Église catholique en Chine

Église catholique en Chine

Le catholicisme en Chine [1] a une histoire relativement récente, qui se développe réellement à partir des premières missions jésuites au XVIe siècle. Aujourd'hui le catholicisme chinois est complexe dans la mesure où le gouvernement chinois, et ceci depuis l'arrivée du communisme, interdit toute ingérence étrangère dans le fonctionnement des Églises, ce qui conduit à une dissension entre les catholiques dits « patriotiques » affiliés à l'Église patriotique de Chine qui ne reconnaît pas l'autorité du Saint-Siège, et les « clandestins » fidèles au Saint-Siège. On estime en 2007 qu'il y aurait entre 12 à 14 millions de Chinois catholiques[2].

Sommaire

Histoire du catholicisme en Chine jusqu'à l'avènement de la République populaire

Les pères Matteo Ricci, Adam Schaal, Ferdinand Verbiest, Paul Siu, colao ou Premier ministre d'État, Candide Hiu, petite-fille du Colao Paul Siu.

Premières traces

Les plus anciennes traces de christianisme dans la civilisation chinoise est la présence de chrétiens nestoriens du VIIe siècle, attestée par une stèle retrouvée en 1625 à Chang'an (Xi'an), dite la « stèle nestorienne ». Une première mission franciscaine avec Jean de Montecorvino est présente en Chine entre le XIIIe siècle et le XVIe siècle, durant la dynastie mongole des Yuan. Ceux-là ont dû partir lorsque la dynastie a été renversée. Le christianisme prêché alors ne se préoccupait pas de questions d'inculturation.

Mission jésuite en Chine

Article détaillé : Mission jésuite en Chine.

Saint François Xavier fut à l'origine de la première mission jésuite vers la Chine en 1552. Il mourut cependant cette année-là sur l'île de Sancian, sans avoir atteint le continent. En 1582, la Compagnie de Jésus tenta de nouveau de gagner la Chine, avec succès cette fois. Elle introduisit la science à l'occidentale, les mathématiques et l'astronomie. En 1601, l'un des jésuites installés en Asie, Matteo Ricci, se rendit à Pékin. Les jésuites entreprirent une évangélisation par le haut en s’intégrant au groupe des lettrés. Ils y obtinrent des conversions, mais donnèrent l’impression d’avoir des objectifs cachés, et le christianisme fut bientôt déclaré « secte dangereuse ». La Querelle des Rites leur porta le coup de grâce ; en 1773, le pape ordonna la clôture de leurs missions.

XIXe siècle

Les missions catholiques reprirent au XIXe siècle avec les Lazaristes notamment Jean-Gabriel Perboyre mais aussi les jésuites[3], et surtout après la première guerre de l'opium, dans les zones côtières. Le chef de la révolte des Taiping s’inspira partiellement des enseignements des missionnaires pour construire l'idélogie de son mouvement.

De 1900 à 1949

Jusqu'à l'avènement de la République populaire de Chine, de nombreux échanges culturels sino-occidentaux se firent par l'intermédiaire des missions chrétiennes, qui fondèrent des institutions éducatives. Ainsi on estime qu’il y avait, avant 1949, une douzaine de missions de plus de dix pays[4]. Parmi les cent trente-sept diocèses dans le pays, seules vingt-neuf étaient gérés par des évêques chinois. Le pays comptait alors trois millions de pratiquants.

La République populaire de Chine et les associations patriotiques

1949-1957

Lors de l’avènement de la République populaire de Chine les relations changèrent de nouveau et le gouvernement communiste qui considérait la religion comme « opium du peuple » va très vite s’organiser, en même temps que la Révolution culturelle, afin de limiter toute relation entre les catholiques et le Saint-Siège. Ainsi dans les années 1950, un certain nombre de catholiques chinois sont soutenus par le gouvernement afin de lancer un mouvement patriotique, souhaitant que les Églises catholiques chinoises soient gérées par les croyants chinois eux-mêmes, en dehors de la tutelle du Vatican. La Chine a fondé en 1957 à Pékin une association nationale, l'Association catholique patriotique de Chine. Les religions sont ainsi vivement opprimées, et on peut observer une dissension au sein du catholicisme de Chine entre ceux qui obéissent à Rome et ceux qui obéissent à l’Église patriotique. Ainsi selon les autorités chinoises, l'indépendance du christianisme chinois a été jalousement préservée contre toute ingérence étrangère (expression qualifiant Rome). L'article 36[5] de la Constitution de la République populaire de Chine met en garde les religions contre la soumission à toute « domination étrangère ». Ceci vise les catholiques et leur allégeance au pape.

1978-2000

La politique d'ouverture et de modernisation inaugurée par Deng Xiaoping au troisième plénum du XIe Congrès du Parti en décembre 1978 a permis un changement important dans la vision des religions. Ainsi cinq religions ont été officiellement reconnues : le bouddhisme, l'islam, le taoïsme, le protestantisme et le catholicisme, car elles sont fondées sur des Écritures canoniques et enseignent une discipline morale. Les croyants ont ainsi été invités à participer à la modernisation de la Chine. Cependant là encore cette ouverture ne doit se faire que dans le cadre d’« associations patriotiques », qui ne sont pas gérés et organisés par l’État mais sous un très large contrôle, toute critique de la politique ou du régime étant très sévèrement sanctionné. De plus l’Association patriotique catholique chinoise a dû désavouer officiellement le pape.

XXIe siècle

Les relations restent très tendues entre le régime chinois et le pape, cependant Benoît XVI, dans une lettre de mai 2007, demande ainsi l’unité des catholiques de Chine[6], ne reconnaissant pas la division entre les « deux Églises de Chine », l’une patriotique, l’autre clandestine. On peut cependant constater que cette lettre a été censurée en Chine par le gouvernement[7]. On estime en 2007 qu'il y a entre douze et quatorze millions de catholiques en Chine, cette estimation n'étant pas exacte du fait de la non prise en compte des catholiques dit « clandestins », de l'augmentation de la population chinoise, mais aussi du contrôle du gouvernement chinois[8].

De 2006 à 2010, on observe une forme d'apaisement relatif, tous les nouveaux évêques sont consacrés avec la double approbation des autorités chinoises et du Saint-Siège. Parallèlement, des évêques qui avaient été consacrés sans l’accord du pape reconnaissent son autorité et obtiennent son approbation. Le schisme semble sur le point de se résorber[9]. Mais la situation se détériore à nouveau à partir de 2010, l'Association patriotique des catholiques chinois commençant à mettre à exécution sa menace d'effectuer une dizaine d'ordinations illicites d'évêques. Une première ordination a lieu en novembre 2010, une seconde prévue en juin 2011 est temporairement reportée grâce à la pression des fidèles et aux protestations du secrétaire de la congrégation pour l'évangélisation des peuples, le Chinois Savio Hon Taifai[10]. Elle a finalement lieu et est suivie d'autres, provoquant une réponse musclée du Vatican, qui rappelle que de telles ordinations entraînent une peine automatique d'excommunication (latae sententiae) pour les nouveaux consacrés, et pour les consécrateurs s'ils n'ont pas agi sous la contrainte[9].

Relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Vatican

L'église du Sauveur (Xishiku) à Pékin

Le gouvernement de la République populaire de Chine refuse de reconnaitre le Vatican et pose deux conditions préalables à l'établissement de relations diplomatiques. Le Saint-Siège devrait d'abord rompre avec le gouvernement dissident de la République de Chine à Taïwan. Il devrait ensuite renoncer à toute ingérence dans les affaires intérieures chinoises. Ce dernier point met en cause la nomination des évêques en Chine.

Églises de Chine ?

Le fait qu’il y ait des catholiques qui reconnaissent le pape, et d’autres qui ne le reconnaissent pas tend à montrer qu’il y a deux Églises catholiques en chine. Cependant le pape Benoît XVI, qui refuse cette division[11], reconnaît régulièrement les nominations des évêques de l’Église dite officielle comme l'affirme Joseph Zen[12], tout en ne niant pas son autorité sur l’Église dite clandestine. Ainsi pour le pape il n’y a qu’une Église de Chine, cependant le caractère officiel de l’Église change dans la pratique beaucoup de choses pour les catholiques selon qu’ils appartiennent ou pas à l’Église officielle.

Benoît XVI est vivement présoccupé de la situation en 2010, à cause de l'ordination d'un évêque, le 20 novembre 2010 de l'Association patriotique sans le consentement de Rome[13], dans le diocèse de Chengde (Hebei). Cette ordination, qui fait suite à dix ordinations épiscopales en 2010 de l'Église officielle approuvée à la fois par le gouvernement chinois et par le Saint-Siège, brise le difficile consensus qui avait été adopté. Le pape emploie des expressions inhabituellement fortes qui contrastent avec les traditions diplomatiques du Vatican.

Diocèse de Hong Kong – Macao

Le statut du diocèse de Hong KongMacao est très particulier, avant la Déclaration commune sino-britannique sur la question de Hong Kong et sa rétrocession en 1997, il était autonome et n'appartenait pas à la Chine dans la mesure ou les deux villes étaient indépendantes. Aujourd'hui ce diocèse appartient officiellement à la Chine. Cependant la liberté religieuse y est beaucoup plus importante et les problèmes que l'on rencontre en République populaire de Chine n'existent pas dans la mesure où ces villes ont un statut particulier, ayant une très grande liberté religieuse. Les catholiques de Hong Kong fonctionnent comme la majorité des diocèses du monde, les évêques étant nommés par le pape et il n'y a pas d'Église clandestine. On estime à deux cent cinquante mille le nombre des catholiques que compte le territoire sur les sept millions d’habitants [14]. L'évêque émérite de Hong Kong, Joseph Zen Ze-Kiun, considéré comme très critique envers le régime communiste et comme un défenseur de la démocratie, a été nommé cardinal par le pape Benoît XVI le 22 février 2006 [15], afin de renforcer le poids des Chinois dans la hiérarchie catholique.

Église clandestine de Chine

Le rejet officiel de l'autorité du pape explique l'existence de communautés catholiques « clandestines » qui refusent de se soumettre au contrôle et aux exigences de l'Association patriotique des catholiques. Ces clandestins dénoncent avec plus ou moins de vigueur les catholiques qui collaborent avec les autorités civiles et se soumettent aux directives de l'association patriotique.

Des organismes internationaux tels Amnesty International et Human Rights Watch, ou encore les Missions étrangères dénoncent les cas de tortures que les autorités infligent aux "Églises non officielles". En effet, les catholiques reconnaissant l'autorité du pape et refusant l'Église officielle sont persécutés et taxés de "sectes hérétiques", de la même façon que la totalité des cultes qui ne sont pas reconnus par le parti communiste chinois.

Église officielle de Chine

L’Association patriotique des catholiques est chargée de faire le lien avec les organismes gouvernementaux et d'assurer le respect de la ligne politique officielle à l'intérieur de l'Église. Le contrôle de l'activité religieuse en Chine demeure sans doute très serré mais se développe considérablement depuis un quart de siècle[16].

On peut noter différentes situations au sein des personnes de l’Église officielle[17] : une partie des évêques des diocèses de l’« Église officielle » seraient nommé par l’Association patriotique catholique, mais ont demandé secrètement la reconnaissance de Rome et l’ont obtenue ; ils sont fidèles à Rome. Le nombre d’évêques dans cette situation serait important[18], mais il reste difficile à vérifier dans la mesure où il est tenu secret par le Vatican, qui a cependant reconnu officiellement l'existence de cette pratique[19]. Une autre partie des diocèses auraient un évêque nommé par l’Association patriotique catholique, sans l'aval du Saint-Siège et l'évêque ne demandant pas de reconnaissance (et se plaçant ainsi en marge de l'Eglise catholique).

Michael Fu Tieshan était le directeur de l'association patriotique chinoise.

Liste des diocèses officiels en Chine

Il est important de souligner que ceci est la liste des diocèses de l'Église patriotique de Chine qui ne sont pas les mêmes que ceux mis en place par le Vatican avant la période maoïste. Pour l'Église patriotique de Chine, il n'existe que des diocèses, alors que selon l'organisation originelle, il existe des archidiocèses, des diocèses, des vicariats apostoliques et des préfectures apostoliques, en nombre plus élevé que celui des diocèses de l'Église patriotique. Les évêques reconnus à la fois par Rome et le pouvoir chinois ont donc généralement deux titres, un au regard de l'organisation officielle, et un au regard du Saint-Siège. Par exemple l'archevêque de Pékin pour le Saint-Siège n'est qu'évêque de cette ville pour l'Église patriotique, et il existe des diocèses où l'évêque et ses auxiliaires pour le pouvoir chinois sont pour Rome titulaires de sièges épiscopaux séparés.


Cardinaux chinois

Il y a eu dans l'histoire seulement six cardinaux chinois on trouve dans l'ordre chronologique[20] : Thomas Tien Heng-hsinPékin, 1890-1967), Paul Yu PinNankin, 1901-1978), John Baptist Wu Cheng-ChungHong Kong, 1925-2002), Ignatius Kung Pin-meiShanghai, 1901-2000), Paul Shan Kuo-hsiKaohsiung) et enfin Joseph Zen nommé en 2006 (évêque de Hong Kong).

Voir aussi

Articles connexes

Saints ou missionnaires catholiques en Chine:

Liens externes

Notes et références

  1. République populaire de Chine, Taïwan exclu.
  2. Article de la Croix sur le catholicisme en Chine, http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2307893&rubId=28342.
  3. Les jésuites en 1842
  4. Le catholicisme
  5. « Article 36 – Les citoyens de la République populaire de Chine jouissent de la liberté religieuse. Aucun organisme d'État, aucun groupement social, aucun individu ne peut contraindre un citoyen à épouser une religion ou à ne pas la pratiquer, ni adopter une attitude discriminatoire à l'égard du citoyen croyant ou du citoyen incroyant. L'État protège les pratiques religieuses normales. Nul ne peut se servir de la religion pour troubler l'ordre social, nuire à la santé des citoyens et entraver l'application du système d'enseignement de l'État. Les groupements religieux et les affaires religieuses ne sont assujettis à aucune domination étrangère. » http://mjp.univ-perp.fr/constit/cn1982.htm.
  6. Lettre du pape Benoit XVI en mai 2007 sur le site du Vatican : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/letters/2007/documents/hf_ben-xvi_let_20070527_china_fr.html.
  7. Article du site FSJ faisant part de la censure de la lettre du pape : http://www.fsj.fr/La-lettre-du-Pape-interdite-sur.html.
  8. Article de la Croix sur le catholicisme en Chine : http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2307893&rubId=28342.
  9. a et b Sandro Magister, Chine. Le Concile avait vu loin en ce qui concerne les pouvoirs des évêquese, Chiesa, L'Espresso, 22 juillet 2011
  10. Sandro Magister, Évêques ou mandarins? Le dilemme de l'Église chinoise, Chiesa, L'Espresso, 10 juin 2011
  11. Lettre du Pape sur le site du Vatican : http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/letters/2007/documents/hf_ben-xvi_let_20070527_china_fr.html.
  12. « En réalité, les Chinois font toujours plus référence au Saint-Siège : 85 % des évêques de l'Église officielle ont demandé et obtenu d'être reconnus par Rome », cardinal Zen, le 30 mai 2006 dans un entretien accordé au quotidien italien La Stampa.
  13. cf Déclaration du pape le 1er décembre 2010
  14. http://www.cardinalrating.com/cardinal_214__article_5778.htm.
  15. Article du 29 mars 2006 annonçant le nomination du cardinal Joseph Zen : http://www.cardinalrating.com/cardinal_214__article_3472.htm.
  16. Article de 2002 sur le développement des catholiques de Chine sur le site Religioscope : http://www.religioscope.com/notes/2002/079_china_cathoff.htm.
  17. Article du père jésuite Marc Zhu de l'Université catholique Fujen à Taïwan publié dans les numéros du 28 mars et du 4 avril 2004 du journal catholique Jiaoyou Shenghuo.
  18. « En réalité, les Chinois font toujours plus référence au Saint-Siège : 85 % des évêques de l'Église officielle ont demandé et obtenu d'être reconnus par Rome », cardinal Zen, le 30 mai 2006 dans un entretien accordé au quotidien italien La Stampa.
  19. « D’autres, surtout soucieux du bien des fidèles et regardant vers l’avenir, ont consenti à recevoir l’ordination épiscopale sans mandat pontifical, mais, par la suite, ils ont demandé de pouvoir être accueillis dans la communion avec le Successeur de Pierre et avec leurs autres Frères dans l’Épiscopat. », ibid. « Considérant la complexité de la situation et désirant profondément favoriser le rétablissement de la pleine communion, le pape a concédé à beaucoup d’entre eux "le plein et légitime exercice de la juridiction épiscopale". », note explicative de la lettre de Benoit XVI aux Chinois de mai 2007 sur le site du Vatican, http://www.vatican.va/holy_father/benedict_xvi/letters/2007/documents/hf_ben-xvi_let_20070527_china-note_fr.html.
  20. Chronologie trouvée dans l'article du 22 février 2006 de l'agence de presse Zenit : http://www.zenit.org/article-12226?l=french.

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