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Bataille de l'Ochsenfeld
Bataille de l'Ochsenfeld
Campagne de César contre les Germains en 58 av. J.-C.Date : 58 av. J.-C. Lieu : Plaine de l'Ochsenfeld, Haut-Rhin Issue : Victoire romaine Bélligérants République romaine
Celtes (Éduens)Germains (Suèves) Commandants Jules César Arioviste Forces en présence 6 Légions :
30 à 40 000 hommes> 80 000 hommes Pertes inconnues 80 000 morts Guerre des Gaules Bibracte (58) — Ochsenfeld (58) — L'Aisne (57) — Le Sabis (57) — Octodure (57) — Morbihan (navale) (56) — Aduatuca (54) — Avaricum (52) — Gergovie (52) — Lutèce (52) — Alésia (52) — Uxellodunum (51) Liste des guerres et des batailles de la République romaine Série Rome antique La bataille de l'Ochsenfeld voit la victoire des Romains commandés par Jules César, général et proconsul des Gaules, sur le chef suève Arioviste dans le sud de l'Alsace, chassant les Germains de l'autre côté du Rhin. C'est la deuxième bataille majeure de la Guerre des Gaules après la bataille de Bibracte contre les Helvètes et les Boïens.
Source primaire : Jules César, La Guerre des Gaules, Livre I, 30-54 ;
Voir aussi : « Guerres des Gaules », Campagne contre les Germains d'Arioviste.Sommaire
Prémices
Il semble que Arioviste a traversé le Rhin vers 72 av. J.-C., ainsi que des populations suèves des vallées des rivières Neckar et Main. Au fils des ans, les peuples germaniques traversent le Rhin et atteignent près de 120 000 personnes.
Les Éduens et leurs alliés combattent les Germains, ainsi que leurs alliés gaulois Arvernes et Séquanes, mais sont sévèrement battus, perdant une grande part de leurs nobles. Ce sont pourtant les Séquanes qui subissent le plus l'invasion germaine, Arioviste s'étant emparé de leurs terres pour lui et 24 000 Harudes, peuplade germanique alliée. Ainsi, petit-à-petit, tous les Germains s'installent en Gaule, où les terres sont plus fertiles que celles d'outre-Rhin.
Les Séquanes s'unissent alors aux Éduens et autres peuples gaulois pour faire face. Mais la coalition perd face aux germains le 15 mars 60 av. J.-C.[1] la sanglante et épique bataille de Magetobriga ou Admagetobriga[2]. Après ces évènements, Arioviste se conduit en despote envers ses vassaux gaulois.
Les Éduens envoient alors des ambassadeurs à Rome requérir de l'aide. Le Sénat romain décide d'intervenir et par l'entremise de Jules César, nommé Consul des Gaules en 59 av. J.-C. et qui octroie au chef barbare le titre d'« Ami du peuple romain », convainc Arioviste de suspendre sa conquête de la Gaule.[3],[4],[5],[6]. Cependant ce dernier recommence à harceler ses voisins gaulois et invite d'autres tribus germaines à venir le rejoindre en Alsace. Ces menaces incitent les Gaulois éduens et séquannes à en appeler à César, vainqueur des Helvètes. Il est le seul à pouvoir empêcher militairement Arioviste d 'étendre sa domination sur le Nord-Est de la Gaule depuis ses bases alsaciennes et franc-comtoises.[7].
Jules César décide de faire face au problème germanique, estimant qu'il est dangereux à l'avenir de laisser des Germains traverser le Rhin pour la Gaule en grand nombre, et craignant qu'une fois la Gaule conquise, les Germains s'en prennent à la Gaule transalpine et à l'Italie même, comme les Cimbres et les Teutons vers 100 av. J.-C. Tout d'abord, il envoie des ambassadeurs à Arioviste, qui refuse un entretien en terres gauloises et signale que César et les Romains n'ont pas à s'occuper des guerres germano-gauloises. De plus, il fait valoir son droit de rester en Gaule sur des terres qu'il a conquise. César envoie alors un ultimatum au roi germain, dans l'espoir non pas de l'effrayer, mais de l'irriter et que la guerre soit déclarée[8],[7], lui signalant qu'il ne serait encore considéré comme un « ami du peuple romain » que s'il respecte les exigences suivantes :
- de ne plus transférer des populations germaniques d'outre-Rhin en Gaule ;
- de restituer les otages éduens qu'ils détiennent et d'accepter des Séquanes qu'ils en fassent autant ;
- de ne pas provoquer de nouvelles guerres contre les Éduens et leurs alliés.
S'il refuse ces exigences, César signale aussi que le Sénat autorise le proconsul à défendre les Éduens et les autres alliés de Rome. Le roi germain Arioviste répond à cet ultimatum sans crainte, que les Éduens sont ses vassaux par le droit de la guerre, et met au défi César de lutter contre lui, en lui rappelant la valeur de ses troupes, jamais défaite à ce jour[9]. De plus, des Suèves pourraient grossir les rangs de l'armée germaine.
Arioviste se met en marche avec son armée en direction de Vesontio (aujourd'hui Besançon), la ville la plus importante des Séquanes, c'est le prétexte suffisant et sérieux que voulait César pour partir en guerre, et il met sa propre armée en marche forcée pour rejoindre l'oppidum gaulois avant le roi germain,[9]. Une fois la ville prise, il y place une garnison[8]. Alors à Vesontio, l'armée romaine est prise de panique à l'idée d'affronter les Germains, qui se renforcent de jour en jour, les mêmes qui ont pendant 10 ans menacés l'Italie et massacrés les armées romaines jusqu'à ce que Caius Marius rétablisse la situation. César harangue ses troupes pour leur redonner courage[5],[10].
Campagne d'Alsace
Début août, peu de jours après la prise de Vesontio, César reprend son avancée contre Arioviste qui se situe à un peu plus de 35 kilomètres. C'est alors que le roi germain demande une entrevue avec César dans une vaste plaine à mi-distance des deux camps. César réitère ses exigences et Arioviste lui rétorque que ce sont les Gaulois qui l'ont initialement appelés sur leurs terres, qu'il a vaincu les Éduens sur le champ de bataille, et que le droit de la guerre lui autorise d'en faire ses vassaux. César se refuse à comprendre les arguments du roi et se retire, peut-être parce que les cavaliers germains ont menacé la garde romaine de César, et les négociations s'en arrêtent là[11],[12].
Arioviste déplace alors son camp et l'approche de celui de César, à environ 9 kilomètres, au lieu des 35 précédemment. Le jour suivant, il s'approche à travers la forêt et tente de couper le ravitaillement de César, n'étant maintenant plus qu'à 3 kilomètres des Romains. De nombreuses escarmouches ont lieu entre les deux camps, mais Arioviste refuse le combat en ligne et préfère envoyer 6 000 cavaliers et autant de fantassins pour déstabiliser l'armée romaine. Après plusieurs jours d'escarmouches, César fait édifier un second camp plus proche de celui des Germains, et les efforts de ces derniers pour empêcher la manœuvre échouent. Des deux côtés, de nouveaux combats d'avant-garde font d'importantes pertes, et les Germains réussissent une fois à presque s'emparer des camps romains à l'improviste[13].
Déroulement de la bataille
Le sort de cette guerre se décide le lendemain, lorsque César déploie ses troupes, les auxiliaires devant le second camp, et les six légions s'étendant jusqu'au premier camp, en trois lignes. Puis il fait avancer son armée d'environ 35 000 hommes contre Arioviste, qui dispose son armée d'au plus 70 000 guerriers par tribus : les Harudes, Marcomans, Triboques, Vangions, Némètes, Sédusiens et Suèves. Autour de l'armée germaine, de nombreux charriots interdisent aux hommes de fuir le champ de bataille[14].
À l'automne, la bataille et le combat s'engage sur l'aile droite romaine et tourne immédiatement à un furieux corps-à-corps, les soldats n'ayant pas eu le temps d'envoyer leurs armes de jet avant le contact. Les Germains se regroupent alors en phalanges. Ils sont enfoncés sur leur aile droite, mais se renforcent à gauche et sous le nombre, les Romains plient. Un jeune lieutenant de César qui mène la cavalerie, Publius Crassus, prend l’initiative d’envoyer la troisième ligne des légions à l’appui de l’aile gauche qui perd pied. Cette initiative assure la victoire sur Arioviste.
À partir de ce moment, les restes de l'armée ennemie sont massacrés, comme une partie des femmes et des enfants, ou rejetés au-delà du Rhin, tel le roi qui réussit à fuir sur une barque[15], faisant de ce fleuve une frontière naturelle pour les quatre/cinq prochains siècles[14]. Appien parle de 80 000 morts du côté des Germains[16], chiffres confirmés par Carcopino[12].
Conséquences
Le proconsul, après cette victoire, ajoute à son gouvernement les territoires conquis aux Germains[17]. César, ayant mis fin aux rêves de conquête des Helvètes puis des Germains, en une seule campagne, conduit son armée en quartier d'hiver chez les Séquanes puis regagne la Gaule cisalpine pour gérer les affaires de ses provinces, laissant à Titus Labienus le commandement des légions[18]. Cette campagne, menée essentiellement par les légions romaines, aidées de quelques troupes éduennes et séquannes, donne un droit à Rome sur les terres reconquises, que César prend le soin de ni rejeter, ni déclarer[19].
À Rome, les conservateurs réagissent à la guerre que mène César : son affrontement contre le germain Arioviste, qui a la qualité d’« ami du peuple romain », accordée lors du consulat de César, a scandalisé Caton, qui proclame qu’il faut compenser cette trahison de la parole romaine en livrant César aux Germains[20]. César se justifiera longuement dans ses Commentaires en détaillant ses négociations préliminaires avec l’agressif Arioviste, lui faisant même dire que « s’il tuait [César], il ferait une chose agréable à beaucoup de chefs politiques de Rome, ainsi qu’il (Arioviste) l’avait appris par les messages de ceux dont cette mort lui vaudrait l’amitié[21],[22] ».
Lieu de la bataille
Il se situe dans la plaine d’Alsace, près des Vosges, entre les villes actuelles de Mulhouse et Cernay[23]. Des fouilles entreprises entre Cernay et Wittelsheim ont permis dans les années 1970 de mettre à jour les vestiges d'un camp romain sur la plaine de l'Ochsenfeld[24]. Mais la localisation précise de la bataille reste indéterminée[25].
Voir aussi
Sources
- Jules César (trad. Désiré Nisard), La Guerre des Gaules, Didot, Paris, 1865 (lire en ligne).
- Carcopino, Jérôme, Jules César, PUF (6e éd.), 1990 (ISBN 978-2130428176).
Notes et références
- ↑ Cicéron, Lettres à Atticus, Livre I, Lettre 19, 2
- ↑ Le lieu précis de cette bataille n'est pas connu. Certains érudits la situent vers le bourg gaulois de Mons Arduus, aux limites des territoires éduens et séquannes, aujourd'hui entre Pontailler-sur-Saône et Heuilley-sur-Saône en Côte-d'Or, au confluent de l'Ognon et de la Saône. Il y a été retrouvé au milieu du XVIIIème siècle, , un fragment d'urne portant l'inscription « MAGETOB ». Sources :
- (la) Nova Scriptorum latinorum Bibliotheca Volumen primum C.J. CAESARIS OPERA, par Eligius Johanneau, 1802, chapitre XXXI, page 256.
- Journal des Sciences, des Lettres et des Arts, A.L.Millin, Paris janvier 1808
- Histoire des Gaulois, Amédée Thierry, tome 2, p.282, Paris 1828 consultation/pdf
- ↑ Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 34
- ↑ Plutarque, Vies parallèles, César, 19
- ↑ a et b Appien d'Alexandrie, Celtique, frag. 16
- ↑ J. Carcopino, op. cit., pp. 231-232
- ↑ a et b J. Carcopino, op. cit., p. 246
- ↑ a et b Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 33
- ↑ a et b J. Carcopino, op. cit., p. 247
- ↑ Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 35-47
- ↑ Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 47
- ↑ a et b J. Carcopino, op. cit., p. 248
- ↑ Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 48
- ↑ a et b Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 49
- ↑ Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXVIII, 50
- ↑ Appien d'Alexandrie, Celtique, frag. 1,3
- ↑ J. Carcopino, Giulio Cesare, pp.277-278
- ↑ J. Carcopino, op. cit., p. 249
- ↑ J. Carcopino, op. cit., pp. 248-249
- ↑ Suétone, Vie des douze Césars, César, 26
- ↑ Dion Cassius, Histoire romaine, Livre XXXIX, 1
- ↑ J. Carcopino, op. cit., pp. 249-250
- ↑ (en) E. Abranson, La vita dei legionari ai tempi della guerra di Gallia, pp.30-31
- ↑ Signifie le champ aux bœufs en allemand, terme du Moyen-Âge désignant cette terre propice aux pâtures des bêtes destinées aux foires. La plaine de l'Ochsenfeld s'étend de Thann à Mulhouse.
- ↑ Localisation possible, selon H. Christ (site de la mairie de Reiningue)
Lien connexe
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