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Bande enherbée
Les bandes enherbées, plus ou moins larges, sont des dispositifs agro-paysagers longeant les cours d'eau ou plantées transversalement à la pente. Dans certains pays, par exemple en France en tant que « couvert environnemental permanent », ils sont obligatoires sur une partie minimale du territoire. En Belgique, on parle aussi de « Tournières » pour désigner des zone enherbées en bout de champ, correspondant à la zone où les engins agricole font leurs manoeuvres et demi-tour. Elles servent également alors de zone-refuge (ou « zone-tampon »)
Sommaire
Multifonctionnalité
Les bandes enherbées ont diverses fonctions, complémentaires, plus ou moins importantes selon leur taille, leur positionnement et la part du paysage qu'elles occupent :
- Lutte contre l'érosion des berges et des sols en zone alluviale ;
- zone d'expansion de crue (utile pour la lutte contre l'érosion et la recharge de la nappe phréatique et nécessaire à la vie de nombreuses espèces);
- réduction de la pollution de l'eau ; En "pompant" une partie des nitrates et du phosphore solubilisés par les eaux de ruissellement, ou des cours d'eaux et fossés, les bandes enherbées limitent les apports dans le cours d'eau (et dans le plafond de la nappe phréatique) de pesticides et engrais ou d'eaux par exemple polluées par des lisiers ;
- Pâturage possible (ou élevage de volaille...)
- Lagunage naturel ponctuel dans le temps, ou frayère à brochet si elles sont inondables ;
- corridors biologiques ; Extensivement pâturées et/ou fauchées, elles jouent un rôle majeur de protection des berges et un certain rôle de substitut à certains corridors naturels (berges + cours d'eau et leurs écotones), si elles ne sont pas polluées ni trop isolées d'autres éléments naturels du paysage, par exemple pour des micro-mammifères[1] ou les carabes[2] ;
- aménités (Cf. amélioration de la qualité du paysage et de la qualité de vie).
- Lutte intégrée et agriculture biologique : Ces bandes n'étant pas traitées par des pesticides, elles jouent le rôle d'habitat-refuge pour des espèces auxiliaires de l'agriculture (mieux encore si elles sont associées à un réseau de haies. Des études sont en cours pour mieux mesurer les processus de dispersion des auxiliaires et la colonisation des parcelles agricoles à partir de ces bandes considérées comme des "habitats sources". Pour ce faire on utilise diverses méthodes de marquage et de suivis des individus, dont des marqueurs de variabilité génétique des populations[3].
Dans le cas de l'agriculture dite "conventionnelle", c'est à dire utilisant engrais et pesticides chimiques, elles jouent une fonction supplémentaire pour l'agriculteur : elles accueillent des adventices sauvages dont les gènes se mélangeront (par pollinisation croisée) avec ceux des populations de mêmes adventices croissant dans les champs voisins (traités par des désherbants). Ce mélange de gènes fait que ces dernières risquent moins et moins rapidement de développer des résistances aux désherbants.
Inconvénients
Lorsqu'on installe un enherbement dans des cultures, la concurrence hydrique et minérale est forte les premières années (technique très utilisée en vigne trop poussante). En revanche, au bout de 4 à 5 ans, l'enherbement devient nutritionnel mais toujours concurrentiel au niveau hydrique.
Aspects historiques
Si le dispositif les imposant légalement est récent et nouveau, du point de vue de l'histoire de l'environnement et de l'histoire de l'agriculture, les systèmes de polyculture-élevage utilisant les fonds de vallées en les conservant en herbe ne sont pas récents ;
Ces systèmes de cultures sont les plus fréquents sur les représentations anciennes de paysages ou d'Atlas, dont par exemple les Albums de Croÿ ou l'Atlas de Trudaine plus récent[4]. Par exemple (exemple 1, exemple 2) ; l'Atlas de Trudaine, nous montre que les bandes de prairies conservées le long des rivières formaient encore une véritable trame verte et bleue cohérente, il y a plus de 200 ans. Par exemple, comme le montrent des photos prises en 1914 à Fromelles, dans le nord de la France, la vallée de la lys était encore dans ce secteur entièrement enherbée. Cette zone est aujourd'hui assez intensément cultivée et en grande partie labourée.Aspects légaux
Les bandes enherbées font dans certains pays partie des nouvelles mesures mises en place pour protéger l'eau notamment en Europe dans le cadre de la directive cadre européenne sur l'eau, et de la politique agricole commune, et/ou dans le cadre de politiques nationales, locales ou régionales de protection de l'Environnement, rendant leur financement éligible, sous certaines conditions.
La législation nationale, dans les bandes obligatoires peut imposer certains types de couverts. En France dans les années 2000, seules quelques plantes sont autorisées, le ray-grass est le plus utilisé mais pose deux inconvénients : très faible intérêt pour la biodiversité et la nidification de la faune sauvage. Il nécessite un entretien pas toujours fait en respectant les périodes de reproduction. Les fétuques et le dactyle sont également autorisées, plus utiles aux insectes, et granivores et plus susceptibles d'abriter des auxiliaires des cultures. Seules ou en mélange, ces deux herbacées ne nécessitent qu’un entretient réduit (fauche annuelle en septembre, hors période de reproduction).
Ces mesures qui visent surtout à la protection et renaturation des cours d'eau, la protection de la faune et de la flore et le remaillage écologique peuvent aussi être des mesures conservatoires ou compensatoires, par exemple dans le cadre de remembrements. En 2007, le Grenelle de l'environnement a proposé l'idée d'un « remembrement écologique », dans lequel des bandes enherbées pourraient, avec un néo-bocage jouer un rôle majeur.
Elles peuvent être associées à des plantations de haies qui renforcent encore la protection du cours d'eau. Les traitements phytosanitaires peuvent parfois y être interdits.
En France
Dans le cadre de la PAC, et pour limiter les apports de nitrates à la mer et dans les eaux de surfaces, la loi impose des bandes enherbées autour de certains cours d'eau.
Les DDAF et les mairies renseignent les agriculteurs sur les listes départementales de cours d'eau devant être ainsi protégés. En l'absence d'arrêté, des bandes enherbées doivent être entretenues sur tous les cours d'eau matérialisés sur les cartes IGN au 1/25 000ème (les plus récentes) par des traits bleus pleins, mais aussi en pointillé s'ils portent un nom.Les bordures de cours d'eau ne doivent pas être traitées par des pesticides dans les ZNT (Zones non traitées) sont (par dérogation) en 2007 les mêmes que celles qui doivent être protégées par des bandes enherbées. En 2008, les ZNT pourraient être élargies aux bordures des points d'eau (Une bande de 5 m de large au minimum, est évoquée en 2007)[5].
C'est une des mesures encouragées par les ateliers "Agriculture" du Grenelle de l'environnement de 2007, qui peut décliner localement la trame verte (nationale et locale), également plébiscitée par le Grenelle.
Autres types de bandes enherbées
Divers types de bandes enherbées peuvent être utilisées comme zone tampon (bas côté, séparateur en bord de canal, élément paysager, etc.). Leur valeur écologique sera dépendant de leurs fonctions et de la nature du contexte écopaysager. Il peut parfois être significatif, ou pourrait souvent être renforcé.
Voir aussi
- Agriculture durable
- couvert environnemental permanent
- Zone-tampon
- Trame bleue
- Trame verte et bleue française
- Nitrates
- Phosphates
- Pesticides
- Réseau écologique
- Corridor biologique
- Écologie du paysage
Notes et références
- ↑ Utilisation des bandes enherbées par la communauté de petits mammifères sur le site atelier bocager de Pleine-Fougères ; par David Ehatt (voir page 56)
- ↑ Influence des bandes enherbées sur les communautés de carabidae par Frédéric Jean (voir page 73)
- ↑ Les caractéristiques écologiques et géophysiques du paysage peuvent être mises en relation avec les flux d’individus ou de communautés d'auxiliaires de l'agriculture dont l'étude de certaines caractéristiques génétiques (ex : discontinuités génétiques mesurées par des « microsatellites » permet d'optimiser la taille, la disposition et le mode de gestion de ces bandes enherbée pour améliorer leur intérêt agro-écologique. A titre d'exemple, l'université de Rennes (UMR Ecosystèmes-Biodiversité-Evolution) et la plateforme Ouest-Génopôle à l’INRA du Rheu (35) développent ce type d'étude
- ↑ Exemple de carte (Ramousies, dans le nord de la France) vers 1745-1780 (Atlas de Trudaine, Base de données ARCHIM, Centre historique des Archives nationales)
- ↑ France Agricole, page 14, 31 aout 2007
Liens externes
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