- Agence centrale de presse
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L'Agence Centrale de Presse (ACP) était une agence de Presse française créée en 1951 par plusieurs quotidiens régionaux français proches de l'ex-maire de Marseille Gaston Defferre. Concurrente de l'Agence France-Presse en France, elle a été rachetée dans les années 1990 par le magnat des affaires anglais Robert Maxwell peu avant de déposer son bilan.
Histoire
Le succès dès ses débuts de l'Agence Centrale de Presse, fondée en 1951 à l'initiative de Georges Lustac, directeur du quotidien marseillais Le Provençal et du quotidien nordiste Nord Matin, deux publications marquées à gauche s'explique en partie par la réputation d'agence officieuse qu'entretient alors l'Agence France-Presse au début de la guerre d'Algérie. Nord Matin, fondé en 1843 par Augustin Laurent s'appelait à ses débuts Journal de la Démocratie Socialiste, tandis que Le Provençal appartenait à Gaston Defferre, maire socialiste de Marseille.
Au début des années 1970, lors du premier choc pétrolier, les difficultés financières de nombre de grands journaux incitent à remplacer l'AFP par l'ACP. Meilleur marché, plus diverse dans son contenu, l'ACP a pour la première fois dix clients[1] en 1973, ce qui occasionne un manque à gagner de 1,7 million de francs. L'AFP doit alors s'adapter, diversifier le contenu de ses dépêches, alors qu'une étude sur les informations politiques dans quatre quotidiens français (Le Monde, France-Soir, Le Figaro et L'Humanité) montre qu'elles cèdent souvent la place aux informations culturelles[2].
Le groupe constitué par le quotidien marseillais Le Provençal, au sein duquel est intégrée l'ACP, a ensuite créé en 1982 plusieurs banques de données d'articles en texte intégral avec le logiciel Docu/Master, à partir des différents titres et sociétés du groupe : Le Provençal, Le Méridional, Var Matin et l'ACP. Cette dernière s'est fait alors une spécialité dans les "pages entières" toutes composées» (Page magazine, page médicale, page du sourire, page des enfants) qu'elle envoie chaque semaine.
Au début des années 1980, L'ACP est la victime indirecte des difficultés des journaux français, qui se contentent désormais d'un seul abonnement à l'Agence France-Presse. Elle est très critiquée aussi lors de l'affaire du "point de détail", née d'une déclaration du leader du Front national Jean-Marie Le Pen le 13 septembre 1987, au Grand Jury RTL-Le Monde, à propos de la contestation, par des négationnistes, de l'utilisation par les nazis de chambres à gaz homicides : « Je n'ai pas étudié spécialement la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale ».
Contrairement à l'AFP, "restée silencieuse", l'ACP aurait joué les "détonateurs" en donnant une version "falsifiée" des déclarations de M. Le Pen, selon ses détracteurs[3].
Après deux recapitalisations en 1983 et 1986, l'ACP a été reprise en 1987 par Ian Maxwell, fils du magnat des affaires anglais Robert Maxwell, propriétaire d'un empire de presse au Royaume-Uni. Ce dernier est alors, avec Francis Bouygues, le principal actionnaire de la chaîne de télévision TF1 et projette la création d'un nouveau groupe de presse hexagonal. M. Maxwell, principal actionnaire, refuse de continuer à financer le déficit de l'ACP qui enregistrait au 30 septembre 1989 des pertes de 25,6 millions de francs.
L'Agence Centrale de Presse a ensuite connu une situation extrêmement critique à la fin de l'année 1989. Après avoir déposé son bilan, elle s'est retrouvée en cessation de paiement à partir du 1er novembre 1989, peu avant sa disparition en 1990.
Références
- Jean Huteau et Bernard Ullmann, AFP, une histoire de l'Agence France-presse : 1944-1990, page 311, Robert Laffont, 1992. (ISBN 978-2-221-05883-1)
- "Les grands quotidiens français sont-ils dépolitisés ?", par Francis Balle (1968)
- "L'implication des journalistes dans le phénomène Le Pen" - Jacques Le Bohec - 2004 - page 45
Catégorie :- Agence de presse française
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