- Willem Ogier
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Willem Ogier Portrait de Willem Ogier, eau-forte de Gaspar Bouttats pour la publication des Seven hooft-sonden en 1682, d’après un tableau de Peeter Thys de 1660Nom de naissance Guilliam Ogier Activités Dramaturge - Poète – Maître d'école Naissance 1618
Anvers
Pays-Bas espagnolsDécès 1689
Anvers
Pays-Bas espagnolsLangue d'écriture Néerlandais Mouvement Baroque Genres Théâtre - Poésie Willem[1], Guilielmus, Guillelmus[2] ou Guilliam (en français Guillaume) Ogier, baptisé[3] à Anvers le 17 juillet 1618 et mort dans cette ville le 22 février 1689, est[1] le meilleur dramaturge des Pays-Bas méridionaux au XVIIe siècle[4]. La devise d’Ogier était : Liefde doet Sorgen[3], l'amour donne du zèle[5].
Sommaire
Biographie
1618-1639 : Jours de famine et de détresse
Né de parents de confession protestante[6] et appartenant à la basse classe moyenne[3], peu de temps après sa naissance, lui et ses parents, Frans Ogier et Anna de Potter[6], durent quitter la ville d’Anvers, s’installant aux Pays-Bas septentrionaux, à Amsterdam. Vraisemblablement, ils avaient quitté les Pays-Bas méridionaux pour cause de leurs convictions. En 1628, devenue veuve[7], Anna revint avec son fils à Anvers après la mort de son père[1],[7]. Elle habite dans la rue Breede, dans la maison Den gulden Os (le bœuf doré). Encore en 1628, elle commence une école d'artisanat à Anvers. Toutefois, accepter des élèves lui fut interdit par le magistrat d’Anvers agissant à la demande de la guilde des enseignants, après que celle-ci eut reçu des plaintes : Anna n’étant pas affiliée à cette organisation et, en outre, soupçonnée de sédition protestante, son école dut se fermer par ordre de la ville en 1633. Par la vente de tricots et de dentelle aux fuseaux, elle essayait de gagner un peu d’argent[8].
Avant de devenir un homme respecté, le jeune Ogier s'est fait la réputation de débauché[9]. À l’âge de dix-sept ans[3], il écrit le jeu Droncken Heyn (l’ivre Jean, par après rebaptisé De gulsigheydt, la gourmandise). Cette pièce connaîtra un succès durable, mais pas de prime abord[1],[3]. Bien qu'ayant assisté à des représentations de pièces de théâtre à l'école des frères augustins, où il apprît également le latin et le grec, son auteur ne connaissait que peu sur les règles de cet art, et, par conséquence, la pièce fut rejetée par la chambre de rhétorique De Olijftak (Olyf-tack ; le rameau d’olivier)[10],[11]. Toutefois, il est clair que Ogier avait connu, par expérience, le monde bigarré qu’il avait représenté[1],[3]. Plus tard, il devint professeur et sut adapter son mode de vie à cette nouvelle position sociale[1],[3].
Le 15 janvier 1638[12], à l’âge de dix-neuf, il devint père[13] d’une fille[12], ce qui le força, comme de coutume à l’époque, à épouser la mère, Cornelia Loemans, ce qui ce fit le 29 mai 1638[14]. Cependant, le bébé est décédé peu après, et Cornelia suivit sa fille le 10 novembre 1638[15]. En outre, Ogier qui avait repris le magasin de sa mère, fit faillite, et, le 30 décembre 1638, ses biens furent vendus[16].
1639-1647 : Quelques péchés capitaux
Pendant ce temps, ses ambitions littéraires n’ont cessé d’augmenter. En 1639, il lui était permis de réciter son Droncken Heyn dans la chambre De Olijftak à Anvers. Initialement, la pièce avait été rejetée, parce qu'Ogier ne se tenait pas au nombre fixe de syllabes par vers. En outre, son jeu était plus long qu’une farce ordinaire, quoique pas aussi long qu’une comédie[17]. Ce qui semblait d’abord une déception, c’est-à-dire l’accueil de la pièce[17], prit toutefois un autre tournant lorsque Joan Janssens, un rhétoricien chevronné qui avait l'œil pour les innovations du jeune poète, rendit possible que le jeu de celui-ci pût être représenté le 18 octobre 1639, la fête du saint patron de cette chambre, saint Luc[18]. La pièce connut un grand succès[19].
Droncken Heyn, un jeune joyeux luron qui gaspille l'argent de sa femme âgée dans les auberges en buvant, reçoit, tout ivre, le message que sa femme est décédée. Les vielleurs de nuit essayent de le pousser dans les bras d’une jeune fille enceinte. Quand il est sur le point de l'épouser, non seulement apparaît le jeune homme qui l’avait engrossée, mais aussi sa femme, qui ne s’était qu'évanouie. Enveloppée dans un drap, ressemblant ainsi à un fantôme, sa femme lui donne une leçon[19].
De la chambre qui avait produit sa première pièce connue, De Olijftak, Ogier deviendra plus tard le facteur, une fonction qu’il occupera au sein de cette société littéraire jusqu’à ce que celle-ci fusionne avec celle des Violieren, qui fut un vrai département d'art dramatique de la guilde de saint Luc[3].
En l’été de 1643 Ogiers devint maître d’école[20]. En 1644 il fut inscrit dans la guilde des enseignants[3].
De hooveerdigheydt (1644, l’orgueil), De gramschap (1645, la colère), De onkuysheydt (1646, la fornication) en Den haet en nydt (1647, l’envie) sont des pièces[1], comme De gulsigheydt, inspirées chacune d’un des sept péchés capitaux[4], dans lesquelles il sut traiter des motifs habilement conçus et inspirés par Gerbrand Adriaenszoon Bredero, toutefois sans son génie éclatant, dans des vers de mirliton qui se rapprochent, de façon surprenante, de la langue vernaculaire[1]. Dans De hoveerdigheyt, Ogier imite le Spaanschen Brabander (le Brabançon espagnol) de Bredero, de 1617[21]. Dans ces pièces, vivre dans la débauche ne mène non seulement à des malentendus hilarants, mais dans la pièce traitant la luxure, même à la mort de deux personnages.
1647-1661 : Un homme respecté
Il se marie le 11 janvier 1648, en secondes noces et contre son gré, avec Maria Schoenmakers, une fille de dix-sept ans, après l’avoir engrossée[22] ; une fille issue de cette union, Barbara, baptisée dans l’église Saint-Georges le 17 février 1648[23], devint également autrice. L’agrandissement du ménage le fit déménager au Appelstraat, abandonnant la demeure de sa mère qui tombera par la suite dans la pauvreté la plus absolue[24]. Il aura une seconde fille, Anna, baptisée le 14 février 1650, dans la cathédrale Notre-Dame d'Anvers[25], et un fils, Joannes Franciscus, baptisé le 8 mai 1652 dans l’église principale. Le 24 janvier 1655, un quatrième fils né du même mariage, est baptisé dans la même église. Cet enfant, Willem, suivra le sort de son frère aîné, mort au berceau[26].
En 1657, il devint ancien de la guilde de Saint-Ambroise, et en 1659 adjoint de cette corporation d’enseignants qui, en 1660, l’offre la doyenneté (présidence) et la fonction de maître de chapelle[27].
Encore en 1660, la chambre de Violieren, dépendance en déclin de la guilde de saint Luc, dans sa tentative d’attirer Ogier, qui avait déjà réussi à raviver leur théâtre dans le passé, ordonna à Peeter Thys de peindre son portrait. Le portrait n’est connu de nos jours que par l’eau-forte qu’en avait fait Gaspar Bouttats. Les négociations entre Ogier et les Violieren menèrent finalement même à la fusion avec la chambre De Olijftak, décidée le 13 juillet 1661[28]. La chambre fusionnée prit le nom du Olijftak et Ogier devint son facteur[29] (le poète en titre, qui représente la chambre aux concours)[22]. La première pièce qu’il écrivit pour cette nouvelle chambre de rhétorique fut De Turksche historie van Mahomet en Erena (l’histoire turque de Mahomet et d’Erena), représentée le jour de saint Luc, c’est-à-dire le 18 octobre 1661. La pièce n’a pas été conservée[29].
1661-1689 : Coda
Après être devenu doyen de la guilde et même facteur de la chambre de rhétorique De Olijftak (1661), Ogier ne fit que peu parler de lui[1].
Dans sa qualité de doyen de la guilde des enseignants, Ogier est cosignataire, le 6 novembre 1662, avec l’écolâtre et les autres administrateurs de la guilde, d’une requête au magistrat d’Anvers afin d’obtenir de celui-ci que les « nombreuses personnes étrangères affluant » à Anvers pour y dispenser l’enseignement, en infraction aux dispositions des placards, soient poursuivies[27].
Le 17 avril 1664, les revenus de son école ayant augmenté, Ogier put acquérir la maison dans laquelle il habitait entre-temps, au Zilversmidstraat [27].
Les éditions de Haet en Nydt et De Gramschap paraissent respectivement en 1671 et 1672 dans une adaptation destinée à un publique amstellodamois, et connurent de nombreuses réimpressions. Toutefois, De Gramschap, est publiée sous le titre Den Moetwilligen Bootsgezel sous le nom du comédien amstellodamois Jacob Sammers[30]. Ces pièces ont été représentées à Amsterdam jusqu’au XVIIIe siècle[31].
Vers ses 60 ans, il se remit à écrire : De traegheydt (1677, la paresse), en alexandrins, et De gierigheydt (1678, l’avarice). Réunies sous le titre De seven hooft-sonden (les sept péchés capitaux), ses œuvres paraissent déjà en 1682 et seront réimprimées en 1715 et en 1889). Le dialogue captivant, les personnages typiques, le mélange saisissant de comédie et de sérieux font de ces courtes pièces - d’environ 1000 vers - un phénomène unique dans la littérature des Pays-Bas méridionaux du XVIIe siècle[1]. La farce De Traegheydt d’Ogier fut représentée le 18 octobre 1677, après une pièce de sa fille Barbara, jouée le même jour à la chambre fusionnée De Olijftak : la tragédie De getrouwe Panthera (la panthère fidèle)[32]. Sa fille Barbara se mariera en 1680 avec le sculpteur Willem Kerrickx[2],[4].
Ogier prit 30 ans pour achever son cycle, s’inspirant en partie de la pièce Warenar de Hooft. Son œuvre est désormais célèbre pour ses scènes populaires et dynamiques et sa langue appropriée[31].
Ogier au XIXe et au XXe siècle
Il a été commémoré en 1889 aux Pays-Bas. Au théâtre d’Anvers, son buste en marbre a été dévoilé à côté de celui de Vondel. La pièce Haet en Nydt a été jouée, ainsi que la farce Belachelyk Misverstant, représentée sur la Grande-Place. Max Rooses l’a traité dans son Schetsenboek de 1882. Les sept péchés capitaux ont été réédités par le Dr W. van Eeghen à Schaerbeek en 1921[4].
L’œuvre
Remarques générales
Dans ses comédies, ou plutôt farces, on rencontre assez souvent de l'originalité et de la verve, parmi beaucoup de platitudes et d'obscénités[5].
Avec ses farces, Ogier produisit, dans l'ensemble, des comédies de qualité. Les points faibles se situent dans la caractérisation des personnages et dans l'insuffisance ou l'invraisemblance de la structure. Il dessine des caractères peu variés et ceux-ci n’ont pas été explorés de façon très profonde au niveau de la psychologie. En général, il met sur scène des gens très simples appartenant au menu peuple, pourvus d’un tempérament anversois, sanguin, et de qui l’un ou l’autre défaut domine toutes les autres caractéristiques. La plupart des personnages secondaires demeurent dans l’ombre. L'intrigue est souvent un malentendu émanant de jeux de mots ou découlant de changements de nom, et n’est pas toujours un processus logique ; trop est laissé au hasard[33].
En revanche, cependant, les pièces ont des mérites qui compensent largement les défauts : la capacité de maintenir jusqu’au bout la puissance comique de certaines situations ; le talent de rendre assujettis les éléments d’une pièce au jeu et à l’acte, non dans leur développement logique, mais dans un resserrement ; le réalisme des scènes représentées ; le sens de vérité et le naturel, le dialogue élégant et spirituel, la langue riche et expressive et l’humeur populaire dégénérant souvent en platitudes grossières. Ogier ne fait pas plus preuve de bon goût et de raffinement dans l’art que ses contemporains de la République aux Pays-Bas septentrionaux : les situations qu’il dépeint sont souvent très rudes et indélicates. Pourtant, il a des intentions explicitement moralisatrices : pour mieux le battre, il veut rendre au vice sur scène un visage des plus ridicules. Vraisemblablement, les lecteurs d’une époque ultérieure n’appréciaient point les réflexions moralistes qui suivent sur la représentation colorée du péché. Toutefois, il faut se rendre compte que, en regard de l'esprit de son temps, le poète n’a pas reculé devant les plaies souillées qu’il expose dans toute leur laideur afin d’y appliquer un remède radical. Cela fait de lui un représentant typique de son siècle, duquel il tiendra en haute estime la tradition dramaturgique, du moins dans le genre comique[33].
Œuvres
On a connaissance de quelques poèmes, entre autres de circonstance, de sa main, mais, d’Ogier, on connaît surtout des pièces de théâtre. .
Les sept péchés capitaux
- (nl)De Gulsigheyt, représentée à la chambre de rhétorique De Olyf-tack, le 18 octobre 1639, à Anvers ;
- (nl)De Hooveerdigheyt, farce représentée à la chambre des Violieren, le 18 octobre 1644, à Anvers ;
- (nl)De Gramschap, représentée à la chambre des Violieren, le 18 octobre 1645, à Anvers ;
- (nl)De Onkuysheydt, représentée à la chambre des Violieren, le 18 octobre 1646, à Anvers ;
- (nl)Den Haet en Nydt, représentée à la chambre des Violieren, le 18 octobre 1647, à Anvers ;
- (nl)De Traegheydt, représentée à la chambre De Olyf-tack (fusionnée avec les Violieren), le 18 octobre 1677, à Anvers ;
- (nl)De Gierigheydt, représentée à la chambre De Olyf-tack (fusionnée avec les Violieren), le 18 février 1678, à Anvers.
Les sept pièces sur les péchés capitaux, réunies dans un seul ouvrage, ont paru sous le titre De seven Hooft-sonden à Anvers et à Amsterdam (chez Michiel de Groot, libraire au Nieuwen dijck), en 1682.
Autres pièces
- (nl)De Turcksche Historie van Mahomet ende Erena (l’histoire turque de Mahomet et d’Erena), comédie, représentée à Anvers en 1661 ;
- (nl)Belachelyck Misverstant ofte Boere Geck (malentendu ridicule ou le paysan idiot), représentée 18 octobre 1680 à la chambre De Olyf-tack, à Anvers[3].
Les pièces De seven Hooft-sonden en Belachelyck Misverstant ofte Boere Geck, ont été rééditées à Anvers en 1715. Une réimpression exacte des Seven Hooft-sonden est parue à Anvers en 1890 ; la même année une réimpression du Belachelyck Misverstant ofte Boere Geck[3] est sortie des presses.
Lien externe
Sources
- (nl)G.A. van Es & Edward Rombauts, Geschiedenis van de letterkunde der Nederlanden. vol 5, Teulings, Bois-le-Duc/Standaard-boekhandel, Anvers/Bruxelles, 1952
- (nl)J.G. Frederiks & F. Jos. van den Branden, Biographisch woordenboek der Noord- en Zuidnederlandsche letterkunde, L.J. Veen, Amsterdam, 1888-1891
- (fr)Matthijs Siegenbeek, Précis de l'histoire littéraire des pays-bas, trad du hollandais, Vandekerckhove, Gand, 1827
- (nl)G. Stuiveling in J. van Bork & P.J. Verkruijsse (réd.), De Nederlandse en Vlaamse auteurs van middeleeuwen tot heden met inbegrip van de Friese auteurs, De Haan, Weesp, 1985
- (nl)K. ter Laan, Letterkundig woordenboek voor Noord en Zuid, G.B. van Goor Zonen's Uitgeversmaatschappij, La Haye/Jakarta, 1952 (seconde impression),
- (nl)F. Jos. van den Branden, Willem Ogier, tooneeldichter 1618-1689, V. Resseler, Anvers, 1914
- (nl)P.G. Witsen Geysbeek, Biographisch anthologisch en critisch woordenboek der Nederduitsche dichters, vol. 5, OGI-VER, C.L. Schleijer, Amsterdam, 1824
Références
- Stuiveling 422
- Witsen-Geysbeek 2
- Frederiks & Van den Branden 566
- Ter Laan 380
- Siegenbeek 153
- Van den Branden 5
- Van den Branden 6
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- Van den Branden 68
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- Van Es & Rombauts 450-451
Catégories :- Décès en 1689
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