Église Saint-Merry (Paris)

Église Saint-Merry (Paris)

Église Saint-Merri (Paris)

Église Saint-Merri
Vue générale de l'édifice
Vue générale de l'édifice

Latitude
Longitude
48° 51′ 32″ Nord
       2° 21′ 04″ Est
/ 48.859, 2.351
 
Pays France France
Région Île-de-France
Département Paris
Ville Paris 4e
Culte Catholique romain
Type Église paroissiale
Rattaché à Archidiocèse de Paris

L’église Saint-Merri est une église catholique située à proximité du centre Georges Pompidou au 76 rue de la Verrerie dans le 4e arrondissement de Paris. Le nom de Saint-Merri viendrait de l’abbé saint Médéric, mort en l’an 700, canonisé puis rebaptisé saint Merri par contraction. Les restes de ce saint reposent toujours dans la crypte de l’église.

Sommaire

Histoire

La tradition raconte que Médéric (Medericus)[1], abbé de Saint-Martin d’Autun, vint vivre en ermite dans une cabane à proximité de l’oratoire Saint-Pierre-des-Bois qui s’élevait à cet endroit. Il meurt le 29 août 700 et y fut enterré. En 884, l’évêque de Paris Gozlin fait exhumer et mettre en châsse les restes de Saint-Merri, désormais considérées comme des reliques. C’est à cette époque que saint Merri est choisi pour devenir le saint patron de la rive droite.

Le culte du saint abbé est à l’origine d’une nouvelle église Saint-Pierre-Saint-Merri sur l’initiative d’un officier royal, Eudes Le Fauconnier, au Xe siècle. Même si la date exacte de construction reste hypothétique, on sait que Eudes Le Fauconnier a bel et bien existé, puisque lors de la reconstruction de l’église au XVIe siècle, on découvrit dans le vieux cimetière le squelette d’un guerrier chaussé de bottes de cuir doré, avec l’inscription : « Hic jacet vir bonae memoriae Odo Falconarius fundatur hujus ecclesiae ».

Érigée en paroisse au début du XIe siècle, elle est donnée vers 1005 au chapitre de Notre-Dame et desservie par une communauté de chanoines. Elle est ainsi l’une des quatre « filles de Notre-Dame » et la dernière subsistante aujourd’hui. L’église est de nouveau rebâtie aux XIIe et XIIIe siècles, mais le développement démographique du quartier des halles et du beau-bourg nécessite une nouvelle construction. Jean Beaupère, l’un des juges de Jeanne d’Arc, fut curé de la paroisse à cette époque. L’église accueillit également l’italien Boccace, ou encore Saint Edmond, futur archevêque de Cantorbéry, tous deux paroissiens de Saint-Merri[2].

L’édifice actuel a été édifié entre 1515 et 1612. La crypte, la nef, et les bas-côtés datent de 1515-1520, les bras et la croisée du transept de 1526-1530, le chœur et l’abside furent terminés en 1552, tandis que les travaux s’achèvent en 1612, lorsque le clocher est surélevé d’un étage.

Le XVIIIe siècle est pour l’église une ère de remaniement : le jubé de 1558 est détruit en 1709, les frères Slodtz sont chargés en 1759 de remanier le chœur dont les arcs brisés sont cintrés et recouvert comme les piliers d’un placage de marbre et de stuc. Le sol est recouvert d’un dallage de marbre, le mobilier est renouvelé et les vitraux sont en partie remplacés par du verre blanc.

Fermée en 1793 en raison de la Révolution, l’église devient une fabrique de salpêtre. De 1797 à 1801, des théophilanthropes en font le « temple du Commerce ». Elle finit par être rendue au culte catholique en 1803. En 1862, elle fait l’objet d’un classement par liste au titre des monuments historiques[3].

Architecture

L’église possède un style entièrement flamboyant, sans aucune trace d’architecture Renaissance. Son plan évoque celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Elle fut d’ailleurs administrée par sept chanoines de la cathédrale et fut surnommée « Notre-Dame la petite ». L’église est assez homogène, bien que le second collatéral ne soit présent que sur le flanc droit de la nef.

  • La façade, de style gothique flamboyant, est recouverte de dais, d’arcatures, de baldaquins, de frises de feuillages et d’animaux fantastiques, notamment sur les chambranles des porches latéraux. En son centre figure un grand porche ogival. Le portail principal est percé de trois portes ogivales surmontées de crossettes et de fleurons. Les voussures sont sculptés de multiples statuettes (martyrs, anges). Sur les piédroits figurent les statues de apôtres réalisées par les sculpteurs Louis Desprez et Joseph Brun au XIXe siècle. Son flanc nord a été dégagé en 1950 des maisons qui s’y appuyaient.
Vue de la nef
  • La nef à cinq travées et à voûte en ogive fut achevée en 1520. Les travées à arcades en tiers-point sont soutenues par de grands piliers à fûts multiples. Elle a la particularité de n’avoir qu’un bas côté nord, et deux bas côté sud. Elle est décorée d’une frise courant sous les fenêtres hautes où l’on distingue quatre personnages allongés au milieu de feuillages et d’animaux : saint Merri et Moïse tenant les Tables de la Loi à gauche, saint Pierre et Aaron à droite. L’entrée du second bas-côté droit de la nef possède une clôture Renaissance en bois provenant de la chapelle des juges consuls, du XVIe siècle[4].
  • Le transept a été achevé en 1526. Le bras droit est cantonné de deux vis de Saint-Gilles, remarquable ouvrages de stéréotomie, de Sauval. Elles rappellent celles de Martin Chambiges aux transepts de Sens, Beauvais, et peut-être Saint-Gervais[5].
  • Le chœur, achevé en 1552, est l’œuvre du maître-maçon Pierre Anglart. Sa longueur est sensiblement la même que la nef.
  • La chapelle de la communion fut édifiée en 1743 par Pierre-Louis Richard, sur les plans de Gabriel-Germain Boffrand, lequel se retira avant l’achèvement de l’édifice, à la suite d’un différent avec les marguilliers (il souhaitait confier à Pigalle le soin de décorer la chapelle, tandis que les marguilliers lui préféraient les frères Slodtz). Cette chapelle était primitivement séparée de l’église, mais Louis Richard établi l’accès entre les deux bâtiments en 1760. Cette chapelle se situe sur les anciens charniers de Pierre II Chambiges, du XVIe siècle. Elle est composée de trois travées carrées symbolisant le monde réel, éclairées par trois lanternes ovales, aux arcades séparées par des pilastres corinthiens. Les coupoles ajourées symbolisent la voûte céleste.
  • Le clocher carré ayant été doté d’un troisième étage en 1612, a retrouvé depuis l’incendie de 1871 sa hauteur d’origine (deux étages). À gauche, on peut observer une tourelle octogonale décorée d’arcatures, surmontée d’un campanile abritant la plus ancienne cloche de Paris (1331).
  • La crypte, achevée dès 1515 sous la cinquième chapelle à gauche de la nef, abrite depuis 1884 la châsse contenant les reliques de saint Merri. De plan carré, les voûtes des quatre travées retombent sur un massif pilier central dont le chapiteau est orné de grappes et de raisins. Elle abrite également la dalle funéraire de Guillaume Le Sueur (mort en 1530) et de sa femme Radegonde Budé (morte en 1522).

Intérieur

Vitraux

  • Les verrières des fenêtres hautes des premières travées de la nef datant du début du XVIe siècle retracent la vie de saint Nicolas de Myre, saint François d’Assise, sainte Madeleine et sainte Agnès. La plupart des vitraux ont néanmoins été remplacés par des verrières blanches en 1753 pour faciliter la lecture pendant l’office. Les vitraux latéraux du chœur (XVIe siècle) illustrent L’Histoire du patriarche Joseph et L’Apostolat de saint Pierre. Ceux de l’abside, avec au centre La Résurrection du Christ, ont été réalisés d’après les des cartons de Claudius Lavergne.

Œuvres d'art

L’église Saint-Merri possède une importante collection de peinture du XVIIe au XIXe siècles[2] :

  • Pietà attribuée à Nicolas Legendre, du XVIIe siècle, (dans la troisième chapelle de la nef, à gauche).
  • Saint Merri délivrant les prisonniers (sur l’autel du transept de gauche) et L’Adoration du nom divin par les quatre saints (croisillon gauche) par Simon Vouet, 1640. Les quatre saints sont Saint-Merri, Saint-Pierre, Saint-Léonard de Noblat et Saint-Frou.
Simon Vouet - Saint Merri délivrant les prisonniers
  • Vierge à l'enfant, dite La Vierge bleue, huile sur toile de Carle Van Loo, 1765 (conservée sur l'autel de droite à l'entrée du chœur).
  • Saint-Charles Borromée, par Carle Van Loo, présenté au salon de 1753, volé en 1970 et remplacé par un tableau de Ménageot.
  • L'histoire de Sainte-Marie l'Egyptienne, fresque de Chassériau de 1843, s'agissant de la première œuvre monumentale de l'artiste (dans la troisième chapelle du chœur à gauche, dite chapelle Sainte-Marie l'Égyptienne).
  • Légende de Saine-Philomène, par Amaury-Duval, datant de la première moitié du XIXe siècle (dans la quatrième chapelle).
  • Annonciation et Pietà de Hyacinthe Collin de Vermont, présentés au salon de 1740 (chapelle axiale, dite chapelle de la Vierge). Ces deux œuvres furent offertes à la paroisse après le sac de la chapelle de la communion en 1722.
  • Vierge de l'Annonciation, du XVIIIe siècle (cinquième chapelle à droite du chœur).
  • Saint-Pierre repentant par Joseph-Marie Vien, de 1784 (bras droit de l'autel).
  • Jésus et la Samaritaine par Noël Coypel, vers 1683, provenant de l'église des Chartreux à Paris.
  • Le Miracle de l'hostie par Clément Belle, œuvre présentée au salon de 1759 et évoquant la profanation des saintes hosties à Saint-Merri le 15 avril 1723.

On peut aussi citer le travail des artistes Léon Glaize, Jacques-Émile Lafon, Guillaume Lepaulle, Hippolyte Holdfeld, Eugène Amaury-Duval, et Sébastien Cornu, dans les chapelles du déambulatoire.

et dans la chapelle de la communion :

  • des anges en bas-relief (ange tenant le Livre de la Loi et ange tenant le calice), par Paul-Ambroise Slodtz, 1758, sculptés sur les parois.
  • Les Disciples d'Emmaüs par Charles Coypel, 1749 (au-dessus de l'autel). Entourée de pilastres corinthiens, cette œuvre s'insère dans le décor de la chapelle. Coypel a d'ailleurs pris soin de composer sa toile comme un décor de théâtre (rideau au premier plan). Au centre figure le christ, baigné de lumière.
  • Saint-Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés par Guillaume-François Colson, 1819.
  • Saint-Chrysostome distribuant la communion par Louis-Alexandre Péron, 1819.
  • Pietà, bas relief en cuivre du XVIIIe siècle (sur le tabernacle).
  • Quatre tableaux retraçant la vie de saint Bruno, par Antoni Viladomat, artiste catalan, ornent les embrasures des arcades.

On peut également y observer une statue moderne :

  • Christ aux outrages, statue moderne de Pierre de Grauw.

L'orgue

L'orgue à cinq tourelles a été construit par François de Heman de 1647 à 1650. Le buffet à tourelles a été réalisé par le maître menuisier Germain Pilon en 1647. Deux anges à corps d'oiseau soutiennent les grandes tourelles latérales. La tribune en bois de 1755 est l'œuvre de Michel-Ange Slodtz. Elle est supportée par quatre piliers de bois cannelés et surmontés de chapiteaux ioniques. Une frise de roseaux et d'épis, un masque de lion et deux pots à feu viennent compléter la décoration sculptée.

L'instrument a été augmenté par François-Henri Clicquot en 1779, puis transformé de 1855 à 1857 par Cavaillé-Coll et en 1947 par Victor Gonzalez[6].

Les compositeurs Nicolas Lebègue et Jean-François Dandrieu ont été d'illustres titulaires des grandes orgues, mais aussi Camille Saint-Saëns et Norbert Dufourcq. Jean-Marc Leblanc et Stéphane Cauchy sont les deux titulaires actuels de l'orgue.

Autres

  • La chaire en bois date de 1753. Commandée initialement au maître menuisier Pierre-Alexis Hémon et au sculpteur Paul-Ambroise Slodtz qui devait représenter les figures du paganisme et de l'hérésie sous la cuve et celle de la religion sur l'abat-voix, la mort de celui-ci en 1758 l'empêcha de mener à bien la réalisation. C'est son frère Michel-Ange Slodtz qui se chargea du décor. L'abat voix fut finalement orné de deux palmiers par Hémon. Michel-Ange Slodtz sculpta notamment la figure de la Religion, détruite à la Révolution et remplacée par un ange en plâtre.
  • La plus ancienne cloche de Paris, fondue en 1331 qui échappa aux destructions de la Révolution (abritée par le petit campanile dominant le portail gauche).
  • Une grande gloire en bois doré de 1753, agrémentée de têtes de chérubins domine le maître-autel en marbre. Celui-ci a été décoré par Karl-Henri Lehmann de panneaux sur fonds or représentant les apôtres et des têtes d'anges représentant la Joie et la Tristesse.
  • Les statues de la façade, détruites à la Révolution, furent remplacées en 1842 par Brun et Louis Desprez.

Presbytère

Datant du XVIe siècle, le presbytère de Saint-Merri fut remanié en 1731 par Jean-François Blondel et communique avec le ras du transept. Sa porte est flanquée de pilastres cannelés qui soutiennent une corniche sur laquelle repose deux pots à feu entourés de guirlandes. Une fenêtre cintrée s'ouvre entre eux, ornée de deux angelots assis sur l'archivolte.

Saint-Merri aujourd'hui

Au-delà de son rayonnement spirituel, Saint-Merri possède une formidable vie artistique parisienne. L'église accueille régulièrement des concerts, des représentations théâtrales. Elle organise également des expositions. C'est aussi une église « remuante ». La paroisse reçoit des groupes de sans papiers autour de l'association le Réseau chrétien immigrés, est en lien avec l’association SNC (Solidarités nouvelles face au chômage), l'association des chrétiens homosexuels David et Jonathan. Elle propose de louer ou de financer des logements à des personnes en situation de grande précarité, est engagé dans des projets de développement de pays du Sud.

Notes et références

  1. Jean Colson (dir.) et Marie-Christine Lauroa (dir.), Dictionnaire des monuments de Paris, Hervas, 1992, 917 p. (ISBN 2-903118-66-3) [rééd. Georges Poisson, 2003 (ISBN 2-84334-001-2)], p. 718.
  2. a  et b Site officiel de la paroisse.
  3. Notice no PA00086259, sur la base Mérimée, ministère de la Culture.
  4. Jean-Marie Pérouse de Montclos (dir.), Le Guide du Patrimoine, Paris, CNMHS, Conseil régional d’Île-de-France et Hachette, 1994, 587 p., p. 470.
  5. Le Guide du Patrimoine, Paris, op. cit., p. 468.
  6. Dictionnaire des monuments de Paris, op. cit., p. 719.

Voir aussi

Liens externes

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