Éducation dans l'Antiquité

Éducation dans l'Antiquité

Léducation est née en Grèce du besoin de préparer les futurs cadres qui devaient diriger la cité dans un système oligarchique[réfnécessaire]. Elle allait dans lEmpire romain se démocratiser à tel point que labondance des graffitis de Pompéi laisse à penser que toutes les couches de la société savaient lire[réfnécessaire].

Sommaire

Historiographie

A lire Maurice Tardif, in La pédagogie. Théories et pratiques de l'Antiquité à nos jours. Montréal, (1996), les Grecs furent les premiers à affronter le problème de léducation : comment préparer la jeunesse à lavenir sans sappuyer sur la seule tradition ? Les conquêtes dAlexandre le Grand, puis la réduction en province romaine de la Grèce, permirent de répandre lesprit grec, son rationalisme et son humanisme, mais aussi son goût pour lart de la persuasion. Henri-Irénée Marrou note cependant dans son Histoire de l'éducation dans l'Antiquité, (Le Seuil, 1948) que la pensée antique sétait peu préoccupée de lenfant, entièrement vouée quelle était à léducation de lhomme fait. Marrou montre en particulier que les manuels scolaires changèrent extrêmement peu entre le IIIe siècle avJ.‑C. et le IVe siècle. On dispose de plusieurs ouvrages pouvant servir à léducation, par exemple celui de Lucius Ampelius et le Columelle en agriculture.

La Perse

Léducation des enfants en Perse est évoquée dans la Cyropédie de Xénophon, livre I.

Grèce antique

En Grèce, léducation des jeunes enfants relève des femmes et des pédagogues, généralement des esclaves, puis des maîtres, vers lâge adulte et les valeurs de la Cité antique comme le théâtre, la guerre, le sport, la politique. Éducation idéale en apparence, elle alliait le développement physique des enfants à celle des arts (musique), des valeurs morales antiques de force et de vertu (militaire), et de lintellect (poésie). Elle procurait le développement harmonieux des corps grâce au sport vers un idéal de beauté de ladulte. Elle était cependant marquée par trois constantes : le rejet total des enfants faibles et des malades, la mise à lécart des filles de cet idéal (elles ne pratiquent les sports quà Sparte), et la pédérastie.

Le maître décriture, pour les enfants qui ne savent pas encore écrire, trace dabord les lettres avec son stylet et leur remet ensuite la page ils devront suivre docilement lesquisse des lettres. Celui qui sen écarte est frappé dune sanction.

À Sparte, les enfants à partir de sept ans recevaient une éducation faite par la cité, sportive et fondée sur le développement physique (les enfants spartiates ne sont pas emmaillotés) et intellectuelle solidement encadrée, collective, un peu comme dans le scoutisme aujourdhui : il y avait de 7 à 20 ans trois classes dâges principales encadrées par le pédonome, responsable de léducation spartiate, la troisième étant irène, cest-à-dire éphèbe. Ils vivaient en groupe, en dortoir, en bandes, vêtus dune tunique, puis dun simple manteau. Les jeunes spartiates proche de lâge adulte passaient par quelques épreuves initiatiques comme celle de la kryptie (survivre seul dans la nature en autonomie : les jeunes devaient apprendre à se débrouiller seuls) ou la chasse à lhilote. Les textes mentionnent une danse des fromages autour de lautel dArtémis au cours de laquelle les éphèbes se flagellaient[1][réfinsuffisante]. La formation intellectuelle se basait sur lapprentissage des apophtegmes lacédémoniens. Xénophon grand admirateur des spartiates, dans la Cyropédie, décrit un idéal de léducation : cest-à-dire la prise en charge des enfants par un État militaire, et lie la justice à léducation. « Les enfants se rendent aux écoles pour apprendre la justice, comme ils vont, chez nous, apprendre à lire. »

Coupe de Douris.
Article détaillé : Éducation spartiate.
Coupe (kylix) de Douris, professeur de cithare et de lettres.

À Athènes, Solon exigeait que la Cité apprenne à ses enfants la lecture, la natation et un État. Les enfants vont chez le maître instituteur (disdaskalos) grammatiste et ensuite grammatikos (de gramma, lettre) sous la conduite du pédagogue (esclave) pendant sept ans lequel leur apprenait la lecture (sur papyrus), lécriture (sur des tablettes de cire ou des ostraca, de tessons de poterie ou des papyrus avec de lencre) et le calcul puis les mathématiques, puis plus tard la poésie (Homère, base de léducation, puis Hésiode, Solon) et les lettres. Les maîtres sont assis sur une chaise en forme de trêne, et les enfants, les assistants, les pédagogues, sur des tabourets, ou des bancs. Ils devaient apprendre de poèmes par cœur, dans le désir dimiter les héros grecs[2].

Il se rend plus tard chez le maître de musique, qui leur apprend lart de la flûte (aulos) et la cithare. Lexercice de la musique, du chant, et des instruments, un art capital à Athènes, servirait ensuite à lart militaire, et aux exercices physiques de la palestre : Thémistocle déplore limperfection de son éducation car il ne connaissait pas la musique. Aristophane évoque les groupes denfants se rendant en rangs serrés chez le cithariste par temps de neige dans Les Nuées :

«  Je dirai donc lancienne éducation, en quoi elle consistait, lorsque florissait mon enseignement de la justice et que la prudence était en honneur. Dabord il ne fallait pas entendre un enfant souffler mot ; puis ils savançaient en bon ordre dans les rues vers lécole du maître de musique, les cheveux longs, nus, serrés, la neige tombât-elle comme dun tamis. ils apprenaient à chanter : "Pallas redoutable destructrice des villes" ou : "Cri retentissant au loin" ; soutenant lharmonie que leurs pères leur avaient enseignée. Si quelquun deux faisait quelque bouffonnerie ou donnait à sa voix une inflexion mélodique comme celles que les élèves de Phrynis modulent à lopposé de la mélodie, il était châtié, roué de coups, comme insultant aux Muses  »

— Aristophane, Les Nuées

Puis ils allaient chez le pédotribe ou maître de gymnastique, lesquels sont différents suivant les disciplines (maître au maniement des armes, maître de tir à larc, maître du lancer de javelot) et fréquente la palestre et le gymnase à partir de quinze ans. Il pratique aussi en plus de la natation, et de léquitation, et différents sports comme le pancrace, la lutte, le Pentathlon antique, le lancer du disque (discoboles). Plus tard lélève ira chez le rhéteur, le philosophe ou le sophiste compléter sa formation intellectuelle. Au service militaire, les soldats allaient deux par deux, le plus âgé encadrait le plus jeune. Le sport servirait aux jeux quils pratiqueraient devenus adultes, comme les Jeux des Panathénées, ou les Jeux olympiques mais des textes montrent que le but de cet éducation nétait pas la victoire individuelle aux Jeux antiques, mais le développement harmonieux corporelLe contexte militaire est toujours présent dans lantiquité. Au VIe siècle avJ.‑C., à Athènes, aux jeux des Panathénées, une épreuve du Pentathlon antique fut spécialement réservé aux enfants.

Léducation athénienne joignant celle du corps se développement harmonieusement grâce à léducation physique, et au sport, et celle de lâme, les arts et les lettres, et les mathématiques ou la philosophie était faite en vue de faire un jeune athénien « καλος καγαθοσ », cest-à-dire « beau et bon » suivant les critères antiques ou même laid, mais très intelligent, daprès le Théétète de Platon, qui excelle en mathématiques. Car en revanche, elle condamnait à mort tous ceux dont le corps ou lesprit souffrait dune infirmité, dune insuffisance ou dun handicap au nom de cet idéal de force et de beauté archaïques, militarisé. « Dans les exercices du corps, nos jeunes gens se proposeront surtout daugmenter leur force morale […] Quant à ceux dont le corps est mal constitué, on les laissera mourir »[3] La force physique était donc la condition première de la citoyenneté antique, celle dont dépendait tout le reste : cétait une société foncièrement injuste envers les faibles. Les Grecs pratiquaient lexposition des nouveau-nés.

Il est possible de reconstituer le cursus scolaire antique à travers les Livres de Platon et de distinguer trois classes dâge :

Platon au Ve siècle avJ.‑C. propose dans La République et Les Lois une éducation collective dans le but de former des citoyens la Cité remplaçait totalement les parents. Léducation consistait à « mettre la science dans lâme » selon le sens commun, daprès Platon à élever lâme vers le bien, le beau et la justice (en fait une éducation morale). Ceci est clairement expliqué ici :

«  On ne saurait mieux les élever, dit-il. Nest-ce donc pas, Glaucon, repris-je, que léducation musicale est souveraine parce que le rythme et lharmonie ont au plus haut point le pouvoir de pénétrer dans lâme et de la toucher fortement, apportant avec eux la grâce et la conférant, si lon a été bien élevé, sinon le contraire ? Et aussi parce que le jeune homme à qui elle est donnée comme il convient sent très vivement limperfection et la laideur dans les ouvrages de lart ou de la nature, et en éprouve justement du déplaisir ? Il loue les belles choses, les reçoit joyeusement dans son âme pour en faire sa nourriture, et devient ainsi noble et bon ; au contraire, il blâme justement les choses laides, les hait dès lenfance, avant que la raison lui soit venue, et quand la raison lui vient, il laccueille avec tendresse et la reconnaît comme une parente dautant mieux que son éducation ly a préparé. - Il me semble en effet, dit-il, que ce sont les avantages que lon attend de léducation par la musique. - Je repris : À lépoque nous apprenions les lettres nous nestimions les savoirs suffisamment que lorsque leurs éléments, en petit nombre, mais dispersés dans tous les mots, ne nous échappaient plus, et que, ni dans un petit mot ni dans un grand, nous ne les négligions, comme inutiles à noter ; alors, au contraire, nous nous appliquions à les distinguer, persuadés quil ny avait pas dautre moyen dapprendre à lire. - Cest vrai. - Il est vrai également que nous ne reconnaîtrons pas les images des lettres, reflétées dans leau ou dans un miroir, avant de connaître les lettres elles-mêmes, car tout cela est lobjet du même art et de la même étude. - Très certainement. - Eh bien ! je dis de même, par les dieux, que nous ne serons pas musiciens, nous ni les gardiens que nous prétendons élever, avant de savoir reconnaître les formes de la tempérance, du courage, de la générosité, de la grandeur dâme, des vertus leurs sœurs et des vices contraires, partout elles sont dispersées ; avant de percevoir leur présence elles se trouvent, elles ou leurs images, sans en négliger aucune, ni dans les petites choses ni dans les grandes, persuadés quelles sont lobjet du même art et de la même étude. »

— Platon, La République , 3

À partir de la seconde moitié du Ve siècle avJ.‑C., les jeunes gens des bonnes familles, avides de pouvoir, bénéficient des leçons que vendent fort cher les Sophistes. Leur enseignement repose sur une conception aristocratique de lexcellence individuelle. Volontiers relativistes, ils remettent en cause le caractère absolu des lois et de la religion de la Cité. Les écoles de philosophie, médecine et autres sciences créées à Alexandrie ou à Cos (Aesculapius) rayonnent dans tout le bassin méditerranéen. Nombreux sont les Athéniens à savoir lire, comme lindique le grand nombre de stèles gravées sur lAgora : la maîtrise de la lecture est indispensable pour que puissent fonctionner certaines procédures démocratiques.

Le quatrième et le cinquième livre de la Politique dAristote sont consacrés à léducation : La première éducation doit être celle du corps et des instincts, avant celle de lâme (musique, littérature). Il exige que les enfants fréquentent le moins possible la société des esclaves et désire quon ne les emmène pas aux farces satyriques et à la comédie. En revanche, ils apprendront pendant trois ans les arts libéraux dignes de lhomme libre : la gymnastique, la grammaire, la musique et le dessin.

Rome antique

La langue romaine, à savoir le latin, a eu un profond impact sur les cultures qui suivirent, comme le démontre cette extrait d'une Bible latine datant de 1407.

La culture hellénistique a, avec limplantation des colonies de la Grande Grèce une influence certaine sur lItalie antique. Cette influence sest fortement accrue après la conquête de lItalie par les Romains. Cette conquête se traduit presque immédiatement par une imprégnation grecque de la culture romaine et par la formation des élites auprès de pédagogues, souvent esclaves, dorigine grecque. Après la conquête de la Grèce, ce phénomène saccentue, avec lafflux de grands pédagogues qui étaient souvent dorigine noble.

Les enfants de familles romaines riches ont deux moyens dêtre instruits, moyens choisis par leur père. Ils peuvent être élevés à la maison, par un précepteur (praeceptor). Mais en principe ils vont à lécole (ludus) et sont instruits par le maître (magister). Le pédagogue (paedagogus) est un esclave chargé daccompagner lenfant à lécole, qui se situe sous un des portiques du forum.

Les écoles romaines sont mixtes, mais cependant les filles ne poussent pas leurs études aussi loin que les garçons, elles arrêtent souvent leurs études après le ludi magister, pour apprendre les tâches ménagères avec leur mère. De 7 à 11 ans, lélève est instruit par le magister ludi, qui lui apprend les lettres, les syllabes, les mots et les bases du calcul. Dès 11 ans, et jusquà 15 ans, lélève se rend chez le grammaticus. Il apprend à expliquer un texte, à découper des mots, des phrases, des vers. Il fait des rédactions, et lapprentissage du calcul est poussé. Les professeurs sont assez mal payés par les pères des élèves. Ils sont assez autoritaires avec les élèves. Ceux-ci sont battus au moyen dune baguette de bois, la férule, ou même avec des lanières de cuir. Lenseignement est basé sur le par cœur et limitation et le rythme est relativement lent.

La violence dans léducation semble être très présente à cette époque, on peut même parler de tortures dans certains cas : « Quant aux pédagogues, qui étaient souvent des esclaves dans la Rome de lEmpire, dans un système denseignement qui faisait deux le rebut de la société, ils soumettaient les enfants, de sept à treize ans pour les filles et de sept à quinze ans pour les garçons, à de violents châtiments. Les écrivains latins Plaute, Horace, Juvénal, Martial témoignent aussi de lemploi de la scutica, espèce de martinet, de la ferula, palette de bois ou de cuir, du flagellum, fouet à une ou plusieurs lanières parfois garnies dosselets, de la virga, baguette ou faisceau de baguettes parfois épineuses. Horace évoque sa jeunesse gâchée par son précepteur Orbilius, qui lui fit subir toutes sortes de sévices. D le terme dorbilianisme utilisé plus tard pour évoquer lusage des châtiments corporels. À Pompéi, un vestige montre une scène de flagellation dun élève récalcitrant : un adolescent nu hissé sur le dos dun camarade, immobilisé par un autre, sous lœil indifférent des condisciples. »[4]

Peu délèves poursuivent leurs études au-delà du second degré, beaucoup sarrêtent même à la fin de lécole primaire. Seuls les privilégiés se rendent chez le rhéteur, ils y apprennent lart de la rhétorique. Les plus riches poussent leurs études dans les prestigieuses écoles grecques, certains reçoivent avec une certaine immigration[Quoi ?] du fait de leur rang ou leur richesse, les félicitations des maîtres. Jamais les écoles romaines retiendront alliance[Quoi ?] des écoles grecques. Beaucoup de grecs durant cette période, notamment en médecine, deviennent très célèbres pour leurs connaissances et leurs savoir-faire. Ils savent aussi dessiner sur des carnets de feuilles mortes[Quoi ?].

Christianisme

Article détaillé : éducation médiévale.

Le Christianisme, devenu religion officielle de lEmpire romain en 392, nabolit pas lécole païenne. Religion savante, elle avait besoin des écoles grecques et romaines pour la formation de base, explique Henri-Irénée Marrou. Leffondrement de lempire doccident obligea lÉglise à prendre en main cette formation, réservée dabord aux futurs clercs. Ainsi apparut une école nouvelle, qui associait linstruction littéraire et léducation religieuse. Selon le sociologue Durkheim, ce fut la véritable naissance de lécole, cest-à-dire dun milieu moral organisé, voué autant à façonner les idées et les sentiments de lélève quà la transmission des connaissances.

Notes et références

  1. La Vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès, Robert Flacelière.
  2. Platon, Protagoras 325,c .
  3. Platon, La République Livre III, 17.
  4. Histoire de la violence éducative.

Voir aussi

Article connexe

Sources

Liens externes


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