- Ȝ
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Yogh
Yogh Alphabet latin A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z Lettres additionnelles Ɐ Ɑ Æ Ʌ Ɓ Ɗ Ð Ɛ Ə Ǝ Ƒ Ɠ Ɣ Ɩ Ʒ Ɱ Ŋ Ɲ Ɔ Œ Ƥ Ɽ ß Ʃ Þ Ȣ Ʊ Ʋ Ⱳ Ƴ Ƈ Historiques ou obsolètes Ȝ Ƅ ĸ Ⅎ Ƕ Ƽ Ч Ɋ Ƣ ſ Ƨ Ȥ Ƿ Ɯ Avec diacritiques jointifs Ç Ð Ħ Ɨ Ƙ Ł Ø Ɵ Ş Ţ Ŧ Ų Avec diacritiques séparés À Å Ã Č ʠ É Ê Ñ N̈ Ǩ Š Ƭ Ʈ Ü Ȥ Ž Digrammes Ch Dz Dž Dx Gb IJ Kp LJ LL Mb Mp Nd Ng Nh NJ Nk Ns Nt Ny Nz Ou Sh Th Trigrammes C’h Ngb Nkp Sch Tsh La lettre yogh est une lettre originale de l'alphabet latin que l'on utilisait dans les manuscrits en moyen anglais (période médiévale s'étendant du XIe au XVe siècle).
Sommaire
Origines
Dans les manuscrits en vieil anglais (VIIIe–XIe siècle), la lettre g se traçait comme dans l'illustration (fig. 1). On reconnaît l'œil d'un g dans la graphie onciale insulaire d'Irlande : ce sont en effet des missionnaires irlandais qui, apportant le christianisme et ses textes, ont transmis l'alphabet latin aux Anglo-Saxons, écriture qui a remplacé l'alphabet runique. La graphie, sous la plume des scribes anglais, est devenue en moyen anglais une nouvelle lettre, ȝ (fig. 2).
Voici deux exemples de textes en vieil anglais puis en moyen anglais. L'extrait 1 est tiré du Beowulf (date de rédaction du manuscrit unique : Xe siècle), l'extrait 2 d'un poème écrit au XIIIe siècle, The Owl and the Nightingale. La première ligne montre la graphie des manuscrits (le g oncial insulaire et le yogh sont en rouge), la seconde ligne une version n'utilisant que l'alphabet latin habituel. Noter le g oncial capital et la présence d'autres lettres anciennes comme thorn ou wynn dans le texte en vieil anglais :
Voici, tirée d'une photographie du manuscrit du Beowulf (même extrait), la lettre g onciale irlandaise dans ses deux casses : (GARDE[NA]) et (dagum).
Au cours de la période du moyen anglais (XIIe–XVe siècle) yogh, comme les autres lettres germaniques, disparaît progressivement, remplacé par g, y ou gh en fin de mot, en partie parce que cette lettre était inconnue des usages écrits apportés par les scribes anglo-normands. L'ignorance de sa spécificité a parfois conduit les scribes à confondre yogh et z et utiliser ce dernier à la place de la lettre particulière (de même que y a pu remplacer þ). L'avènement de l'imprimerie marque la disparition définitive des lettres anciennes déjà mourantes.
Utilisation
Note : la transcription phonétique est en API.
L'ancien anglais ne connaît pas le yogh mais un g venu de la graphie irlandaise servant à noter un ancien *g proto-germanique. Or, ce phonème connaît en vieil anglais de nombreux allophones. Il peut se réaliser :
- [j] (y dans yourte) devant ou après les lettres i, æ, e et y (sauf si a, o ou u le suivent directement) ;
- [ʤ] (j dans John) après n ou dans le digramme cg ;
- [ɣ] entre voyelles si a, o ou u le suivent ou après consonne et devant ces voyelles ;
- [g] en début de mot devant une consonne ou les voyelles a, o et u.
Il existe bien sûr des exceptions.
En moyen anglais, la lettre onciale est encore utilisée mais a pris une nouvelle forme (fig. 2), une sorte de z cursif que l'on nomme yogh. Quand elle vaut le son [g] (et aussi [dʒ]), les scribes anglo-normands lui préfèrent la lettre caroline g qu'ils utilisaient ainsi sur le continent. Yogh sert alors seulement pour des sons que les usages anglo-normands ne prévoient pas :
- [j] ancien issu de g vieil anglais ;
- [w] issu d'un ancien [ɣ] (son qui ne s'est pas poursuivi en moyen anglais). L'orthographe a dans ce cas parfois conservé par tradition un yogh là où un wynn (ou uu ou encore w) serait attendu : fēolaga [feːəlɑɣɑ] → felaȝ(e) [feːlaw(ə)] → fellow ['feləʊ] « compagnon » ;
- le phonème /x/ en fin de mot ou devant consonne sourde (réalisé [x] ou [ç], selon la voyelle précédente, comme ch dans l'allemand Nacht ou ich), écrit auparavant de préférence h : vieil anglais niht → moyen anglais niȝt, tous deux valant /nixt/ [niçt] (actuellement [naɪt]) « nuit ».
En sorte, le moyen anglais connaît deux variantes de la lettre g : le yogh (prononcé [j], [x] et [w]) issu du g oncial vieil anglais et le g continental apporté par les scribes normands ([g] et [ʤ]).
Entre le XIIIe et XVe siècles, y pour [j] et gh pour [x] remplacent petit à petit yogh dans tous ses usages. Le phonème [x] en fin de mot, de plus, s'amuït, sauf dans quelques-uns où il évolue en [f]. L'orthographe en porte la trace : vieil anglais : þurh [θurx] → moyen : þruȝ puis through [θrʊx] (noter la métathèse de consonnes) → moderne : through [θɹuː] « à travers ». L'orthographe actuelle ne témoigne de la présence ancienne du yogh que par son digramme gh.
La lettre yogh ne sert en fait que très peu aux linguistes : ceux-ci préféreront en effet utiliser un symbole moins ambigu, comme j ou χ, etc. En revanche, c'est en philologie, dans la translittération des manuscrits, qu'il trouve tout son sens.
Article connexe : Transcription des langues germaniques.Codage informatique
La graphie en vieil anglais de g est parfois rendue dans les éditions philologiques modernes par un ezh (ou un ezh bouclé : ʓ) ; il existe un caractère plus adapté qu'un vrai ezh, c'est ᴣ U+1D23, cependant rarement inclus dans les polices de caractères. Ainsi, on pourra lire ʒear / ʓear / ᴣear pour gear, qu'on transcrit sinon plus simplement gēar. Le mot est devenu ȝere (yere) en moyen anglais, de là year « année ». On utilise parfois, toujours pour l'ancien anglais, ȝ, bien que ce soit un anachronisme.
La norme Unicode, dans ses débuts, ne distinguait pas yogh ȝ de ezh ʒ, les deux étant codés par ezh. Ce ne sont cependant pas les mêmes caractères. L'erreur a été corrigée dans la 3e version d'Unicode. Actuellement, on code yogh par U+021C pour la capitale et U+021D pour la minuscule, soient :
- capitale Ȝ
- UTF-8 : 0xC8 0x9D ;
- UTF-8 octal : \310\235 ;
- entité numérique décimale HTML : ȝ ;
- minuscule ȝ
- UTF-8 : 0xC8 0x9C ;
- UTF-8 octal : \310\234
- entité numérique décimale HTML : Ȝ.
Bibliographie
- David Crystal, The Cambridge Encyclopedia of the English Language, Cambridge University Press, 1995 ;
- The World's Writing Systems, ouvrage collectif sous la direction de Peter T. Daniels et William Bright, Oxford University Press, 1996 ;
- Michael Everson, On the derivation of YOGH and EZH, document soumis à l'ISO/IEC JTC1/SC2/WG2 N1549, publié en ligne, 1997.
Articles connexes
Catégories : Histoire de l'anglais | Lettre latine additionnelle
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