Ubik

Ubik
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Ubik
Auteur Philip K. Dick
Genre Roman
Version originale
Titre original Ubik
Éditeur original Doubleday
Langue originale Anglais
Pays d'origine Drapeau des États-Unis États-Unis
Date de parution originale 1969
ISBN original 978-0-57507-921-2
Version française
Traducteur Alain Dorémieux
Date de parution 1970
Nombre de pages 288


Ubik (titre original Ubik) est un roman de Philip K. Dick, écrit en 1966, publié aux États-Unis en 1969 et en France en 1970 dans une traduction d'Alain Dorémieux. Il est généralement considéré comme un classique de la science-fiction. En 2005, le magazine Time le classait parmi les 100 meilleurs romans écrits en anglais depuis 1923 ; le critique Lev Grossman a commenté ce livre comme une « histoire d'horreur existentielle profondément troublante, un cauchemar dont vous ne serez jamais sûr de vous être réveillé. »[1].

Sommaire

Le récit : ce que raconte Ubik est-il résumable ?

La situation sociale et politique : Ubik, un roman anti-capitaliste ?

La société future (de 1992) que décrit Dick (en 1966 ou 1969[2]) est celle dun monde complètement capitaliste : les vrais dirigeants ne sont pas les chefs dÉtat (remarquablement absents). Ce sont les chefs dentreprises quasiment monopolistiques. Citons-en quatre qui jouent un rôle dans le roman (attention, parfois ce rôle est un leurre !) :

  • Walt Disney, dont le portrait est reproduit sur les pièces de monnaie.
  • Stanton Mick, le magnat qui cherche à lever des capitaux gigantesques pour mettre au point un moyen de transport interstellaire complètement nouveau, permettant lémigration vers Mars : ainsi Israël pourra émigrer sur les déserts de Mars pour les fertiliser.
  • Ray Hollis entretient une sociétés de « psis », mutants permettant (à ceux qui les paient) despionner leurs concurrents grâce à leurs « talents psioniques » : télépathes, précognitifs, etc.
  • Glen Runciter emploie des « anti-psis » dont le talent est un « contre-talent » : ils annulent les talents des psis.

Ces seigneurs féodauxRunciter et Hollissont en guerre.

Tout est payant : « "Je vous poursuivrai en justice", dit la porte »

Allégeance au capitalisme. Si Runciter et ses meilleurs « psis » se rendent sur la Lune, en vue du premier « grand retournement romanesque », au mépris de tous leurs principes affichés, cest parce quon les attire avec un appât incontournable : « un gros contrat ». Quand Joe Chip, le héros (sympathique et à demi-raté) est susceptible de devenir le successeur de Runciter à la tête de lentrepriseil est assez actif et dynamique pour celail comprend quil ne le peut pas, car il est incapable de gérer sa monnaie ou de payer ses impôts à la date normale.

Résilience au capitalisme. Le capitalisme est mis systématiquement en scène par le biais dactes quotidiens : tout (tout !) est payant. Dans un appartement (un « conapt »), le contrat de location prévoit quil faut payer chaque fois quon veut ouvrir une porte, sortir du lait du réfrigérateur ou prendre une douche. Dans cette société il faut avoir les poches pleines de pièces de monnaie. Cette vie pourrait-être « kafkaïenne » (et elle lest en partie : au moment dacheter la magique poudre Ubik, Joe Chip na pas les quarante dollars nécessaires). Mais Dick aborde plutôt ce thème sous langle de la comédie satirique : ses héros savent se débrouiller dans ce monde qui serait invivable pour nous. Ses héros sont « résiliants », ainsi le raisonneur Joe Chip na jamais de pièces de dix cents pour mettre dans le monnayeur de la porte, mais : « Joe sortit un couteau en acier inoxydable (…) et entreprit systématiquement de démonter le verrou de sa porte insatiable. – Je vous poursuivrai en justice, dit la porte tandis que tombait la première vis. – Je nai jamais été poursuivi en justice par une porte », et ensuite Joe se débrouille pour faire payer ses visiteurs ; cet éternel fauché a visiblement lhabitude de taper son entourage. Quand le temps « régressera » et quun employé de 1939 refusera une pièce datée de 1940, cest calmement que Joe cherchera et trouvera dans ses poches une pièce de 1938.

La vie et la mort : Ubik, un roman métaphysique ?

Le thème de la mort, omniprésent chez Dick (voir : « Substance mort »), est montré dès le début du roman par la démarche de Glen Runciter alors aux prises avec un grave problème de gestion de sa société (le plus grand « psi » de lentreprise ennemie est devenu indétectable, ce qui ne présage rien de bon): il va consulter sa « défunte femme », alors en « semi-vie » (ou en « semi-mort » ?) pour lui demander des conseils sur la façon de réagir. Sa femme, Ella, est morte à vingt ans, il ne lui reste plus que quelques instants de semi-vie utilisable, et Runciter (qui est très vieux, mais on vit vieux dans ce temps futur) ne va la voir que tous les deux ans pour un court éveil. Ella est enfermée dans son cercueil de verre glacé et elle parle à laide dun système micro-haut parleur qui amplifie sa très faible voix de semi-vivante. Elle donne des conseils pragmatiques.

Vampirisme psychique. Quand, du haut parleur, sort la voix dun adolescent, Jory, qui interroge Runciter sur les expéditions galactiques en cours, celui-ci a une première réaction capitaliste : « Je veux ma femme, Mrs Ella Runciter ; jai payé pour lui parler ». « La proximité prolongée, expliqua (Schoenheit) von Vogelsang (le patron du Moratorium), entraine occasionnellement une osmose mutuelle, une sorte de fusion entre les mentalités des semi-vivants. (…) Si ce phénomène persiste, votre argent vous sera remboursé ». (Runciter répond :) « largent, je men fiche. (…) Si vous ne faites pas partir ce Jory (…), je vous fais un procès (…) Il vaut mieux quelle soit seule que de ne pas exister du tout. » Le grand patron Runciter est en train de passer de lidéologie capitaliste à un questionnement métaphysique. La fin du roman (non résumée ici, suspens oblige) donne limpression quen parallèle aux guerres que se livrent dans le monde réel les grands prédateurs capitalistes, il y a en coulisses (dans un univers parallèle métaphysique) une guerre autrement plus acharnée entre les forces du Bien et les forces du Mal que Dick ne suggère que par des allusions. Le génie de Dick : synthétiser toutes ces approches (politiques, religieuses, métaphysique, oniriques) en un grand roman à suspens mené à grand train.

Le point de vue du romancier : des héros subalternes schizophréniques

Dick nécrit jamais « du point de vue de Sirius », et peu du point de vue des « chefs » : ici, le seul grand personnage mis en scène, cest Runciter toujours quand « il a un problème », ce qui affaiblit sa position hiérarchique. Comme souvent chez Dick (toujours ?) le récit est principalement fait du point de vue de personnages plus ou moins subalternes (mais qui travaillent pour les chefs) avec lesquels Dick (et le lecteur) peut sidentifier. Le roman est largement écrit sous formes des dialogues de ces personnages : ce quils disent, est-ce ce que pense vraiment Dick ? Est-ce que ce sont des provocations ou des paradoxes ? Dick nous fait aussi connaître leurs pensées : cest la technique habituelle à Dick pour toujours donner le point de vue des personnages et pas (du moins pas explicitement) celui du romancier, il se sert ainsi de son thème favori : « lempathie ».

L’« anti-héros » principal est « Joe Chip », employé de la société de Runciter. Bon technicien (il « mesure » le « talent » des « anti-psis », quel métier !). Joe Chip est bien payé, mais il est complètement immature : il boit trop, il fait alors des dépenses inconsidérées et il n 'a jamais un sou. Son appartement est un taudis. Pat, la très jeune et belle mutante aux cheveux noirs[3] quon conduit chez lui pour quil effectue des mesures sur son « anti-talent » : « Je nai jamais vu un logement aussi encombré de cochonneries. Vous navez pas de maitresse ? ». Les dialogues entre ces personnages sont rapides et percutants et ils auraient pu être ceux dun film mis en scène par Woody Allen lors de sa très brillante période new-yorkaise (Annie Hall). Et Dick nous emmène (nous égare ?) sur différentes « branches temporelles » : dans lune, Joe Chip est le célibataire raté que le roman nous présente dabord ; dans une autre branche celui-ci a épousé Pat qui a mis de lordre dans sa vie. Sur quelle branche le roman va-t-il se déployer ?

Vie privée, vie publique : Dick mêle perpétuellement la vie privée de ses héros avec leur vie professionnelle. Cela fait basculer le récit dun plan à un autre, et les univers parallèles interfèrent les uns avec les autres : Joe Chip est-il, ou non, marié avec Pat ? Cette idée le perturbe : imaginer quune femme, très séduisante certes, mais autoritaire, peut changer sa vie, quel drame ! En plein drame (mort du patron), les « deux femmes » de la société, Pat et Wendy, toutes deux séduisantes mutantes dotées de talents puissants et mystérieux, prennent le temps de se disputer pour savoir qui épousera Joe Chip ; mais dans quelle strate temporelle ? Une décision « privée » de Pat na-t-elle pas une motivation plus professionnelle ? Pour qui travaille-t-elle ? Pour elle-même ? Pour un autre employeur ? Ou bien, un choix « professionnel » na-t-il pas une motivation privée, puisque ces récits semblent mélanger complètement la vie privée et la vie publique ?

Discontinuité et Univers parallèles : le retournement, principe romanesque

Quelque chose nest pas normal . Le récit passe dune branche temporelle à une autre avec des discontinuités, ce qui rend un résumé très difficile à faire. Mais cest aussi lintérêt de la lecture : il se passe toujours quelque chose dinattendu. Dick est ici au sommet de son art narratif, son imagination lui fournit perpétuellement de nouvelles idées romanesques quil télescope à grande vitesse. Le thème propre à la science-fiction des univers parallèles – qui permet de donner plusieurs versions contradictoires dune même situation – était parfaitement adapté à limagination romanesque de Dick. Rien nest décrit « objectivement », tout est suggéré par les dialogues et les pensées (parfaitement subjectives) des personnages qui sinterrogent sur ce quils vivent et qui nest pas toujours conforme à lidée quils se font de la situation : « (Joe) essaie de se rappeler, mais cela devenait brumeux, le souvenir seffaçaitUne piste temporelle différente, songea-t-il,. Le passéMa femme est un être unique ; elle peut accomplir quelque chose que personne dautre sur Terre nest capable de fairePourquoi ne travaille-t-elle pas pour Runciter Associate ? Quelque chose nest pas normal. »

Lart du conteur. Bref, Dick a beaucoup de choses à raconter, et cela en seulement 250 pages (éditions françaises). Dick ne cesse de décrire les sensations physiques et émotionnelles de ses personnages. Face à la trop belle Wendy Wright, Joe Chip perçoit son propre corps comme une machine laide et maladroite, et Dick donne une hallucinante vision schizophrénique : « A proximité delle, il se faisait leffet dun singe difforme, graisseux, suant et vulgaire, à lestomac bruyant et au souffle asthmatique. En sa présence il prenait conscience des mécanismes qui le maintenaient en vie ; à lintérieur de lui toute une machinerie, des tuyaux, des valves (…) pour accomplir une besogne inutile (…) dont lissue était condamnée. ». Il y a aussi de nombreux sous-entendus érotiques, qui sont parfois décodés, mais pas toujours. Un sommet dhumour et de choc romanesque au début du chapitre 7, le dialogue entre Pat sopposant à Wendy (concurrentes en amour ou en affaires ?), Al Hammond (le Noir « sensitif » qui sinterroge sur le rôle réel de Pat dans la récente catastrophe) et Mrs Jackson (qui fait des commentaires grivois: que de choses en quelques phrases !

Modernité du roman. Puisque des « anti-psis » peuvent modifier le passé, pourquoi ne corrigent-ils pas lhistoire du monde quand tout va mal ? Dick a alors laudace de faire discuter de cette question ses propres personnages, qui discutent en réalité de la façon dont Dick construit le scénario (particulièrement tordu) de son romanMais aussi, on ne sait jamais qui dit la vérité, qui ment, qui est qui ? Un simulacre ou un « simulateur » ? le statut du réel/artificiel et de la vérité/mensonge est toujours au cœur des scénarios de Dick. Dans une branche temporelle, Glen Runciter est mystérieusement sollicité pour mettre ses onze meilleurs employés pour débusquer les puissants psis de Hollis qui espionnent la société de Stanton Mick. Dans une autre branche, il na pas eu le contrat ; tout dépend de lhistoire que Dick veut réellement conter. Cela dit, le lecteur est constamment surpris, mais Dicken bon professionnel qui a beaucoup lu et beaucoup écrittrouve toujours un personnage qui (sur le ton de lhypothèse et de la conjecture, bien sûr !) explique ce qui vient de se passer. Mais il se passe tellement de choses, que le lecteur, ravi, est emporté dans un flot romanesque tourbillonnant. La fin du roman, quil ne faut pas dévoiler, est tout particulièrement perturbante.

Fallait-il aller sur la Lune ? Lattraction dun contrat exceptionnel entraîne Runciter, Joe Chip et leur onze meilleurs « anti-psis » disponibles sur la base lunaire privée ( tout est payant, mais on leur offre gratuitement un sac de pièces !). Ils sont attendus par leur riche client, Stanton Mick, qui se dit espionné de façon massive par les « psis » de Hollis. , les « anti-psis » racontent des choses bizarres : leurs visions, leurs rêves, leurs hallucinations, et Joe Chip fait ses mesures : il ne voit que le « champ » de ses « anti-psis ». Le corps du sarcastique Stanton Mick entre en lévitation : Joe Chip comprend que cétait une « bombe humanoïde à autodestruction. La bombe explosa ».

Retournements en série. Cest le premier grand retournement du roman, or nous ne sommes quà la page 81 du livre (édition Jai Lu, qui en compte 250), au milieu du chapitre 6. Il y aura dautres retournements. Par exemple, à la page 124 (chapitre 9), avec cette mystérieuse inscription qui donnera son nom à une célèbre biographie[4] de Dick : Je suis vivant et vous êtes morts. Entre ce deuxième retournement et le suivant (page 197, fin du chapitre 12), Dick entraîne ses lecteurs dans une vertigineuse histoire de temps qui régresse qui domine tous les « paradoxes temporels » déjà offerts par le S.-F. Et à partir du troisième grand retournement (du chapitre 13 à la fin) Dick entraîne ses lecteurs dans une série de nouveaux retournements qui se contredisent et/ou se complètent : y a-t-il un ultime prédateur qui se cache derrière ces univers déglingués ? Et peut-on résumer un tel roman ?

Commentaires : d'un retournement à l'autre

Est-il vivant ? Est-il mort ?

Les univers parallèles et les réalités selon Dick. La célébrité dUbik est largement due à la superposition de plusieurs thèmes, et chaque lecteur trouve son bien dans ceux de ces thèmes qui le touchent personnellement. Pour Dick, il sagit des différents niveaux de réalité quil perçoit réellement lui-même, à sa manière. Il y a la réalité banale, sociale et politique quil passe au crible dune critique radicale à laide de son coup dœil très acéré. Il y a la réalité de ses visions hallucinatoires qui nont pas besoin de drogues pour se développer. Il y a aussi une réalité métaphysique et religieuse supérieure. Les lecteurs français des années 1970 ont privilégié la critique politique et sociale, très présente dans ses romans des années soixante. Les lecteurs plus tardifs (américains, souvent, mais pas toujours) ont été excités par sa dernière période, la plus mystique (La Trilogie divine), et ils en ont même fait des opéras[5]. Toutes ces couches sont présentes dans tous les romans de Dick, dans toutes ses périodes, mais cest certainement dans Ubik quil joue le mieux avec ces réalités. Lutilisation systématique des univers parallèles et des strates temporelles permet une écriture romanesque à plusieurs couches, racontant des histoires différentes. Dick met en œuvre le « chat de Schrödinger » : ses héros sont-ils morts ? Sont-ils vivants ? Les deux, bien sûr.

Quand un simulacre discute avec un autre simulacre. Dans un univers parallèle, Glen Runciter est mort. Il est en « semi-vie » dans un moratorium , à côté de son épouse, il continue à diriger sa société. Dans un autre univers, il est un Dieu Démiurge qui surveille et parle en oracles sibyllins à ses employés. Dans les conversations délirantes, burlesques et déprimantes (tout ça à la fois ! chapitre 10) entre limage télévisée de Runciter (mort ou vivant ?) et Joe Chip (vivant ou mort ?), bref, entre deux simulacres, le lecteurdésorienté et ravia limpression que ces univers parallèles sont ondulés et ne cessent davoir des intersections ; le récit passe dun univers à lautre, allègrement : « Runciter a été tué dans lexplosion (dit lun) – Nous avons tous été tués dans lexplosion (affirme lautre) – Vous dites des âneries (coupe une troisième) ». Cest comme « limage de la maison (qui) était instable, elle palpitait, comme si lédifice oscillait alternativement entre la réalité concrète et une insubstantialité incertaine. » (chapitre 12). sommes-nous ? Dans un univers lon meurt si lon reste seul. personne ne voit ce que voient les autres. tout peut se passer, et son contraire.

Dans un des univers parallèle, le temps régresse. Ainsi ce que dit la très belle et très désirable Wendy : « Et nous, ça (la chaleur après lexplosion de la bombe) nous fait vieillir ? Je me sens vieille. Je suis vieille ; votre paquet de cigarette est vieux ; nous sommes tous vieux à cause de ce qui sest passé. » Dans quel sens va le temps ? : « De quand date cet annuaire ? – Il remonte à deux ans. – Cest impossible, il y a deux ans ce vaisseau nexistait pas. Tout ce qui est à bord est récent. – Runciter a peut-être fait des économies de bouts de chandelle » : Dick mêle une expérience inédite, à la fois existentielle et métaphysique, à des réflexions burlesques sur la radinerie du grand patron.

Brio narratif. Dick fait merveille dans les épisodes de discussions entre Joe Chip et ses collègues. Dans les chapitres 8 et 9, ils observent ces objets quotidiens (cigarettes desséchées, annuaires périmés, monnaie démodée, denrées putréfiées) qui vieillissent autour deux. Leur monnaie est refusée par les machines mais ils la vendent fort bien à des collectionneurs dantiquités. Eux-mêmes se sentent vieillir, la mort et le froid les menacent. Le brio du récit est jouissif, mais lémotion née de la proximité de la mort réelle des proches (mort non abstraite, comme dans trop de récits daventures) est prégnante : « À lintérieur un tas recroquevillé, déshydratéles lambeaux décomposésla chose sétait ratatinéesous la pression de sa main les membres se déployèrent, réduits à de fines extensions osseuses qui bruissaient comme du papier. La chevelure paraissait immense ; raide et emmêlée, elle voilait la face comme un nuage noir. » : qui est la nouvelle victime de cette puissance de mort qui a envahi tout lunivers et fait régresser le temps ? On retrouve ce même brio dans le chapitre 11 le groupe de neutralisateurs discute pour savoir comment calculer la date le monde a régressé et il faut repérer les manifestations de Runciter. Toutes ces histoires sont racontées dans un style rapide et serré qui nous rappelle que (malgré ce quaiment souvent écrire certains commentateurs), Dick est un habile professionnel qui sait mener tambour battant des histoires passionnantes sur des sujets complexes et tragiques. Dick était paranoïaque, et la paranoïa est une excellente source dinspiration pour fournir des scénarios génialement tordus : il faut lire les monologues de Joe Chip (chapitre 10) sur la mystérieuse « force de régression » qui est elle-même soumise à la régression !

Humour macabre : Nouveau roman ou angoisse devant la mort ?

Dans le vaste répertoire des idées romanesques percutantes de Dick, il y a un humour constant. Les lecteurs repèrent immédiatement les vêtements grotesques des personnages. Le propriétaire du moratorium suisse : « À côté se tenait un individu à lallure dun scarabée, vêtu à la mode européenne : toge de tweed, écharpe pourpre, mocassin et bonnet violet en forme dhélice davion. » Cette posture littéraire iconoclaste a été appréciée par les partisans du nouveau roman[6], pour prouver que Dick « déconstruisait » ses textes. Dans le même sens, on peut supposer que le nom du héros a été choisi à cause dun sous-entendu comique, car ses ennemis le saluent dun « Bonjour Mr Chip » (voir le lien !).

Les « petits détails qui tuent ». Joe Chip imagine son patron « Glen Runciter, debout et congelé dans un cercueil de plastique transparent orné de roses artificielles ». Humour grotesque, ou traitement par lhumour de langoisse devant la mort ? Le choix par la « figure divine » de Runciter de lutter contre la régression du temps à laide dun « atomiseur » vanté par des publicités stupides est une idée profondément originale, drôle et terrible. Mais, attention ! Le temps qui régresse na pas que des inconvénients : lusage des vieux appareils électroménagers démodés est gratuit ! Le cuir véritable du temps passé apparaît comme une vraie amélioration. Dick suggère beaucoup de choses dans ses histoires : derrière lironie, une vraie nostalgie. Mais Dick nest pas dupe. Quand on connaît les intérêts de Dick pour lhistoire, on ne sétonnera pas de se retrouver dans un monde en attente de la Seconde Guerre mondiale, avec sa technologie qui sest substituée à la technologie moderne. Et Dick samuse à présenter tout un lot de petites uchronies qui lui permettent de présenter à la fois les avantages et les inconvénients (le racisme populaire davant-guerre, par exemple[7]) de ces diverses époques.

Empathie et Religion

Dick, capable dune satire terrible contre la société il vit (et quil transpose dans les sociétés futuristes de ses romans) est à la recherche damour et de compassion. Il sattaque ostensiblement aux « machines homéostatiques » qui sont censées être au service des hommes, et qui en fait les oppriment (en leur réclamant toujours de largent). Derrière ces mécaniques, Dick vise certainement les êtres humains sans sentiments (dans Le Maître du Haut Château, ce sont les nazis). Le philosophe américain Fredric Jameson, philosophe marxistetrès passionné par Dick dans les années soixante-dix en qui il voit un auteur radicalestime que le thème de lempathie très exploité par Dick est psychologiquement faux, mais quil est cependant très efficace du point de vue romanesque[8]. Dick ne cesse de valoriser la vie en groupe : il retrouve ainsi le thème (également classique en S.F[9].) du Gestalt, ce qui correspond bien, par ailleurs, à ce quon sait de son mode de vie : Dick adorait les discussions en groupe et il transpose ce goût privé en un thème narratif efficace : seul moyen de sortir de ses angoisses intimes ? Seul moyen de sortir du traquenard narratif vivent/meurent les héros de Ubik ?

Musique et religion. Lempathie va de pair avec des thèmes religieux (chrétiens) subtilement suggérés par Dick. Selon Pat, des psis seraient capable de « donner naissance sans fécondation » (Vierge Marie). Pour Joe, Runciter « a donné sa vie pour sauver la nôtre », mais on attend sa « résurrection » au moratorium (le Christ). Les références culturelles sont fréquentes chez Dick. Ici, il sagit souvent de musique religieuse classique : Missa solemnis de Beethoven, Requiem de Verdi. On sait que Dick écoutait beaucoup de musique classique (et pas la musique pop censée accompagnée la culture hippy contemporaine de ses romans qui sont censés être eux-mêmes « psychédéliques »).

Runciter, un Démiurge gnostique ? Les références religieuses de Dick sont anciennes, et dans cette période de Ubik, sous linfluence de lévêque Pike (connu en 1965), il sintéresse aux religions gnostiques nées dans les marges du Judaïsme et du Christianisme naissant. Mais quand Dick construit ses univers parallèles qui opposent le monde « réel » (des vivants ?) et le monde « simulé » (des morts ?), une figure envahit peu à peu tout lespace. Cest celle de Runciter : son visage apparaît sur les pièces de monnaies modernes (à la place de celle de Walt Disney !), sur les publicités au dos des pochettes dallumettes (rappelons que Dick a un humour terrible), et dans des publicités télévisées particulièrement nulles. Ce visage de Runciter nous rappelle LŒil dans le ciel ou Le Dieu venu du Centaure. Il peut passer de lapparence du Dieu bon à lapparence du terrible Démiurge, le créateur du monde mauvais tel que le voient les gnostiqueset les militants politiques radicaux que Dick a aussi fréquentés. Mais derrière, ou à côté, de cette figure du Démiurge, règne peut-être une figure diabolique féminine, ou plus réellement encore une figure démoniaque sadique et irresponsable. , il est question dun authentique « Mal métaphysique ». La fin du roman (non résumée ici, suspens oblige) donne limpression quen parallèle aux guerres que se livrent (dans le monde réel) les grands prédateurs capitalistes, il y a en coulisses (dans un univers parallèle métaphysique) une guerre autrement plus acharnée entre les forces du Bien et les forces du Mal que Dick ne suggère que par des allusions. Le génie de Dick : synthétiser toutes ces approches (politiques, religieuses, métaphysique, oniriques) en un grand roman à suspens mené à grand train.

Modernité de Ubik, son authenticité

Très tôt, Dick a traité le thème très moderne du simulacre, par exemple avec Le Temps désarticulé (1959) et Simulacres (1964). Avec Ubik, il est difficile de compter les simulacres, tant il y en a : les personnages, les situations, les paysages, le temps même, tout est susceptible dêtre un simulacre. Dailleurs, toute la trame narrative du roman est elle-même un simulacre.

Leffet narratif le plus fort du roman, cest sa mise en scène du temps qui régresse. Dick le fait à sa manière : pas deffets spéciaux grandiloquents, mais des « petits faits du quotidien » qui plongent ses personnages dans des abîmes de perplexité : des cigarettes séchées, des annuaires périmées (déjà dans Le Temps désarticulé), et du lait tourné qui rend Joe furieux davoir dépensé son argent pour « une tasse de café de lan dernier ». Les univers parallèles sont suggérés par les dialogues des personnages. Ainsi lors de lattente de la « résurrection » de Runciter au moratorium : « Nous avons de la chance dêtre en vie. Cest nous, nous tous, qui pourrions être congelés la-bas. Et Runciter qui pourrait être assis dans ce salon aux couleurs loufoques. » Dans quel univers parallèle a lieu cette conversation ?

Si Ubik a tant plu aux amateurs de romans modernes dès sa sortie, cest quil répondait à plusieurs critères de la modernité. Ses thématiques narratives mêlaient inextricablement des thèmes politiques critiques et des thèmes religieux et mystiques. Aujourdhui, nous connaissons mieux la biographie de Dick[10], et nous savons que Dick avait des personnalités multiples que lui-même a mis en scène dans sa La Trilogie divine il fait se contrer « Phil Dick », « lécrivain sarcastique, et « Horselover Fat », son double mystique. Dick était bien tout à la fois un mystique et un critique du mysticisme. Les témoignages de ses proches montrent en lui un homme aimant la vie en groupe et les conversations passionnées : il adorait présenter des théories délirantes, mais on ne savait jamais si cétait pour faire rire, pour provoquer, ou pour tester une hypothèse risquée. On retrouve tout cela dans Ubik, aussi bien dans les dialogues des personnages que dans la structure du roman : il est clair que Dick met beaucoup de lui-même dans ce livre. Joe Chip, cest lui. Glen Runciter, cest lui. Les femmes, ce sont celles quil a épousées à certaines époques de sa vie et qui pouvaient être autoritaires comme Pat, ou douces comme Wendy.

La vie psychique de Dick était intense et elle débordait didées, dimages et de mots. Dick, on le sait, fonctionnait aux amphétamines[11] : pour écrire (et vendre) les nouvelles et les romans qui faisaient vivre sa famille, il écrivait énormément et très vite. On dit quen se dopant, il avait pu écrire un roman en quinze jours, sans dormir. Dick avait une prodigieuse source dinspiration : ses visions hallucinées qui occupaient son esprit et ses rêves. Un roman comme Ubik a un étonnant effet dauthenticité sur le lecteur : ce que dit Dick, malgré lextravagance des situations, est vrai, vécu, émouvant et drôle à la fois. Tout cela touche le lecteur : ces « Univers parallèles », cest bien ce qui décrit la vie intime de Dick pris entre le monde il vit et les mondes hallucinés lentraine sa psyché richement tourmentée par le monde qui lentoure (il était agoraphobe), par sa peur de la mort (on connaît lhistoire de sa sœur jumelle morte en très bas age, faute de soins ? parce que trop prématurée ?), par ses questions oppressantes sur lexistence du monde, sur lexistence de Dieu et sur la réalité de sa propre existence[12]. Quand on a lu des biographies de Dick, on se rend compte que Dick projette sa bouillonnante intériorité dans son roman et quil ne cesse de faire partager ses puissantes émotions à son lecteur. Que ce soit à propos de ses relations avec les femmes ou avec la société, ou de sa peur de la mort.

Un roman déconstructionniste ? De qui se moque Dick ? Les aventures des psis (et des anti-psis) sont des thèmes classiques à la science-fiction (motif du mutant), mais Dick se livre à un jeu comparable à ce quil dit de la vieille employée de Glen Runciter venue déranger son patron : « Elle semblait à la fois avancer et reculer, manœuvre difficile que seule Mrs Frick était capable de mener à bien. Il lui avait fallu cent ans de pratique pour y arriver. » Dick use avec virtuosité de ces thèmes classiques, mais il ironise tout autant à leurs dépens : sil ya des « psis » et des « anti-psis », pourquoi ny aurait-il pas des « anti-anti-psis » ? Sont-ils alors des psis ? Quand Joe Chip affronte un monde dominé par un temps qui régresse, les objets modernes se transforment en objets de plus en plus anciens, de moins en moins en performants, mais Dick se débrouille, avec un humour ravageur, pour montrer que la valeur nest pas obligatoirement dans la modernité. Ubik est à la fois un grand livre de science-fiction, mais aussi un grand roman « anti-science-fiction », ce qui explique peut-être sa récupération par le « mainstream ».

Dans les années soixante, un roman comme Le Dieu venu du Centaure avait été perçu comme le grand roman de la drogue (le LSD était à la mode en ces temps-). Mais Dick ne se droguait pas : ses visions ne sont pas artificielles, ce sont ses visions personnelles, authentiques[13]. Cest sans doute Ubik qui montre Dick jouant avec le plus de virtuosité littéraire avec ses perturbantes visons intimes quil transpose dans des histoires dunivers parallèles entre la Vie et la Mort, et de temps qui régresse.

La pensée : dernier rempart dans une réalité déconstruite

Dans un univers toutes les dimensions primordiales sont déconstruites, une seule entité constitue les êtres: la pensée. De Glen Runcinter, il ne subsiste plus que sa pensée qui s'entend dans le vidphone ; le moratorium et la conservation en semi-vie n'offrent que la pensée des défunts aux visiteurs. En ce sens, Ubik est une parfaite illustration de l'absolue solidité de l'assertion de René Descartes "Cogito ergo sum" du Discours de la méthode, c'est-à-dire que lorsque tout se déconstruit, la première entité à se raccrocher pour se constituer en "être" est la pensée. Que tout soit flottant, rien n'est concevable sans échange de pensée. Lorsque celle-ci vient à faire défaut, c'est toutes les dimensions qui s'en trouvent altérées. Mais la pensée n'est pas exempt d'ennemis : un Malin génie dans Méditations métaphysiques de René Descartes représenté ici par Jordy, l'entité qui perturbe tout accès à la vérité, à la pensée des individus confinés en semi-vie.

Jugements et témoignages : Importance d'Ubik

Stanislas Lem, in « Un visionnaire parmi les charlatans » : «  Les forces qui provoquent la débacle mondiale dans les livres de Dick sont tout à fait fantastiques, mais elles ne sont pas inventées pour choquer le lecteur. Nous le démontrerons en nous servant dUbik, quon peut dailleurs qualifier de grotesque, une œuvre macabre, chargée dobscurs textes allégoriques se cachant sous les apparences dune S.F. banale » (suit une longue analyse-lecture dUbik)[14].

Dans Je suis vivant et vous êtes morts, Emmanuel Carrère écrit :

  • « Quelques mois plus tôt, on lui avait envoyé la traduction allemande dun article paru dans une revue polonaise, sous la signature de Stanislas Lem, qui passait pour le grand écrivain de science-fiction du bloc socialiste ; ses livres étaient traduits dans toutes les langues ; le cinéaste Tarkovski avait tiré de son roman Solaris un film conçu comme la riposte soviétique à 2001. Or cet important personnage avait pris la peine décrire une longue analyse de la science-fiction américaine, à peu près résumable en ces termes : tous nuls, sauf Philip K. Dick. (…) Lem (…) soulignait son mauvais goût, son style pataud, ses intrigues bancales. Mais quoi, estimait-il, le fossé entre Dick et ses collègues ne pouvait se comparer quà celui séparant du Dostoievski de Crime et Chatiment la piétaille des auteurs de romans policiers. À sa façon naïve, Dick exprimait sur le monde moderne des vérités visionnaires, et cela nulle part mieux que dans Ubik  »
  • « Ces éloges (de Stanislas Lem) lavaient flatté, mais aussi troublé. Jamais, de lui-même, il naurait considéré Ubik comme lune de ses meilleures œuvres. Il se rappelait moins le livre que lhorrible époque de sa vie il lavait écrit, quand tout se désagrégeait dans son cerveau. Et voici quen lespace de quelques mois plusieurs personnes découvraient dans ce roman bâclé des abîmes de significations mystérieuses. Un de ses éditeurs français, Patrice Duvic, lui avait rendu visite à lautomne et déclaré avec solennité quil le tenait pour un des cinq livres les plus importants jamais écrits. « Wait a minute », Patrice : vous voulez dire un des cinq meilleures livres les plus importants de science-fiction…" Mais non, lautre persistait : un des cinq livres les plus importants de lhistoire humaine.[15] »

Norman Spinrad :

  • « Mais quand il sy prend habilement, comme cest indubitablement le cas dans Glissement de temps, Le Dieu venu du Centaure, Les Androïdes rêvent-ils, Ubik et quelques autres, il sait nous offrir, à partir de cette confusion métaphysique multiple et contradictoire en soi, une vision véritable, une clarté authentique qui nous illuminent au niveau le plus profond de notre vie spirituelle.[16] »

Fredric Jameson, philosophe américain :

  • « et bien sur, le cycle « métaphysique » tardif, qui comprend ses plus remarquables romans, Ubik et Le Dieu venu du Centaure. »[17].

Gérard Klein, éditeur du roman en 1970 dans sa collection Ailleurs et Demain :

  • « accueillir le chef-dœuvre de Dick, Ubik, puis dautres de ses romans qui ne lui cédèrent guère en qualité… »[18].

Boris Eizykman, philosophe postfacé par Jean-François Lyotard :

  • « Langoisse de mort est irréversiblement dépassée, la mort nexiste plus quen tant que principe de fonctionnement délié de lénergie dans un présent intensif : tout se passe comme si P. K. Dick avait écrit UBIK pour légitimer cette mutation : livre dune richesse telle quil nest pas loin doffrir tout ce que la S.-F. peut émettre en matière de configuration spatio-temporelle.…[19] »

Adaptations

Visibilité médiatique

Limportance de Ubik peut être mesurée par labondance de lutilisation de ce mot forgé par Dick (Nota - En latin, ubique signifie partout:

  • Ubik est le nom de lagence de design de Philippe Starck.
  • Ubik est aussi le titre dune émission télévisée sur la chaîne France 5 qui a emprunté son nom au livre de Dick.
  • Ubik était aussi le nom dun des groupes de la scène rennaise des années 1980, mené par le bassiste chanteur Philippe Maujard.
  • Cest également le nom dun éditeur de jeux de rôle, de jeux de cartes à collectionner et de jeu de société.
  • Il existe également un soundsystem techno nommé Ubik, qui organise des free parties dans le sud-est de la France.
  • Ubik est aussi le nom dun studio dimagerie 3D.
  • Un des membres de la God Hand issu du manga Berserk se prénomme Ubik.
  • Le jeu de rôle Retrofutur intègre le concept dUbik dans son univers et ses règles : en effet cet univers instable se délite peu à peu.
  • Ubik aurait fortement influencé le film Ouvre les yeux réalisé par Alejandro Amenábar.
  • Studio Ubik est le nom dun studio denregistrement et de post-production audiovisuelle à Bruxelles.
  • Ubik est une chanson du groupe des années 1980 Gouts de luxe en face B dOmaha Beach, basée sur le livre.

Classique de la science-fiction

Ce roman est considéré comme un grand classique de la science-fiction par de nombreux auteurs[21] :

  • En 2005, des critiques de Time Magazine lont distingué comme « lun des 100 meilleurs romans en langue anglaise depuis 1923 »[22].
  • Jean-Pierre Fontana : Sondage FontanaScience-fiction (liste parue en 2002).
  • Francis Valéry, Passeport pour les étoiles, Folio SF, 2000 : « En 1969, parait Ubik, considéré par beaucoup comme son œuvre maitresse. »
  • Critique de Laurent Queyssi dans Bifrost (mai 2000), sur le site de Noosfere : «  En 1966, Dick rédige Death of an Anti-Watcher (« Mort dun anti-guetteur »), qui paraîtra en 1969 sous le titre dUbik. Cest la France qui, comme souvent, accueillera avec le plus denthousiasme le roman lors de sa parution en 1970 chez Laffont (les fameuses couvertures argentées). « Texte phare », « chef-dœuvre », les qualificatifs ne manquent pas à propos de ce livre qui termine fréquemment numéro 1 lors des référendums demandant aux lecteurs leur roman de S-F préféré. »
  • Association Infini : Infini (1 - liste primaire) (liste parue en 1998).
  • Stan Barets, Le science-fictionnaire, Denoël, coll. « Présence du futur » (1994).
  • Lorris Murail, Les Maîtres de la science-fiction, Bordas, coll. « Compacts » (1993: « Lapothéose du jeu sur le réel. Pour beaucoup le chef-dœuvre de Dick et lun des points culminants de la science-fiction. » (p. 213).
  • Jean-Bernard Oms : Top 100, enquête du Fanzine Carnage mondain auprès de ses lecteurs (liste parue dans son N° 28, juin 1989).
  • Science-fiction. La bibliothèque idéale, Albin Michel (1988).
  • Denis Guiot & Jean-Pierre Andrevon & George W. Barlow, La Science-fiction, Massin, coll. « Le monde de… » (1987) ; dans la rubrique Hit-Parade, daprès un sondage auprès dune soixantaine de personnalités de la science-fiction française, Dick est classé 1er auteur (« Le score fracassant de Dick reflète bien la fascination que son œuvre exerce sur la S.-F. française) », et Ubik 1er roman (p. 115).
  • Bibliothèque idéale et critique du webzine Cafard cosmique.
  • Jean Gattegno : La Science-fiction, collection Que sais-je ? Presses universitaires de France, (1983).
  • Annick Beguin, Les 100 principaux titres de la science-fiction, liste publiée par Annick Béguin, qui tenait la librairie spécialisée "Cosmos 2000", 1981.
  • Jacques Sadoul, Anthologie de la littérature de science-fiction, Ramsay (1981).
  • Jacques Sadoul, Histoire de science-fiction, Albin Michel (1973): « Nous commençons lannée 1969 avec un excellent roman de Philip K. Dick, Ubik. » (p. 293).

Notes et références

  1. (en) Grossman, Lev. "UbikAll-Time 100 Novels". Time.
  2. Il est admis que ce roman paru en 1969 a été écrit en 1966. Voir la bibliographie de Dick sur le Wikipédia anglais. Rappelons que c'est en 1965 que Dich avait fait la connaissance de l'évêque dissident épiscopalien Pike qui allait l'initier à la gnose.
  3. Le thème de La Fille aux cheveux noirs est si prégnant chez Dick, que lon a donné ce titre à sa correspondance avec des jeunes femmes, Folio SF, 2004, traduction de Gilles Goulet, préface de Norman Spinrad. Cest un indice sur le fait que Dick met certainement beaucoup de sa vie privée dans les rapports de Joe Chip avec les personnages féminins.
  4. par Emmanuel Carrère, voir la bibliographie critique.
  5. Tod Machover, Valis, adapté de Siva, créé par lIRCAM au Centre Georges Pompidou en 1987
  6. Voir par exemple larticle de Peter Fitting, « Orientations actuelles de la science-fiction », Études littéraires, vol. 7, n° 1, 1974, p. 6195. Une analyse dUbik y voisine avec eds références à Jean Ricardou.
  7. Philip Roth avait-il lu Le Maître du Haut Château et le chapitre 11 dUbik quand il a écrit Le Complot contre lAmérique ?
  8. Fredric Jameson, Penser avec la science-fiction, Max Milo, 2000, chapitre 4, « Histoire et salvation chez Philip K. Dick », p6465 : « En effet, il nous faut admirer lhabileté imaginative avec laquelle Dick négocie le thème totalement creux de lempathie pour en faire une nouvelle religion. ».
  9. Voir Les Plus quhumains de Theodore Sturgeon
  10. Voir la biographie classique de Lawrence Sutin, Invasions divines, la biographie plus succincte de Jeff Wagner, Dans le monde quil décrivait : la vie de Philip K. Dick et la biographie romancée dEmmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes morts. Voir la bibliographie critique
  11. Voir le témoignage de Norman Spinrad dans Regards sur Philip K. Dick - Le Kalédickoscope, dirigé par Hélène Collon, (Encrage, 1992).
  12. Un grand commentateur français de Dick a été Marcel Thaon, traducteur et préfacier de Dick, auteur dune thèse intitulée : Essai psychanalytique sur la création littéraire, processus et fonction de lécriture chez un auteur de science-fiction : le cas de Philip K. Dick (1981). Dautres auteurs ont fait des études psychiatriques de lœuvre de Dick.
  13. Dans le témoignage déjà cité, Norman Spinrad sinterroge sur le rôle des amphétamines dans son fonctionnement décrivain. La littérature française du XXe siècle connait aussi des écrivains célèbres fonctionnant aux amphétamines : Jean-Paul Sartre et Françoise Sagan.
  14. Stanislas Lem : « Un visionnaire parmi les charlatans » in Spécial Philip K. Dick, Revue Science-Fiction, N° 7/8 (Denoel, 1986), éditorial de Daniel Riche, et des textes, en particulier par Thomas M. Disch, Patrice Duvic, Roger Zelazny.
  15. Emmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes morts, biographie romancée de Philip K. Dick, éditions du Seuil, 1993, p.264265.
  16. Norman Spinrad : « La transmutation de Philip K. Dick » in Regards sur Philip K. Dick - Le Kalédickoscope, dirigé par Hélène Collon, (Encrage, 1992), avec, en particulier, des textes de Brian W. Aldiss et Jacques Chambon.
  17. Fredric Jameson, Penser avec la science-fiction, Max Milo, 2008, p. 37.
  18. Ailleurs et Demain a vingt ans, préface de Gérard Klein, Robert Laffont, 1990, p. 16.
  19. Boris Eizykman, Science-fiction et capitalismeCritique de la position de désir de la science, Postface de J.-F. Lyotard, coll. Repères, Mame, 1973, p.152.
  20. Michel Gondry va adapter Philip K. Dick
  21. Voir principalement des listes sur le site Top des Tops et également sur le Site Noosfere.
  22. www.time.com

Voir aussi

Bibliographie critique

  • Jacques Chambon, Ubik de Dick : un univers-panik, article parue dans la revue Fiction, juin 1971. Pour rendre compte du livre, J. Chambon nécrit pas une critique au sens propre, mais une brillante chronique de « lexpérience de lecture » quil vient de vivre.
  • Boris Eizykman, Science-fiction et capitalismeCritique de la position de désir de la science, Postface de J.-F. Lyotard, coll. Repères, Mame, 1973. Ubik est analysé p. 152153.
  • Spécial Philip K. Dick, Revue Science-Fiction, no 78 (Denoel, 1986), éditorial de Daniel Riche, et des textes, en particulier par Thomas M. Disch, Patrice Duvic, Roger Zelazny, et surtout le très important « Un visionnaire parmi les charlatans » de Stanislas Lem. En outre, paraît la première édition française de Dans le monde quil décrivait : la vie de Philip K. Dick, par Jeff Wagner.
  • Regards sur Philip K. DickLe Kalédickoscope, dirigé par Hélène Collon, (Encrage, 1992), avec, en particulier, des textes de Norman Spinrad, Brian W. Aldiss, Jacques Chambon et la deuxième édition française de Dans le monde quil décrivait : la vie de Philip K. Dick, par Jeff Wagner.
  • Emmanuel Carrère, Je suis vivant et vous êtes morts, biographie romancée de Philip K. Dick, éditions du Seuil, 1993. La lecture dUbik occupe les pages 186 à 197.
  • Jacques Goimard, Une mort, une vie, préface à Substance rêve. Biographie donnant des clefs anthropologiques et psychanalytiques utiles pour la compréhension des « univers parallèles psychiques » de Dick.
  • Fredric Jameson, Penser avec la science-fiction, Max Milo, 2008. Sur Ubik p. 32.

Lien externe


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