- Vicomté d'Aubusson
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La vicomté d'Aubusson est située dans la Marche et sera dépendante de la généralité de Moulins. Elle tire son nom de la ville d’Aubusson. Selon Alfred Leroux[1], le territoire de cette vicomté inclut la vallée supérieure de la Creuse, jusqu'aux approches de Guéret, la vallée du Thaurion et de la Vienne, ainsi que le plateau de Millevaches avec ses dépendances méridionales.
Depuis le IXe siècle, la vicomté d’Aubusson demeure plus de quatre cents ans dans le même lignage, jusqu’à ce que Raymond d'Aubusson, sans enfants, la vende au comte Hugues XI de Lusignan au désavantage de Ranulphe d’Aubusson, son frère[2]. Géraud, évêque de Cahors, écrivant en l’an 1155 à l’empereur Frédéric Barberousse pour obtenir sa mise en liberté et celle de son parent, le vicomte d’Aubusson, qui avait été fait, comme lui, prisonnier en Italie, par les gens de cet empereur, appelle le vicomte, marquis de ce pays illius terrœ marchionem[3].
La piété et la libéralité, qui en ces temps-là distinguaient fort les grands seigneurs des gens d’une condition commune, étaient dans cette maison comme des vertus héréditaires ; car, sans parler du saint évêque Turpin, si magnifique en tout ce qui regardait le culte des autels, selon le témoignage d’Adémar, et si zélé pour la gloire de Dieu qu’il rétablit plusieurs monastères ruinés, et rebâtit entièrement celui de Saint-Augustin de Limoges, où il fit refleurir la discipline monastique sous la règle de saint Benoît, les vicomtes d’Aubusson furent des seigneurs très religieux, et firent presque tous, à plusieurs églises, des donations considérables. Les abbayes de Saint-Martin de Tulle, de Saint-Pierre d’Uzerche, de Saint-Barthélémy Bénévent, sont encore des monuments authentiques de leur piété libérale. Je ne dis rien du monastère de Fontevraud, auquel Ranulphe III donna le village de Blessac lorsque sa fille en était prieure, ni du monastère même de Blessac, que Rainaud VI fonda environ l’an 1100, et où, sur la fin de ses jours, il se fit religieux[4].
Sommaire
Famille d'Aubusson
* I. Les vicomtes d'Aubusson sont peut-être issus du vicomte Foucher de Limoges (vers 838-883), vicomte de La Marche, en 860[5].
* II. Ranulphe Ier d’Aubusson (vers 872-après 934), son fils cadet[6], est établi vicomte de la Marche, en 887, par le roi Eudes Ier de France[7]. Il est cité dans une charte de l’abbaye de Bonlieu[4].
Le fils aîné de Foucher de Limoges succède à son père comme vicomte de Limoges. Un autre de ses fils, Turpin ou Turpion d’Aubusson, évêque de Limoges, ami d'Odon de Cluny qu'il persuade d'écrire une vie de Géraud d'Aurillac[8], meurt au château d’Aubusson en 944[9]. Rainaud est aussi le frère d'Aymon d’Aubusson, abbé de Saint-Martial de Limoges, lui aussi ami d’Odon de Cluny[10] et de Martin d’Aubusson, abbé de Saint-Cyprien de Poitiers[11],[7]. Ranulphe d’Aubusson est marié avec Godolinde de Turenne, fille de Gotfred II de Cahors et Godolinde de Poitiers[12],[13]. Ils sont les parents de :
* III. Rainaud Ier d'Aubusson (vers 915-après 958) est cité comme vicomte d'Aubusson, après le décès de son père et de son frère aîné, dans la charte du rétablissement de l’Abbaye Saint-Augustin de Limoges en 938. Il fait don de plusieurs manses à l'abbaye de Tulle, où son jeune fils a reçu la sépulture et des dons au monastère de Bonlieu, en 936. Rainaud est nommé aussi en 944 dans une charte de la même abbaye, conjointement avec son autre frère, Boson, abbé laïc des monastères de Roseilles en la Marche et d'Évaux[11],[7] et y est dit vicomte d'Aubusson et marquis de la Marche. Dans un acte de l’an 958, Rainald ou Rainaud, vicomte d’Aubusson, est nommé avant Boson, le marquis ou comte de la Marche[4], ce qui signifie qu'il est vraiment l'un des grands du royaume et pas le lieutenant du comte de la Marche. Rainaud d'Aubusson et sa femme, Alsinde, qu’il a épousé vers 943/945, sont les parents de :
* IV. Ranulphe II d'Aubusson (vers 955-1031), dit Cabridel[14] a une existence orageuse. Il passe sa vie, à partir de 996, en démêlés avec Archambaud de Comborn, auquel il dispute l'héritage de leur beau-frère commun, Aymar vicomte de Turenne. Ramnulfe Cabridel a épousé Aina de Turenne, l’une des filles de Bernard, vicomte de Turenne et Dode de Quercy[12], vers 985. Cabridel est d’un caractère violent et aventureux, il lui arrive plus d'une fois de tenir la campagne pour rançonner ses vassaux et ravager les monastères. Ce qui lui vaut d’être excommunié[10]. Ramnulfe Cabridel s’empare d’un château et défend celui de Turenne contre les assauts d’Archambaud de Comborn, qui a la jambe écrasée pendant ce siège, d’où son surnom de Jambe-pourrie. Cabridel est tué en 1031, au milieu d'une de ces expéditions, et enseveli dans l'abbaye Saint-Pierre d'Uzerche. Dans un concile qui se tient à cette époque à Limoges, les évêques blâment sévèrement l'abbé d'Uzerche d’avoir accordé un tombeau dans son couvent à un homme mort en pillant le peuple et sous le coup des anathèmes de l’Église[9]. L’abbé s’excuse en disant que les soldats du vicomte avaient porté son corps au monastère d’Uzerche, mais qu’il ne l’avait ni reçu ni enseveli ; qu’il n’avait point fait d’office pour lui, et qu’au contraire il avait fait reporter le corps au delà de l’eau, où les soldats eux-mêmes l’avaient enterré, sans qu’aucun des clercs y assistât[4].
* V. Ranulphe III d'Aubusson (vers 990-avant 1060) fait de nombreuses libéralités aux abbayes de Bonlieu, d’Uzerche et de Tulle. Les actes de donation constatent qu’il fait ces riches présents afin d’échapper aux censures ecclésiastiques et de racheter l’âme de son père des peines de l’autre vie[9]. Ranulphe III dans la même pensée rétablit le monastère de Roseille, détruit par ses ancêtres, et ses successeurs figureront presque tous dans des actes de donation faits au profit des abbayes de la Marche et du Limousin. Après la mort de son frère Rainaud II d'Aubusson, en 1048, il se trouve à la dédicace de l’église d’Uzerche, la même année. Il fait également un don à cette église pour le repos de l’âme de son frère et meurt avant l’an 1060[10]. Il est marié à Ainardis[15].
* VI. Rainaud III d'Aubusson (vers 1025-30 mars 1069), marié à Adélaïs d’Huriel (vers 1040-après 1097), fille d’Humbaud, seigneur d’Huriel et de Dèce de Bourbon[4]. Humbaud le Vieux, Humbaldus uriacensis veteris ou senior, est un chevalier respecté miles venerandus, dont le nom évoque une ascendance franque, qui a épousé Déa de Bourbon, ce qui lie le destin d’Huriel, à celui des Bourbons. Rainaud III d'Aubusson, son gendre, restitue le monastère de Roseilles à l’église collégiale de Saint-Yrieix-la-Perche.
* VII. Guillaume Ier d'Aubusson (vers 1060-peut-être 1106), certainement frère cadet de Ramnulfe IV d'Aubusson, ne vit pas très longtemps. Il est peut-être mort en 1106, mais après 1097, car il signe cette année-là avec sa mère une donation au prieuré Saint-Denis de La Chapelle-Aude, aux confins du Berry et du Bourbonnais. Sa femme Agnès, qui devenue veuve, devient première prieure de Tusson, monastère au diocèse de Poitiers fondé en 1112[10].
* VIII. Rainaud IV d'Aubusson fait quelques donations au monastère de Bonlieu et à celui de Bénévent. Rainaud IV après avoir fondé, en 1140, le monastère d'hommes de Blessac, près d’Aubusson, y prend l’habit religieux en présence de ses quatre fils et d’Agnès, sa mère, qui est elle-même prieure d'un couvent de l’ordre de Fontevrault et est donc morte très âgée. Blessac, enrichi par les vicomtes d’Aubusson, va renfermer depuis les tombeaux des seigneurs de cette famille[9]. Il est le mari d’Hélis de Comborn, fille d’Archambaud III de Comborn[4]. Rainaud IV d'Aubusson est mort vers 1150[12].
* IX. Rainaud V d'Aubusson , dit le Lépreux (vers 1130-1201) part très jeune aux croisades, en 1145. Pendant son voyage de retour, en 1153, il trouve en Italie son parent, Hector Géraud, évêque de Cahors. Ils voyagent ensemble et ils sont arrêtés tous deux par les ordres de l’empereur Frédéric Barberousse, qui les fait mettre en prison, bien qu’il leur eût d’abord accordé un sauf-conduit. Géraud écrit à l’empereur pour réclamer sa liberté, et celle de son cousin, qu’il qualifie de vicomte d'Aubusson, marquis de cette terre. Il se plaint dans cette lettre qu’on l’eût fait prisonnier sans motif, ainsi que plusieurs moines d’Angleterre et de France, qui ne sont pas riches, mais qui appartiennent à de nobles églises et voyageaient sous la foi de la paix ecclésiastique[9]. Il revient à Aubusson en 1157. Il fait quelques donations au monastère de Bonlieu en 1184 et en 1200[4]. Il est vicomte d’Aubusson en 1170 et se marie avant cette date avec Matabrune de Ventadour, dame en partie de Charlus-le-Pailloux, fille d’Ebles III de Ventadour, dit le troubadour et Marguerite de Turenne. C'est de Rainaud V que datent les armes de la famille, d'or à la croix ancrée de gueules, remplaçant le sceau ancien au donjon chemisé et maçonné de sable. Il finit ses jours au monastère de Blessac, après avoir pris l'habit.
* X. Wido ou Gui Ier d'Aubusson (vers 1165-vers 1194) dit Albucio, vicomte du vivant de son père Rainaud V qui est moine, fait un don à Blessac en 1179. Il est allé en Terre Sainte, en 1188 à la Troisième croisade (1188-1195). Il épouse Assalide de Comborn, fille d’Archambaud V, vicomte de Comborn de 1142 à 1151 et Jourdaine de Périgord[16]. Ils ont à leur cour Pons de Capdeuil. Gui Ier d'Aubusson fait de grands biens au monastère de Bonlieu[4].
* XI. Rainaud ou Renaud VI d'Aubusson (vers 1185- 21 octobre 1250), vicomte d’Aubusson en 1201, participe en 1218 à la croisade contre les Albigeois. Étant sur le point de partir pour la croisade, il visite l’abbaye de Bonlieu, en faveur de laquelle, il confirme tous les dons que lui et les siens avaient faits. Par acte du 4 des calendes de mai 1221, il prie son fils Guido de protéger, après sa mort, les religieux de ce monastère.
En juin 1226, le roi Louis VIII, par lettres patentes datées de Valence, le contraint à prêter hommage de son château et de sa vicomté au comte de la Marche, Hugues X de Lusignan. Ces lettres mettent un terme aux discussions qui s’étaient élevées entre Rainaud VI d’Aubusson et Hugues X de Lusignan. En 1233, Rainaud VI prête hommage au sire de Bourbon, cette fois pour les terres qu'il possède en Combraille et pour la baronnie de Chambon. Il se déclare dans un acte solennel homme-lige du sire de Bourbon, s’obligeant à le servir contre tous ceux qui peuvent vivre et mourir, excepté contre le comte de la Marche, son suzerain.
De son temps, le château d'Aubusson devient le rendez-vous des nobles et des troubadours d’Aquitaine. La vicomtesse Élis-Marguerite[17] les attire par son esprit sa beauté et le luxe de ses fêtes chevaleresques, où se réunissent quelquefois la comtesse de Montferrand, sa sœur, la belle Assalide d’Auvergne et la vicomtesse de Ventadour. Dans les poésies provençales, on conservera le souvenir de la gracieuse et noble dame d’Aubusson, que Gui d'Ussel courtise, et pour laquelle il compose plusieurs chansons, l’épouse de Rainaud VI d'Aubusson. Celui-ci meurt avant 1249[4] ou le 21 octobre 1250[12].
* XII. Gui II d'Aubusson (vers 1200-1266). Selon Pérathon, Gui II est présumé avoir assassiné un prieur de Felletin en 1222. Il est chevalier, vicomte d'Aubusson, et seigneur de Felletin dès 1225. Il a deux enfants avec Ahci ou Ahaci, dont le patronyme nous est inconnu :
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- Rainaud d'Aubusson, entré dans les ordres et devenu prévôt d'Eymoutiers, septième du nom, qu’on dit avoir vendu la vicomté d’Aubusson
- Alengarde d'Aubusson, dame de Massignat, mariée : 1°, l’an 1262, à Erric de Beaujeu, seigneur d’Hermant, qualifié par quelques auteurs de maréchal de France, mais sans preuve, et mort en 1270 ; mariée 2° à Guillaume, seigneur de La Roche d’Agou, avec lequel elle vit l’an 1290.
* XIII. Raynaud VII d'Aubusson, vicomte baron de La Borne, quelques années plus tard, vend la vicomté d’Aubusson à Hugues XI de Lusignan, comte de la Marche, et épouse, en 1275, Dauphine de La Tour, fille de Bernard, septième du nom, seigneur de La Tour d’Auvergne et de sa femme Goland. Bertrand de La Tour, chanoine de Clermont, oncle de Dauphine, lui donne, dans son testament de 1280, son château de Rota et 10.000 sols tournois de dot, le vendredi après la Purification de la sainte Vierge, en 1275 (vieux style) : le sceau de Ramnulfe est au bas de l’acte. Il fait son testament le 29 mai 1285[4].
Les Aubusson ne sont plus vicomtes. Cependant l’histoire des anciens seigneurs d’Aubusson continuera à se lier aux annales de la province, dans lesquelles ils figureront souvent comme barons de la Borne ou du Monteil-au-Vicomte. Au XVe siècle l’illustration de cette famille s’accroît de la renommée si éclatante du fameux Pierre d'Aubusson, grand maître de Rhodes, l’un des hommes de guerre les plus remarquables de son temps et qui après une vie héroïque mourra de douleurs d’avoir vu se dissoudre la ligue formée par les princes chrétiens contre l’empereur Bayezid II.
Maison de Lusignan
Notes et références
- Géographie historique du Limousin, Limoges, Ducourtieux et Gout, 1909.
- Histoire de Pierre d'Aubusson grand maistre de Rhodes - Page 24, 1739.
- Mémoires présentés par divers savants. - Page 304, France – 1863
- Nadaud, Joseph, Nobiliaire du diocèse et de la…, tome I, p.46
- Père Anselme et Aubert de la Chenaye Desbois parlent d’un d’Aubusson connu uniquement par ses enfants et pas de Foucher de Limoges Le
- Père Anselme et Aubert de la Chenaye Desbois Appelé Ramnulfe, par certains généalogistes ou historiens, dont Joseph Nadaud, mais pas par le
- Père Anselme (1625-1694), Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume..., tome 5, p.318.
- Vita Sancti Geraldi
- Histoire des villes de France, avec une introduction générale pour chaque ..., publié par Aristide Guilbert, p.176.
- Père Anselme (1625-1694), Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume..., tome 5, p.319.
- Aubert de la Chenaye Desbois, Dictionnaire de la noblesse, p. 967
- Europäisch Stammtafeln III 792
- Christian Settipani: La noblesse du midi carolingien, études sur quelques grandes familles d'Aquitaine et du Languedoc du IX° au XI° siècles.
- C'est-à-dire tête de Chevreau
- http://roglo.eu/roglo?lang=fr;i=60170 Source : Daniel de Rauglaudre
- Europaïsch Stammtafeln III 770
- Ou Marguerite
Articles connexes
- Pierre d'Aubusson
- Guy de Blanchefort
- Georges d'Aubusson de La Feuillade
- Louis d'Aubusson, duc de La Feuillade
- François III d'Aubusson, maréchal-duc de La Feuillade
Liens et documents externes
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