- Promenade de la Vache enragée
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La Promenade de la Vache enragée ou Vachalcade[2] est un cortège carnavalesque de Montmartre organisé en 1896 et 1897 par les artistes et les montmartrois en réponse aux grands cortèges du Bœuf Gras qui défilent ces années-là.
Sommaire
Histoire de la Vache enragée
Suite à des problèmes internes d'organisation à l'époque restés inconnus du public : l'affaire Mathurin Couder, qui ne sera retrouvée dans les archives de la Fédération de la Boucherie de Paris qu'en 1993 par Basile Pachkoff, le cortège parisien du Bœuf Gras cesse de sortir après 1870. En 1885 parait le roman du montmartrois Émile Goudeau La Vache enragée[3]. En 1889, Joseph Oller et Charles Zidler créent le célèbre bal du Moulin rouge. Ils organisent dans la rue, à l'occasion du Carnaval de Paris des cavalcades évoquant la Promenade du Bœuf Gras. Ainsi en 1892 : « La cavalcade du Moulin-Rouge était aussi fort belle. Le motif principal de la décoration était un gigantesque bœuf roux en carton qui balançait sentimentalement la tête. Sur le colosse était juché l'Amour, un bambin à perruque blonde très gentil ; »[4]. Et en 1893, le Mardi Gras « On a beaucoup remarqué aussi la cavalcade du Moulin-Rouge, avec un bœuf gras de proportions gigantesques. Ce bœuf était en carton, hélas ! »[5]. Oller et Zidler font probablement défiler aussi d'autres années des évocations du Bœuf Gras. Enfin, en 1895, après vingt-cinq ans d'absence la renaissance du Bœuf Gras à grande échelle est annoncée. Rodolphe Salis propose alors de faire défiler à Montmartre la Promenade de la Vache enragée des artistes et des pauvres en réponse à l'opulente Promenade du Bœuf Gras qui va défiler dans Paris en février 1896. Des artistes ainsi que divers habitants de Montmartre se rallient à cette idée et organisent la fête. La présence de chevaux dans le cortège 1896 de la Promenade du Bœuf Gras a fait baptiser celui-ci Cavalcade du Bœuf Gras. La présence symbolique de la vache enragée dans la fête montmartroise fait que ce défilé prend en écho le nom de Vachalcade. Il sera utilisé avec celui de Promenade de la Vache enragée.
Initialement la première sortie de la Promenade de la Vache enragée est programmée pour le mois de juin, afin de ressusciter également par la même occasion la Fête de Montmartre. Le Préfet de police Louis Lépine impose une autre date. La Vache enragée défile en mars, pour la Mi-Carême, le même jour que le cortège de la Reine des Reines de Paris.
Le responsable de la première Vachalcade est Joseph Oller. La même année le Commissaire général de la Cavalcade du Bœuf Gras est Charles Zidler. Le Moulin rouge est à l'époque codirigé par Oller et Zidler.
Une deuxième édition de la Promenade de la Vache enragée a lieu en juin 1897. Son responsable est le peintre Adolphe Willette. Le Commissaire général de la Cavalcade du Bœuf Gras est à nouveau cette année-là Charles Zidler.
La seconde Vachalcade accumule un énorme déficit. Pour y remédier est organisée le 16 décembre 1897 au Moulin Rouge une fête baptisée ironiquement Fête du Déficit. C'est une très belle fête, mais aussi un échec financier. Ce qui fait qu'initialement destinée à être pérennisée, la Vachalcade ne connait pas ensuite de nouvelles éditions.
Le 20 décembre 1897, un article-éditorial de Solness dans le journal Le Matin, intitulé A Montmartre, tire le bilan de cet échec organisationnel[6].
Suites et renaissance de la Vache enragée
Le jeudi de la Mi-Carême 19 mars 1936, dans le grand cortège du Bœuf Gras défile un char de la Vache enragée.
En 1951, dans le cadre des festivités du bi-millénaire de Paris et Montmartre, Gustave Charpentier alors nonagénaire dirige 1250 exécutants interprétant devant le marché Saint Pierre à Montmartre sa cantate Le Couronnement de la Muse. Cette cantate a été composée et créée à l'occasion de la deuxième Promenade de la Vache enragée. La muse dont il est question ici est Mademoiselle Stumpp, la Muse de Montmartre, sorte de reine carnavalesque de la Vachalcade 1897[7].
Le 26 juin 2010, la Vachalcade renaît, à l'initiative de l'association Montmartre à la Une[8].
Le 25 juin 2011, la seconde Vachalcade rassemble une participation et un public plus important que pour la précédente et est un grand succès.
Ses parrains sont Christophe Salengro, le président de Groland, Flo, le Maire du Bas-Montmartre et Michou.
Iconographie
- La Vache enragée – Affiche en couleurs de Henri de Toulouse-Lautrec pour la Vachalcade[9].
- Vachalcade, la voilà !!!! la voilà !!!! – Affiche en couleurs de Henri de Toulouse-Lautrec pour la Vachalcade[9].
Notes
- Fernand Pelez, Gare voilà la Vache enragée, imprimerie Chaix, Paris 1897, affiche lithographiée en couleurs, 160 x 110 cm.
- Néologisme inventé à partir des mots cavalcade et vache.
- L'expression manger de la vache enragée est toujours en usage pour exprimer qu'on vit difficilement pécuniairement.
- Le Petit Journal, 2 mars 1892. Le même journal nous informe, le vendredi 25 mars 1892, que ce bœuf roux est ressorti la veille, à l'occasion de la Mi-Carême. Le petit enfant déguisé en Amour fait partie de la suite habituelle du Bœuf Gras.
- L'Intransigeant, 16 février 1893.
- A Montmartre, paru dans Le Matin, 20 décembre 1897, page 1, 1re et 2e colonnes. Article de Solness
- Le Couronnement de la Muse », paru dans Ric et Rac, Grand hebdomadaire pour tous, 8 juin 1935, page 2, 5e colonne. On peut lire un article de Francheville sur «
- Programme et affiche de la Vachalcade 2010.
- Estampe, 60 × 83 cm
Sources
- Presse parisienne des années 1896 et 1897.
- Dossier de presse pour une exposition, incluant la reproduction de la couverture du numéro spécial de la revue La Vache enragée pour la Vachalcade de 1897 et la photo du char de la Muse de Montmartre 1897.
- La Vachalcade 1897 vue par un témoin journaliste lyonnais.
Articles connexes
Lien externe
- Montmartre à la Une, association organisatrice depuis 2010 du renouveau de la Promenade de la Vache enragée.
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