- Traité de Vereeniging
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Le traité de Vereeniging est un traité négocié en 1902 à Vereeniging (mais signé à Pretoria), qui consacra la fin de la seconde Guerre des Boers. Le traité fut signé le 31 mai 1902. Bien que principalement à l'avantage des Britanniques car consacrant l'annexion des deux républiques boers, cette annexion se fit selon des termes négociés.
Les signataires pour l'Empire britannique furent le Général Lord Kitchener of Khartoum, Commandant en Chef des forces britanniques, et Lord Milner, Haut Commissaire de la Colonie du Cap.
Les signataires pour la République sud-africaine du Transvaal furent S.W. Burger, F.W. Reitz, Louis Botha, J.H. de la Rey, L.J. Meyer, et J.C. Krogh.
Les signataires pour l'État libre d'Orange furent W.J.C. Brebner, C.R. de Wet, J.B.M. Hertzog, et C.H. Olivier.
Sommaire
La Seconde Guerre des Boers
Article principal : Seconde Guerre des Boers.Les Boers, des colons néerlandais, allemands et français installés au Cap depuis le XVIIe siècle sous administration de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, avaient progressivement colonisé l'intérieur des terres suite au Grand Trek de 1835 à 1840. Ils souhaitaient s'affranchir de l'influence de la Grande-Bretagne, qui occupait la colonie depuis 1806. À la fin du XIXe siècle, les Boers s'étaient organisés en deux républiques, le Transvaal et l'État libre d'Orange.
Une première tentative d'annexion du Transvaal suite à la situation proche de la banqueroute de la république tourna court, les Boers emportant une franche victoire sur les Britanniques à l'issue de la Première Guerre des Boers en 1881.
La problématique des droits des uitlanders du Transvaal, majoritaires dans le pays mais aux droits civiques limités, fut formellement à l'origine de la Seconde Guerre des Boers. Sous l'impulsion de Cecil Rhodes, l'Empire britannique souhaitait surtout étendre son influence sur l'Afrique australe et bénéficier des ressources minières des deux républiques indépendantes. La tension alla croissant suite à la tentative de putsch du Raid Jameson début 1896.
La Seconde Guerre des Boers débuta le 11 octobre 1899. Suite aux provocations britanniques et sentant la guerre inéluctable, les Boers prirent l'initiative d'envahir les colonies du Cap et du Natal. Ils mirent rapidement le siège autour des villes de Dundee (que les Britanniques abandonnèrent rapidement), Ladysmith, Kimberley et Mafeking. Mals préparés et en sous-effectif, les Britanniques subirent de cinglantes défaites alors qu'ils tentaient de lever les sièges, dont celles de la Semaine noire (batailles de Stormberg, Magersfontein et Colenso) en décembre 1899, et de la bataille de Spion Kop en janvier 1900. Les renforts britanniques, sous commandement désormais de Lord Roberts et d'Horatio Kitchener, arrivèrent peu après. Les assiégés tinrent bon, et les villes furent progressivement libérées de février à mai 1900.
Les Britanniques progressèrent rapidement vers l'est suite à la victoire de la bataille de Paardeberg. Bloemfontein, la capitale de l'État libre d'Orange, est prise le 13 mars. Pretoria, la capitale du Transvaal, sera capturée le 5 juin.
Lord Roberts, pensant la guerre quasi-terminée avec la prise des deux capitales, déclara l'annexion de l'État libre d'Orange le 28 mai, et celle du Transvaal le 25 octobre. Mais les Boers, conscients de leurs faiblesses dans des batailles rangées étant donné leur infériorité numérique, décidèrent de changer leurs tactiques et de mener une guerre faites de guérillas dans les territoires occupés et de raids sur les colonies britanniques voisines, en particulier les vastes terres de la Colonie du Cap.
La guerre ne se limitera pas aux quelques mois qu'auront pris la capture des villes principales des deux républiques boers.
Les négociations de Middelburg
Lord Kitchener est nommé le 29 novembre 1900 commandant en chef pour les opérations contre les Boers, Lord Robert rentrant en Grande-Bretagne. Suite notamment aux revers britanniques lors des batailles de Leliefontein le 7 novembre et de Nooitgedacht le 13 décembre, il pressent une guerre qui pourrait s'éterniser malgré la suprématie numérique de son armée.
Dès le 28 février 1901, Herbert Kitchener rencontre Louis Botha à Middelburg afin de proposer aux Boers d'envisager les termes d'une paix négociée[1]. Ces discussions seront concrétisées par l'envoi de Kitchener à Botha d'une lettre le 7 mars, connue sous le nom de Proposition de Middelburg. Louis Botha et les Transvaaliens se montrèrent les plus favorables, alors que les Orangistes, plus "ruraux" et fondamentalistes, se montrèrent plus intransigeants, ce qui conduisit au refus des propositions présentées. Alfred Milner n'était pas non plus favorable à une telle issue.
Les négociations de Vereeniging
Malgré leur éclatante victoire à la Bataille de Tweebosch le 7 mars 1902, les Boers arrivèrent à la conclusion que leur résistance ne pouvait aboutir à une victoire, et finirent par se résoudre à envisager une soumission négociée. Les négociations débutèrent le 11 avril 1902 (le jour même de la défaite boer de Rooiwal) avec l'arrivée à Pretoria d'un train spécial embarquant une délégation boer de 6 hommes, dont faisaient notamment partie Schalk Burger, Louis Botha et Jan Smuts pour le Transvaal, Marthin Steyn et Christiaan de Wet pour l'État libre d'Orange[2].
Milner et Kitchener rencontrèrent les dix délégués boers présents le 14 avril. Les premières instructions du gouvernement de Londres furent reçues par télégraphe le 16 avril : les propositions de Middelburg devaient servir de cadre aux négociations, et les seules concessions envisageables relevaient de conditions d'amnistie. Informés le lendemain, les délégués boers demandèrent un armistice complet et l'envoi d'une délégation au Royaume-Uni pour mener les négociations. Kitchener refusa catégoriquement, mais autorisa un armistice local afin de permettre les communications entre les combattants boers et leurs délégués. La discussion se termina sur un désaccord quant à l'ampleur de la consultation qui devait être menée auprès des boers : seuls les combattants, ou également prisonniers et Boers déjà acquis à l'autorité britannique[3]? Il fut finalement décidé que toutes les parties se reverraient le 15 mai à Vereeniging et que les boers enverraient 2 délégués pour chaque force existante sur le terrain[4]. Les dirigeants boers retournèrent dans le veld, et Milner réintégra Le Cap.
Les dissensions avaient cours dans les deux camps : d'une part les Boers pacifiés commençaient à voir les bénéfices de la reconstruction qui avait suivi les politiques brutales de terre brûlée menée de 1900 à 1901, et si la lassitude gagnait les quelques derniers 20 000 combattants (les Britanniques les estimaient à 12 000), certains considéraient qu'ils pouvaient encore tenir tête aux Britanniques pendant des années. La mortalité dans les camps avait par ailleurs grandement baissé suite à l'envoi de spécialistes en hygiène. Une politique d'éducation systématique, plus développée que précédemment, avait par ailleurs été initiée[5]. La faim aidant, les confrontations meurtrières avec les tribus africaines devenaient par ailleurs de plus en plus nombreuses[6]. D'autre part, au pragmatisme de Kitchener s'opposait la ligne dure et intransigeante de Milner[7].
Les 36 délégués boers se choisirent 5 hommes pour les négociations de Vereeniging : Koos de la Rey, Louis Botha et Jan Smuts pour le Transvaal, James B. Hertzog et Christiaan de Wet pour l'État libre d'Orange. Leur mandat restait limité, de même que pour les négociateurs britanniques, un accord devant être le cas échéant ratifié par les délégués et le Gouvernement de Londres[8].
Les Boers proposèrent d'abord une partition du territoire sous protectorat pour l'essentiel et sous administration coloniale pour certaines parties du Rand et du Swaziland. Cela n'était pas envisageable pour les Britanniques, et une discussion fut entamée en petit comité entre d'une part Smuts, et d'autre part Milner et Kitchener. Il en résultat un retour aux termes des négociations de Middelburg. Par ailleurs, les dirigeants boers seraient considérés comme agissant pour le 'Gouvernement de la République d'Afrique du Sud' et le 'Gouvernement de l'État libre d'Orange' (formellement abolis par les Britanniques depuis 2 années), contre une reconnaissance formelle de la souveraineté d'Édouard VII sur les territoires et par leurs habitants. Smuts protesta violemment, mais les négociations continuèrent sur cette base[9].
Trois modifications importantes par rapport aux propositions de Middelburg furent finalement acquises aux Boers. Une amnistie conditionnelle fut dorénavant envisagée pour les Boers rebelles établis dans les colonies britanniques, essentiellement la Colonie du Cap. Ensuite, l'extension des droits aux noirs ne devait pas pouvoir être envisagée avant que les deux républiques ne puisse bénéficier de l'auto-gouvernance. Enfin, l'assistance financière britannique devait être considérablement revue à la hausse[9].
L'accord proposé fut envoyé le 22 mai par cable au Secrétaire des Colonie à Londres, Joseph Chamberlain. Celui-ci fut âprement discuté, en particulier les clauses liées à l'amnistie, les termes de l'autogouvernance et leurs conséquences sur les droits des noirs, ainsi que les compensations financières. Le texte fut cependant accepté en l'état, et l'accord câblé le 27 mai. Les Boers devaient désormais se prononcer sur ce texte par un 'oui' ou un 'non'[10].
Le vote final intervint le 31 mai vers 14h00.
Les partisans de la Paix de Kitchener votèrent une motion comprenant les points pour lesquels ils estimaient devoir accepter cette paix :
- la famine des femmes et des enfants ;
- leur détention en camps de concentration ;
- le manque de moyens pour continuer la guerre ;
- les combats avec les africains ;
- la proclamation de confiscation des terres des rebelles par Kitchener le 7 août 1901;
- l'impossibilité de garder des prisonniers britanniques.
Botha et les Transvaaliens tentèrent ensuite d'aller convaincre les Smuts et les Orangistes d'accepter cette paix, et parvinrent à les rallier à leur cause.
Parmi les 60 délégués présents, 54 votèrent 'oui' et 6 'non'. Passée l'émotion, les représentants des deux gouvernement prirent le train pour signer la paix au quartier général britannique de Melrose House à Pretoria.
Kitchener brisa le silence qui suivit la signature du traité par « Nous sommes désormais de bons amis »[11].
Termes du traité
Ce traité consacra la fin des hostilités et la reddition de toutes les forces armées boers aux Britanniques, avec remise de l'armement. Un promesse d'autogouvernance des deux républiques fut également donnée, en tant que colonies de l'Empire britannique. Les deux républiques boers convinrent de se soumettre à la souveraineté britannique sous les dix conditions suivantes :
- dépôt des armes par les citoyens boers et soumission à l'autorité britannique;
- retour au pays des prisonniers boers moyennant déclaration d'allégeance à la couronne britannique;
- respect de la liberté et de la propriété pour ces citoyens boers;
- pas de poursuites contre ces citoyens boers, à part pour des actes répréhensibles et réputés hors des traditions de guerre, et qui seront susceptibles de Cour martiale;
- autorisation de l'utilisation du néerlandais (plus tard l'Afrikaans) dans les écoles et devant les tribunaux.
- autorisation de port d'arme par les citoyens boers moyennant autorisation;
- instauration à terme d'un gouvernement civil au Transvaal et dans l'État libre d'Orange, ainsi qu'instauration de la représentation et à terme l'auto-gouvernance (garantie en 1906 pour le Transvaal et 1907 pour l'Orange).
- pas de discussions concernant les droits des natifs (noirs) avant que l'auto-gouvernance ait été donnée (chose qui n'aboutit qu'en 1994).
- pas de taxe sur la propriété imposée aux citoyens boers;
- instauration de commissions, avec une représentativité des citoyens boers, permettant la restauration des Boers dans leur droits de propriétés et éventuelles indemnisations suite à la guerre (3 000 000 £ seront alloués aux citoyens boers, ainsi qu'un accès à des prêts à conditions avantageuses).
Peu après que l'auto-gouvernance eut été accordée aux colonies boers, l'Union d'Afrique du Sud fut fondée le 31 mai 1910. L'Union parvint à une complète indépendance après la conférence impériale de 1926 et le statut de Westminster en 1931. Le pays devint une république en 1961.
Louis Botha sera le Premier ministre de l'Union en 1910. Tous les chefs de gouvernement de l'Union jusqu'à la fin de l'apartheid seront des Afrikaners, qui seront toujours plus nombreux que les descendants des colons britanniques.
Sources
- Pakenham, Thomas. The Boer War Johannesburg & Cape Town: Jonathan Ball Publishers, 1997 (2nd edition). ISBN 1-86842-037-X
- The Peace Negotiations between the Governments of the South African Republic and the Orange Free State, and the Representatives of the British Government, disponible dans le Projet Gutenberg.
- The Great Boer War, Sir Arthur Conan Doyle, originellement publié en 1902; publié par IndyPublish.com en 2002, ISBN 1-4043-0472-X
Notes
- Pakenham, p 487
- Pakenham, p 549-551
- Pakenham, p 552
- Conan Doyle
- Pakenham, p 554
- Pakenham, p 566
- Pakenham, p 553
- Pakenham, p 562
- Pakenham, p 563
- Pakenham, p 565
- Pakenham, p 569
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