Charles Jean d'Hector

Charles Jean d'Hector
Charles Jean d'Hector Comte d'Hector
Naissance 22 juillet 1722
à Fontenay-le-Comte
Décès 18 août 1808 (à 86 ans)
à Reading
Origine Royaume de France Royaume de France
Allégeance Royaume de France Royaume de France
Armee des princes.jpg Armée des Princes
Arme Pavillon de la marine royale française Marine royale française
Grade Lieutenant général des armées navales
Colonel du Régiment d'Hector
Vice-amiral dans l'armée des Princes
Années de service 1741 - 1795
Conflits Guerre de Sept Ans
Guerre d'indépendance des États-Unis
Guerres de la Révolution
Faits d'armes Bataille des Cardinaux
Bataille d'Ouessant
Expédition de Quiberon
Distinctions Commandeur de Saint-Louis
Autres fonctions Directeur général du port et de l'arsenal de Brest
Commandant de la Marine à Brest
Membre de l'Académie de marine

Charles Jean, comte d' Hector, né le 22 juillet 1722 à Fontenay-le-Comte et mort en 18 août 1808 à Reading, près de Londres, est un officier de marine et aristocrate français du XVIIIe siècle. Orphelin de père jeune, il entre tôt dans la marine royale et commence à servir pendant la guerre de Sept Ans, notamment lors de la bataille des Cardinaux. Suite à ce combat, il sauve - en compagnie du chevalier de Ternay - une partie de la flotte française qui s'était réfugiée dans la Vilaine. Il est promu capitaine de vaisseau puis chef d'escadre au début de la guerre d'indépendance des États-Unis. Nommé commandant de la Marine et du port de Brest, il assiste le Ministre de la Marine, le maréchal de Castries dans ses réflexions sur la réforme de la Marine. Il reçoit la visite du futur tsar de Russie Nicolas Ier et de sa famille, ainsi que celle de Louis XVI venu inspecter le port de Cherbourg.

Il termine sa carrière au grade de lieutenant général des armées navales de la Marine royale de France sous Louis XVI. Lorsque la Révolution française éclate, il émigre en Angleterre où, malgré son manque de ressources, il monte un régiment de volontaires, le Régiment Hector ou Marine Royale qui participera à l'expédition de Quiberon en 1795. Il meurt en exil en Angleterre en 1808, à l'âge de 86 ans.

Sommaire

Biographie

Origines et jeunesse

Fils d'un officier de marine tué au Canada en 1731, Charles-Jean, comte d'Hector, est orphelin de père de bonne heure. Après des études primaires dans la petite école deSaint-Georges-de-Montaigu, Charles d'Hector embarque à Rochefort, le 16 mai 1735, dès l'âge de treize ans comme cadet. Il pend part à plusieurs campagnes avant d'entrer comme garde-marine à Rochefort le 1er janvier 1741. Il est promu aide d'artillerie le 1er janvier 1746 avant d'opter pour la marine le 1er juillet 1750. Il reçoit un brevet de lieutenant de vaisseau le 11 février 1756, et obtient la même année le commandement d'une frégate, La Pomone, et participe à la guerre de Sept Ans. Le 26 juillet de l'année suivant il est promu aide-majot.

Guerre de Sept Ans (1756-1763)

La Bataille de la baie de Quiberon, Nicholas Pocock, 1812. National Maritime Museum
Article détaillé : Guerre de Sept Ans.

Après avoir croisé sur les côtes de la Méditerranée et fait la chasse aux pirates barbaresques, Charles d'Hector venait d'être nommé aide-major du port de Brest, quand la défaite du marquis de Conflans, mis en déroute par l'amiral Hawke, lui fournit l'occasion de s'illustrer[1]. À l'issue de la bataille des Cardinaux, sept vaisseaux français et quatre frégates avaient, à la faveur de la marée, remonté la Vilaine et trouvé refuge dans les anses de cette rivière. Témoin de cette évasion, l'amiral Boscawen bloque l'embouchure de la Vilaine, guettant la sortie des navires et prêt attaquer les fuyards. Pour braver cet ennemi, et sauver les vaisseaux réfugiés dans la Vilaine, un des plus brillants officiers de marine d'alors, le chevalier de Ternay, le futur convoyeur du corps expéditionnaire du comte de Rochambeau, est désigné pour mener à bien cette mission[1]. Le gouverneur de Bretagne, le duc d'Aiguillon, fait appel à lui. Mais Ternay n'accepte cette mission qu'à condition d'être accompagné par le comte d'Hector. Au bout de deux ans et demi de luttes contre les éléments et contre les hommes, d'Hector et Ternay parviennent à tromper Boscaven et à ramener intacts les vaisseaux Le Brillant et L’Éveillé convoités par les Anglais[1]. Il est fait chevalier de Saint-Louis en 1760 et promu capitaine de vaisseau le 15 janvier 1762.

Guerre d'indépendance des États-Unis

En 1778, placé à la tête de L'Orient, vaisseau de 74 canons, le capitaine d'Hector, participe au combat d'Ouessant le 27 juillet 1778, sans parvenir à influer sur l'issue de cette bataille indécise[2]. Il recevra néanmoins les félicitations de l'amiral d'Orvillers. Quelques mois plus tard, le 4 mai 1779, une Ordonnance royale nomme Charles d'Hector chef d'escadre et lui conférait, presque aussitôt, le 23 décembre 1779, le commandement supérieur du port de Brest[2]. Il joue un rôle essentiel dans la mobilisation navale que connait Brest pendant la guerre d'Indépendance américaine. Cette magistrature maritime donne à cet officier général la direction et l'entretien de tous les mécanismes du service naval.

Commandant de la Marine à Brest

D'Hector dirige le port de Brest jusqu'à la Révolution française et joue un rôle déterminant dans l'armement des escadres lors de la guerre d'Indépendance américaine.

Quand le duc de Castries prépare ses fameuses Ordonnances sur la Marine, l'expérience et le savoir du comte d'Hector lui sont utiles. Il envoie de nombreuses lettres pour solliciter l'avis du Commandant de Brest sur l'administration maritime, sur l'outillage des ports, sur les constructions navales, sur le personnel combattant, etc[2]. Il réside pendant cette période au château de Lézarazzieu, près de Landivisiau[2].

Le 22 octobre 1780, le Ministre de la Marine écrit à d'Hector[2] :

« La confiance que je sais qui vous est due vous sera peut-être à charge par l'excès de celle que je vous marquerai, mais, comme elle n'a pour but que le service du Roi, je ne pense pas que vous la trouviez indiscrète. »

Cette confiance lui vaut de nombreuses jalousies au sein du corps des officiers généraux quand, sur la demande du duc de Castries, d'Hector, déjà promu lieutenant général le 14 août 1782, obtint, de surcroît, le cordon rouge de commandeur l'ordre royal et militaire de Saint-Louis[3]. La baronne d'Oberkirch, qui visite Brest au mois de juin 1782, en compagnie du grand-duc Paul de Russie et de la grande-duchesse Marie de Wurtemberg, reçoit la confidence de ces rancunes[3],[Note 1]. Si le tsarévitch ne prend pas garde aux bruits des salons, Louis XVI s'en préoccupe encore moins. Le jour où le Roi décide de visiter le futur port militaire de la Manche, le commandant d'Hector est invité par le maréchal de Castries à se rendre, avec son camarade, le commandant d'Albert de Rions, à Cherbourg, pour y recevoir le souverain et le renseigner sur les constructions et les travaux nécessaires à la défense du littoral normand contre les attaques éventuelles de l'Angleterre[3]. En quittant Cherbourg, Louis XVI charge le comte d'Hector d'inspecter les principales citadelles maritimes et de lui soumettre ensuite un plan de réformes en vue d'unifier les commandements et de coordonner les emplois[3].

En 1785 il contribuera activement à la préparation de l'expédition de La Pérouse.

Émigration et combat contre-révolutionnaire depuis en Angleterre

Lorsque la Révolution française éclate, il demande à être relevé de ses fonctions le 24 mai 1790 en raison de l'hostilité du Conseil de la ville de Brest à son égard. Il entend l'appel des princes et émigre à Coblentz en février 1791, il y reçoit le commandement du Corps de la marine royale, exclusivement composé d'officiers de marine. Privé de ressources, il en appelle au tsar de Russie qu'il avait jadis rencontré et qui par deux fois lui fait remettre de l'argent[Note 2]. Il est nommé vice-amiral par les princes le 1er janvier 1792.

À la fin de la campagne, ce corps fut licencié ; mais il est réorganisé deux ans plus tard, en octobre 1794, en Angleterre, et le comte d’Hector en est de nouveau nommé colonel. Le comte d'Hector compose son régiment avec des marins qui avaient émigré, et le porte à 600 hommes. Ce régiment est appelé Régiment Hector ou Marine Royale lors de l'expédition de Quiberon. Mais alors qu'il faisait route vers la Bretagne, il apprend le désastre de l’expédition (21 juillet 1793). D’Hector avait alors 73 ans, et « il lui fallait renoncer à l’espoir qu’il avait eu de mourir sur le champ de bataille[4] ».

Il se retire, près de la ville de Reading, à treize lieues de Londres, et c’est là qu’il meurt, le 18 août 1808, à l’âge de 86 ans.

Jugement et postérité

Constant Merland dans ses Biographie vendéennes (1884) dit de lui[1]:

« Naturellement obligeant, si son premier mouvement était un peu vif, il le corrigeait toujours par les bonnes grâces de ses manières, sachant parler et se taire à propos. La justesse de son esprit et un grand sens remplaçaient ce qui lui faisait défaut du côté de l'éducation première. Lorsqu'il fut arrivé aux postes les plus élevés, il aimait à se rappeler les années si dures de sa jeunesse et disait aux officiers qui se plaignaient des rigueurs du destin : « Messieurs, on naît avec une fortune de bonheur et de malheur. Pendant vingt-deux ans, si je passais par une porte cochère, j'étais toujours prêt à me casser la jambe. Après, tout semblait seconder mes vœux. Si je ne m'étais pas raidi contre les premières malchances, je n'aurais pas l'honneur d'être à votre tête, Messieurs, et de vous commander. Faites comme moi ! » »

Notes

  1. « On ne se bornait pas à lui demander s'il était le petit-fils de Priam ou du Valet de Carreau; on lui reprochait d'avoir manqué de valeur dans le combat et de n'avoir pas mis son habit d'uniforme, ce jour-là, pour être moins distingué. On lui citait l'exemple du comte d'Estaing dont on l'accusait d'être furieux; enfin, on l'invitait au courage et à se rendre, de commander une nouvelle branche d'Hector. » Ces brocards, si profondément injustes, n'impressionnèrent ni le futur Paul premier, ni la future Tsarine. » (Oscar Havard, p. 28)
  2. « Lorsque le comte d'Hector, réduit, pendant l'émigration, à la plus cruelle détresse, crut devoir se rappeler au souvenir de l'Empereur et de l'Impératrice, un premier secours de six mille francs et un second de huit mille, accompagnés des lettres les plus obligeantes, attestèrent la survivance d'une estime qui dédommagea le vieux marin de ses déboires. » (Oscar Havard, p. 28)

Références

  1. a, b, c et d Oscard Havard, p. 26
  2. a, b, c, d et e Oscar Havard, p. 27
  3. a, b, c et d Oscar Havard, p. 28
  4. Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe tome 1, p. 117

Bibliographie

  • Michel Vergé-Franceschi, La Marine française au XVIIIe siècle, SEDES, 1996. 
  • Michel Vergé-Franceschi (sous la direction de), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, collection Bouquins, 2002.
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française, Rennes, éditions Ouest-France, 1994. 
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, éditions Tallandier, 2002. 
  • André Zysberg, La monarchie des Lumières, 1715-1786, Nouvelle Histoire de la France moderne, Point Seuil, 2002.
  • Jean-Christian Petitfils, Louis XVI, éditions Perrin, 2005.
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'Histoire, Marines Editions, 2011. 
  • Constant Merland, Biographies vendéennes, Nantes, Mellinet, 1884
  • Oscar Havard, Histoire de la Révolution dans les ports de guerre. Brest, Rochefort, 1911-1913, pages 25-28
  • Revue de Bretagne et de Vendée, Volume 45, J. Forest ainé, 1879, page 51 et suiv.

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