- Vishistâdvaita
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Vishistādvaita ou Viśiṣṭādvaita[1] (du Sanskrit vishistā excellence, prééminence et advaita non dualiste) désigne traditionnellement l'une des trois principales écoles du Vedānta, fondée par Rāmānuja.
Sommaire
Histoire
Les précurseurs de cette forme de vedānta vaishnava sont les Alvars, un groupe de 11 saints, auteurs de nombreux chants dévotionnels tamouls réunis dans le Nalayirappirabandam. Pour les Alvars, la dévotion à Vishnou prime tout. Première conséquence : peu importe l'origine des castes. Mieux vaut un Shoûdra à la dévotion sincère et ardente qu'un Brahmane imbu de son savoir. Le bhakta (dévot) l'emporte sur le pandit (érudit).
Les plus célèbres Alvars se nomment :
- Nammalvar (IXe siècle), auteur du Tiruvāymoli.
- Nathamuni (XIe siècle), éditeur et commentateur de Nammalvar.
Enfin :
- Yamunacharya, le maître des vishnousites de Shriranyan. Il désigna comme successeur :
- Ramanuja, considéré comme le véritable fondateur de cette école du Vedānta.
À la suite de Ramanuja, l'école se divisa en deux branches, toujours florissantes actuellement : La branche du Nord (vadagalai) est attachée aux textes sanskrits de l'école. Principal représentant :
- Vedanta Diksita (1269/1369)
La branche du Sud (tengalai) est attachée aux textes tamouls. Principal représentant:
- Lokacharya (1264/1324)
Le Vishistadvaita offre des similitudes avec l'école Virashaiva du shivaïsme.
Doctrine
Cette forme de vedānta appelé encore non-dualisme qualifié se distingue du non-dualisme de Shankara parce qu'il admet que le Brahman soit doué d'attributs en nombre infini. Parmi ses attributs : le pouvoir de création, l'univers, les âmes individuelles (Jiva). Il s'agit donc d'une forme de vedānta théiste, d'obédience vaishnava. Dans sa perspective, l'identification de la réalité universelle (brahman) avec le seigneur suprême ishvara identifié à Vishnou s'oppose donc délibérément au vedānta de Shankaracharya, fondé sur la conception exclusive du brahman comme principe non-agissant et non-qualifié (nirguna). Ces deux courants du vedānta, celui de Shankaracharya et celui de Rāmānuja sont également non-dualistes, mais tandis que Shankara privilégie la connaissance (jñāna), pour parvenir à la délivrance (mukti), Rāmānuja affirme que la dévotion (bhakti), fondée sur l'adoration exclusive et totale du Seigneur suprême, est la plus haute forme de connaissance. Lors de la délivrance, l'âme ne se fond pas dans le brahman impersonnel, mais elle conserve son individualité en jouissant de toutes les faveurs et relations spirituelles avec le Seigneur dont elle devient en quelque sorte l'épouse soumise. Une autre différence caractéristique porte sur la réalité du monde: tandis que Shankaracharya considère la manifestation universelle comme une illusion (māyā) produite par l'ignorance (avidyā), Rāmānuja la considère comme réelle et produite par le Seigneur suprême, dont elle manifeste les qualités infinies.
Dans la tradition brahmanique, le Vishistādvaita Vedānta de Rāmānuja appartient à la lignée (ou "transmission") vishnouïte (vishnusampradaya) tandis que l'Advaita Vedānta de Shankaracharya relève de la transmission shivaïte (shivasampradaya).
Bibliographie
- Ramanuja et la mystique vishnouite (Anne-Marie Esnoul, Le Seuil, Paris,1964)
- Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues (René Guénon, G Trédaniel, Paris 1921)
- Shri Ramanuja Gita Bhasya (trad. S Adidevânanda, Sri Ramakrishna Math, Madras, 2001) (Trad. anglaise)
- The Vedanta Sutras (trad. G Thibaut, Sacred Books of the East, vol. 48, 1904) (Trad. anglaise)
- L'Absolu selon le Védanta, d' Olivier Lacombe
Notes et références
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