Je suis vivant et vous êtes morts

Je suis vivant et vous êtes morts est une biographie romancée de Philip K. Dick par Emmanuel Carrère. Elle est parue en 1993.

Présentation

• En 1993, Emmanuel Carrère, qui a été critique de cinéma, a déjà publié plusieurs livres qui relèvent du fantastique, et un essai sur le genre uchronie, Le détroit de Behring. Avec Je suis vivant et vous êtes morts il écrit une biographie de Philip K. Dick qui mêle étroitement la vie et l'œuvre du grand romancier de science-fiction.
• Ainsi, quand Emmanuel Carrère conte comment Dick écrit ses livres, on voit le romancier californien entrelacer divers matériaux. D'abord, ses visions propres, qui sont issues tout particulièrement des souvenirs de sa petite enfance : le récit de sa sœur jumelle morte en bas-âge, la vue de son père avec un masque à gaz avant le divorce de ses parents, l'influence d'une mère abusivement puritaine. Et aussi sa vie privée avec ses épouses successives, dont certaines n'étaient pas des modèles d'équilibres, chaque épouse participant à un mode de vie spécifique à différentes « périodes » : période intellectuelle, période bohème, période bourgeoise, période artiste, période hippy, période junky, période mystique. Enfin, il y la façon propre à Dick de tout réécrire, aussi bien cette vie privée (passée, présente ... et même future) que l'histoire des États-Unis et du monde d'après le seconde guerre mondiale et de la Guerre froide. Le destin de Dick était donc bien d'écrire de la science-fiction, avec ses univers parallèles, malgré son fort désir d'écrire des romans de littérature générale. Ceux-ci étaient tous refusés, alors que Dick vendait toujours (pas cher, il est vrai) ses nombreuses nouvelles et ses romans de science-fiction.
• Il est souvent difficile de voir quand Emmanuel Carrère décrit la « vraie » vie de Dick^[1], quand il suggère sa vie rêvée, ou quand il invente franchement à partir de pages écrites par Dick dans ses propres romans et qu'un lecteur attentif peut considérer comme des fragments autobiographiques. Certains passages du livre de Carrère sont particulièrement hallucinés : les monologues intérieurs de Dick, surtout pendant ses périodes « junky » et mystique. On y voit Dick s'interroger sur la surveillance dont il se croit l'objet (paranoïa ou effet de la persécution par le FBI ?), et sur sa propre identité : est-il un homme ou un simulacre, un androïde programmé par des forces obscures ? un prophète manipulé par un démiurge ? par un envoyé de Dieu ? Là, on a le sentiment que Carrère écrit un « roman dont Dick est le héros », et on peut penser que le « dédoublement de personnalité ». « Horselover Fat » / Phil Dick dont on a des témoignages dans La Trilogie divine l'a tout particulièrement fasciné.
• Emmanuel Carrère est un authentique écrivain qui s'est plongé dans la vie et l'œuvre de Dick, et il donne des lectures très fortes d'un certain nombre de nouvelles et de romans importants de celui-ci (le fait qu'il ne cite même pas les titres d'un bon nombre de romans est un indice sur ses choix). Ces lectures — souvent personnelles — vont au-delà des simples critiques sur :
  • Le père truqué (nouvelle)
  • Le Temps désarticulé
  • Le Maître du Haut Château
  • Les Clans de la Lune alphane
  • Glissement de temps sur Mars
  • En attendant l'année dernière
  • Le Dieu venu du Centaure
  • Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?
  • La Foi de nos pères (nouvelle pour Dangereuses visions).
  • La Vérité avant-dernière
  • Ubik
  • Au bout du labyrinthe
  • Coulez mes larmes, dit le policier
  • Substance mort
  • Exégèse
  • La Trilogie divine
    • Siva
    • L'Invasion divine
    • La Transmigration de Timothy Archer

Références

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