de blocus grecs étaient : Arkadion (coulé par les Turcs en 1868), Hydra, Panhellenion,, Crète et Enosis ("Unification"). L'incident de l' Enosis eut lieu en décembre 1868
  19. le 11 décembre 1868 les Turcs assiègent le gouvernement insurrectionnel à Gonia et tuent la plupart de ses membres
  20. Cette définition du profil du forceur de blocus selon Hobart Pasha mérite dêtre reproduite in extenso : "they go for gain (some perhaps for love of enterprise); don't fight unless very hard pressed, and not always then if they are wise; that is what it should be. It is outrageous that adventurous persons not engaged in war should become belligerents, as well as carriers of arms and provisions to an enemy"
  21. Athènes a donc envoyé sa frégate dans lintention bien arrêtée de chercher à impressionnernon de déclencher une guerre. Si dailleurs le vaisseau de guerre grec est arrivé après le petit vapeur, cest sans doute quen haut lieu on espérait que la frégate turque, ainsi avertie, aurait vidé les lieuxHobart Pasha compatit dailleurs à lhumiliation de son collègue le capitaine de frégate grec, victime de cette manœuvre des politiciens
  22. Be damned a en anglais (surtout au 19° siècle) une signification bien plus grossière que aller au diable
  23. On peut se demander si cette réprobation officielle des actes de Hobart Pasha par la Grande-Bretagne n'est pas une manœuvre d'intoxication. En effet, Hobart Pasha, en participant à l'écrasement de la révolte crétoise, s'il choquait l'opinion publique en majorité philhéllène, était par contre dans le droit fil de la politique britannique de l'époque : éteindre une étincelle dangereusement proche des poudrières locales (Moyen-Orient et Balkans), et rendre service au Sultan, ceci de plus en humiliant la Russie par allié (la Grèce) interposé, ...

Sources



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Hobart Pasha de Wikipédia en français (auteurs)

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