Theravāda

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Bouddhisme theravāda

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Le bouddhisme théravāda, en pāli theravāda (« doctrine des Anciens »), en chinois simplifié 上座部佛教 « shàngzuòbù fójiào » (« bouddhisme du siège d'honneur »), en sanskrit sthaviravāda, est la forme de bouddhisme dominante en Asie du Sud et du Sud-Est (Sri Lanka, Thaïlande, Cambodge, Myanmar, Laos, parties du Vietnam), parmi les Chinois d’Indonésie et de Malaisie ainsi que chez certaines ethnies du sud-ouest de la Chine. Son implantation en Occident est plus récente que celle des courants zen ou vajrayāna.

Il est l’héritier de la doctrine originelle du Bouddha Shākyamouni. À cet égard, il est apparenté aux courants définis comme hinayāna par le bouddhisme mahāyāna apparu au début de l’ère commune. Le hīnayāna est une notion proprement mahayaniste. Hinayāna et theravāda sont des termes souvent employés à tort l’un pour l’autre, malgré les objections de nombreux pratiquants du theravāda. La « doctrine des Anciens » s'appuie sur un canon rédigé en pāli nommé Triple corbeille ou Tipitaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies par ses contemporains et retranscrites quelques siècles plus tard.

Sommaire

Histoire

Le terme sthaviravāda apparait tôt dans l’histoire du bouddhisme. Il désigne un ensemble de moines opposés aux réformes proposées par un autre groupe de pratiquants nommé mahasanghika, « grande assemblée », probablement en raison du nombre élevé de ses membres ou peut être pour se démarquer par rapport au bouddhisme originel. Il est difficile néanmoins de déterminer la date exacte à laquelle ils s’opposèrent, car selon les sources il peut s’agir du premier, deuxième ou troisième concile bouddhique, soit de quelques mois à trois cents ans après la mort du Bouddha. D’autre part, les sthaviravādin mentionnés dans l’histoire des conciles bouddhiques ne sont pas forcément les ancêtres directs des theravâdin actuels, même s’ils partagent une appellation similaire et ont en commun l’attachement au enseignements des origines.

De même, les dates données pour la rédaction du canon pali varient selon les traditions, les périodes proposées s’étendant du premier concile au premier siècle av. J.-C. Cette dernière hypothèse est en général retenue par les historiens modernes pour les premiers textes du Sutta Pitaka et du Vinaya Pitaka, l’Abhidhamma Pitaka étant sans doute plus tardif.

Ce qui semble certain, c’est que l'empereur Ashoka (273-232 av. J.-C.) contribua grandement à la diffusion du bouddhisme en général et du theravâda en particulier, puisque l’histoire de cette tradition commence avec l’implantation de la doctrine à Sri Lanka pendant et juste après son règne. Apparu vers le début de l’ère commune, le mahâyâna se répandit lui aussi largement en Asie du Sud, mais s’effaça progressivement entre les VIIe et XIVe siècles suivant l’expansion de l’islam et la « reconquête » du monde indien par l’hindouisme.

À partir du XIe siècle, Sri Lanka, terre theravâda, devint la source principale de l’influence bouddhiste en Asie du Sud. Les Môns également, installés principalement en Birmanie et dont l'archéologie révèle la présence ancienne dans certaines parties de Thaïlande et du Laos, ont pu jouer un rôle dans sa transmission car on sait qu'ils l'adoptèrent longtemps avant les autres, bien que la date exacte soit incertaine. L’empereur birman Anawrahta (1044–1077) introduisit officiellement le bouddhisme des anciens dans son pays, et de nombreux temples furent construits à Pagan entre le XIe et le XIIIe siècle. Le theravâda fut également introduit vers 1260 dans le royaume Thaï de Sukhothaï où il vit son influence grandir durant la période d’Ayutthaya (XIVe siècle-XVIIIe siècle). La doctrine des anciens continua sa progression vers le Laos et le Cambodge au XIIIe siècle. Plus récemment, on constate depuis le milieu du XXe siècle une résurgence du bouddhisme, dans laquelle le theravâda occupe une place importante, chez les Malais et Indonésiens d'origine chinoise.

Philosophie

La doctrine du theravâda explique comment accéder soi-même à la délivrance en devenant un arahant (personne délivrée parce qu'elle a suivi la voie enseignée par le Bouddha sans bénéficier de l'omniscience), un bodhisattva (personne qui cherche absolument à devenir un bouddha pour enseigner en pratiquant les vertus dites pāramita) ou un sambuddha (« bouddha parfait », personne qui, possédant une compréhension parfaite des enseignements du Bouddha, accède à l'éveil et peut enseigner).

Elle rejette catégoriquement l'idée d'un dieu créateur et tout puissant, ainsi que l'idée d'un salut obtenu par la seule dévotion et le culte des reliques. En effet d'après le canon pāli, le Bouddha aurait dit : « On est son propre refuge, qui d'autre pourrait être le refuge » (Dhammapada, XII, 4). Cela signifie qu'on ne peut attendre de personne l'obtention de l'illumination, il faut chercher en soi-même la vérité et pour atteindre ce but suivre le noble sentier octuple.

Praxis

Vies du laïc et du moine

Pour la doctrine des anciens, le meilleur moyen d'accéder au salut est d'adopter le mode de vie monastique, mais il demeure toutefois accessible à tous. Elle s'adresse donc principalement aux hommes et aux femmes qui renoncent à la vie laïque, elle ne divinise pas le Bouddha et ne croit pas en l'intercession au moyen de bodhisattva sauveurs.

Néanmoins, dans les formes populaires de theravâda, au Sri Lanka comme au Cambodge, le Bouddha est l'objet d'une vénération proche de celle d'un dieu, il y a donc une distinction entre le culte populaire et les spéculations monastiques.

Les tenants du mahâyâna qualifient parfois - à tort - d'égoïste la pratique du theravâda (et du hinayana en général). Cette opinion s'appuie sur des considérations sotériologiques : alors que le but du pratiquant mahâyâna, moine ou laïc, est de devenir bodhisattva pour sauver tous les êtres, le pratiquant theravâda se concentre sur son propre salut, abandonnant les efforts en direction du salut universel à Maitreya, le prochain bouddha. Cependant, le theravâda prône l'amour universel envers toutes les créatures. De plus, ses pratiquants estiment que devenir bodhisattva n'est possible qu'à de très rares personnes, il est donc plus efficace de viser la libération individuelle pour être en mesure d'aider les autres à en faire autant.

Méditation

La Méditation theravâdin inclut deux pratiques : samatha bhavana et vipassana bhavana.

Samatha, le développement de la tranquillité, mène à l'atteinte des jhanas, de profonds niveaux de concentration. Elle vise également le développement de la bienveillance, de la compassion, du détachement. Ainsi, Metta est le développement d'un sentiment d'amour détaché envers chaque être. Anapanasati est la concentration basée sur la respiration. Anapasati est cependant parfois employée en vue de la pratique de vipassana.

Vipassana bhavana, la pratique formelle d'une introspection, est parfois décrite selon un ensemble de 18 contemplations, comme la contemplation de l'impermanence. Elle mène à la réalisation de l'état d'arahant.

Réalisation

Selon le theravâda, le pratiquant peut atteindre quatre niveaux de réalisation spirituelle :

  • Le sotapanna, premier des êtres nobles, ne renaîtra plus dans les mondes inférieurs, et renaîtra au maximum six fois dans le monde des hommes (ce qui représente donc sept vies au maximum).
  • Le sakadagami renaîtra tout au plus une seule fois dans le monde des hommes.
  • L'anagami ne renaîtra plus que comme deva, et atteindra alors le nibbâna.
  • L'arahanta, ayant atteint le but, s'est définitivement libéré du cycle des renaissances.

Fêtes et pratiques

  • Asalha (commémoration du premier sermon du bouddha)
  • Vesak (commémoration de la naissance, de l'éveil et de la mort du bouddha)
  • Uposatha (réaffirmation régulière de la dévotion au dharma et récitation des règles monastiques)
  • Vassa (retraite annuelle de la saison de la pluie)
  • Kathina (offrande annuelle de tissu par les laïcs et confection de nouvelles robes par les moines)
  • Vihara (monastère traditionnel)

Ordination temporaire

La pratique de l'ordination est souvent pratiquée selon une philosophie différente de l'ordination religieuse occidentale. Elle peut être temporaire ; un homme peut devenir moine plusieurs fois dans sa vie ou la recevoir sans compter demeurer un bhikkhu sa vie durant.

C'est même une pratique socialement valorisée : les hommes accomplissent leur devoir en devenant moines pendant un temps, avant de revenir à la vie laïque, justement pour se marier.

Ordres theravâdins

Différents ordres, appelés nikayas, sont développés - ils ne correspondent cependant pas à des conceptions différentes. Le titre de Patriarche suprême de la Sangha, le plus élevé qui soit, peut être attribué à un moine de tout pays, et de chacun des nikayas qui suivent :

  • Sri Lanka : Siam Nikaya, Amarupa Nikaya et Ramana Nikaya ;
  • Thaïlande : Thammayut Nikaya et Maha Nikaya ;
  • Birmanie : Thudamma Nikaya et Shwekyin Nikaya.

Bibliographie

  • L'enseignement du Bouddha, d'après les textes les plus anciens - Walpola Rahula, Collection Point Sagesse, Éditions du Seuil, Paris, 1961
  • Les sectes bouddhique du Petit Véhicule - André Bareau
  • Article « Theravâda » de l'Encyclopædia Universalis / Dictionnaire du bouddhisme (recueil d'articles de l'Encyclopædia Universalis) - Jean Varenne
  • Bouddhisme et re-naissances dans la tradition Theravāda - Didier Treutenaere, Asia, Librairie d'Amérique et d'Orient-Adrien Maisonneuve, Paris, mai 2009, (ISBN:9782953405606). A travers la question centrale des renaissances, un ouvrage de référence sur le bouddhisme des Therā : 600 pages, 1000 citations retraduites du canon pāli, un glossaire et une bibliographie commentée.

Voir aussi

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