Éxécution par éléphant

Éxécution par éléphant

Exécution par éléphant

Relation ou Voyage de l'Isle de Ceylan, dans les Indes Orientales, Robert Knox, 1693

L'exécution par éléphant consiste à faire tuer une personne par écrasement sous une patte d'éléphant. Depuis des centaines d’années, l’exécution par éléphant était une méthode d'exécution courante pour les peines de mort en Asie du sud et du sud-est, tout particulièrement en Inde. Même s’il était à l’origine confiné en Asie, ce mode d’exécution était occasionnellement adopté par les occidentaux, tels que les Romains et les Carthaginois, particulièrement pour punir les mutineries de soldat.

Les éléphants d’Asie étaient utilisés pour écraser, démembrer, ou simplement pour torturer les prisonniers lors d'exécutions publiques. Une fois dressés, ces animaux étaient considérés comme polyvalents, capable de tuer les victimes immédiatement ou de les torturer lentement afin de prolonger la souffrance. Employés par la royauté, les éléphants représentaient à la fois le pouvoir absolu et la capacité du dirigeant à contrôler les animaux sauvages.

L’utilisation des éléphants pour exécuter les prisonniers attirait souvent l’intérêt horrifié des voyageurs européens et était mentionnée dans de nombreux journaux contemporains ainsi que dans des récits sur la vie en Asie. Cette pratique vint à disparaître avec l’arrivée des empires européens qui colonisèrent la région durant les XVIIIe et XIXe siècles.


Sommaire

Domestication et utilisations de l'éléphant d'Asie

Article connexe : Éléphant de guerre.
Éléphants d'Asie harnachés et montés en Thaïlande.

La domestication de l’éléphant est survenue il y a plus de 4 500 ans par la civilisation de la vallée de l'Indus[1]. Sa première utilisation est vraisemblablement celle d'auxiliaire de guerre : sa taille imposante effrayait hommes et chevaux et il pouvait également servir de bête de somme en tirant des engins de siège. Toutefois, l'éléphant, enclin à la panique, s'avérait parfois dangereux pour ses propres troupes[2]. L'importance des éléphants de guerre se mesure à la popularité de généraux comme Hannibal ou Alexandre le Grand qui utilisaient des éléphants. Des décorations étaient également prévues pour les cornacs méritants[2].

Bien que les éléphants d’Afrique soient significativement plus gros que les éléphants d’Asie, les puissances africaines n’ont pas pour autant fait d'avantage usage de ces animaux dans leur guerre ou dans leurs affaires religieuses, étant donné que l’éléphant d’Afrique est beaucoup moins facile à dompter que son homologue d’Asie. Certaines anciennes puissances africaines ont fait l’usage des éléphants, mais il s’agissait de sous-espèces d’Afrique du Nord qui sont actuellement éteintes, Loxodonta africana pharaoensis[3]. L’emploi des éléphants dressés était donc largement restreint aux régions du monde habitées (ou autrefois habitées) par les éléphants d’Asie.

D'autres manifestations mettant en œuvre l'imposante masse de l'éléphant furent instaurées : au IVe siècle av. J.-C., Chandragupta Maurya invente le combat d'éléphants durant lequel deux cornacs forcent les animaux à se battre[4],[Note 1], puis les éléphants furent utilisés durant les jeux du cirque, se battant contre d'autres animaux (ours, lion) ou contre des gladiateurs[5] et bien sûr les exécutions par éléphant. Outre ses trois utilisations guerrières, l'éléphant était et reste encore un animal de travail utilisé dans l'industrie, notamment pour le débardage[1].

L'éléphant domestiqué peut apprendre plus de trente ordres différents. Prélevé dans la nature, chaque pachyderme se voit désigner un unique dresseur qui l'accompagnera durant toute sa vie, appelé mahout ou cornac[1].

Description

Les différentes formes de supplice

Dans un texte de 1681, le marin anglais Robert Knox relate la méthode d'exécution par éléphant utilisée à Ceylan tandis qu’il était retenu captif au Sri Lanka. Knox raconte qu’« après avoir empalé le corps de la victime avec ses défenses, l’éléphant le met ensuite en pièce et le jette membre par membre »[6]. Un voyageur du XIXe siècle du nom de James Emerson Tennent raconte « qu’un chef de la ville de Kandy au Sri Lanka, qui fut témoin de ces scènes, nous assura que l’éléphant ne s'était pas servi une seule fois de ses défenses, mais, alors que son pied était placé sur la victime allongée, il avait arraché ses membres un à un par un mouvement brusque avec sa trompe »[7]. Le livre de Knox dépeint avec exactitude cette méthode d’exécution avec le célèbre dessin, « une exécution par un éléphant » (An Execution by an Eliphant)[6].

Au cours des XIXe et XXe siècles, l'exécution par éléphant est décrite par de nombreux voyageurs occidentaux. L'habileté de l'éléphant d'Asie permettait de mettre en œuvre des tortures très « élaborées », durant lesquelles le pachyderme était utilisé pour écraser les membres puis le thorax, souvent avec une lenteur cruelle, ou encore d'exécuter rapidement le prisonnier. . Au début du XIXe siècle, l’écrivain Robert Kerr raconte comment le roi de Goa « garde certains éléphants pour les exécutions de malfaiteurs. Quand l’un d’eux est amené pour assassiner un criminel, si le gardien désire que le coupable soit détruit rapidement, cette immense créature l’écrasera instantanément le réduisant à l’état d’atome avec son pied ; mais s’il désire le torturer, il lui cassera les membres successivement, comme les hommes le sont avec le supplice de la roue »[8].

En 1868, durant une expédition en Inde, Louis Rousselet assiste à une exécution rapide d'un criminel à Baroda. Un croquis, fait au cours de l'exécution, montre le condamné forcé de placer sa tête sur un piédestal, et puis tandis qu'on le maintient en place, un éléphant lui écrase la tête sous sa patte. Le croquis, plus tard transformé en gravure, sera imprimé dans « Le Tour du Monde », un journal alors très diffusé en France et traitant de voyages et d'aventures, aussi bien que les journaux étrangers tels que Harper's Weekly[9].

En 1850, le diplomate britannique Sir Henry Charles Sirr décrit une visite à l’un des éléphants ayant servi le dernier roi de Kandy Sri Vikrama Rajasinha, pour tuer les criminels. Les Britanniques ont aboli l’écrasement par éléphant après avoir renversé le royaume de Kandy en 1815 mais l’éléphant du roi était toujours en vie et se rappelait évidemment ses précédents devoirs. Sirr commente[10] :

« Il existait une pratique pour dresser les éléphants à tuer les criminels en les piétinant, les créatures étant éduquées pour prolonger l’agonie de l’infortunée victime en écrasant ses membres tout en évitant les parties vitales. Avec le dernier roi tyran de Kandy, il y avait un mode d’exécution préféré et comme l’un des éléphants exécuteurs était présent dans l’ancienne capitale durant notre séjour, nous étions particulièrement anxieux de tester la sagacité et la mémoire de la créature. L’animal était tacheté et d’une taille énorme, et il restait debout silencieusement avec son mahout assis sur son cou ; le noble qui nous accompagnait, désirait que l’homme descende et reste à côté de lui.

Alors le chef donna le mot de commandement, ordonnant à la créature de « tuer le misérable ! » L’éléphant leva sa trompe et la fit tourner, comme s’il avait saisi un être humain; puis la créature fit des mouvements comme s’il était en train de déposer l’homme sur le sol devant lui, puis doucement il leva son pied avant, le plaçant alternativement sur les points où les membres de la victime auraient dû être. Il répéta l'action pendant quelques minutes ; puis, comme s’il était satisfait que les os fussent écrasés, l’éléphant leva sa trompe très haut au-dessus de sa tête et resta statique; le chef lui ordonna alors de « terminer son travail », et la créature plaça immédiatement un pied, là où aurait dû être l’abdomen de l’homme, et l’autre pied sur sa tête, utilisant apparemment son entière force pour écraser et achever la souffrance du misérable »[Note 2].

De temps en temps, les exécutions étaient précédées d'un supplice au cours duquel le condamné était tiré, attaché à l'une des pattes de l'animal, dans les rues de la ville avant l'exécution proprement dite. Un texte de l’une de ces tortures réalisées à Baroda en 1814 a été préservé dans les Anecdotes de Percy :

« L’homme était un esclave, et deux jours auparavant il avait tué son maître, le frère du chef indigène, appelé Ameer Sahib. A environ 11 heures, l’éléphant fut amené, accompagné seulement du cornac sur son dos, entouré par des indigènes qui tenaient des bambous dans leurs mains. Le criminel était placé à trois yards (environs 2.7m) derrière lui sur le sol, ses jambes attachées par trois cordes, qui étaient nouées à un anneau sur la patte arrière droite de l’animal. A chaque pas que faisait l’éléphant, il le jetait brusquement en avant, et à tous les huit ou dix pas il devait disloquer un autre membre, qui, quand l’éléphant avait avancé de cinq cents yards, était détaché ou cassé. L’homme, qui était couvert de boue, montrait des signes de vie à chaque fois, et semblait être dans les tourments les plus atroces. Après avoir été torturé pendant une heure environ, il était emmené à l’extérieur de la ville, et lorsque l’éléphant qui était dressé pour cette finition, fut de retour, il posa son pied sur la tête du criminel »[Note 3],[11].

Pendant le sultanat moghol de Delhi, les éléphants étaient également dressés pour mettre en pièces les prisonniers « avec leurs lames pointues intégrées à leurs défenses »[12]. Au Siam, les éléphants étaient dressés pour jeter les condamnés en l’air avant de les piétiner à mort[12]. Le journal de John Crawfurd raconte une autre méthode d’exécution par éléphant dans le royaume de Cochinchine (le Vietnam du sud d’aujourd’hui), où il avait servi en tant qu’émissaire britannique en 1821. Crawfurd rappelle un évènement où « le criminel était attaché à un pieu, et l’éléphant préféré de son Excellence s’étend sur lui et l’écrase à mort »[13].

Étendue géographique et historique

L’écrasement par éléphants étaient utilisé dans beaucoup de régions du monde, à la fois dans les empires de l’Occident et dans les empires asiatiques. L’histoire la plus ancienne relative à ces exécutions date de la période classique. Cependant, la pratique était déjà bien établie depuis quelque temps et continua d’exister jusqu’au XIXe siècle.

Asie mineure

Durant la période médiévale, les exécutions par éléphant étaient généralement coutumières chez plusieurs puissances impériales d’Asie de l’ouest, y compris l’Empire sassanide, l’Empire des Seldjoukides et l’Empire des Timourides[12]. Quand le roi sassanide Khosro II, qui avait un harem de 3 000 femmes et de 12 000 esclaves féminins, voulut pour femme Hadiqah, la fille de l’arabe chrétien Na’aman, celui-ci refusa de permettre que sa fille chrétienne rejoigne elle aussi le harem d’un zoroastriste : dès lors, il fut piétiné à mort par un éléphant[14].

La pratique apparaît pour avoir été adoptée dans certaines régions du Moyen-Orient musulman. Le rabbin Petahia de Ratisbonne, un voyageur juif du XIIe siècle, remarqua cette méthode d’exécution durant son séjour en Mésopotamie du nord dirigée par la dynastie des Seldjoukides (l’actuel Iraq)[15]:

« A Ninive il y avait un éléphant. Sa tête n’est pas en avant. Il est gros, mange environs deux wagons chargés de paille en une seule fois ; sa bouche est dans sa poitrine et quand il veut manger il avance sa lèvre d’environs deux coudées soulève la paille avec elle, et la met dans sa bouche. Quand le sultan condamne quelqu’un à mort, il dit à l’éléphant, « cette personne est coupable ». Il s’empare alors de lui avec sa lèvre, le jette en l’air et le tue[Note 4]. »

Péninsule indienne

Les éléphants étaient également utilisés comme exécuteurs de choix sur le sous-continent indien dès le IIe siècle av. J.-C.[16].

Durant l’ère des Moghols, « il existait un méthode d’exécution courante en ces jours, pour piétiner le coupable sous le pied d’un éléphant »[17]. Le capitaine Alexander Hamilton, dans ses écrits de 1727, décrit comment le dirigeant moghol Shah Jahan ordonna que son commandant militaire soit amené « au Jardin des Eléphants, afin d’être exécuté là-bas par un éléphant, ce qui était considéré comme une mort terrible et honteuse »[18]. L’empereur moghol Humayun pour sa part, ordonna l’écrasement par éléphant d’un imam qui était accusé d'avoir critiqué sa manière de régner[19]. On dit qu’un autre dirigeant moghol, l’empereur Jahangir, avait ordonné que l’on écrase un grand nombre de criminels juste par amusement. François Bernier, un voyageur français, qui avait été témoin de ce genre d’exécution, raconta sa consternation vis-à-vis du plaisir qu’entretenait l’empereur à utiliser ce cruel supplice[20].

D’autres personnalités politiques indiennes ont également réalisé des exécutions par éléphant. Le marathe Chatrapati Sambhaji ordonnait cette forme de mort pour de nombreux conspirateurs, dont l’employé marathe Anaji Datto à la fin du XVIIe siècle[21].

Une exécution à Baroda en 1868

Au cours des XVIIIe siècle et XIXe siècles, les cours musulmanes l'utilisaient de façon générale, mais l'expansion britannique entraîna le déclin de cette pratique jugée barbare. Eleanor Maddock écrivit en 1914 qu’à Kashmir, depuis l’arrivée des Européens, « beaucoup d’anciennes coutumes ont disparu – et l’une d’elles est une coutume affreuse d’exécution des criminels par éléphant dressé pour un but et qui était connu sous le nom héréditaire de « Gunga Rao » »[22]. L’utilisation des éléphants comme exécuteurs se poursuivit jusqu’à la dernière moitié du XIXe siècle.

La dernière exécution par éléphant en Inde eut lieu en avril 1947. Le supplice eut lieu à Bikaner. L'éléphant bourreau se nommait Hawai et pesait plus de 8 tonnes. Sous la domination britannique, il tua 150 personnes, voleurs et meurtriers, sous ses pieds[23].

Asie du sud-est

Les éléphants étaient très connus pour avoir réalisé des exécutions en Asie du sud-est, et étaient utilisés en Birmanie d’après les plus anciens journaux[24] ainsi que dans le royaume de Champā de l’autre côté de la péninsule d’Indochine[25].

En Occident

Les Romains, les Carthaginois, les Byzantins et les Grecs Macédoniens utilisaient occasionnellement les éléphants pour les exécutions alors qu’ils faisaient déjà l’usage des éléphants de guerre à des fins militaires, le cas le plus connu étant celui d’Hannibal. L'utilisation des éléphants en tant que bourreau étaient cependant confinée à l'exécution des déserteurs et des criminels de guerre[26]. L’écrivain romain Quinte-Curce raconte l’histoire suivante dans son « Historiae Alexandri Magni » : « Perdiccas vit qu’ils [les insurgés] étaient paralysés et à sa merci. Il abandonna le principal corps de trois cents hommes qui avait suivi Méléagre au moment où il était sorti lors de la première réunion tenue après la mort d’Alexandre, et devant les yeux de l’armée entière, il les jeta aux éléphants. Tous furent piétinés à mort sous les pieds des bêtes »[27]...

Il existe très peu de récits d’éléphants ayant été utilisés comme francs exécuteurs sur la population civile. Un tel exemple est mentionné par Flavius Josèphe et les Livres deutérocanoniques des Maccabées 3 en rapport avec les Juifs en Egypte, même si l’histoire est probablement apocryphe. Dans les Maccabées 3, il est décrit une tentative de Ptolémée IV d'asservir et de marquer au fer les Juifs d’Egypte avec le symbole de Dionysos. Comme la majorité des Juifs résistaient, il est dit que le roi les avait rassemblés et avait ordonné qu’ils soient piétinés par les éléphants[28]. L’exécution massive fut déjouée en fin de compte, prétendument par l’intervention d'anges, à la suite de quoi, Ptolémée prit une attitude plus clémente envers ses sujets Juifs[29],[30].

Motifs d'application de la peine

Punition

Dans les pays asiatiques, cette peine de mort était utilisée pour punir les fraudeurs d’impôt, les rebelles et les soldats ennemis[12]. Les anciennes lois de Manu appelées aussi Manu smṛti, redigées autour du IIe siècle av. J.-C., édictaient l’exécution par éléphant pour un grand nombre de délits. En cas de vol de biens, par exemple, « le roi faisait en sorte que n’importe quels voleurs capturés en rapport avec la disparition des biens, étaient exécutés par un éléphant »[31]. La plupart des râjas conservaient alors des éléphants d'une taille et d'une masse spectaculaires, pesant parfois plus de neuf tonnes, le double du poids moyen, destinés aux exécutions qui se faisaient en public, en guise d'avertissement contre les transgressions.

Être écrasé sous les pieds des éléphants étaient également un châtiment pour les personnes s'opposant au pouvoir. Ainsi, l’empereur moghol Humayun ordonna l’écrasement par éléphant d’un imam qui était accusé d'avoir critiqué sa manière de régner (apparemment ce n’était pas le cas)[32]. Le marathe Chatrapati Sambhaji ordonnait cette forme de mort pour de nombreux conspirateurs, dont l’employé marathe Anaji Datto à la fin du XVIIe siècle[33].

Dans les empires occidentaux, les déserteurs, les prisonniers de guerre et les criminels militaires avait été les sujets des anciens chroniqueurs, pour avoir été tués sous le pied d’un éléphant. Perdiccas, qui était devenu régent de Macédoine à la mort d’Alexandre le Grand en 323 av. JC, jeta les insurgés de la faction de Méléagre aux éléphants pour qu'ils soient écrasés dans la ville de Babylone. De la même manière, l’écrivain romain Valerius Maximus raconte comment le général Lucius Aemilius Paullus Macedonicus, a fait jeter des déserteurs « sous les éléphants pour être piétinés… Et en effet, la discipline militaire a besoin de ce genre de punition sévère et abrupte, car c’est de cette manière que la force des bras reste solide, qui, quand elle s’écarte du droit chemin, sera renversée »[34].

Divertissement

Certains monarques adoptèrent également cette forme d’exécution pour leur propre divertissement : par exemple, l’empereur Jahangir, aurait ordonné que l’on écrase un grand nombre de criminels juste par amusement. Le voyageur français François Bernier, témoin de ce genre d’exécution, raconta sa consternation vis-à-vis du plaisir qu’entretenait l’empereur à utiliser ce cruel supplice[20]. Le général marathe Santajî Ghorpade (1764-1794) était célèbre pour sa fascination pour ce type d'exécution à laquelle il condamnait avec la plus grande facilité. Khafi Khan, un historien contemporain, écrit que « pour un délit insignifiant, Santajî pouvait jeter un homme sous les pieds d’un éléphant »[35].

En 1305, le sultan de Delhi transforma en divertissement public, les mises à mort des prisonniers mongols par écrasement par éléphant[36].

Grâce

Les éléphants étaient sous un contrôle constant de leur cornac, ce qui permettait aux dirigeants d’accorder une remise de peine de dernière minute et d’afficher des qualités de clémence[12]. Plusieurs exercices de grâce de ce genre ont été enregistrés dans différents royaumes d’Asie. Les rois de Siam entraînaient leurs éléphants pour faire rouler les coupables sur le sol assez lentement pour ne pas les blesser gravement : le sultan Akbar le Grand de l’Empire Moghol « faisait l’usage de cette technique pour punir les rebelles et à la fin, les prisonniers qui étaient vraisemblablement punis, était excusés »[12]. On lit également qu’une fois, Akbar avait jeté un homme aux éléphants pour le torturer pendant cinq jours avec ce traitement avant de lui pardonner[20]. Les éléphants étaient quelquefois employés dans une forme d’ordalie durant laquelle le prisonnier condamné était relâché s’il arrivait à résister au châtiment de l’éléphant.

Ce mode d’utilisation des éléphants était au-delà du simple pouvoir royal de distribuer la vie et la mort. Les éléphants étaient longtemps aperçus comme des symboles de l’autorité royale[Note 5]. Leur utilisation en tant qu’instruments du pouvoir de l’état avait pour message que le dirigeant était capable de dominer les créatures très puissantes sous un contrôle total. Ainsi en plus de son autorité, il maintenait une domination spirituelle et morale sur les bêtes sauvages ainsi que mystique sur ses sujets[12].

Notes et références

Notes

  1. Cette pratique, jugée barbare et interdite par Açoka dès le IIIe siècle avant J.-C., se pratiquait encore à la cour de Shah Jahan
  2. Citation originale : « During the native dynasty it was the practice to train elephants to put criminals to death by trampling upon them, the creatures being taught to prolong the agony of the wretched sufferers by crushing the limbs, avoiding the vital parts. With the last tyrant king of Candy, this was a favourite mode of execution and as one of the elephant executioners was at the former capital during our sojourn there we were particularly anxious to test the creature's sagacity and memory. The animal was mottled and of enormous size, and was quietly standing there with his keeper seated upon his neck; the noble who accompanied us desired the man to dismount and stand on one side.

    The chief then gave the word of command, ordering the creature to 'slay the wretch!' The elephant raised his trunk, and twined it, as if around a human being; the creature then made motions as if he were depositing the man on the earth before him, then slowly raised his fore-foot, placing it alternately upon the spots where the limbs of the sufferer would have been. This he continued to do for some minutes; then, as if satisfied that the bones must be crushed, the elephant raised his trunk high upon his head and stood motionless; the chief then ordered him to 'complete his work,' and the creature immediately placed one foot, as if upon the man's abdomen, and the other upon his head, apparently using his entire strength to crush and terminate the wretch's misery. »
  3. Citation originale : « The man was a slave, and two days before had murdered his master, brother to a native chieftain, called Ameer Sahib. About eleven o'clock the elephant was brought out, with only the driver on his back, surrounded by natives with bamboos in their hands. The criminal was placed three yards behind on the ground, his legs tied by three ropes, which were fastened to a ring on the right hind leg of the animal. At every step the elephant took, it jerked him forward, and every eight or ten steps must have dislocated another limb, for they were loose and broken when the elephant had proceeded five hundred yards. The man, though covered in mud, showed every sign of life, and seemed to be in the most excruciating torments. After having been tortured in this manner for about an hour, he was taken to the outside of the town, when the elephant, which is instructed for such purposes, was backed, and put his foot on the head of the criminal. »
  4. « At Nineveh there was an elephant. Its head is not protruding. It is big, eats about two wagon loads of straw at once; its mouth is in its breast, and when it wants to eat it protrudes its lip about two cubits, takes up the straw with it, and puts it in its mouth. When the sultan condemns anyone to death, they say to the elephant, "this person is guilty." It then seizes him with its lip, casts him aloft and slays him. »
  5. Les éléphants sont toujours symbole du pouvoir royal en Thaïlande, où les éléphants blancs ont gardé une révérence.

Références

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  2. a  et b (fr) Gérard Sourinia, Des éléphants, des hommes et de l'ivoire, Sang de la Terre, coll. « Les dossiers de l'écologie », 19 octobre 2000, 238 p. (ISBN 2869851243), p. 131-140 
  3. (en) BBC Science and Nature, « the Forest elephant » sur http://www.bbc.co.uk. Consulté le 04 août 2009
  4. (fr) Gérard Busquet et Jean-Marie Javron (préface de Marcel Cohem), Tombeau de l'éléphant d'Asie, Chandeigne, juin 2002 (ISBN 2-906462837) , p. 51-54
  5. (fr) Denis-Huot Christine, Incroyables Éléphants, White Star, 18 janvier 2009 (ISBN 978-8861121935) 
  6. a  et b (fr) Robert Knox, Relation ou voyage de l'Isle de Ceylan, dans les Indes Orientales, contenant une description exacte de cette isle, la forme de son gouvernement, le commerce, les mœurs, les coutumes et la religion de ses habitants, P. Marret, Amsterdam, 1693 
  7. (en) Emerson James Tennent, Ceylon: An Account of the Island Physical, Historical and Topographical, Longman, Green, Longman, and Roberts, 1860 , p. 281.
  8. Robert Kerr, A General History and Collection of Voyages and Travels, W. Blackwood, 1811 , p. 395.
  9. (en) Harper's Weekly, 3 février 1872
  10. (en) Sir Charles Henry Sirr, Ceylon: Past and Present, John Murray, Londres, 1857 , p. 135–6.
  11. (en) Georges Ryley Scott, The History of Torture Throughout the Ages, vol. VIII, Torchstream Books, coll. « The Percy Anecdotes », 1940 , p. 116–117.
  12. a , b , c , d , e , f  et g Thomas T. Allsen, The Royal Hunt in Eurasian History, University of Pennsylvania Press, mai 2006 (ISBN 0-8122-3926-1) , p. 156.
  13. John Crawfurd, Journal of an Embassy from the Governor-general of India to the Courts of Siam and Cochin China, H. Colburn and R. Bentley, 1830, 419 p. , p. 419.
  14. New Advent, « Histoire de la Perse » sur http://www.newadvent.org, 2009. Consulté le 04 août 2009
  15. Benisch, A. (trans). "Travels of Petachia of Ratisbon". London, 1856.
  16. (en) Patrick Olivelle, The Law Code of Manu, Oxford University Press, 2004 (ISBN 0-19-280271-2) , p. 125.
  17. Natesan, G.A. The Indian Review, p. 160
  18. Alexander Hamilton, A New Account of the East Indies: Being the Observations and Remarks of Capt. Alexander Hamilton, from the Year 1688 to 1723, C. Hitch and A. Millar, 1744 , p. 170.
  19. Abraham Eraly, Mughal Throne: The Saga of India's Great Emperors, Phoenix House, 2005 (ISBN 0-7538-1758-6) , p. 45.
  20. a , b  et c Annemarie Schimmel, The Empire of the Great Mughals: History, Art and Culture, Reaktion Books, février 2004 (ISBN 1-86189-185-7) , p. 96.
  21. Eraly, op. cit., p. 479.
  22. Eleanor Maddock, What the Crystal Revealed. American Theosophist Magazine, Torchstream Books, 1914 , p. 859.
  23. H. Thomas Milhorn, Crime : Computer viruses to twin towers, Universal-Publishers, 2004, 464 p. (ISBN 1581124899) , p. 413
  24. Norman Chevers, A Manual of Medical Jurisprudence for Bengal and the Northwestern Provinces, Carbery, 1856 , p. 261.
  25. Edward H. Schafer, The Golden Peaches of Samarkand: A Study of T'ang Exotics, University of California Press, 1985 , p. 80.
  26. (en) Robin Lane Fox, Alexander the Great, Penguin, 2004, 474 p. (ISBN 0-14-008878-4) 
  27. Curt. 10.6-10 (inscription requise)
  28. 3 Maccabees 5
  29. 3 Maccabees 6
  30. John Joseph Collins, Between Athens and Jerusalem: Jewish Identity in the Hellenistic Diaspora, Wm. B. Eerdmans Publishing Company, octobre 1999 (ISBN 0-8028-4372-7) , p. 122.
  31. (en) Patrick Olivelle, The Law Code of Manu, Oxford University Press, 2004 (ISBN 0-19-280271-2) , p. 125.
  32. (en) Abraham Eraly, Mughal Throne: The Saga of India's Great Emperors, Phoenix House, 2005 (ISBN 0-7538-1758-6) , p. 45.
  33. Eraly, op. cit., p. 479.
  34. (en) Alison Futrell, A Sourcebook on the Roman Games, Blackwell Publishing, 2006, 8 p. 
  35. Eraly, op. cit., p. 498
  36. Jack Weatherford-Genghis Khan, p.116


Annexes

Articles connexes

Liens externes

Sources

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