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Adolphe Léon Willette
Adolphe Léon Willette, né à Châlons-sur-Marne le 31 juillet 1857 et mort à Paris le 4 février 1926, est un peintre, illustrateur et caricaturiste français.
Sommaire
Biographie
Fils d’un colonel qui fut aide de camp du maréchal François Achille Bazaine, qui sera muté à Dijon, il est élève, à l’âge de dix-huit ans, de Cabanel à l'École des beaux-arts et débute au Salon de 1881.
Il s'installe à Montmartre en 1882 et loue avec le docteur Willette, son frère, un atelier au 20, rue Véron. Il illustre Victor Hugo, peint des fresques et des vitraux, dessine des cartes postales, des affiches publicitaires, des couvertures de livres et, en échange d'un repas, des menus de brasserie. Ses représentations de Pierrot et Colombine lui valent une certaine popularité.
« En rupture totale avec l'académisme à la mode de Bonnat et autre Bouguereau, Willette ignore tout autant la révolution impressionniste. Sa palette est pauvre et se cantonne le plus souvent dans des harmonies de gris et d'ocres. [...] À partir de 1886, il s'éloigne de plus en plus de la peinture, qu'il ne retrouvera qu'à l'occasion de grandes décorations pour se consacrer au dessin[1]. »
Il participe, avec Rodolphe Salis et Émile Goudeau, à la création du cabaret du boulevard Rochechouart Le Chat noir, où il expose d'abord une toile refusée au Salon, puis qu'il décore ensuite de panneaux et de son fameux Parce Domine (1884), aujourd'hui en dépôt au Musée de Montmartre. Au Chat Noir, il fréquente également Henri Rivière, Maurice Donnay, Maurice Rollinat, Henri de Toulouse Lautrec, Paul Signac, Camille Pissarro, Vincent Van Gogh, Louis Anquetin, Georges Seurat.
Il décore de nombreux cabarets et restaurants de la Butte Montmartre : l’auberge du Clou, la Cigale, le hall du bal Tabarin, la Taverne de Paris, ainsi qu'un salon de l’Hôtel de Ville de Paris. En 1889 il décore le Moulin Rouge, et dessine le célèbre moulin.
Polémiste ardent, Willette collabore tour à tour au journal Chat noir, au Courrier français, au Triboulet, au Rire et à La Libre Parole Illustrée de Drumont, sans oublier L'Assiette au Beurre. Il fonde plusieurs publications : Le Pierrot (1888-91), La Vache Enragée (1896-97), Le Pied de Nez (1901), Les Humoristes (avec Steinlen en 1901).
En 1889, Willette se présente comme unique « candidat antisémite » aux élections législatives du 22 septembre, dans la 2e circonscription du 9e arrondissement de Paris.
En 1891, il prend la défense du Montmartrois et communard Jean-Baptiste Clément condamné pour ses activités syndicalistes et militantes à deux ans de prison et cinq ans d'interdiction de séjour. Un dessin qui parait dans Le Courrier français montre une jolie et aguichante jeune fille qui chante avec insouciance. Elle marche enchaînée et encadrée par deux antipathiques gendarmes. L'un d'eux s'est emparé du panier de cerises qu'elle avait au bras. Une légende accompagne le dessin, en forme de nouveau couplet de la célèbre chanson de Jean-Baptiste Clément Le Temps des cerises[2] :
Quand il reviendra, le temps des cerises
Pandore idiot, magistrats moqueurs
Seront tous en fête !
Gendarmes auront la folie en tête
A l'ombre seront poëtes chanteurs
Quand il reviendra le temps des cerises
Siffleront bien haut les chassepots vengeurs !En 1896 Willette participe à l'organisation du premier cortège carnavalesque montmartrois de la Promenade de la Vache enragée. Il est responsable de la deuxième édition qui a lieu l'année suivante.
À partir de 1915, un groupe de jeunes artistes de Coutances dans la Manche, est parrainé par Willette. Ils fondent Le Pou qui grimpe [3], nom étonnant. Ce groupe se propose de « rénover l'art populaire » et de « faire connaître et aimer Coutances, non seulement en Normandie, mais encore dans tous les milieux de lettrés et d'artistes du pays » (Georges Laisney).
Officier de la Légion d'honneur en 1912, Willette publie ses souvenirs en 1919 sous le titre Feu Pierrot. Guillaume Apollinaire comptait parmi ses plus fervents admirateurs.
« [...] l'on devrait donner le prix nobel de la paix à cet artiste qui a fait presque autant de dessins contre la guerre que contre l'hypocrisie de ceux qui détestent la beauté. »— Guillaume Apollinaire, Cité par Marcus Osterwalder, Dictionnaire des illustrateurs, Ides et Calandes
En 1920, avec Forain, Neumont et Poulbot il fait partie des fondateurs de la République de Montmartre. Il en sera le premier président jusqu'au 14 août 1923.
En 1923, il pose la première pierre du dispensaire des Petits Poulbots à Montmartre.
Adolphe Willette meurt en 1926 et est inhumé au cimetière du Montparnasse.
L'année d'après l'imposant nouveau square inauguré au pied du Sacré-Cœur est baptisé en son honneur square Willette. Il porte ce nom jusqu'en 2004. Le 28 février 2004, suite à une délibération du Conseil de Paris souhaitant sanctionner son engagement antisémite, ce square est rebaptisé du nom de la communarde montmartroise Louise Michel.
Galerie
Collections
- Parce Domine, Musée du vieux Montmartre
- Portrait de femme, Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Châlons-en-Champagne
- Jeune femme, Clark Art Institut of Williamsrown (USA)
- Nombreux dessins au Musée Louis Senlecq, L'Isle Adam.
- Musée du Louvre.
Notes et références
- ↑ Luc Willette, Adolphe Willette, Pierrot de Montmartre, Éditions de L'Armaçon, 1992.
- ↑ Tristan Rémy, le temps des cerises (Jean Baptiste Clément), Les Éditeurs Français Réunis, Paris 1968, page 355. Le dessin est reproduit en page 1 de couverture.
- ↑ Le Pou qui grimpe - Wikimanche
Liens externes
- Le Pou qui grimpe sur Wikimanche
- Willette frappé d'indignité par DP (Didier Pasamonik) sur ActuaBD.com, 28 avril 2004.
- Illustration des Hommes du jour - A. Poulbot 29-07-1911
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