- Famille Le Veneur de Tillières
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La famille Le Veneur[1] , ou Le Veneur de Tillières depuis le XVe siècle, parfois aussi appelée Le Veneur de Carrouges, est une ancienne et illustre famille de Normandie.
Sommaire
Les origines
Les tout premiers Le Veneur étaient veneurs au duché de Normandie[2] . C'est de cette charge que la famille Le Veneur tient son nom.
Certaines sources présentent Gautier le Veneur[3], chevalier, confident et veneur du duc Richard Sans-Peur, comme le premier représentant connu de la famille. Il combattit sur les bords de l'Epte en 968[4] et fut sauvé par le duc lors de la bataille de Dieppe.
Principaux personnages
Moyen Âge
Jean I le Veneur était au XIIe siècle seigneur du Homme et de Cavoville.
Jean IV le Veneur, chevalier, était dès 1289 maître veneur du roi Philippe le Bel et également maître enquêteur des eaux et forêts du roi. Il alla notamment deux fois, en 1298, pour faire des informations sur les forêts de Normandie et au mois de juin 1300 sur celles du bailliage de Coutances. Il fut tué en 1302 à la Bataille de Courtrai. Ses deux fils Robert le Veneur, chevalier, et Jean V le Veneur († 1334), chevalier, furent tous deux également maîtres veneur du roi et maîtres enquêteurs des eaux et forêts du roi, qui étaient des charges considérables à cette époque[5].
Jean VIII le Veneur, chevalier, seigneur du Homme, de Cavoville, de Valquier et de Saint-Élier, qui tenait l'Échiquier d'Alençon en 1398 et fut tué à la bataille d'Azincourt en 1415, avait épousé Jeanne, sœur de Jean, baron de Tillières, laquelle succédant à son frère, porta la baronnie de Tillières dans la Maison le Veneur. C'est ainsi qu'au XVe siècle le nom de Tillières était joint à celui de Le Veneur.
Son fils Philippe le Veneur, baron de Tillières, seigneur du Homme et de Valquier, chevalier de l'Ordre du Croissant, fit lui aussi un mariage qui devait apporter un nouveau fief dans la famille Le Veneur. Il épousa en effet en 1450 Marie Blosset, sœur de Jean Blosset, Grand sénéchal de Normandie, seigneur de Carrouges, dont la famille Le Veneur hérita par la suite.
Renaissance
Le cardinal Jean le Veneur, évêque-comte de Lisieux était fils de Philippe le Veneur et de Marie Blosset. Proche de François Ier, il siégeait à son conseil. Il devint grand aumônier de France en 1525 et fut fait abbé du Mont-Saint-Michel. Il présenta Jacques Cartier à François Ier, puis, devenu cardinal en 1533, il intervint auprès du Pape afin de modifier le partage des terres du Nouveau Monde qui avait été établi en 1493, laissant ainsi le champ libre à la couronne de France pour s'arroger les terres qui seraient découvertes lors de l'expédition de Jacques Cartier vers le futur Canada. Il mourut en 1543.
XVIe siècle
Au XVIe siècle, Tanneguy le Veneur († 1592), 1er comte de Tillières, fut gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, conseiller d'État, capitaine de cent hommes d'armes, bailli de Rouen, lieutenant général au gouvernement de Normandie, chevalier des Ordres du roi. Son fils Jacques le Veneur († 1596), comte de Tillières, fut bailli de la ville et gouverneur du vieux palais de Rouen, conseiller d'État, capitaine de cinquante hommes d'armes, lieutenant général au gouvernement de Normandie, chevalier des Ordres du roi.
Quoique catholiques, tous deux protégèrent les protestants lors des massacres de la Saint-Barthélémy [6].
XVIIe siècle
Au XVIIe siècle, Tanneguy II le Veneur († 1652), comte de Tillières, fut dépêché en Angleterre pour négocier le mariage d'Henriette de France, sœur de Louis XIII avec le futur roi Charles Ier. Tanneguy II vécut sur ses terres de Tillières et laissa le fief familial de Carrouges, dans l'Orne, à son frère Jacques, abbé de Silly.
En 1637, Jacques le Veneur de Tillières se démit de son abbaye pour se consacrer entièrement à Carrouges. Il fit aménager et décorer le château et le parc à partir de plans et dessins de Maurice Gabriel, architecte à Argentan. Il mourut en 1653.
XVIIIe et XIXe siècles
À la fin du XVIIIe siècle, Alexis Le Veneur, vicomte de Tillières, était militaire et partisan des idées progressistes. Il était l'époux d'Henriette de Verdelin (1757-1834), fille de la marquise de Verdelin (1728-1810) qui fut une correspondante et protectrice de Jean-Jacques Rousseau. Adhérant aux idées progressistes, il prit position pour l'abandon des privilèges avant la Révolution. Il participa à plusieurs campagnes militaires qui lui valurent le grade de lieutenant général puis de général de division. Il fut commandant en chef de l'armée du Nord sous Custine (1793). Il fut élu maire de Carrouges et administrateur du département de l'Orne, puis 1er président du Conseil général de l'Orne et enfin député de l'Orne au Corps Législatif. Il fut fait comte d'Empire avec majorat par Napoléon Bonaparte. Il s'éteignit en 1833 à l'âge de 86 ans.
Principaux fiefs
Le Homme
La famille Le Veneur conserva depuis le XIIe siècle jusqu'à la Révolution, la terre, seigneurie et baronnie du Homme, plein fief de haubert, qu'elle fit incorporer au comté de Tillières en 1584[7].
Le Homme est situé sur la commune de Heudreville-sur-Eure, dans l'Eure, où il reste quelques vestiges du manoir du Homme du XVe siècle.
Tillières
Le fief de Tillières, situé sur l'Avre, rivière qui délimitait naguère le duché de Normandie et le royaume de France, est passé au début du XVe siècle de la famille Le Baveux de Garancières à la famille Le Veneur, par succession, Jean VIII le Veneur ayant épousé Jeanne Le Baveux de Garancières, dame de Tillières.
Le duc Richard II y avait fait construire dès le début XIe siècle un château, dit Tillières à cause des tuileries des alentours, afin de protéger sa frontière de l'Avre contre les attaques des comtes de Chartres[8].
Le château de Tillières fut démoli après la Révolution par la bande noire.
Carrouges
Le fief de Carrouges, dans l'Orne, est rentré au XVe siècle dans la famille Le Veneur à la suite du mariage de Philippe le Veneur, baron de Tillières, avec Marie Blosset, sœur de Jean Blosset, Grand sénéchal de Normandie, seigneur de Carrouges.
Jusqu'au XIXe siècle, la famille Le Veneur, dont la forge existait déjà au XVIe siècle, s'insérait également dans la vie locale par une activité de maîtres de forges[9].
Le château de Carrouges resta cinq siècles dans la famille Le Veneur, jusqu’au 23 avril 1936, date à laquelle Marie Gaston Tanneguy IX, comte Le Veneur de Tillières, n’ayant pas de descendance mâle et subissant le déclin de l'économie rurale de l'entre-deux-guerres, se vit contraint de céder le château à l’État qui, dès 1927, l’avait classé parmi les monuments historiques, pour la modique somme de 200 000 francs.
Armes
Les armoiries de la famille le Veneur et de ses membres étaient : D’argent à la bande d’azur chargée de trois sautoirs d’or, ou chargée de trois flanchis d'or, ou chargée de trois croisettes d'or, ou frettée d'or.
Notes et références
- Avant la Révolution on écrivait "le Veneur" sans mettre de majuscule sur le "l" de "le".
- Charles Jean François Hénault, vol. 2, Prault père, Paris, 1768, p. 575. A noter que l'auteur de cet ouvrage, le célèbre Président Hénault, connaissait bien la famille Le Veneur, dont faisait partie sa nièce, femme de Jacques Tanneguy IV le Veneur. Cf. par exemple le Nouvel abrégé chronologique de l'histoire de France: contenant les événemens de notre histoire, depuis Clovis jusqu'à Louis XIV, les guerres, les batailles les sièges, &c. nos loix, nos mœurs, nos usages, &c, par
- de Benoît de Sainte-Maure (cf. Chronique des ducs de Normandie par Benoît, tome 2, Imprimerie royale, 1838, pp. 211-213, ou encore Nouvelle histoire de Normandie Éd. André La Fresnaye, Versailles, Jalabert, 1814 p.69 et p.456),
- et de Wace (cf. Le Roman de Rou et des ducs de Normandie, vol. 1, pp.234-238).
Par ailleurs certains auteurs (voir par exemple: Duchess of Cleveland, The Battle Abbey Roll, vol. 3, J. Murray, London, 1889, p. 228) rattachent à Gautier le Veneur la famille anglo-normande Venables, issue de Gilbert de Venables, alias Gilbert le Veneur, qui est cité en 1086 dans le Domesday Book. On peut remarquer que Venables se trouve à une dizaine de kilomètres du vieux fief des Le Veneur qu'est Le Homme et à seulement une dizaine de kilomètres également de leur autre vieux fief de Cavoville. Il serait donc tout à fait vraisemblable que les familles Venables et Le Veneur soient au départ une seule et même famille.
Gautier le Veneur est notamment mentionné dans les récits du XIIe siècle :- p. 201. Cf. Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, t.25, A. Jullien, Genève, 1936,
- Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, éditée de 1751 à 1772 sous la direction de Diderot et d’Alembert, à l'article Grands-Maîtres des eaux et forêts, qui détaille cette charge et les fonctions occupées par Jean IV le Veneur et ses deux fils (pp. 793-794). Voir l'
- p. 84. « Le massacre de la Saint-Barthélemi, dit un écrivain, s'entendit par tout le royaume; mais il ne fut pas considérable en Normandie, par les soins de son gouverneur, Tannegui le Veneur, comte de Tillières, homme digne d'une mémoire éternelle. » Jacques Antoine Dulaure, J.-L. Belin, Histoire physique, civile et morale des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu'à nos jours, Furne, Paris, 1858,
- p. 99. cf. Société de l'histoire de Normandie, Mélanges, tome 7, A. Lestringant, Rouen, 1907,
- http://www.quid.fr/communes.html?mode=detail&id=16137&req=Til&style=fiche. (Archive, Wikiwix, que faire ?) Source: article Tillières-sur-Avre du Quid
- le fourneau à Sainte-Marguerite-de-Carrouges et la forge à Saint-Martin-l'Aiguillon. Voir sur le site des monuments historiques
Bibliographie
- Encyclopédie Méthodique, Histoire Tome VI, Agasse, Paris, 1804, p. 364
- La Grande Encyclopédie, inventaire raisonné des sciences, des lettres et des arts, tome 9, par une société de savants et de gens de lettres, sous la dir. de MM. Berthelot, ... Hartwig Derenbourg, ... F.-Camille Dreyfus, ... A. Giry, ... [et al.], H. Lamirault, Paris, 1885-1902, p. 562.
- Louis Berges, Château de Carrouges, Chartrier et papiers de la famille Le Veneur (1394-1925), Archives Départementales de l'Orne, Alençon, 1995, 117 p. (ISBN 2-86061-018-9)
Catégorie :- Famille noble française
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