Éclaireuses éclaireurs israélites de France

Éclaireuses éclaireurs israélites de France
Éclaireuses éclaireurs israélites de France
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Contexte général
Champs d’action Scoutisme
Zone d’influence France
Fiche d’identité
Fondation 1923
Affiliation
internationale
OMMS et AMGE
Méthode Scoutisme juif co-éduqué
Membres plus de 3 500
Site web www.eeif.org

Les éclaireuses et éclaireurs israélites de France (EEIF) sont une association scoute française d'éducation juive, reconnue d'utilité publique. La devise du mouvement est : « pour le Bien, toujours prêts ! », son slogan : « Bâtisseurs d'identités depuis 1923, une aventure à vivre et à transmettre... ».

Les EEIF sont membres fondateurs de la fédération du Scoutisme Français, membres de l'organisation mondiale du mouvement scout (OMMS), de l'association mondiale des guides et éclaireuses (AMGE), du Fonds social juif unifié (FSJU) et adhérents au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF).

En 2009, l'association compte plus de 3 500 membres, dont 800 animatrices et animateurs bénévoles âgés de 17 à 25 ans. Le mouvement compte 55 groupes locaux sur l’ensemble du territoire national, qui organisent 60 camps d'hiver et d'été chaque année en France et à l'étranger.

Sommaire

Histoire

Les Éclaireurs Israélites de France (EIF) ont été fondés en 1922-1923 par Robert Gamzon, comme mouvement qui se disait "scout, juif et français". Edmond Fleg, puis Léo Cohn apportèrent chacun une contribution décisive à ce qui allait devenir le premier mouvement de jeunesse juive en France. Répondant aux aspirations de la jeunesse juive, ils connaissent une rapide extension dans l’Est de la France, puis dans le Sud et en Afrique du Nord, accueillant filles et garçons de toutes origines et de tous milieux.

Quand la Seconde Guerre Mondiale éclate, les chefs d'Alsace et de Lorraine ont été rapatriés en 1939 vers la zone libre où ils ont participé à la création et au maintien de nombreux centres d'accueils pour enfants juifs comme, par exemple dans le Rouergue, ceux qui furent animés par Raymond Winther, Marcel et Roger Gradwohl à Villefranche-de-Rouergue, Moissac, Saint-Affrique, Beaulieu-sur-Dordogne où les activités de scoutisme continuaient semi-clandestinement. Ainsi, grâce aussi "à l'aide bienveillante du préfet", pendant les hivers 1943 et 1944, les Éclaireurs Israélites qui avaient pris l'apparence des Éclaireurs unionistes protestants, purent organiser leur camp à Florac avec leur rabbin. Les problèmes que posaient le ravitaillement et la clandestinité rendue nécessaire par les exigences allemandes furent facilités par la solidarité des mouvements scouts catholiques et protestants locaux. Eux-mêmes participèrent au sauvetage des enfants par d'autres mouvements comme l'OSE et s'impliquèrent dans les passages clandestins vers l'Espagne et la Suisse[1]. Pour le passage vers la Suisse, on doit se souvenir de deux éclaireuses qui se montrèrent particulièrement héroïques, Milna Racine et Mariane Cohn.

Cet engagement a servi, sert et servira encore d’exemple à tous les membres des EEIF, “Bâtisseurs d’identités depuis 1923”.

Les premières années

  • 1er février 1923 : La première sortie du "groupe scout" recruté dans un patronage.
  • 27 mai 1923 : Les sept premiers Éclaireurs Israélites de France, formés par Robert Gamzon - Castor Soucieux - alors âgé de 17 ans, font leur Promesse dans la synagogue de Versailles.
  • 21 février 1924 : naissance de la troupe David, 1ère Paris.
  • 1930 - 1940 : Aide à l'insertion des immigrants juifs d'Allemagne et d'Europe de l'Est en leur apprenant un métier dans des ateliers professionnels (reliure, menuiserie, cuir, …).
  • 1932 : 3ème Conseil National à Moosch (Vosges) - Définition du Minimum Commun d'éducation juive qui inspire encore aujourd'hui l'action et les pratiques religieuses des E.E.I.F.
  • 1933 : ouverture du centre de formation de La Chapelle-en-Serval (Oise) et des promotions de cadres inter-branches "Montserval".
  • 1937 : pour la première fois, une délégation E.I.F. participe à un Jamboree mondial, celui de Vogelenzang (Hongrie).
  • 30 mars 1939 : admission officielle des EIF au sein du Bureau inter-fédéral du scoutisme (B.I.F.). Cette adhésion avait été refusée par deux fois auparavant : en 1928 et 1937, à la différence des éclaireuses israélites accueillies dès 1928 au sein de la Fédération française des éclaireuses (F.F.E.). La FFE formait avec les GDF le Comité de liaison avec l’AMGE.

Pendant la Guerre

  • août 1940 : malgré l'occupation du pays par les nazis, les E.I.F. se rassemblent à Viarose et proclament le maintien des activités du mouvement. En zone nord occupé par les allemands, sous la direction de Fernand Musnik (qui sera arrêté à son poste et déporté en 1943), la province de la Seine est active malgré les interdictions de la Gestapo et les déportations.
  • 24 au 26 septembre 1940 : au château de l'Oradou (près de Clermont-Ferrand), un camp regroupe les responsables nationaux des Éclaireurs de France, des Éclaireurs Israélites de France, des Éclaireurs Unionistes de France, des Scouts de France, de la Fédération Française des Éclaireuses et des Guides de France. De cette réunion est née une charte (appelée Charte de l'Oradou) à la base du Scoutisme Français.
  • 24 décembre 1940 : le dépôt des statuts de la fédération "Le Scoutisme Français" est effectué à la sous-préfecture de La Palisse.
  • 29 novembre 1941 : par une loi du gouvernement de Vichy, le mouvement des Éclaireurs Israélites de France est dissout comme toutes les organisations juives non cultuelles. Le président du Scoutisme Français, le Général LAFONT, obtient des autorités vichyssoises que les E.I.F., bien que ne faisant plus officiellement partie du Scoutisme Français, puissent continuer leurs activités scoutes sous le contrôle du Scoutisme Français. Bravant la dissolution, dix chantiers ruraux EI réunissent 300 "défricheurs".
  • septembre 1942 : organisation de la "Sixième", organisation clandestine de sécurité, d'auto-défense, de planquage et de fabrication de faux papiers. Elle sauvera des jeunes juifs par milliers.
  • 5 janvier 1943 : par un simple courrier adressé au directeur de l'UGIF, Darquier de Pellepoix, Commissaire général aux questions juives, ordonne "d'assurer une dissolution effective et immédiate des EIF et d'interdire leur regroupement sous une forme quelconque" (souligné dans le document original). Cette dissolution ne fait qu’accélérer le passage de ce mouvement à la clandestinité[2]. Samy Klein, Aumônier de la Jeunesse, est fusillé parmi d'autres. 110 chefs et commissaires ne reviendront pas de déportation ou tomberont dans les combats de la Libération[3].
  • mars 1944 : le 7e Conseil National de Die interrompt ses travaux pour fuir dans la montagne, pourchassé par les Allemands.
  • Aînés et chefs se regroupent dans le maquis de la Montagne Noire[4] (Tarn). Castor prend le commandement de la Compagnie Marc Haguenau (Secrétaire Général du mouvement fusillé par les Allemands). Gilbert Bloch et huit autres de ses camarades sont tués lors de l'attaque du maquis le 8 août 1944. La Compagnie participe à la libération de Mazamet et de Castres, est intégrée à la Première Armée et prend part, jusqu'au Lac de Constance, aux combats de la Libération.

Après la Guerre

  • Création de l'école Gilbert Bloch à Orsay pour former les futurs cadres d'une communauté décimée. Cette école fut dirigée par Robert Gamzon, puis Jacob Gordin, enfin Léon Ashkénazi (Manitou).
  • Création du Service Social des Jeunes (SSJ) pour l'aide à la recherche d'emplois.
  • Création de l'Association des Maisons d'Enfants (AME à Moissac/Laversine).
  • 1948 : Montée en Israël de cadres du mouvement qui partent pour aider à la construction de l'état et d'un kibboutz E.I.F.
  • 1950-1960 : Participation à l'accueil des jeunes et aide à l'intégration des Juifs d'Afrique du Nord. - Actions en faveur du Tiers-monde (voyages humanitaires, collectes d'argent, envois de vêtements et de médicaments au Sénégal, Cameroun …).
  • 1969 : Les Éclaireurs Israélites de France deviennent les Éclaireuses & Éclaireurs Israélites de France.
  • 1960-1970 : Actions en faveur de handicapés (intégration d'un groupe d'aveugles au sein des E.E.I.F.). Actions sociales, culturelles et éducatives en Israël et travail dans des villes de développement.
  • 1980-1990 : Actions pour les communautés juives en péril (URSS, Syrie, Éthiopie et Yougoslavie).
  • 1982 : Lancement de l'opération 'Hag Sameah le Pessa'h (confection et distribution de colis de nourriture pour aider les familles juives en difficulté à passer dignement la Pâque juive). Création du groupe Arc-en-ciel (Keshet) pour l'intégration de handicapés physiques et mentaux aux EEIF.
  • 2000 : Partenariat avec l'association “Little Dream” pour l'accueil d'enfants de familles nécessiteuses pendant les activités et les camps.
  • 2002 : Mise en place de visites régulières aux personnes âgées au moment des fêtes juives (Chabbat, Sédèr de Pessa'h et de Roch Hachana, 'Hanouka, ...).
  • 2003 : Les 80 ans du mouvement E.E.I.F. : un colloque sur l'engagement, un gala avec Élie Semoun et le Grand Klezmer et un grand rassemblement national à Périgueux qui a réuni plus de 4000 EI de toutes les générations - Création d'une Branche Aînée - Partenariat avec l'association “Les Rendez-vous du cœur” à Jérusalem (soutien aux enfants des quartiers défavorisés de Jérusalem)
  • 2006 : création du Forum international des scouts juifs (IFJS) le 2 novembre 2006 à Jérusalem, en présence de représentants d'associations ou comités de scouts juifs israéliens, américains, britanniques et français.

Projet éducatif[5]

Les EEIF forment un mouvement d’éducation juive par le scoutisme, ouvert à tous les jeunes Juifs, sans distinction.

L'objectif du mouvement est de contribuer au développement personnel de ses membres, de privilégier le questionnement sur l'identité et de faire prendre conscience des nombreuses facettes du judaïsme, de sa richesse et de son message. Dans une démarche scoute, pédagogique et ludique, l'enfant s'inscrit dans un projet où il reçoit et transmet à son tour. Toujours prêts à jouer un rôle constructif dans la société, les EEIF œuvrent pour la tolérance et le respect de chacun.

Le judaïsme ne se limite pas à une pratique cultuelle ; le projet éducatif des EEIF prend en compte les trois dimensions traditionnelles du judaïsme dans ses programmes et pratiques :

  • Am Israël : un peuple et son histoire ;
  • Torat Israël : un enseignement révélé ;
  • Eretz Israël : une terre.

Le scoutisme est le projet éducatif qui permet de dépasser la proposition d’éducation juive en l’ouvrant aux autres et au monde. Les EEIF ont fait le choix d'une éducation juive ouverte, respectueuse du choix individuel de chacun de ses membres. Cela permet à des jeunes issus d'horizons religieux différents ou non pratiquants de trouver leur place dans le mouvement pour y découvrir la pluralité et l’unité du judaïsme.

Dans un monde juif profondément divisé, les familles font confiance aux EEIF pour faire vivre à leurs enfants l’unité du message sinaïtique des Dix Paroles. Une fois adulte, chacun fait ses choix de vie.

Les EEIF sont indépendants des institutions religieuses et communautaires. Le recrutement et les implantations se font principalement dans les communautés juives.

Le « minimum commun »

Depuis le conseil national de 1932, un « minimum commun » de pratiques juives est mis en œuvre dans les unités : office du matin, respect des prescriptions alimentaires (cacherouth), respect du Chabbat et des fêtes.

Ce « minimum commun » permet à des jeunes Juifs de familles pratiquantes ou non de vivre ensemble. C’est cette mixité sociale qui fait le succès du projet éducatif EEIF depuis sa création. Ce « minimum commun » de pratiques est mis en œuvre par tous les animateurs d’unités, qu’ils soient ou non pratiquants. Les choix de la communauté scoute priment sur les choix individuels.

Par ailleurs, les EEIF éditent leur propre livre de prières.

Tranches d'âge

Les EEIF sont répartis en quatre branches mixtes :

  • Bâtisseurs (de 7 à 12 ans)
  • Éclaireuses et éclaireurs (de 12 à 16 ans)
  • Perspectives (de 16 à 17 ans)

Bâtisseurs

« à la découverte de l’aventure ! »

Les Bâts (c'est leur surnom) proposent des activités qui permettent de découvrir les valeurs du mouvement. Ils sont réunis dans une 'Hevra (au pluriel : 'Hevrot) ; leur camp d'été dure en général 18 jours et réunit plusieurs 'Hevrot qui se jumellent entre elles.

Loi nationale des bâtisseurs :

  • Je suis actif et de bonne humeur
  • Je découvre la vie et l'histoire du peuple juif et d'Israël
  • Je mets le meilleur de moi-même au service de l'autre
  • Je découvre et protège la nature
  • Je participe à l'aventure de ma 'Hévra

Éclaireuses et éclaireurs

« la passion de l’action ! »

Les Éclais (c'est leur surnom) participent à des activités où ils développent autonomie, débrouillardise et prise de responsabilités. L'unité éclais regroupe différentes équipes de six à huit jeunes. Les équipes de la branche éclaireuses & éclaireurs sont dirigés et animés par les zadeks (pour animateurs d’équipe). Ces animateurs sont choisis parmi les plus vieux éléments de l’unité. Ils bénéficient d’un camp de formation en début d’année organisé au niveau régional. Les équipes sont constitués depuis septembre jusqu'au camp d'été. Le camp d'été dure en général trois semaines et regroupe des unités de différents groupes locaux.

Loi des éclaireuses et éclaireurs :

  • L'EI construit son identité et développe ses qualités morales et physiques
  • L'EI respecte son prochain et apprend à le comprendre
  • L'EI développe ses compétences et les met au service des autres
  • L'EI s'implique dans la vie de son groupe, de sa communauté et de sa cité, en assumant sa part de responsabilité
  • L'EI découvre et transmet le Judaïsme, l'Histoire et les réalités du peuple Juif en diaspora et en Israël
  • L'EI découvre et protège le monde qui l'entoure en apprenant à vivre en harmonie avec la nature

Perspectives

« le goût de la réflexion dans l’action ! »

Les Pifs (c'est leur surnom) se retrouvent en équipes autour d'un projet collectif qu'ils décident et qu'ils mènent de bout en bout. Cette formation pratique trouve son aboutissement pour certains, dans l'animation.

Les équipes perspectives réunissent des jeunes qui ont vécu ensemble le même parcours EI : ils ont été Bâtisseurs, puis Éclaireurs pour la plupart. Les deux années Perspectives sont une période où ils se retrouvent entre eux et pendant lesquels ils vont agir autour de projets qu'ils vont eux-mêmes mettre en place, encadrés par un ou deux animateurs adultes.

L'année perspectives se compose de projets divers et variés, des activités, des rencontres et plein d'autres choses encore…

De plus chez les perspectives, on arrive à un stade où l'on peut discuter sans tabou. Il est important que chacun fasse part de ce qu'il pense sur des sujets liés à cette tranche d'âge, qui reviendront souvent dans sa vie, et sur lesquels chacun peut commencer à se positionner. C'est pourquoi des débats, des rencontres, des projections sont au programme dans les Groupes Locaux.

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes


Bibliographie

  • Alain Michel, Scouts, Juifs et Français : l'histoire des E.I. de 1923 aux années 1990, Jérusalem, Editions Elkana (ISBN 965-90579-0-3) 
  • Mathias Orjekh, Du scoutisme juif à la Résistance, un même engagement - Quelques figures d'un même engagement, Paris, Université Lille III (sous la direction de Madame DELMAIRE), 2001, 109 p. 
  • David Ouanounou, Regards initiatiques sur le mouvement des EEIF: contribution à une sociologie du scoutisme, Paris, 1995 
  • «Les Eclaireuses et Eclaireurs Israélites de France dans la guerre», in Le Monde juif: Revue d’histoire de la Shoah, N°161, Paris, Septembre-Décembre 1997 

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Éclaireuses éclaireurs israélites de France de Wikipédia en français (auteurs)

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